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Roberto Francesco Romolo Bellarmino,
(francisé en Robert Bellar-min), est né à
Montepulciano
en
Toscane
(Italie) le
4 octobre 1542.
Issu d'une riche et nombreuse famille toscane, Robert
était le fils de Vincenzo Bellarmino. Sa mère Cinthia
Cervini était la sœur du
cardinal
Marcello Cervini, qui devint, en 1555, le pape
Marcel II
dont le pontificat ne dura que trois semaines… Robert
fit ses études dans le collège ouvert par les jésuites à
Montepulciano. Il pensa d'abord être médecin, mais
finalement il entra dans la
Compagnie de Jésus
le 20 septembre 1560.
Pendant trois ans Robert Bellarmin étudia la philosophie
au
Collège Romain,
puis les Humanités à
Florence
et à Mondovì. En 1567 il commença sa théologie à
Padoue
mais fut envoyé en 1569 à Louvain afin de pouvoir se
familiariser avec le
Protestantisme.
Il y fut ordonné prêtre en 1570 et
acquit,
de 1570
à 1576, une
solide réputation d'enseignant
à la
faculté de théologie de
Louvain.
Comme Robert admirait beaucoup Saint
Thomas d'Aquin,
il introduisit à la faculté de Louvain la théologie
thomiste. Plus tard il fit le nécessaire pour que le
thomisme
soit à la base de la formation théologique des jeunes
jésuites, ce qui fut fait et approuvé par la cinquième
Congrégation Générale des jésuites de 1593.
Nous sommes en 1576. Robert Bellarmin est appelé à
Rome
pour y tenir la chaire de 'Controverses' au
Collège Romain;
là, il se distingua par ses compétences théologiques.
Alors qu'à cette époque, les débats avec les protestants
tournaient souvent aux injures et aux attaques
personnelles, Robert sut rester toujours courtois avec
eux, s'efforçant surtout de réfuter les doctrines
erronées. Il publia, entre 1586 et 1593, divers volumes
concernant les "Débats sur les controverses de la foi
chrétienne, contre les hérétiques"
(Disputationes
de
controversiis fidei christianae).
Le livre complet connut un grand succès. À Rome, à
partir de 1587, Robert Bellarmin devint le père
spirituel de
saint Louis de Gonzague,
jeune jésuite étudiant au Collège Romain.
Les
années passent. En 1590, Robert Bellarmin accompagna, en
France, le légat du pape Sixte-Quint. Il devint ensuite
le théologien du pape Clément VIII qui ordonna aux
paroisses, en 1597, d'utiliser le catéchisme de
Bellarmin: Doctrina
christiana breve.
En 1599, le pape Clément VIII le créa cardinal. Nommé
archevêque de
Capoue
en
1601,
Robert Bellarmin se sentit très à l'aise dans son
travail pastoral: il organisa plusieurs
synodes
dans son diocèse et visitait régulièrement toutes les
paroisses. Sans le véto de l'Espagne,
Bellarmin aurait été élu pape au
conclave
de 1605. Cette même année 1605, après le pontificat de
Léon XI, qui ne dura que 27 jours, c'est
Camillo Borghèse qui
fut élu et prit le nom de Paul V.
Paul V,
le nouveau pape, rappela immédiatement Robert Bellarmin
à Rome, pour s'occuper de diverses congrégations: Index,
Saint-Office, Propagation de la foi, etc. Robert
Bellarmin fut également très engagé dans la défense des
droits temporels de la papauté.
On le sait moins, mais Robert Bellarmin fut contraint de
participer à deux procès exceptionnels: celui de
Giordano Bruno, et celui de Galilée. Face aux hérésies
qui se multipliaient et aux découvertes scientifiques
qui remettaient en cause des affirmations courantes,
notamment en astronomie avec la théorie du système
héliocentrique de Copernic, en contradiction avec les
opinions de Ptolémée, la situation de l'Église était
très délicate, et beaucoup de prélats hésitaient sur les
positions officielles à adopter.
Le pape Clément VIII confia l'instruction du procès de
Giordano Bruno,
à Robert Bellarmin qui procéda, pendant les sept années
que dura le procès, à une vingtaine d'interrogatoires.
Finalement Giordano Bruno fut déclaré hérétique et
condamné à mort en 1600. Il faut avouer que les opinions
de Giordano Bruno, ancien dominicain, adepte, entres
autres, de la magie, de l'hermétisme, de l'art
divinatoire, ayant propagé de nombreuses hérésies et se
passionnant pour la cosmologie mettait l'Église en
situation délicate.
C'est à cette époque aussi que Galilée enseignait le
système héliocentrique
de
Nicolas Copernic.
Comment l'Église pouvait-elle accepter une telle vérité?
Afin d'éviter trop de polémiques au sein de la
chrétienté, en
1616,
Bellarmin ordonna à
Galilée
de cesser son enseignement et de présenter les
découvertes de Copernic comme une simple hypothèse
mathématique et non comme une affirmation philosophique.
Il est impossible de plaire à tout le monde. Nous le
savons tous. Ainsi, en ce qui concernait le pouvoir
temporel du pape, Robert Bellarmin était considéré à la
fois comme trop modéré, à Rome, et condamné comme
ultramontain
en 1610 par le Parlement de France. Épuisé, Robert
Bellarmin demanda plusieurs fois au pape de pouvoir se
retirer des affaires du Vatican. Ceci lui fut refusé
car, disait Paul V: "L'Église ne peut pas se passer
de lui!" Devenu complètement sourd Robert put
finalement terminer les derniers mois de sa vie au
noviciat jésuite de Saint André du Quirinal (Rome), où
il mourut le 17 septembre 1621.
Cette page d'histoire est très intéressante; mais où
réside la sainteté de Robert Bellarmin? Saint Bellarmin
fut l'une des plus belles intelligences de la
renaissance italienne, mais loin d'écraser, il attirait
par son amabilité, son humilité et sa loyauté envers les
huit papes successifs qu'il connut. Pour saint Pierre
Canisius, saint Robert Bellarmin, son contemporain,
incarnait un des aspects fondamentaux de l'activité de
la Compagnie de Jésus: le service intellectuel de
l'Église.
Pendant vingt-huit années, Robert Bellarmin fut
professeur et prédicateur: d'abord à Louvain pendant
sept années, de 1569 à 1576, puis à l'université
grégorienne, à Rome, où il publia, en plusieurs volumes,
son volumineux ouvrage: "Débats sur les controverses
de la foi chrétienne"(1586-1593), dans lequel il
réfutait point par point, les différentes professions de
foi protestantes.
Cet ouvrage, très apprécié,
connut vingt éditions du vivant de son auteur. À
partir de 1592, chez les jésuites, Saint Robert
Bellarmin fut Recteur pendant deux ans, puis Provincial
de Naples pendant deux ans. Il devint ensuite le
théologien du Pape pendant trois ans, le conseiller
théologique du théologien dominicain, le cardinal
Cajetan alors légat du pape en France (1589), puis du
pape Clément VIII qui le nomma cardinal en 1599. C'est à
l'initiative de Robert Bellarmin que fut révisée la
Vulgate, Bible traduite en latin par saint Jérôme. Sa
révision fut amendée par Clément VIII et publiée en
1592.
Saint Robert Bellarmin fut nommé archevêque de Capoue en
1602, mais il dut démissionner en 1605 pour travailler à
la Curie romaine auprès du pape Paul V. Il négocia des
traités et des dossiers importants, dont l'affaire
Galilée dont nous avons parlé ci-dessus. Nous pouvons
ajouter que, lors de ce procès, Saint Robert Bellarmin,
qui n'était ni physicien, ni astronome, fut d'avis qu'il
ne fallait pas condamner le savant. Mais il ne fut pas
écouté.
En
1597, Saint Robert Bellarmin publia le Grand et le Petit
Catéchisme qui connurent aussi un grand succès: quatre
cents éditions et traductions en soixante langues.
Saint Robert Bellarmin écrivit aussi un Commentaire des
psaumes qui comptera trente-trois éditions.
Saint Robert Bellarmin n'était pas seulement un
professeur et un théologien. Il fut un pasteur qui
aimait les hommes et voulait les aider, tout en vivant
pleinement sa vocation de jésuite: prêcher, confesser,
aider les malades et les mourants, catéchiser les
pauvres et les enfants.
Homme d'oraison, Saint Robert
Bellarmin écrivit un livre mystique intitulé "Le
gémissement de la colombe, ou le don des larmes" en
1617.
Enfin, arrivé au terme de
sa vie, en 1620, Saint Robert Bellarmin publia encore
"L'art de bien
mourir".
Toute la vie de Saint Robert Bellarmin fut un service
ardent, passionné de l'Église et du Souverain Pontife.
Mais cet amour de l'Église et du Pape était assez fort
pour qu'il osât parfois parler en toute vérité et
liberté. Il sut dénoncer les abus de la Cour romaine,
rédigeant à l'adresse de Clément VIII un mémoire
dénonçant les grands abus qui sévissaient dans son
entourage. Il eut aussi le courage de soutenir que le
Pape n'avait qu'un pouvoir indirect sur les États, et,
en 1610, il publia un ouvrage concernant "Le pouvoir
du Souverain Pontife dans les affaires temporelles",
ce qui lui valut quelques problèmes.
Robert Bellarmin était un surdoué, mais il avait reçu
son intelligence comme un don de Dieu, humblement
demandé et accueilli dans la prière. "J'ai prié et
l'intelligence m'a été donnée."
Il
fut canonisé en 1930 et proclamé docteur de l'Église en
1931. Sa fête est le 17 septembre.
Paulette
Leblanc |