La spiritualité d'Alexandrina

Introduction

Alexandrina Maria da Costa naquit le 30 mars 1904, un mercredi saint, à Balasar, petit village situé dans le nord du Portugal, dans le district de Porto, archidiocèse de Braga. Ce petit village semble avoir été fortement marqué par la Croix. En effet, en 1832, apparaissait, devant l’église paroissiale, une croix mystérieuse, qui fut vite protégée par une chapelle dédiée, comme il se doit, à la Sainte Croix. Cent ans plus tard, vers 1932, dans le lieu-dit Calvario (Calvaire), le Seigneur se choisissait une confidente privilégiée en la personne d’Alexandrina Maria dont la vie sera un long calvaire.

Nous savons qu'Alexandrina fit très peu d'études, et qu'à l'âge de neuf ans elle travaillait déjà dans les champs, avant d'être placée comme aide-ménagère. Vers l'âge de douze ans Alexandrina, déjà très malade recevait les derniers sacrements. Le jour du Samedi Saint 1918, tandis qu'avec sa sœur et une amie elle faisait de la couture, afin d'éviter la violence de trois hommes qui étaient entrés dans la maison, Alexandrina sauta par la fenêtre du premier étage. Cette chute occasionna une paralysie progressive.  En 1925 elle s'alitait définitivement. 

Alexandrina pria beaucoup pour sa guérison, mais le Seigneur avait sur elle d'autres vues. Vers 1930 elle s'offrait à Dieu, en victime, pour le salut des âmes. En 1932 elle composa un hymne en l'honneur des tabernacles. C'est à cette époque que les premiers phénomènes mystiques apparurent.

Si nous avons rappelé ici, dans cette courte introduction, les premiers  évènements marquants de la vie d'Alexandrina, c'est que nous voulons montrer qu'il est impossible de comprendre la spiritualité d'Alexandrina sans se référer à chaque instant, à la Croix de Jésus. Toute la vie d'Alexandrina, toute sa spiritualité, toutes ses vertus sont fondées sur la Croix du Seigneur.

 

NOTA: Les textes en italique sont extraits soit de ses écrits autobiographiques soit de ses lettres, notamment au Père Pinho, Jésuite, ou au Père Umberto Maria Pasquale, salésien.

Parallélisme existant
entre Alexandrina de Balasar, portugaise,
et Marthe Robin, française

Ceux qui lisent les écrits de certains mystiques reconnus par l'Église, (ou en voie de reconnaissance) ne peuvent pas ne pas remarquer les similitudes existant entre Alexandrina de Balasar, au Portugal, et Marthe Robin en France. Tout d'abord, elles sont contemporaines. Marthe vécut de 1902 à 1981, et Alexandrina de 1905 à 1955. Toutes les deux eurent à travailler jeunes et furent peu instruites. Toutes les deux, frappées par la maladie et paralysées, durent rester alitées pendant de très nombreuses années, jusqu'à leur mort. Toutes les deux prièrent intensément pour demander leur guérison, mais, ayant compris que le Seigneur ne voulait pas leur rendre la santé, elles acceptèrent leur sort, et s'offrirent généreusement la volonté de Dieu.

Marthe Robin et Alexandrina reçurent des grâces exceptionnelles qui devaient les rendre semblables, l'une et l'autre, à l'image du Christ crucifié, par un jeûne total pendant de longues années et jusqu'à leur mort, et par leur propre crucifixion. En effet, pendant leur jeûne, l'Eucharistie était leur seule nourriture, et tous les vendredis, quoique d'une manière légèrement différente[1], elles revivaient le Chemin de Croix et la mort de Jésus.  Enfin, toutes les deux furent chargées d'accomplir une lourde mission: la création des foyers de Charité pour Marthe Robin, et la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie pour Alexandrina. Il faut ajouter que leurs spiritualités se rejoignent: amour de l'Eucharistie, dévotion à la Vierge Marie, et enfin, amour de la souffrance pour le salut des âmes. Il faut ajouter que leur vie fut très douloureuse et soumise à de nombreuses épreuves dues, souvent, à l'incompréhension de certains membres de  l'Église. Il faut encore dire que, sur l'ordre de leur directeur, elles durent rédiger leur autobiographie, puis leur journal. Compte tenu de leur paralysie, elles durent presque toujours dicter leurs mémoires, leur journal et leurs lettres à quelques personnes de confiance qui prenaient soin d'elles.

Alexandrina et Marthe furent de très grandes saintes. Pourtant leur amour de la souffrance, et le fait qu'elles aimaient cette souffrance, peuvent nous interroger. Il faut pour les comprendre se souvenir que le Seigneur leur faisait revivre les épisodes de sa Passion, afin de mériter des grâces de salut pour l'ensemble de son Corps mystique. Comme saint Paul elles pouvaient dire: "J'achève en ma chair, ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l'Église."

Réflexions sur la mystique et les âmes victimes
La sainteté et le bonheur dans la souffrance

Lorsqu'on lit le journal d'Alexandrina de Balasar pour la première fois, on peut être désagréablement surpris par son vocabulaire, par sa vie de "victime", et enfin par son ardent désir de souffrir. Puis on se souvient de tant d'autres saints dont la vie fut toute de souffrance, sous une forme ou sous une autre, physique, spirituelle ou morale. Enfin, on s'étonne de les voir tant aimer la souffrance, d'être heureux de souffrir, jusqu'à en redemander: "Ou souffrir, ou mourir" disait Thérèse d'Avila. Il faut ajouter que pratiquement tous les mystiques ont trouvé leur joie et leur bonheur, joie et bonheur du ciel, dans leurs souffrances. Mais cela, ce sont l'amour de Dieu et en Dieu, ainsi que les grâces de la sainteté qui conduisent jusqu'au Cœur de Dieu.

Alors, de quoi s'agit-il ?

Tout d'abord, il peut être utile de rapporter ici quelques réflexions d'Alexandrina qui montrent qu'elle n'aime pas la douleur pour la douleur, mais pour les fruits qu'elle produit. Ainsi, assistant et vivant la Passion de Jésus, elle se trouva un jour dans le Jardin des Oliviers, près de Jésus en agonie. Alexandrina écrit tout ce qu'elle ressentit quand son âme vit Jésus descendre les escaliers vers le Jardin des Oliviers: "Je cours vers les souffrances avec une grande avidité de les saisir et en même temps il me semble qu’elles me fassent pleurer des larmes de sang que j’aimerais cacher. Ô horreur, épouvantable horreur! Je veux souffrir et je veux fuir la douleur. Plus je souffre, plus je désire souffrir, mais je souffre terriblement. J’aime la douleur, je la veux, et pourtant j’en ai la plus grande terreur. Tout me cause horreur: la mort, l’abandon, ô mon Dieu!..." Il est clair qu'ici notre mystique souhaitait partager les souffrances de Jésus, mais elle en avait peur, et elle voulait fuir, tant ces souffrances lui faisaient horreur.

Essayons maintenant de mettre en évidence les dénominateurs communs qui caractérisent tous les saints, lesquels, il ne faut pas craindre de le dire, sont tous des mystiques, même si chez certains, cela apparaît peu extérieurement. On découvre que tous les saints sont de grands amoureux de Dieu. Or, être ou devenir amoureux de Dieu, c'est la vocation de tous les chrétiens. Donc les saints n'ont rien d'extraordinaire, sauf que Dieu leur propose, à tous, une mission difficile, dont ils n'ont pas forcément la révélation au moment où leur œuvre commence. Ils cherchent, ils tâtonnent, ils rencontrent des oppositions de la part de ceux qui auraient dû les soutenir; souvent ils sont un grand questionnement à eux-mêmes. Quelle souffrance! C'est alors que Dieu leur vient en aide...

Dieu vient en aide à tous ses amis à qui Il confie une tâche difficile. D'une manière le plus souvent cachée, Dieu leur fait comprendre combien ils ont besoin de sa présence, donc de la prière, de son Eucharistie. Il leur fait découvrir la protection que la Vierge Marie leur procure. Alors, ils aiment de plus en plus et de mieux en mieux; ils comprennent que Dieu veut avoir besoin d'eux, dans le milieu où ils se trouvent, à l'époque qui est la leur, et en vue du bien de l'Église et de tous les hommes. Et ils savent que Dieu désire qu'ils ne travaillent que pour Lui, et qu'Il désire d'eux un amour total, exclusif. Alors, dans la foi ils s'offrent à Dieu et ils s'unissent à Lui, ne désirant plus que la sainte volonté divine.

Il n'y a rien de spectaculaire dans tout cela puisque ce devrait être la vocation de tout homme. Mais ceux qui se donnent totalement à Dieu, qui répondent pleinement aux désirs divins, sentent rapidement leurs limites et ils en souffrent. Étant membres du Corps mystique du Christ, ils en vivent tous les évènements qui le blessent. Ils pourraient se décourager; alors Jésus leur fait comprendre que le corps mystique dans lequel ils vivent, et pour lequel ils travaillent, c'est Lui-même, le Fils de Dieu. Là où ils sont, ils vivent un ou plusieurs épisodes de sa Passion. Évidemment c'est douloureux! Mais quel grand bonheur!

Tous les saints ont connu cela et l'on pourrait en citer des centaines. Nous nous contenterons de quelques-uns. Voici François d'Assise qui doit "reconstruire" l'Église, bien malade; voici Ruysbrœck au XIVème siècle qui doit lutter contre les hérésies, les sectes, et le relâchement du clergé. Ou encore Jean Eudes, Grignion de Montfort et tant d'autres chargés, après le Concile de Trente, de développer des séminaires. Plus tard, le relâchement général des mœurs invitera Paul de la Croix à faire de très rudes pénitences.

Pour remédier à la grande détresse spirituelle et matérielle qui suivit la Révolution française, la Vierge Marie apparut à Catherine Labouré, rue du Bac et lui donna la Médaille miraculeuse. Puis ce furent Lourdes où Marie apparut à Bernadette, et Fatima en 1917, au Portugal. À la fin du XIXème siècle et au début du XXème, vécurent des saintes exceptionnelles qui nous révélèrent la valeur de la souffrance, vécue par amour, et de la vie humble et cachée. Nous pensons à Thérèse de l'Enfant Jésus, à Gemma Galgani, à Élisabeth de la Trinité et à Dina Bellanger, et à tant d'autres.

Comme trop de gens s'obstinaient à refuser Dieu, et comme les souffrances du XXe siècle allaient être exceptionnelles: guerres, persécutions, misères et destructions,... comme les blessures du peuple de Dieu allaient devenir de vraies plaies tenues béantes et sanguinolentes, Jésus demanda à des âmes particulièrement généreuses, de partager quelques épisodes de sa Passion, donc de ses douleurs. Et Dieu nous donna des stigmatisés: Padre Pio, en Italie, Alexandrina de Balasar au Portugal, Marthe Robin en France ou Thérèse Neumann en Allemagne.

Il convient de noter que chacune de ces personnes eut à revivre, dans le cadre de son époque et de sa civilisation, un ou plusieurs épisodes spécifiques de la vie de Jésus, généralement de sa Passion, en fonction de la mission particulière qui leur était confiée. Au sens propre, elles devaient réparer les dégâts que les péchés du monde avaient apportés au Corps mystique; ces "réparations", terme pris ici au sens figuré, sont d'ordre mystique. En clair, toute réparation, matérielle ou intellectuelle, coûtant beaucoup d'efforts et de peines à celui qui répare, il en est de même au sens spirituel du terme. En conséquence, toute réparation apportée au Corps mystique, coûte des efforts et de la peine au "réparateur", c'est à dire au mystique à qui Dieu a confié le travail. Et ce travail peut être immense, donc les efforts très grands. Mais quand on voit les résultats, quelle joie! D'où le bonheur des mystiques, ce bonheur qui nous paraît si étrange; en effet, nous ne comprenons pas le langage des mystiques qui ont, de leur côté, bien des difficultés pour s'exprimer, les mots pour dire ce qu'ils ressentent n'existant pas dans notre vocabulaire humain.

Quelques précisions au niveau du vocabulaire

Pour résumer ce qui précède, disons que les mystiques sont des êtres humains normaux mais généreux. Ils sont chargés par Dieu d'accomplir une mission adaptée aux besoins de l'époque, mais toujours difficile, car allant à l'encontre des habitudes... Comme ils sont pauvres face à la tâche qui leur est imposée, ils doivent être soutenus, ce que fait le Seigneur en les invitant à vivre avec Lui,  unis à Lui, sur son chemin à Lui. D'où, parfois, les extases. Comme Jésus fut victime des hommes pour le salut de ses bourreaux, les mystiques s'offrent souvent en victimes, avec Jésus. Mais qu'est-ce qu'une victime?

Être victime

Depuis leur origine, et pendant des millénaires, les hommes ont tous cru en Dieu, voire en plusieurs dieux. Comme ils ne vivaient pas toujours conformément à la loi de Dieu, et qu'ils en étaient conscients, même dans les sociétés primitives, ils faisaient toutes sortes de sacrifices, pour se faire pardonner ou tout simplement quand ils voulaient se rendre les "esprits" favorables. Dans certaines religions, dans certains cas exceptionnels ou particulièrement graves, c'étaient des hommes que l'on offrait aux dieux, et ces sacrifices pouvaient aller jusqu'à l'offrande et la mort de nombreuses personnes, hommes ou femmes, de préférence jeunes, soigneusement choisis pour leur perfection physique.

Mais Dieu ne veut pas les sacrifices humains. Aussi empêcha-t-il Abraham de Lui offrir son fils Isaac et lui envoya-t-il une autre victime: un bouc. Plus tard, et souvent, comme cela fut presque de règle dans l'Ancien Testament, pour se faire pardonner leurs fautes, les hommes offraient ce qu'ils avaient de plus cher, souvent des animaux de leurs troupeaux, bases de leurs moyens de subsistance. Ces animaux étaient appelés des victimes. Quand il s'est agi de sauver le monde et le délivrer du péché et de la mort, c'est Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui s'offrit librement, en sacrifice. Jésus étant considéré comme la grande Victime à cause du péché des hommes, les mystiques que Dieu appelle à Le suivre sur son chemin de Croix, peuvent librement s'offrir en victime, mais toujours avec Jésus, laissant toujours Dieu faire. Car Dieu seul agit, et Dieu ne tue jamais. L'offrande des mystiques qui s'offrent ainsi à Dieu, est associée à la Résurrection du Christ: ils vivent un étonnant sacrifice de louange, plein de bonheur malgré les apparences. Ce sont donc des victimes pour la gloire et la louange Dieu.   

Autres expressions communes à tous les mystiques

On peut parfois être rebuté par la lecture des textes d'Alexandrina da Costa de Balasar. On peut aussi la trouver excessive. Mais tous ceux qui ont lu les œuvres des saints ont rencontré des expressions qui leur paraissent déplacées: ainsi que de saints, constatant leur petitesse, leurs misères et leurs péchés, en un mot, ce qu'ils appellent leur néant, utilisent des mots qui nous révoltent. Certains vont même jusqu'à se comparer à du fumier, à de la pourriture, etc... On ne peut pas s'empêcher d'affirmer que l'on n'a pas le droit de mépriser les œuvres du Seigneur. Quant au néant, s'il existait vraiment, nous n'existerions pas. Alors, que veulent réellement dire les mystiques quand ils utilisent ces mots? Tout simplement ils expriment leur dépendance totale vis-à-vis de Dieu: eux sont si petits face à Dieu infini...

Par ailleurs, il ne faut jamais oublier qu'Alexandrina est portugaise, donc méridionale, et qu'elle utilise les mots, parfois excessifs, de son époque et de son pays. Quand on a compris cela, on peut entrer dans la spiritualité de cette âme d'élite exceptionnelle.

Une dernière question se pose: la mystique dont nous allons étudier la spiritualité, Alexandrina de Balasar, fut exceptionnellement comblée de dons mystiques; elle nous apparaît admirable, mais est-elle imitable?

Que répondre ? Oui, Alexandrina a atteint des sommets mystiques et spirituels rarissimes, mais cela n'a pu se réaliser que parce qu’elle répondait aux grâces de Dieu avec une grande générosité. Il ne faut pas non plus oublier que Dieu, la destinant à plusieurs missions très difficiles, se devait de la préparer et de la fortifier. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que jamais elle ne se renferma sur elle-même, mais qu'elle sut vivre une constante et authentique charité chrétienne.

Un fait important présageant peut-être
la vie crucifiée d'Alexandrina

Avant d'aller plus loin, il nous a semblé utile de rapporter un fait étrange, peut-être prémonitoire à la vie d'Alexandrina, qui s'était produit, à Balasar, en 1832, soixante treize ans avant sa naissance.

En 1965, durant l'instruction du procès pour la béatification d'Alexandrina, le Père Umberto se préoccupa de savoir à quoi faisaient référence certaines paroles de Jésus adressées à Alexandrina. En interrogeant quelques personnes âgées, il apprit qu'aux limites du terrain paroissial, il  existait une chapelle de la Sainte Croix, sur le fronton de laquelle la date de 1832 était sculptée dans la pierre. Le Père Umberto fit ouvrir la chapelle, fermée au culte depuis la disparition, à la fin du XIX ème siècle, de la confrérie de la Sainte Croix, qui en avait eu la garde. Il trouva à l'intérieur, tracée à même le sol, une grosse croix de terre noire, protégée par une grille en bois. Sur l'autel était placé un imposant Christ crucifié.        

Le Père Umberto put obtenir, à la bibliothèque municipale de Braga, une photocopie d'un document notarié de 1832. Ce document raconte comment, "Le jour du Corpus Domini, pendant que les gens se rendaient à la messe du matin, en passant par le lieu-dit le Calvário, ils découvrirent une croix tracée à même le sol. La terre qui formait cette croix était d'une couleur plus claire que l'autre qui l'entourait; on aurait dit que la rosée était tombée tout autour, sauf sur la terre composant la croix. Le curé fit balayer toute la poussière et la terre qui était à cet endroit, mais toujours la croix resurgissait... noire comme elle l'est encore à ce jour... La croix mesure quatre mètres quinze centimètres environ, dans sa longueur, la transversale mesurant, elle, un mètre quatre-vingt-cinq centimètres...

La nouvelle de l'apparition ayant été rapidement divulguée, le peuple commença à venir pour voir cette croix, la vénérer et y déposer des fleurs et des offrandes..."[2]

La Croix de terre, située au lieu-dit "le Calvario", présageait-elle la venue de celle dont la vie serait un véritable calvaire ?

Les grandes lignes de la spiritualité

d'Alexandrina de Balasar 

Il semble que la vie mystique d'Alexandrina commença dès sa plus tendre enfance. Elle écrit dans son journal: "À l’âge de trois ans, j’ai eu la première 'caresse' de Jésus." Elle n'en écrira pas davantage, mais nous savons qu'elle fut une enfant très pieuse, et qu'à l'âge de douze, elle fut nommée catéchiste dans sa paroisse.

Dès que l'on pénètre plus en profondeur dans la vie d'Alexandrina, on constate que sa spiritualité fut très orientée vers l'Eucharistie et vers le Cœur de Jésus. Elle aimait aussi particulièrement la Vierge Marie qu'elle appelait la Mãezinha, la “Petite Maman”. Enfin, la vie d'Alexandrina fut entièrement fondée sur la Croix. Une vie spirituelle aussi riche et aussi intense suppose, dès le départ, des relations intimes avec Jésus et un certain nombre de vertus solides, conduisant à la consécration définitive de la personne. Alexandrina fut, en effet, consacrée d’une manière totale à Dieu, en esprit d’immolation: elle devait réparer les offenses faites à Dieu et sauver les âmes des pécheurs, ce qui suppose un degré éminent d’amour de Dieu et du prochain.


[1] La Passion de Marthe débutait le Jeudi soir, tandis que celle d'Alexandrina ne commençait que le vendredi, et durait moins longtemps.
[2] Suivent diverses signatures de témoins, ainsi que celle de l’huissier.

   

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