Erminio Filippo Pampuri naquit le 2 août 1897 à
Trivolzio, village situé à 12 kilomètres de Pavie, en
Italie. Erminio était le dixième enfant d'une famille
qui en comptera onze. Erminio perdit sa maman, Angèle
Campari alors qu'il n'avait que trois ans. En 1907,
Erminio n'avait que 10 ans lorsqu'il perdit également
son père, Innocent Pampuri, tué dans un accident de
voiture. Erminio fut alors accueilli dans la maison de
son grand-père maternel, Jean Campari, rentier de
Torrino Pavese. Là, sa tante maternelle, Marie, lui
servit de seconde maman. De son grand-père et de sa
tante Marie il reçut une très bonne éducation
chrétienne. À ces deux personnes il faut ajouter la
présence d'une servante, Caroline, femme de grande piété
qui lui apprit à grandir dans l'amour du Seigneur et des
vertus chrétiennes.
Sur
le plan familial, il faut ajouter qu'Erminio avait une
sœur religieuse chez les Franciscaines Missionnaires du
Cœur Immaculé de Marie, Sœur Marie Longine qui mourut au
Caire le 2 août 1977. La correspondance d'Erminio avec
sa sœur religieuse montre combien elle fut toujours pour
lui un encouragement et un modèle de vie spirituelle.
À
l’âge de six ans, Erminio, comme tous les enfants de son
âge, fréquenta l’école de Trovo, village proche de
Torrino, ou Turin. Puis, il se rendit à Casorate Primo,
à cinq kilomètres de Torrino. En 1909, âgé de 12 ans, il
fit ses études secondaires, d'abord à Milan, puis au
collège Saint Augustin et au lycée de Pavie et enfin à
l’Institut Hugues Foscolo. Partout Erminio se montra un
élève remarquable, tant par son intelligence que par ses
qualités morales et religieuses. Chaque jour, il
assistait à la messe et communiait.
C’est à partir de cette époque qu’Erminio enseigna le
catéchisme, surtout pendant les vacances. Il entra dans
l’Action Catholique et dans le Cercle Don Bosco, un
groupe de jeunes qui chaque soir rendaient visite au
Saint Sacrement.
En 1915, Erminio Pampuri
commença ses études de médecine à l'université de Pavie,
et s'inscrivit au Cercle des étudiants catholiques,
Séverin Boezio. Il obtint son diplôme de médecine et de
chirurgie le 6 juillet 1921. En mai 1921, il était
entré dans le Tiers-Ordre franciscain. Ici nous devons
noter qu'à partir du 1er avril 1917, Erminio
avait du faire son service militaire. Comme étudiant en
médecine, il fut envoyé, via la 8ème Section
de Santé, dans les hôpitaux, d'abord comme sergent,
ensuite comme officier du Corps Sanitaire. Écœuré par
tout ce qu'il voyait, il écrivit à Sœur Marie Longine,
sa sœur religieuse, le 1er septembre 1917.
"Depuis deux
semaines, je travaille dans un petit hôpital de
campagne, dans la salle des pansements. Quel massacre de
la pauvre chair humaine, quelles blessures et
déchirures, que de membres brisés! Espérons que, grâce à
la miséricorde divine, ce fléau prenne rapidement fin."
Erminio soignait les
soldats blessés avec un dévouement exceptionnel. Il fut
ensuite nommé médecin municipal à Morimondo, à 27 km de
Milan, dans la province de Milan. C’est là qu’Ermino
Pampuri s’installa avec sa sœur Marguerite, et, de 1921
à 1927 vécut comme une sorte de noviciat religieux. Il
avait 24 ans. Il resta six ans à Morimondo, faisant
preuve, en plus de ses compétences professionnelles
d’une véritable sollicitude spirituelle. Il écrivit à sa
sœur religieuse: "Prie,
pour que l'orgueil, l'égoïsme et toute autre mauvaise
passion ne puisse m'empêcher de voir toujours le Christ
souffrant dans mes malades, pour que je puisse les
guérir, les réconforter. Avec cette pensée toujours
vivante dans l'esprit, comme l'exercice de ma profession
devrait m'apparaître agréable et fécond!"
La
vie spirituelle d'Erminio était surtout une grande
intimité avec le Seigneur dans l’Eucharistie, qu’il
recevait quotidiennement. Son plaisir était de rendre de
fréquentes visites au Saint Sacrement. Vis à vis de ses
malades, le docteur Pampuri était d'une extrême
ponctualité et d'une grande sensibilité de cœur.
Cependant, intérieurement, il percevait que le Seigneur
l'appelait à un don plus total de lui-même. Après une
longue recherche intérieure et les conseils reçus du
Père Justin Borgnovo, prêtre milanais dont il dépendait,
il entra dans l’ordre Hospitalier des Frères de saint
Jean de Dieu de Brescia le 22 juin 1927. Erminio prit le
nom de Frère Richard, Ricardo en italien. Le 24 octobre
1928, Frère Richard prononçait ses vœux.
Quatre jours après sa profession, Frère Richard écrivait
à sa sœur religieuse: "Nous voici plus
fraternellement unis dans l’amour et le service de Dieu,
dans le lien commun des vœux sacrés; nous pouvons ainsi
vraiment sentir malgré la distance de centaines de
kilomètres qui nous sépare, "a ecce quam bonum et quam
lucundum est fratres habitare in Unum", c’est-à-dire
à quel point "il est doux d’habiter ensemble dans ce
Divin Cœur où nos âmes peuvent trouver, grâce à la
communion des Saints, leur paix parfaite et leur bonheur
total." Après sa profession, Frère Richard fut
chargé de former les jeunes confrères, pour leur
permettre d’obtenir le diplôme d’infirmier. Il devint
ainsi le maître des religieux qui étaient fiers de leur
jeune professeur. Pour tous, Frère Richard était un ange
de consolation pour les malades et un modèle pour ses
frères. Il édifiait les médecins, le personnel de
l’hôpital et tous ceux qu’il rencontrait dans l’exercice
de son apostolat hospitalier.
Erminio Pampuri, donc Frère Richard avait toujours eu
une santé délicate. Et au printemps 1929, le mal se
déclara avec tous les symptômes de l’hémoptysie, un
crachement de sang dû, soit à un cancer soit à la
tuberculose. Tous les efforts des supérieurs s’avérèrent
inutiles, malgré un certain répit jusqu'au 18 avril
1930. Mais son état empira brusquement et il dut
retourner à la maison de santé Saint Joseph à Milan. Son
lit devint immédiatement un lieu de pèlerinage.
Monseigneur Ballerini, évêque de Pavie, ses collègues et
surtout ses anciens compagnons d’université, ses
parents, de nombreux habitants de Torriono et de
Monrimondo vinrent lui rendre visite. À tous, le frère
Richard répétait: "Au revoir, au paradis." À sa
tante Marie il déclara: "Je suis heureux d’avoir
accompli la volonté de Dieu… nous sommes sur le chemin
du ciel. Et maintenant que je suis près de l’atteindre,
je suis heureux."
Frère Richard Pampuri mourut saintement à Milan le 1er
mai 1930, en étreignant un crucifix. Il avait à peine 33
ans. Il fut béatifié le 4 octobre 1981 par le pape
Jean-Paul II, puis canonisé, toujours par Jean-Paul II
le 1er novembre 1989. Notons ici que, au
cours de l'homélie de béatification, le Pape dit: "La
vie courte, mais intense, de Fra Ricardo Pampuri, est un
stimulant pour tout le peuple de Dieu mais spécialement
pour les jeunes, pour les médecins et pour les religieux."
Sa fête a été fixée au 1er
mai.
Nous allons maintenant
passer, avec plus de précision, à la vie spirituelle de
Frère Richard Pampuri. Ce saint avait deux grands
amours, et il l'écrivit à sa sœur religieuse, le 24 juin
1929. "Jésus et Marie: voilà les deux joyaux
étincelants du ciel et de la terre, le chef-d’œuvre de
Dieu, source et résumé de tout bien et de notre bonheur
présent et éternel." Un mois avant sa mort, tandis
qu'il était à Brescia, il écrivit encore à sa sœur:
"Il faut que je
m’attache à la bonté et à la miséricorde du Seigneur et
je compte exclusivement sur cela."
À propos d'Erminio Pampuri,
au cours du vote sur l'héroïcité des vertus, un des
consulteurs écrivit:
"La grandeur de ce jeune réside dans le fait d’avoir
toujours cherché à vivre constamment avec le Christ,
répondant avec docilité à la grâce divine, et d’avoir
travaillé depuis son adolescence à apporter le Christ
aux jeunes de son âge, ensuite aux malades et aux
nécessiteux."
À propos de l'Évangile, du
Catéchisme et de l'Imitation de Jésus-Christ, si simples
et si remplis de la sagesse divine, frère Richard
écrivit à un ami:
"Lis-les et médite-les et prie surtout avec la prière
que Dieu même nous a enseignée, avec le Pater Noster, et
alors, la lumière de la vérité qui avait dissipé le
brouillard des passions resplendira à nouveau dans ton
esprit dans toute sa beauté. Avec l’aide de Dieu et
l’intercession de notre Mère céleste de la bonté de qui
nous pouvons tout obtenir, ton âme bonne et généreuse
saura trouver certainement la force pour vaincre l'ogre
et le lion dantesques et sortir de la forêt obscure.
Plus on lit le Saint Évangile de manière répétée et avec
attention, avec la ferme volonté d’appliquer les maximes
divines à la vie pratique, mieux on le comprendra tant
du point de vue matériel que moral et mystique. C’est
surtout l’effort sincère de le mettre en pratique qui
permet de comprendre mieux l’esprit de l’Évangile…"
Et voici qui est d'une
brûlante actualité. Frère Richard parle du sens de la
vie: "Est-ce que
nous pouvons dire que Dieu n’existe pas?… Certes non! En
effet, chaque instant de notre vie est entre ses mains;
ces biens de la terre, et ces créatures que nous adorons
au lieu d’adorer Dieu, le Créateur, sont également entre
ses mains: entre ses mains aussi les intelligences, les
dons dont nous sommes si orgueilleux et dont nous nous
servons pour nous révolter contre Lui au lieu de Lui en
être reconnaissants. Nous pouvons, bien sûr, nous faire
des illusions et essayer de justifier une conduite
erronée en affirmant que la science avec toutes ses
trouvailles, ses progrès, nous prouve qu’il n’existe
pas; mais au jour du jugement, combien de vrais et
grands savants… qui, lorsque leur cœur était pur et leur
esprit exempt de vanité et d’orgueil, n’ont trouvé aucun
conflit entre la science et la foi, mais, au contraire,
plus ils approfondissaient leurs connaissances des
mystères cachés de la nature, plus ils y voyaient
l’apologie de la foi, ils se sentaient portés à aimer et
à louer la bonté et la sagesse infinies du Créateur à
partir de la merveilleuse harmonie des lois de la
nature..."
Frère Richard écrivit
aussi: "Notre
âme est un grand trésor, si grand que Notre-Seigneur
n’hésita pas à la racheter au prix de tout son Divin
Sang… Où pouvons-nous trouver un gardien plus sûr que
Jésus Christ? Qui, mieux que lui, saura rompre la glace
de notre égoïsme et faire flamber ce feu divin de gloire
et de vraie lumière, de vertu, de sainteté qu’il a
apporté sur terre, ne désirant rien d’autre si ce n’est
de nous enflammer tous au souffle ardent de sa divine
Charité?"
Oui,
vraiment, lumière et modèle des médecins de notre
époque, Saint Ricardo Pampuri, l’est également pour tous
les personnels sanitaires laïcs et religieux qui, comme
lui, exercent, dans la foi et l'amour, leur œuvre
humanitaire pour soulager les malades, les nécessiteux
et les marginaux.
Paulette Leblanc |