Pierre Canisius
Docteur de l'Église, Saint
(1521-1597)

21

DECEMBRE

Pierre Canisius, ou Pierre Kanijs ou Kanis, naquit le 8 mai 1521, à Nimègue, ville des Pays-Bas actuels. Sa mère, Ægidia van Houweningen, décéda peu de temps après sa naissance. Avant d'aller plus loin, nous devons remarquer que le 8 mai 1521, date de la naissance de Pierre Canisius, est aussi le jour où Luther, qui avait été excommunié le 3 janvier 1521, fut mis au ban de l'Empire Romain Germanique. Mais revenons à notre Pierre Canisius. Fils de Jakob Kanis, bourgmestre et riche bourgeois de Nimègue, Pierre eut une jeunesse pieuse. En effet, les idées de Luther commençant à envahir largement l'Europe du Nord, les familles catholiques s'efforçaient de confirmer leur foi en l'Église romaine par un attachement résolu et déterminé.

En 1536, âgé de 15 ans, Pierre fut envoyé à Cologne pour étudier le droit et les arts, mais il s'appliqua aussi à la théologie et à la spiritualité. Bientôt, Pierre pensant qu'il devait devenir prêtre, orienta ses études de théologie vers l'Écriture sainte et les Pères de l'Église. En 1539, il est à l'université de Louvain, et en 1540 il est reçu maître ès arts à Cologne.

Pierre Kanis était attiré par les chartreux et les mystiques rhénans. Mais dès qu'il eût rencontré Pierre Favre, disciple de saint Ignace de Loyola, il fut subjugué et entra, à Mayence, dans la toute jeune Compagnie de Jésus, le 8 mai 1543. Il avait 22 ans. Sous la direction de Pierre Favre il avait fait les exercices spirituels de Saint Ignace durant trente jours. Avec le soutien des moines chartreux il fonda ensuite, à Cologne, la première maison des jésuites en Allemagne. Reçu diacre en 1544, et ordonné prêtre en 1546, il continua ses travaux d'édition en publiant les traductions des ouvrages de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Léon le Grand. Mais auparavant, avant d'être ordonné prêtre, Pierre Canisius avait commencé à donner des cours publics d'Écriture Sainte et à se livrer à la prédication. Il n'avait que vingt-quatre ans, lorsque la confiance des habitants de Cologne l'envoya auprès de l'empereur Charles-Quint, pour obtenir qu'il les délivrât de leur archevêque "infecté de protestantisme". Entre temps, en 1543, Pierre avait publié, sous un pseudonyme, une traduction allemande de quelques œuvres du théologien mystique Alsacien, Jean Tauler.

Pierre Canisius passera l'essentiel de sa vie de prêtre jésuite en Allemagne et en Suisse à réformer l'Église catholique et à lutter contre les hérésies protestantes. Il traduira les Pères de l'Église trop oubliés à l'époque et auxquels Luther ne voulait se référer à aucun prix. Pierre Kanis rédigea aussi un catéchisme qui connaîtra un grand succès. Les Pères du Concile de Trente qui dura de 1545 à 1563, feront appel à ses compétences, et tout particulièrement le cardinal Otto Truchsess von Waldburg évêque d'Augsbourg.

Conscient des faiblesses et du laxisme de l'Église catholique, Pierre était convaincu que le renouvellement de l'Église devait passer par la lutte contre l'ignorance du clergé et des fidèles. Aussi, à l'époque où l'imprimerie n'engendrait encore que la méfiance, en usa-t-il abondamment, et il disait: "Le progrès doit être mis au service de Dieu". Comme il avait raison!

Saint Pierre Canisius passa ses dernières années, de 1580 à 1597 à Fribourg, en Suisse où il avait été envoyé pour fonder un collège. Autant que le permettaient ses forces usées, il poursuivait son action à Fribourg pour réformer l'Église et affermir la foi. Saint Pierre Canisius mourut à Fribourg le 21 décembre 1597, à l'âge de 76 ans.

Saint Pierre Canisius fut béatifié en 1864, par Pie IX. Il fut canonisé et proclamé "Docteur de l'Église", en 1925 par Pie XI. Il est fêté le 21 décembre.

Nous connaissons maintenant les principales étapes de la vie de saint Pierre Canisius. Mais peut-être aimeriez-vous avoir plus de détails sur la vie de ce grand serviteur de Dieu. Alors, revenons un peu en arrière. Nous savons que c'est en 1546 que Pierre Canisius fut ordonné prêtre chez les jésuites. Il quitta bientôt Cologne pour l'Italie. Puis il fut envoyé au Concile de Trente comme théologien de l'évêque d'Augsbourg. Au printemps 1548, Pierre fut envoyé à Messine, en Sicile, avec un groupe de dix jésuites, pour y fonder le premier collège de cet ordre. Pierre Canisius y enseignait le latin et la rhétorique. Mais, en 1549, Ignace de Loyola appela Pierre Canisius à Rome.

Le 7 septembre 1549, Pierre Canisius prononça ses vœux solennels à Rome, en présence d'Ignace de Loyola. Le pape Paul III, répondant à une demande du duc Guillaume IV de Bavière, l'envoya enseigner à l'Université d'Ingolstadt en Bavière, d'où, pendant trente ans, il put agir au sein du Saint-Empire romain germanique en faveur de l'Église catholique romaine alors menacée, d'une part par sa propre décadence et, d'autre part, par l'influence grandissante de la réforme protestante soutenue par des princes, qui cherchaient ainsi à acquérir une plus grande indépendance politique.

À Bologne, Pierre Canisius obtint le grade de docteur en théologie, et, en 1550, il fut élu recteur de l'Université d'Ingolstadt. En 1552, Ignace de Loyola l'envoya au nouveau collège de Vienne. Pierre prêcha aussi à la cathédrale Saint-Etienne de Vienne et à la cour de Ferdinand Ier. Il refusa plusieurs fois l'archevêché de Vienne malgré les demandes insistantes de Ferdinand auprès du pape Jules III.

Durant les années 1555-1556, Pierre Canisius enseigna dans plusieurs collèges de son ordre, et fonda ceux d'Ingolstadt, de Prague, d'Augsbourg, et de Fribourg en Suisse. En 1555, à la fin du règne de Charles Quint, il participa à la diète d'Augsbourg avec celui qui deviendra l'Empereur Ferdinand 1er. Désigné par les princes catholiques et sur ordre du pape, il prit part aux débats religieux organisés à Worms. Là, les protestants se divisèrent et durent se retirer, en grande partie à cause de Pierre Canisius et de sa foi. En 1556, Ignace le nomma premier provincial des jésuites de la Haute-Allemagne (Souabe, Bavière, Bohême, Hongrie, Haute et Basse-Autriche).

Passons maintenant aux œuvres de saint Pierre Canisius. Nous avons vu combien Pierre Canisius lutta contre l'ignorance religieuse et contre la dépravation morale qui en était la conséquence. En d'innombrables prédications, qu'il préparait la nuit, plus de 12.000 pages de sermons manuscrits sont arrivées jusqu'à nous, Saint Pierre Canisius exposait la doctrine de l'Église et amenait ses auditeurs à vivre chrétiennement. Il réforma l'université d'Ingolstadt, puis il travailla à la réforme de l'université de Vienne "tombée dans un état de langueur désespérant": d'où le réalisme de Pierre Canisius qui insista sur le problème de l'éducation; son principal effort fut l'ouverture de nombreux collèges. Ces collèges devaient former une nouvelle génération de chrétiens capables de servir l'Église dans le monde. Les commencements furent laborieux; cependant à la mort de Saint Pierre Canisius on comptait dans l'Empire 100 établissements dont beaucoup étaient directement ou indirectement l'œuvre de Saint Pierre Canisius.

Pierre Canisius se pencha aussi sur l'organisation de la Compagnie de Jésus dans l'Empire et sur le développement de la vie spirituelle des jésuites. Pendant plus de treize ans, outre son travail habituel, Saint Pierre Canisius eut à diriger et à superviser un nombre toujours croissant de jésuites, leurs communautés et leurs travaux apostoliques.

Enfin, Pierre Canisius eut souvent à conseiller les princes et les évêques, notamment pour tout ce qui avait trait aux questions de la réforme de l'Église. C'est ainsi que Saint Pierre Canisius eut à intervenir six fois comme théologien des légats pontificaux ou du roi, aux assemblées d'Empire. Sur mandat du pape et pour ses propres supérieurs, Saint Pierre Canisius rédigea toute une série de mémorandums concernant la réforme de l'Église. Durant l'hiver 1565-1566, il dut commenter les décrets du concile de Trente aux évêques et aux princes catholiques de l'Empire.

On peut résumer ces activités en disant que Saint Pierre Canisius fut le plus puissant agent de la réforme intérieure de l'Église catholique dans l'Empire. Il contribua fortement à contenir les progrès et la pression de la réforme protestante et à ramener à l'Église, des régions perdues, surtout dans l'Allemagne méridionale et en Autriche. Pourtant, nous devons ajouter que, malgré ses fortes convictions, Saint Pierre Canisius s'efforçait de comprendre les protestants, qui, devant la décadence de certains milieux catholiques, émettaient des jugements qui n'étaient pas tous erronés. Mais, pour Pierre, on ne devait jamais nuire à l'unité de l'Église. S'il combattait la Réforme, il était plein d'égards pour les réformateurs protestants. Conscient des faiblesses de l'Église catholique romaine de son époque, il était convaincu que le renouvellement de l'Église, devait passer par la lutte contre l'ignorance du clergé et des fidèles. Pour la réforme du clergé, Saint Pierre Canisius  employait surtout les exercices de saint Ignace. Et, nous le savons déjà, l'action de Saint Pierre Canisius  s'exerça via l'imprimerie, principalement pour les trois Catéchismes et les divers livres de prières qu'il avait écrits.

Après cette énumération, très succincte des activités de saint Pierre Canisius, notre étonnement ne fera que croître quand nous découvrirons les œuvres écrites de ce saint. Comment pouvait-il faire? Cela, c'est le secret de Dieu. Nous, nous nous contenterons d'énumérer.

Pierre Canisius rédigea, en 1555, un Grand Catéchisme qui fut publié en plusieurs langues, notamment en français en 1588. Il rédigea aussi un abrégé de cet ouvrage le Petit Catéchisme, qui devint très populaire. Il publia en 1556 le catéchisme pour les gens simples et pour les enfants des écoles. Pour les classes moyennes,  Saint Pierre Canisius composa Parvus Catechismus Catholicorum que l'on estime être la meilleure œuvre de Saint Pierre Canisius. Les catéchismes de Pierre Canisius lui  valurent d'être élevé à la dignité de Docteur de l'Église.

Quand il fut déchargé de toute supériorité, le Père Canisius se retira à Dillingen où il travailla à la réfutation des erreurs des "Centuries de Magdebourg", histoire de l'Église protestante, divisée en périodes de cent ans, d'où son nom. Cette histoire fut publiée en latin, à Bâle, de 1559 à 1574. Il alla ensuite fonder le collège de Fribourg (1580), qu'il ne devait plus quitter. Il recueillit l'histoire des saints du pays et entretint des correspondances avec de multiples personnes.

En résumé l'œuvre littéraire de Pierre Canisius, très importante, connut un succès considérable et durable. Après avoir présenté l'essentiel de la religion dans une Summa doctrinae, il la résuma dans des catéchismes qui eurent un tel succès que, durant trois siècles, on employa en allemand le mot Kanisi pour désigner un catéchisme. Notons qu'il défendit aussi le culte de la Vierge Marie.

Compte tenu de la ressemblance qui existe, au niveau de l'Église, entre le temps de saint Pierre Canisius et le nôtre, prions le Seigneur pour qu'Il nous envoie, aujourd'hui, de nombreux disciples de ce saint.

Paulette Leblanc

 

 

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