Robert Bellarmin
Cardinal, Saint, Docteur de l’Église
1542-1621

17

SEPTEMBRE

Roberto Francesco Romolo Bellarmino, (francisé en Robert Bellar-min), est né à Montepulciano en Toscane (Italie) le 4 octobre 1542.   Issu d'une riche et nombreuse famille toscane, Robert était le fils de Vincenzo Bellarmino. Sa mère Cinthia Cervini était la sœur du cardinal Marcello Cervini, qui devint, en 1555, le pape Marcel II dont le pontificat ne dura que trois semaines… Robert fit ses études dans le collège ouvert par les jésuites à Montepulciano. Il pensa d'abord être médecin, mais finalement  il entra dans la Compagnie de Jésus le 20 septembre 1560. 

Pendant trois ans Robert Bellarmin étudia la philosophie au Collège Romain, puis les Humanités à Florence et à Mondovì. En 1567 il commença sa théologie à Padoue mais fut envoyé en 1569 à Louvain afin de pouvoir se familiariser avec le Protestantisme. Il y fut ordonné prêtre en 1570 et acquit, de 1570 à 1576, une solide réputation d'enseignant à la faculté de théologie de Louvain. Comme Robert admirait beaucoup Saint Thomas d'Aquin, il introduisit à la faculté de Louvain la théologie thomiste. Plus tard il fit le nécessaire pour que le thomisme soit à la base de la formation théologique des jeunes jésuites, ce qui fut fait et approuvé par la cinquième Congrégation Générale des jésuites de 1593. 

Nous sommes en 1576. Robert Bellarmin est appelé à Rome pour y tenir la chaire de 'Controverses' au Collège Romain; là, il se distingua par ses compétences théologiques. Alors qu'à cette époque, les débats avec les protestants tournaient souvent aux injures et aux attaques personnelles, Robert sut rester toujours courtois avec eux, s'efforçant surtout de réfuter les doctrines erronées. Il publia, entre 1586 et 1593,  divers volumes concernant les "Débats sur les controverses de la foi chrétienne, contre les hérétiques" (Disputationes de controversiis fidei christianae). Le livre complet connut un grand succès. À Rome, à partir de 1587, Robert Bellarmin devint le père spirituel de saint Louis de Gonzague, jeune jésuite étudiant au Collège Romain. 

Les années passent. En 1590, Robert Bellarmin accompagna, en France, le légat du pape Sixte-Quint. Il devint ensuite le théologien du pape Clément VIII qui ordonna aux paroisses, en 1597, d'utiliser le catéchisme de Bellarmin: Doctrina christiana breve. En 1599, le pape Clément VIII le créa cardinal. Nommé archevêque de Capoue en 1601, Robert Bellarmin se sentit très à l'aise dans son travail pastoral: il organisa plusieurs synodes dans son diocèse et visitait régulièrement toutes les paroisses. Sans le véto de l'Espagne, Bellarmin aurait été élu pape au conclave de 1605. Cette même année 1605, après le pontificat de Léon XI, qui ne dura que 27 jours, c'est Camillo Borghèse qui fut élu et prit le nom de Paul V.  

Paul V, le nouveau pape, rappela immédiatement Robert Bellarmin à Rome, pour s'occuper de diverses congrégations: Index, Saint-Office, Propagation de la foi, etc. Robert Bellarmin fut également très engagé dans la défense des droits temporels de la papauté.  

On le sait moins, mais Robert Bellarmin fut contraint de participer à deux procès exceptionnels: celui de Giordano Bruno, et celui de Galilée. Face aux hérésies qui se multipliaient et aux découvertes scientifiques qui remettaient en cause des affirmations courantes, notamment en astronomie avec la théorie du système héliocentrique de Copernic, en contradiction avec les opinions de Ptolémée, la situation de l'Église était très délicate, et beaucoup de prélats hésitaient sur les positions officielles à adopter. 

Le pape Clément VIII confia l'instruction du procès de Giordano Bruno, à Robert Bellarmin qui procéda, pendant les sept années que dura le procès, à une vingtaine d'interrogatoires. Finalement Giordano Bruno fut déclaré hérétique et condamné à mort en 1600. Il faut avouer que les opinions de Giordano Bruno, ancien dominicain, adepte, entres autres, de la magie, de l'hermétisme, de l'art divinatoire, ayant propagé de nombreuses hérésies et se passionnant pour la cosmologie mettait l'Église en situation délicate.  

C'est à cette époque aussi que Galilée enseignait le système héliocentrique de Nicolas Copernic. Comment l'Église pouvait-elle accepter une telle vérité? Afin d'éviter trop de polémiques au sein de la chrétienté, en 1616, Bellarmin ordonna à Galilée de cesser son enseignement et de présenter les découvertes de Copernic comme une simple hypothèse mathématique et non comme une affirmation philosophique.  

Il est impossible de plaire à tout le monde. Nous le savons tous. Ainsi, en ce qui concernait le pouvoir temporel du pape, Robert Bellarmin était considéré à la fois comme trop modéré, à Rome, et condamné comme ultramontain en 1610 par le Parlement de France. Épuisé, Robert Bellarmin demanda plusieurs fois au pape de pouvoir se retirer des affaires du Vatican. Ceci lui fut refusé car, disait Paul V: "L'Église ne peut pas se passer de lui!" Devenu complètement sourd Robert put finalement terminer les derniers mois de sa vie au noviciat jésuite de Saint André du Quirinal (Rome), où il mourut le 17 septembre 1621. 

Cette page d'histoire est très intéressante; mais où réside la sainteté de Robert Bellarmin? Saint Bellarmin fut l'une des plus belles intelligences de la renaissance italienne, mais loin d'écraser, il attirait par son amabilité, son humilité et sa loyauté envers les huit papes successifs qu'il connut. Pour saint Pierre Canisius, saint Robert Bellarmin, son contemporain, incarnait un des aspects fondamentaux de l'activité de la Compagnie de Jésus: le service intellectuel de l'Église. 

Pendant vingt-huit années, Robert Bellarmin fut professeur et prédicateur: d'abord à Louvain pendant sept années, de 1569 à 1576, puis à l'université grégorienne, à Rome, où il publia, en plusieurs volumes, son volumineux ouvrage: "Débats sur les controverses de la foi chrétienne"(1586-1593), dans lequel il réfutait point par point, les différentes professions de foi protestantes. Cet ouvrage, très apprécié, connut vingt éditions du vivant de son auteur. À partir de 1592, chez les jésuites, Saint Robert Bellarmin fut Recteur pendant deux ans, puis Provincial de Naples pendant deux ans. Il devint ensuite le théologien du Pape pendant trois ans, le conseiller théologique du théologien dominicain, le cardinal Cajetan alors légat du pape en France (1589), puis du pape Clément VIII qui le nomma cardinal en 1599. C'est à l'initiative de Robert Bellarmin que fut révisée la Vulgate, Bible traduite en latin par saint Jérôme. Sa révision fut amendée par Clément VIII et publiée en 1592. 

Saint Robert Bellarmin fut nommé archevêque de Capoue en 1602, mais il dut démissionner en 1605 pour travailler à la Curie romaine auprès du pape Paul V. Il négocia des traités et des dossiers importants, dont l'affaire Galilée dont nous avons parlé ci-dessus. Nous pouvons ajouter que, lors de ce procès, Saint Robert Bellarmin, qui n'était ni physicien, ni astronome, fut d'avis qu'il ne fallait pas condamner le savant. Mais il ne fut pas écouté. En 1597, Saint Robert Bellarmin publia le Grand et le Petit Catéchisme qui connurent aussi un grand succès: quatre cents éditions et traductions  en soixante langues. Saint Robert Bellarmin écrivit aussi un Commentaire des psaumes qui comptera trente-trois éditions. 

Saint Robert Bellarmin n'était pas seulement un professeur et un théologien. Il fut un pasteur qui aimait les hommes et voulait les aider, tout en vivant pleinement sa vocation de jésuite: prêcher, confesser, aider les malades et les mourants, catéchiser les pauvres et les enfants. Homme d'oraison, Saint Robert Bellarmin écrivit un livre mystique intitulé "Le gémissement de la colombe, ou le don des larmes" en 1617. Enfin, arrivé au terme de sa vie, en 1620, Saint Robert Bellarmin  publia encore "L'art de bien mourir".  

Toute la vie de Saint Robert Bellarmin fut un service ardent, passionné de l'Église et du Souverain Pontife. Mais cet amour de l'Église et du Pape était assez fort pour qu'il osât parfois parler en toute vérité et liberté. Il sut dénoncer les abus de la Cour romaine, rédigeant à l'adresse de Clément VIII un mémoire dénonçant les grands abus qui sévissaient dans son entourage. Il eut aussi le courage de soutenir que le Pape n'avait qu'un pouvoir indirect sur les États, et, en 1610, il publia un ouvrage concernant  "Le pouvoir du Souverain Pontife dans les affaires temporelles", ce qui lui valut quelques problèmes. Robert Bellarmin était un surdoué, mais il avait reçu son intelligence comme un don de Dieu, humblement demandé et accueilli dans la prière. "J'ai prié et l'intelligence m'a été donnée." Il fut canonisé en 1930 et proclamé docteur de l'Église en 1931. Sa fête est le 17 septembre.

Paulette Leblanc

 

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