Pierre Canisius, ou Pierre Kanijs ou Kanis, naquit le 8
mai 1521, à Nimègue, ville des Pays-Bas actuels. Sa
mère, Ægidia van Houweningen, décéda peu de temps après
sa naissance. Avant d'aller plus loin, nous devons
remarquer que le 8 mai 1521, date de la naissance de
Pierre Canisius, est aussi le jour où Luther, qui avait
été excommunié le 3 janvier 1521, fut mis au ban de
l'Empire Romain Germanique. Mais revenons à notre Pierre
Canisius. Fils de Jakob Kanis, bourgmestre et riche
bourgeois de Nimègue, Pierre eut une jeunesse pieuse. En
effet, les idées de Luther commençant à envahir
largement l'Europe du Nord, les familles catholiques
s'efforçaient de confirmer leur foi en l'Église romaine
par un attachement résolu et déterminé.
En
1536, âgé de 15 ans, Pierre fut envoyé à Cologne pour
étudier le droit et les arts, mais il s'appliqua aussi à
la théologie et à la spiritualité. Bientôt, Pierre
pensant qu'il devait devenir prêtre, orienta ses études
de théologie vers l'Écriture sainte et les Pères de
l'Église. En 1539, il est à l'université de Louvain, et
en 1540 il est reçu maître ès
arts à Cologne.
Pierre Kanis était attiré par les chartreux et les
mystiques rhénans. Mais dès qu'il eût rencontré Pierre
Favre, disciple de saint Ignace de Loyola, il fut
subjugué et entra, à Mayence, dans la toute jeune
Compagnie de Jésus, le 8 mai 1543. Il avait 22 ans. Sous
la direction de Pierre Favre il avait fait les exercices
spirituels de Saint Ignace durant trente jours. Avec le
soutien des moines chartreux il fonda ensuite, à
Cologne, la première maison des jésuites en Allemagne.
Reçu diacre en 1544, et ordonné prêtre en 1546, il
continua ses travaux d'édition en publiant les
traductions des ouvrages de saint
Cyrille d'Alexandrie
et de saint Léon le Grand. Mais auparavant, avant d'être
ordonné prêtre, Pierre Canisius avait commencé à donner
des cours publics d'Écriture Sainte et à se livrer à la
prédication. Il n'avait que vingt-quatre ans, lorsque la
confiance des habitants de Cologne l'envoya auprès de
l'empereur Charles-Quint, pour obtenir qu'il les
délivrât de leur archevêque "infecté de
protestantisme". Entre temps, en 1543, Pierre avait
publié, sous un pseudonyme, une traduction allemande de
quelques œuvres du théologien mystique Alsacien, Jean
Tauler.
Pierre Canisius passera l'essentiel de sa vie de prêtre
jésuite en Allemagne et en Suisse à réformer l'Église
catholique et à lutter contre les hérésies
protestantes. Il traduira les Pères de l'Église trop
oubliés à l'époque et auxquels Luther ne voulait se
référer à aucun prix. Pierre Kanis rédigea aussi un
catéchisme qui connaîtra un grand succès. Les Pères du
Concile de Trente qui dura de 1545 à 1563, feront appel
à ses compétences, et tout particulièrement le cardinal
Otto Truchsess von Waldburg évêque d'Augsbourg.
Conscient des faiblesses et du laxisme de l'Église
catholique, Pierre était convaincu que le renouvellement
de l'Église devait passer par la lutte contre
l'ignorance du clergé et des fidèles. Aussi, à l'époque
où l'imprimerie n'engendrait encore que la méfiance, en
usa-t-il abondamment, et il disait: "Le progrès doit
être mis au service de Dieu".
Comme il avait raison!
Saint Pierre Canisius passa ses dernières années, de
1580 à 1597 à Fribourg, en Suisse où il avait été envoyé
pour fonder un collège. Autant que le permettaient ses
forces usées, il poursuivait son action à Fribourg pour
réformer l'Église et affermir la foi. Saint Pierre
Canisius mourut à Fribourg le 21 décembre 1597, à l'âge
de 76 ans.
Saint Pierre Canisius fut béatifié en 1864, par Pie IX.
Il fut canonisé et proclamé "Docteur de l'Église", en
1925 par Pie XI. Il est fêté le 21 décembre.
Nous connaissons maintenant les principales étapes de la
vie de saint Pierre Canisius. Mais peut-être
aimeriez-vous avoir plus de détails sur la vie de ce
grand serviteur de Dieu. Alors, revenons un peu en
arrière. Nous savons que c'est en
1546 que Pierre Canisius fut ordonné prêtre chez les
jésuites. Il quitta bientôt Cologne pour l'Italie. Puis
il fut envoyé au Concile de Trente comme théologien de
l'évêque d'Augsbourg. Au
printemps 1548, Pierre fut envoyé à Messine,
en Sicile, avec un groupe de dix jésuites, pour y fonder
le premier collège de cet ordre. Pierre Canisius y
enseignait le latin et la rhétorique.
Mais, en 1549, Ignace de Loyola appela
Pierre Canisius à Rome.
Le 7 septembre 1549, Pierre Canisius prononça ses vœux
solennels à Rome,
en présence d'Ignace
de Loyola.
Le pape Paul III,
répondant à une demande du duc Guillaume IV de Bavière,
l'envoya enseigner à l'Université d'Ingolstadt en
Bavière,
d'où, pendant trente ans, il put agir au sein du
Saint-Empire
romain germanique en faveur de l'Église catholique
romaine
alors menacée, d'une part par sa propre décadence et,
d'autre part, par l'influence grandissante de la réforme
protestante soutenue par des princes, qui cherchaient
ainsi à acquérir une plus grande indépendance politique.
À
Bologne,
Pierre Canisius obtint le
grade de docteur
en théologie,
et, en
1550,
il fut élu recteur de l'Université d'Ingolstadt. En
1552,
Ignace de Loyola
l'envoya au nouveau collège de
Vienne.
Pierre prêcha aussi à la
cathédrale
Saint-Etienne de
Vienne et à la cour de
Ferdinand Ier. Il refusa plusieurs
fois l'archevêché de Vienne malgré les demandes
insistantes de Ferdinand auprès du
pape Jules III.
Durant les années
1555-1556,
Pierre Canisius enseigna dans plusieurs collèges de son
ordre, et fonda ceux d'Ingolstadt,
de
Prague,
d'Augsbourg,
et de
Fribourg
en
Suisse.
En 1555, à la fin du règne de Charles Quint, il
participa à la
diète d'Augsbourg
avec celui qui deviendra l'Empereur Ferdinand 1er.
Désigné par les princes catholiques et sur ordre du
pape, il prit part aux débats religieux organisés à Worms.
Là, les protestants se divisèrent et durent se retirer,
en grande partie à cause de Pierre Canisius et de sa
foi. En 1556, Ignace le nomma premier provincial des
jésuites de la
Haute-Allemagne
(Souabe,
Bavière,
Bohême,
Hongrie,
Haute
et
Basse-Autriche).
Passons maintenant aux œuvres de saint Pierre Canisius.
Nous avons vu combien Pierre Canisius lutta contre
l'ignorance religieuse et contre la dépravation morale
qui en était la conséquence. En d'innombrables
prédications, qu'il préparait la nuit, plus de 12.000
pages de sermons manuscrits sont arrivées jusqu'à nous,
Saint Pierre Canisius exposait la doctrine de l'Église
et amenait ses auditeurs à vivre chrétiennement. Il
réforma l'université d'Ingolstadt, puis il travailla à
la réforme de l'université de Vienne "tombée dans un
état de langueur désespérant": d'où le réalisme de
Pierre Canisius qui insista sur le problème de
l'éducation; son principal effort fut l'ouverture de
nombreux collèges. Ces collèges devaient former une
nouvelle génération de chrétiens capables de servir
l'Église dans le monde. Les commencements furent
laborieux; cependant à la mort de Saint Pierre Canisius
on comptait dans l'Empire 100 établissements dont
beaucoup étaient directement ou indirectement l'œuvre de
Saint Pierre Canisius.
Pierre Canisius se pencha aussi sur l'organisation de la
Compagnie de Jésus dans l'Empire et sur le développement
de la vie spirituelle des jésuites. Pendant plus de
treize ans, outre son travail habituel, Saint Pierre
Canisius eut à diriger et à superviser un nombre
toujours croissant de jésuites, leurs communautés et
leurs travaux apostoliques.
Enfin, Pierre Canisius eut souvent à conseiller les
princes et les évêques, notamment pour tout ce qui avait
trait aux questions de la réforme de l'Église. C'est
ainsi que Saint Pierre Canisius eut à intervenir six
fois comme théologien des légats pontificaux ou du roi,
aux assemblées d'Empire. Sur mandat du pape et pour ses
propres supérieurs, Saint Pierre Canisius rédigea toute
une série de mémorandums concernant la réforme de
l'Église. Durant l'hiver 1565-1566, il dut commenter les
décrets du concile de Trente aux évêques et aux princes
catholiques de l'Empire.
On
peut résumer ces activités en disant que Saint Pierre
Canisius fut le plus puissant agent de la réforme
intérieure de l'Église catholique dans l'Empire. Il
contribua fortement à contenir les progrès et la
pression de la réforme protestante et à ramener à
l'Église, des régions perdues, surtout dans l'Allemagne
méridionale et en Autriche. Pourtant, nous devons
ajouter que, malgré ses fortes convictions, Saint Pierre
Canisius s'efforçait de comprendre les protestants, qui,
devant la décadence de certains milieux catholiques,
émettaient des jugements qui n'étaient pas tous erronés.
Mais, pour Pierre, on ne devait jamais nuire à l'unité
de l'Église.
S'il
combattait la Réforme, il était plein d'égards pour les
réformateurs protestants. Conscient des faiblesses de l'Église
catholique romaine
de son époque, il était convaincu que le renouvellement
de l'Église, devait passer par la lutte contre
l'ignorance du
clergé
et des fidèles.
Pour
la réforme du clergé, Saint Pierre Canisius employait
surtout les exercices de saint Ignace. Et, nous le
savons déjà, l'action de Saint Pierre Canisius s'exerça
via l'imprimerie, principalement pour les trois
Catéchismes et les divers livres de prières qu'il avait
écrits.
Après cette énumération, très succincte des activités de
saint Pierre Canisius, notre étonnement ne fera que
croître quand nous découvrirons les œuvres écrites de ce
saint. Comment pouvait-il faire? Cela, c'est le secret
de Dieu. Nous, nous nous contenterons d'énumérer.
Pierre Canisius rédigea, en
1555,
un Grand Catéchisme qui fut publié en plusieurs
langues, notamment en français en 1588. Il rédigea aussi
un abrégé de cet ouvrage le Petit Catéchisme, qui
devint très populaire. Il publia en 1556 le
catéchisme pour les gens simples et pour les enfants des
écoles. Pour les classes moyennes, Saint Pierre
Canisius composa Parvus Catechismus
Catholicorum que l'on estime être la meilleure œuvre
de Saint Pierre Canisius. Les catéchismes de Pierre
Canisius lui valurent d'être élevé à la dignité de
Docteur de l'Église.
Quand il fut déchargé de toute supériorité, le Père
Canisius se retira à Dillingen où il travailla à la
réfutation des erreurs des "Centuries de Magdebourg",
histoire de l'Église protestante, divisée en périodes de
cent ans, d'où son nom. Cette histoire fut publiée en
latin, à Bâle, de 1559 à 1574. Il alla ensuite fonder le
collège de Fribourg (1580), qu'il ne devait plus
quitter. Il recueillit l'histoire des saints du pays et
entretint des correspondances avec de multiples
personnes.
En
résumé l'œuvre littéraire de Pierre Canisius, très
importante, connut un succès considérable et durable.
Après avoir présenté l'essentiel de la religion dans une
Summa doctrinae,
il la résuma dans des catéchismes qui eurent un tel
succès que, durant trois siècles, on employa en allemand
le mot
Kanisi
pour désigner un catéchisme. Notons qu'il défendit aussi
le culte de la Vierge Marie.
Compte tenu de la ressemblance qui existe, au niveau de
l'Église, entre le temps de saint Pierre Canisius et le
nôtre, prions le Seigneur pour qu'Il nous envoie,
aujourd'hui, de nombreux disciples de ce saint.
Paulette Leblanc |