Jean Baptiste Scalabrini
Évêque, Bienheureux
1839-1905

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JUIN

Jean-Baptiste Scalabrini naquit le 8 juillet 1839, à Fino Mornasco, petite ville de la province de Côme, en Lombardie, dans le nord de l'Italie. Il était le 3ème enfant d'une famille qui en comptera huit. Son père était marchand de vin profondément chrétien. Jean-Baptiste fut ordonné prêtre à 23 ans en 1863. Comme il voulait devenir missionnaire, il demanda l'autorisation de sa mère qui la lui donna. Mais son évêque lui dit: "Vos Indes sont l'Italie". Il fut nommé au petit séminaire de Côme où il passa sept ans, d'abord comme professeur et sous-directeur, et enfin comme directeur. Il faut signaler ici que, durant l'épidémie de choléra de 1867, Jean-Baptiste se distingua tellement par son dévouement envers les malades, qu'il reçut, à ce titre, la médaille du mérite civil.

De 1870 à 1875, Jean-Baptiste fut le curé de la paroisse San Bartolomeo (Saint Barthélemy) à Côme. Compte tenu de la situation économique et religieuse lamentable dans la région de Côme il créa, avec sa sœur Luisa, un jardin d'enfants. Puis il ouvrit un patronage pour les jeunes tout en s'occupant des sourds-muets en utilisant une nouvelle méthode dite "phonique". Il écrivit également un Petit Catéchisme pour les jeunes enfants. Enfin, il fonda une "Société de Secours Mutuel" pour lutter contre le chômage qui sévissait dans la région. En 1872, Jean-Baptiste Scalabrini, excellent orateur, donna 11 conférences à la Cathédrale de Côme sur le dogme de l'Infaillibilité pontificale récemment promulgué par le Concile Vatican I, et il reçut les félicitations du pape Pie IX lequel, conseillé notamment par don Bosco, le nomma évêque de Piacenza (Plaisance en français) en 1875.

Commença alors pour lui une activité stupéfiante, soutenue par une vie de prière intense. Il visitait même ses paroisses les plus reculées et se fit, comme nous allons le voir, "l'apôtre du catéchisme". De plus, constatant le manque d'instruction et de formation des séminaristes, il entreprit de réformer leur enseignement en créant des laboratoires d'études, en introduisant une retraite annuelle pour y discuter des problèmes moraux et matériels qui pouvaient se poser dans les paroisses. Enfin, il réinstaura les synodes diocésains, tombés en désuétude depuis plusieurs siècles. Le pape Pie IX, qui l'encourageait vivement pour toutes ces actions, lui dit un jour: "Aujourd'hui on se préoccupe trop du 2e étage des maisons, mais trop peu du 1er qui est aussi fondamental. Le catéchisme est précisément le fondement par où toute prédication et toute œuvre pastorale devrait commencer. Avec de bons catéchistes, on sauve la société." Mgr Scalabrini tint à Plaisance du 24 au 26 septembre 1889, le premier Congrès catéchistique national. Parmi les nombreux participants qui y assistaient, figurait Monseigneur Sarto, le futur pape Pie X. Monseigneur Scalabrini publia également un ouvrage intitulé "Le catéchisme catholique" qui sera l'un des premiers traités sur la catéchèse. Globalement il publia plus de soixante lettres pastorales, diverses brochures, et même un quotidien intitulé L'Ami du peuple à partir de 1896.

Je vous ai déjà parlé de la situation économique dramatique de la région de Côme. La population manquait de travail et de nombreux ouvriers étaient obligés, en fonction des saisons, de migrer ailleurs, notamment dans le Piémont ou en Lombardie afin d'y trouver de l'embauche. Certains, de plus en plus nombreux, émigraient même définitivement à l'étranger. Bouleversé par ce constat: l'émigration massive des Italiens à l'étranger, dans des conditions déplorables qui risquaient de leur faire perdre en même temps leur foi et leur culture, Monseigneur Scalabrini créa les "Missionnaires de Saint Charles Borromée", d'abord la branche masculine en 1887, les scalabriniens, et encouragea vivement "Les Sœurs Missionnaires de Codogno". Puis le 25 octobre 1895, il fonda, en collaboration avec le Père Joseph Marchetti et la Mère Assunta Marchetti la communauté des Sœurs Missionnaires de Saint Charles. Cette action pastorale dans le domaine des migrations lui valut le titre de "Père des migrants".

Monseigneur Scalabrini voyageait beaucoup, notamment à l'étranger pour rencontrer les Italiens émigrés. Pour information, en 1901, il partit pour les États-Unis où il rencontra le Président Theodore Roosevelt. Toujours en 1901, et sur le conseil du pape Pie X, il alla au Brésil. Ce voyage fut triomphal. Notons qu'il y aurait eu 40 000 confirmations. À cette époque Monseigneur Scalabrini rédigea un mémoire adressé au Cardinal Merry del Val, secrétaire d'état de Pie X, pour demander l'institution d'une Commission centrale pour tous les émigrés catholiques.

Totalement épuisé, il dut subir une intervention chirurgicale. Après l'opération sa santé ne revint pas et il mourut le 1er juin 1905, fête de l'Ascension. Il fut béatifié le 9 novembre 1997 par Jean-Paul II.  Sa fête est le 1er juin.

Parlons maintenant un peu de la spiritualité de Mgr Scalabrini dont l'activité était, disait-on, effrayante. Mais  il puisait sa force pour agir dans une vie spirituelle intense. Il avait une grande dévotion eucharistique et passait de longs moments en adoration devant le Saint-Sacrement. La Croix était au centre de sa vie spirituelle, et il avait aussi une grande dévotion pour la Sainte Vierge Marie. Mgr Scalabrini était persuadé que la meilleure arme pour combattre la déchristianisation croissante était le catéchisme. Il estimait "qu'avec de bons catéchistes, on sauverait la société." Il s'attachait aussi beaucoup, comme nous l'avons vu, aux problèmes des migrants. À ce sujet, on doit dire qu'il parlait fréquemment de "traite des blancs".

En conclusion on peut affirmer que la vie de prière et la charité de ce précurseur que fut Monseigneur Scalabrini, sont plus que jamais d'actualité à notre époque marquée par la déchristianisation de l'Europe et les flux migratoires de plus en plus massifs, aux conséquences souvent dramatiques.

Paulette Leblanc

 

 

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