Peur ou espérance ?

Première partie:
encore un terrible constat

Certaines bonnes revues scientifiques font parfois le bilan du développement scientifique au XXe siècle. C'est très intéressant. D'autres revues cherchent les progrès scientifiques qui viendront dans les 100 prochaines années. C'est plus aléatoire, mais ce qui est le plus surprenant, c'est que partout, Dieu est toujours absent; pourquoi? Pour beaucoup de personnes, les années qui viennent sont angoissantes; pourtant Dieu n'est jamais mentionné. Pourquoi? Ces choses sont difficiles à comprendre. Pourtant, il faut bien que les choses aient eu un commen-cement, et elles auront une fin. Tous les hommes devront mourir: alors la vie? Quelle stupidité! Mais comment avons-nous pu en arriver là? Toutes ces questions broient aujourd'hui beaucoup de cœurs désemparés. Avec Jésus-Christ réfléchissons et contemplons l'écroulement de notre monde, de notre Église, et de tout ce qui faisait la vie de nos ancêtres et de nos parents. Nous nous sentons souvent interpellés, mais nous sommes presque incapables de faire même la plus petite chose car nous n'osons pas. Sans le savoir notre monde désire Dieu, mais les médias ne nous Le donnent plus. Et même notre Église semble absente… Pourquoi?

Nos contemporains se sentent de plus en plus seuls alors qu'ils sont constamment sollicités par de multiples choses à faire… Et le bruit ambiant est devenu un vacarme incessant qui couvre tout et empêche les moindres velléités de réflexion. Les gens n'ont envie de rien car ils ont trop de biens à leur disposition. Ils ne comprennent plus le sens des mots: foi et espérance. Dieu est absent, et la fausse liberté qui s'est imposée partout n'est pas la liberté mais les libertinages corporels et spirituels qui corrompent toutes les valeurs et rendent les hommes tellement malheureux. Notre monde a chassé Dieu, notre monde libertaire ne cherche plus que les plaisirs rapides et sensuels, même lorsqu'ils sont apparemment spirituels, et la vie n'a plus de sens. D'ailleurs comment en aurait-elle puisque notre vraie culture française a disparu? Les gens ne savent plus prier et, quand ils ont quelques angoisses, ils disent: "Serrons les doigts…"

Notre monde est très malade, mais, heureusement, quelques personnes ont pris conscience du drame que nous vivons, et l'on parle maintenant de conversions. Mais, parmi les nouveaux convertis, beaucoup, surtout les jeunes, font ce que nous pourrions appeler des révélations surprenantes. Ainsi un homme de quarante cinq ans, nouveau converti, animé par le Saint Esprit, ne cesse de parler de Dieu, d'instruire ses interlocuteurs sur ses découvertes religieuses, et ainsi, se comporte en exceptionnel évangélisateur. Actuellement, dans son milieu professionnel, il "cause" avec un jeune de 23 ans, de nouveau en recherche après avoir été déçu par quelques sectes… Je sais que je dois vous faire connaître ces "révélations" que ce jeune fait à son interlocuteur, "révélations" qui concernent surtout les prêtres et les chrétiens déjà âgés.

Ce que dit ce jeune homme, et que j'ai appris il n'y a que quelques jours, je peux affirmer que c'est la vérité, car d'autres personnes m'ont récemment affirmé des choses comparables. Je vais essayer de résumer ici, car cela est très important et doit être dit, même si c'est très dur à entendre. Ainsi, ces personnes, athées comme on l'est aujourd'hui, ou en voie de conversion, disent qu'elles n'avaient jamais entendu parler de Dieu. D'ailleurs, elles ne savent pas très bien ce "qu'est Dieu" et qu'est-ce que cela veut dire. Elles mélangent tout ce qui concerne les sectes du style "Témoins de Jéhovah" ou les "Évangélistes", ou "Les Mormons"… Souvent elles ajoutent, concernant l'Église Catholique: "Oh! Bon! Elle existe encore? Je croyais que les églises étaient toutes des musées. Moi, je n'ai jamais vu de prêtres, ni de religieux… À quoi servaient-ils? Pourtant, mes parents me disaient qu'autrefois il y avait des religieuses qui étaient infirmières dans les hôpitaux, et qu'elles rendaient bien des services… mais cela n'existe plus." (Il serait bon que nous relisions tous la Déclaration du concile Vatican II sur l'Éducation chrétienne: GRAVISSIMUS EDUCATIONIS, ainsi que le Décret sur la vie consacrée: PERFECTÆ CARITATIS, paragraphe 17)

Les réflexions que je viens de rapporter ne sont pas des inventions, et elles sont malheureusement trop courantes. On ne voit plus les prêtres alors que le concile dit que "le costume religieux est le signe de l'appartenance à Dieu". Nos écoles catholiques ne sont plus catholiques car on n'y enseigne plus l'Évangile afin de ne pas ennuyer les enfants des familles musulmanes ou athées. Pourtant le concile demandait de multiplier les écoles chrétiennes et les patronages, et les mouvements de jeunes afin de les former à la vie chrétienne. On ne l'a pas fait; on voit les résultats… Pour des raisons assez inexplicables, depuis la fin du concile, beaucoup des responsables dans l'Église ont prêché l'enfouissement. En France, l'Église s'est tellement enfouie qu'on ne la voit plus… Par contre l'islam, bien visible, fait des ravages dans les banlieues des grandes villes. Les  "Témoins des Jéhovah" aussi. Mais je reviens à nos convertis.

Une fois qu'une personne a décidé de se convertir, elle découvre vite que la conversion va l'engager à être disponibles aux autres, pour leur service et leur salut. Oui, pour le salut, donc pour un retour à la seule Source du bonheur, à Dieu et à son Fils Jésus-Christ.  Quelques théologiens ont osé dire: "Bienheureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur." Ne devrait-on pas ajouter: "Bienheureuse conversion qui nous fait accueillir la grâce de Dieu, et qui nous donne la lumière sur ce que nous sommes réellement et sur ce que nous avons fait." Et nous recevons aussi l'humilité, l'ouverture de nos cœurs à Dieu. Et nous rencontrons enfin Dieu, notre Créateur et Père. Nos cœurs s'ouvrent à l'espérance.

 

Deuxième partie:
l'espérance

 

 Écrire de belles choses, c'est bien, mais cela ne signifie pas que nous comprenions davantage notre monde si triste. Notre monde actuel épouvante beaucoup de français car ce monde veut la destruction de l'Église et de Dieu, donc la destruction de notre civilisation. Mais pour aller où? Vers quel bonheur? Le néant? Mais il n'y a ni connaissance, ni bonheur, dans le néant? Nous ne savons plus quoi penser, et nous avons mal…

Contemplons Jésus couronné d'épines. Quelle épine nous partage-t-il, quelle épine donne-t-il à chacun de nous? Notre souffrance actuelle, cette souffrance qui, pour nous, n'est pas physique mais seulement morale, notre souffrance actuelle est une des épines de la couronne de Jésus? Nous supplions Jésus pour que tous les enfants de Dieu reviennent à Lui. Nous supplions Jésus pour qu'Il chasse Satan. Seigneur, avec Vous "nous pleurons sur Jérusalem et sur ses enfants." Beaucoup de catholiques ne comprennent pas notre monde, ni notre clergé. On dirait que nos prêtres ne comprennent pas ce qui se passe. Et, par moments, nous avons peur. Or  Jésus a dit, et redit par la voix de nos papes: "N'ayez pas peur!" Parfois des chrétiens français, surtout des catholiques, se disent que, s'ils étaient arrêtés demain à cause de leurs convictions religieuses, Jésus les soutiendrait et parlerait pour eux comme Jésus nous l'a promis. Pourtant de plus en plus de personnes ont peur, confusément et sans encore savoir pourquoi. C'est comme si tout s'écroulait autour de nous. Pourtant nous savons que Dieu est là, en chacun de nous. Mais nous pensons à tous ceux qui se perdent, et comme Jésus couronné d'épines, nous avons mal, face à notre impuissance.

Comme tous les chrétiens, chacun d'entre nous ne cesse de penser aux autres, qui sont aussi les enfants, les créatures de Dieu. Nous pensons à tous ceux qui se perdent, à tous ceux qui pèchent volontairement, parce qu'ils s'estiment libres. Nous pensons à ceux qui font des discours ignobles, et à ceux qui veulent créer une nouvelle religion, la religion laïque de la République. Nous sommes sidérés! Comment en sommes-nous arrivés là? Nous pensons à la Révolution Française et aux révolutions qui l'ont suivie, et qui ont toutes attaqué l'Église catholique, et, nous avons peur. Seigneur, ayez pitié de nous!

Beaucoup de chrétiens ont peur, et pourtant ils continuent à vivre, à prier et à aimer, car ils ont conservé la foi. Alors, ont-ils peur, ou sont-ils encore dans l'espérance? Tous les hommes redoutent l'ironie, les moqueries. Pourtant aujourd'hui les chrétiens ne doivent plus avoir peur, mais avoir le courage de parler. Et pour parler de Dieu devant des athées, il en faut du courage. Il en faut du courage pour dire la vérité dans ce monde de mensonges qui interprète tout, déforme tout, salit tout, sauf le mal, car c'est le règne de Satan. Comment peut-on placer l'espérance dans ce monde sans espoir?

Faisons un retour en arrière. Nous entendons très fréquemment, ou nous lisons, des réflexions concernant la prière, et obligatoirement, la question la plus courante revient constamment: "Comment peut-on sentir Dieu?" Dans tous les cas, le mot: émotion, est également évoqué. Mais ressentir des émotions sensibles, est-ce Dieu, est-ce le langage de Dieu?

Revenons à l'espérance. Les intuitions de beaucoup de catholiques sont, aujourd'hui,  plutôt pessimistes. En effet, comment ne pas être pessimiste dans ce monde qui s'en va sans Dieu? Depuis des années, beaucoup d'intuitions, toutes pessimistes, non seulement se sont réalisées, mais beaucoup ont largement été dépassées. Face à des gens pleins d'optimisme, et d'espérance, beaucoup d'entre nous semblaient vraiment trop pessimistes. Mais comment peut-on dire que tout va bien quand tout se délite, quand la morale meurt, quand nous allons contre les lois de la nature qui sont les Lois de Dieu? Aujourd'hui nos âmes sont tristes à en mourir et nous ne pouvons même plus imaginer ce qui se passera dans quelques mois si nous continuons à détruire Dieu. Car il n'y a pas d'espérance sans Dieu…

Jésus, aie pitié de nous qui sommes de nouveau en panne et qui avons peur… Mais soudain un mot jaillit dans nos cœurs: "SAUF!" Sauf quoi? Nous ne savons pas, car de nouveau nous regardons le monde. Partout dans le monde les chrétiens et surtout les catholiques, sont persécutés. Partout. Certes nous savons que, depuis sa crucifixion, Jésus est vainqueur, et que tout pourrait se redresser brusquement. Mais quand? Le temps de Dieu n'est pas notre temps, et nous pouvons avoir à attendre longtemps encore. Et puis, a-t-on le droit d'être trop optimiste, de refuser de voir clair? Or aujourd'hui nous sommes face à un constat, et un constat dramatique. Alors?

Alors, comment placer l'espérance voulue par Dieu, l'espérance vertu théologale, à la fois si grande et si fragile? Comment relier l'offrande que de nombreux saints ont faite à Dieu au sacrifice demandé aujourd'hui ou au témoignage choisi par Dieu pour chacun de nous? Tout semble devenir question pour nous, mais un mot jaillit en nos cœurs, un mot qui nous rassure: "SAUF!" "Sauf" quoi? Qu'est-ce cela signifie?

Pensons à ceux qui se convertissent. Ils viennent de trouver la foi. Ils ont beaucoup de sacrifices à faire pour aller jusqu'au bout de leur foi. Ils semblent avoir beaucoup abandonné de la vie qui fut la leur avant leur conversion. Oui, il ont perdu beaucoup des désirs du monde et des satisfactions terrestres, oui, ils ont renoncé à leur passé et parfois, ils doivent ils peuvent avoir des regrets, SAUF que parallèlement à leurs renoncements ils ont trouvé la foi en Dieu, donc Dieu Lui-même, et l'Espérance. 

Paulette Leblanc
Octobre 2013

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