Et si Dieu le Père pleurait aussi...

Et si Dieu le Père pleurait aussi... 

Nous vivons actuellement une période assez étrange: après avoir totalement libéré le sexe, notre société commence à s'étonner que des hommes, de plus en plus nombreux et parfois des hommes ayant de grandes responsabilités gouvernementales ou internationales soient cités en justice pour avoir agressé et violé des femmes. Et comment de jeunes adolescents peuvent-ils devenir des criminels? Plutôt que de nous étonner, nous devrions plutôt revenir au simple bon sens, et comprendre que cela était inévitable: lorsque toute morale et respect de la personne sont supprimés, l'homme retourne à l'état animal. Et voici que nous comprenons mieux que seul le christianisme, avec sa morale née des commandements d'amour de Dieu et de l'enseignement de Jésus qui les accomplit dans leur perfection, est capable de mettre en œuvre la seule attitude de véritable respect de toutes les personnes humaines. 

Pourtant cela n'est pas immédiatement évident. Ainsi, il est fortement conseillé de lire la Bible, Parole de Dieu. Mais certains passages nous déconcertent. Ainsi, lorsque David fuyait Saül, il eut faim, lui et ses compagnons. Au prêtre qui lui demandait, avant de lui donner les pains consacrés, "si ses gens s'étaient abstenus de femmes," il répondit: "Nous nous sommes abstenus de femmes depuis trois jours que je suis parti, et les vases de mes gens sont chose sainte; et si le voyage est profane, pourtant il est sanctifié quant au vase" (1 Samuel 21, 5 et 6) Les traductions sont souvent différentes, mais elles sont toutes d'accord pour dire que les hommes ne doivent pas "se souiller avec des femmes" quand ils vont accomplir des actions saintes.  

La Bible étonne encore davantage quand elle parle de la vie sexuelle des grands hommes: par exemple David, qui avait des concubines, ou Salomon qui ne comptait même plus ses femmes. Quand on lit l'histoire, on constate qu'il en était ainsi dans toutes les religions anciennes, bien que des vestales vierges aient existé à Rome et ailleurs. Quand on est une femme, on n'aime pas beaucoup constater que les femmes, même les meilleures sont souvent traitées comme de simples objets de plaisir ou de reproduction, qu'on jette quand on n'en a plus besoin...  

Les hommes, avant l'Évangile, avaient de nombreuses femmes... Pourtant il y a autant d'hommes que de femmes qui naissent. Alors, quand des hommes prennent plusieurs femmes, il n'y en a plus pour les autres, d'où la multiplication des eunuques... Les choses étaient pourtant claires au moment de la Création: un homme: Adam, et une femme: Ève. Et c'est probablement une des raisons pour lesquelles Jésus dit "qu'Il n'est pas venu pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir." Lui, Jésus, ne méprisait pas les femmes, bien au contraire, car il sut leur rendre toute la dignité qui devait leur revenir. Ainsi, contrairement aux usages juifs, Il parlait aux femmes, en public; Il parla même à une samaritaine, ce qui ne manqua pas d'étonner ses disciples. Et c'est à cette même samaritaine, que Jésus promit des fleuves d'Eau vive. 

Des fleuves d'Eau vive... Jésus promet d'envoyer les fleuves d'Eau vive de son Esprit-Saint. Au pied de la Croix, Jean, le disciple bien-aimé, le verra ce fleuve d'Eau vive couler du Cœur transpercé de Jésus. Et Jean sera rempli de l'amour de Jésus et de son Esprit. Jean ne prêchera que l'amour de Dieu... Jean comprendra aussi la détresse de son Maître à Gethsémani et son cri de douleur sur la Croix, quand Jésus s'écria: "Père! Pourquoi m'as-Tu abandonné?" 

La nature humaine de Jésus souffre sur la Croix. Mais sa nature divine peut-elle aussi souffrir ? Théologiquement parlant nous devons répondre: non. De plus, Dieu ne peut pas souffrir. Donc, toujours selon la théologie, Jésus n'a souffert que selon la chair. Pourtant, puisque Jésus est une seule personne tout en ayant deux natures, il est difficile d'imaginer que ses deux natures n'aient pas été touchées ensemble devant la souffrance des hommes. D'ailleurs comment le Père aurait-Il envoyé son Fils s'incarner sur la terre, s'Il n'avait pas ressenti la tristesse de l'Amour qui n'est pas aimé?  

Poursuivons notre réflexion: il y a en Jésus une unité certaine avec le Père, qui fait que, "lorsque nous voyons Jésus, nous voyons le Père." Quand Jésus souffre et pleure, le Père, uni par un Lien d'Amour à son Fils, son Verbe au sein de la sainte Trinité, le Père ressent forcément la tristesse et la douleur du Fils. Certes, seul Le Verbe incarné a pu souffrir au sein de la Trinité, mais Dieu est Amour, et nous savons que l'Amour souffre toujours quand il n'est pas aimé. Certes, ce n'est pas une souffrance comparable à une souffrance humaine, mais c'est très certainement une peine incontestable. Comment expliquer, avec des mots d'hommes, des "sentiments" qui regardent Dieu? 

Revenons aux commandements de Dieu. Ces commandements, donnés par Dieu Lui-même ne sont pas des contraintes comme on les présente maintenant, et encore moins un esclavage. Au contraire, vivre en suivant les commandements de Dieu, c'est vivre dans l'amour, la joie, le bonheur; c'est aussi bénéficier d'une incroyable liberté, car Dieu nous a faits libres afin que nous soyons capables d'aimer et surtout de L'aimer. Mais l'amour, cela se prouve, cela se manifeste. Vivre les commandements de Dieu, c'est vivre aussi dans la Vérité, donc dans la loyauté vis à vis des hommes, car Dieu qui est Vérité ne peut pas tolérer l'insondable source de malheurs qu'est le mensonge. Mentir, c'est se couper de la Vérité donc de la liberté. 

Pourquoi ne considérerions-nous pas les commandements sous une forme positive, curieusement peu habituelle. Ainsi, les commandements de Dieu nous libèrent de la jalousie donc de toute envie de nuire à notre prochain, donc de voler ce qui lui appartient. La charité: l'amour que Dieu met dans nos cœurs quand nous observons ses commandements, nous conduit à donner à notre prochain le meilleur de nous-mêmes et, non seulement à respecter ce qu'il possède, mais à l'aider autant que nous pouvons.  

Oh! Comme il est bon de savoir partager, de savoir donner et recevoir, car accepter le don de l'autre, quel qu'il soit, c'est aussi lui donner du plaisir, une satisfaction, une véritable estime de lui-même. Quand je donne de l'amour, je reçois de l'amour; quand un professeur aide ses élèves à apprendre et à retenir pour réussir leur vie, il leur donne tout ce qu'il est lui-même, et reçoit la joie de les voir heureux dans leur réussite, même si elle est encore petite. Il sait qu'ils grandiront fiers et heureux, et cela est pour le professeur une grande source de joie. Et quand nous regardons les biens matériels de nos amis ou de nos voisins, nous nous réjouissons avec eux de ce qu'ils ont de beau: pourquoi irions-nous voler leur bien?  

Nous pourrions énumérer, les uns après les autres, tous les commandements de Dieu et nous découvririons, avec joie, que tous sont pour nous des instruments de bonheur. Quand nous contemplons notre monde contemporain qui a méprisé, voire jeté les commandements de Dieu, nous voyons se multiplier les détresses, les angoisses, les dépressions et les suicides. Nos contemporains sont incroyablement malheureux... Mais surtout, il ne faut pas le dire... Ce serait politiquement incorrect. Car il faut respecter ceux qui font le mal, n'est-ce pas? Par contre, on peut persécuter, autant que possible, ceux qui essaient de réparer les dégâts commis par des irresponsables; je pense en particulier à ces millions de chrétiens encore persécutés, martyrisés dans notre monde, je pense à notre pape que les médias salissent ou calomnient sans arrêt. Je pense à notre pauvre Église catholique tellement persécutée actuellement, persécutée du dehors, mais aussi de l'intérieur.  

Seigneur, être persécuté, méprisé de l'extérieur, cela peut se comprendre, car c'est l'œuvre de Satan et Satan veut notre destruction. Mais avoir été ou être encore persécuté de l'intérieur, cela est étonnant et incroyablement douloureux: comment avons-nous pu en arriver là? Seigneur, quand nous regardons ton Église, nous la voyons blessée au plus profond d'elle-même. Elle a perdu beaucoup de ses valeurs, elle n'enseigne plus ta Loi d'Amour à ses petits; elle laisse faire et s'étendre le mal. Pendant cinquante ans, dans certains pays d'Europe occidentale, elle n'a rien dit, rien condamné. Heureusement nos papes, eux, ont parlé, ils ont cherché à enseigner mais... on a si souvent méprisé leurs écrits... 

Il y eut un Concile: il aurait dû être un guide merveilleux, mais on ne l'a pas lu, ou pire, on lui a fait dire le contraire de ce qu'il préconisait... Nos papes ont écrit de merveilleuses encycliques: qui les a lues en France? Elles aussi, on les a méprisées ou cachées, car il valait mieux que ceux qui étaient encore chrétiens ne les lisent pas... Quant à ceux qui, parfois, osaient faire quelques remarques, on les a fait taire, on les a rejetés car ils étaient gênants. Cette constatation est incroyablement dramatique et douloureuse pour ceux qui contemplent Dieu et son Église bien-aimée, le Corps mystique du Fils Verbe de Dieu. Oh! Seigneur, comment réparer? Comment revenir à tes commandements qui sont la porte du bonheur des hommes? 

Beaucoup de cœurs chrétiens sont, aujourd'hui, de plus en plus douloureux quand ils découvrent que, peut-être, ils n'ont pas fait mieux que les autres: eux aussi ont pataugé sans comprendre ce qui arrivait, et la tiédeur les a envahis. Ils se sont souvent laissés entraîner, comme les autres, par les idées du monde, tout en les repoussant, et en vivant dans des ténèbres épouvantables. Et aujourd'hui, constatant les dégâts qui affectent toutes les vies humaines et les sociétés autrefois liées au christianisme et à sa morale, ils n'arrivent pas à comprendre ce qui s'est passé. Par contre, ils découvrent qu'ils ne sont pas meilleurs que les autres... Mais ils constatent aussi qu'ils étaient tellement heureux quand le peuple français suivait les commandements de Dieu, malgré les efforts des milieux anticléricaux à la solde de Satan...  

Seigneur adoré, nos cœurs pleurent quand ils voient que l'on souille tes petits enfants si purs; et nous nous souvenons de tes paroles: "Malheur à celui qui scandalise l'un de ces petits!" Nos cœurs pleurent quand ils apprennent que tel ou tel jeune s'est suicidé... Nos cœurs pleurent quand des États votent les lois ignobles, en faveur de l'avortement, de l'euthanasie ou du mariage des homosexuels... Nos cœurs pleurent quand ils entendent les mensonges continuels qui passent à travers la radio, la télévision ou Internet. Nos cœurs pleurent, Jésus, et Te crient: "Ô mon Dieu, par pitié, venez nous sauver!" Nos cœurs pleurent, Jésus, car ils ne comprennent plus rien. Pourquoi tant de malheurs? Pourquoi tant de haines? Que signifie cet acharnement à Te détruire? Jésus, viens nous sauver! 

Jésus, nous pleurons... Nous crions vers Toi... Nous T'implorons... Et voici que nous Te retrouvons à Gethsémani. Là, Toi aussi Tu pleuras beaucoup, et Tu savais bien pourquoi... Mais nous, nous ne comprenons pas... Pourquoi, Seigneur? Voici que nous rejoignons Jean, ton disciple bien-aimé, blotti contre ton Cœur: que voyait-il alors? Jésus, que lui as-Tu révélé de ton amour, de ta souffrance et de ta douleur, Toi qui es vraiment Dieu et qui, pourtant, pleure? Jean "comprit" ton Amour et le bonheur caché dans tes commandements. Mais, Seigneur, Lui as-Tu montré aussi la misère de ceux qui les refusent, et ta douleur à Toi quand ceux qui scandalisent tellement tes enfants n'en ont même plus conscience? 

Jésus, nous pleurons avec Toi, nous ne savons rien faire d'autre. Nos cœurs brisés se réfugient dans le tien. Avec Toi et comme Toi nous voudrions travailler au salut de tous tes enfants, mais nous sommes si petits, si impuissants, si pécheurs aussi. Jésus nous voudrions... mais nous ne savons pas faire... S'il Te plaît, aide-nous à travailler avec Toi pour faire connaître ton amour.  

Jésus, nos cœurs pleurent avec le tien, et nous pleurons encore plus quand nous voyons combien nous sommes pécheurs nous aussi, alors que nous ne le voulons pas... Comme saint Paul nous pouvons dire: "J'ai fait le mal dont je ne voulais pas et je n'ai pas fait le bien que je désirais!" Non vraiment, Seigneur, nous ne comprenons pas. Jésus, nos cœurs qui pleurent avec le tien se tournent vers Toi et nous Te disons: "Jésus, je ne comprends rien, mais je Te laisse faire: Tu fais tout tellement mieux que nous! Nous ne comprenons pas, mais nous savons que Tu nous conduis vers Toi que nous voulons servir, aimer et faire aimer... Nous Te redisons notre amour et notre abandon. Nous sommes des pauvres si pauvres... Alors tant pis si nous ne comprenons pas, pourvu que nous fassions toujours ta Volonté et qu'avec Toi nous travaillions au salut de tous nos frères, même si nous pleurons, car Tu es amour, et nous savons que c'est sur nos péchés que Tu pleures...  

Les simples chrétiens de la base ne sont pas les seuls à se poser ces questions douloureuses. Parfois de grands théologiens, notamment Maurice Zundel, ont été surpris par la prise de position de certaines personnes qui pensent qu'il est impossible que Dieu-Trinité ait pu prévoir, délibérément, dans son plan de Rédemption, la tragédie de la Croix. Ces personnes pensent que la mission de Jésus aurait simplement échoué à cause du refus du peuple juif. En effet, comment le Père, la première Personne de Dieu-Trinité, Dieu Amour, comment Dieu le Père aurait-il pu sacrifier volontairement son Fils bien aimé, et le conduire à des souffrances aussi affreuses qu'indignes?...  

De même, on entend parfois des gens affirmer que le Christ ne pouvait imaginer, avant qu'elles ne surviennent, les épreuves qu'Il allait subir. Ce qui est grave c'est que les personnes qui soutiennent ces  thèses, oublient que, au sein de la Trinité, le Père est UN avec le Fils et avec le Saint-Esprit; si, le jour de la fin du monde mis à part, le Père sait, le Fils sait aussi. Le Père, via le Saint-Esprit qui est l'Amour du Père et du Fils, a donc vécu intimement le sacrifice de son Fils. En effet, là où est le Fils, là est le Père! Lorsque Jésus pleurait à Gethsémani, le Père ne pouvait pas être indifférent. Cela est si vrai qu'à Gethsémani, pendant l'Agonie de Jésus, le Père a envoyé son Ange pour Le fortifier et Le consoler. Et, incontestablement le Père était présent pendant que le Fils souffrait sur la Croix, pendant que le Fils implorait le pardon pour ses bourreaux, et qu'Il remettait son âme entre les mains du Père.  

Les mots humains sont incapables d'exprimer clairement les réalités divines. C'est pourquoi quelques précisions s'imposent. Il convient d'abord de remarquer que Dieu le Père, pur esprit, ne pouvait pas ressentir les souffrances physiques que seules peuvent subir des créatures vivantes, dans leurs corps, ni verser un sang inexistant. Seul Jésus-Christ, le Verbe incarné, à la fois Dieu et homme, pouvait souffrir, et seulement dans sa nature humaine. Mais, nous-mêmes, nous savons combien la souffrance de ceux que nous aimons peut nous être intolérable. Dieu-Père, Dieu tout Amour a, dans son Cœur, tout vécu de la Passion du Fils. Ce Dieu-Père éternel, hors du temps et de l'espace, a suivi minute par minute, seconde par seconde, la détresse et la déréliction de Gethsémani. Il a suivi son Fils tout au long de cette Passion interminable qui rassemblait toutes les souffrances humaines: physiques, psychologiques et morales. Il a suivi Jésus au Jardin des Oliviers, Il l'a accompagné depuis le palais d'Hérode jusqu'à celui de Pilate. Il a souffert sous les huées du peuple juif, son peuple élu!... Il a suivi le Christ sur cet ignoble chemin de Croix. Il était là lors de la crucifixion, et de l'élévation de la Croix. Et si Jésus-homme, a pu, un instant, se sentir "abandonné", comment le Père n'aurait-Il pas, en même temps, "ressenti", dans une intense compassion, l'ultime Agonie de son Fils? Comment cela a-t-il pu se faire? Retournons à Gethsémani... 

Le Père contemple son Fils en Agonie. Jésus sue le sang à cause des visions atroces que Satan lui impose. Le Père sait parfaitement qu'aucun homme ne pourrait supporter la vue de ce que Jésus vient de "voir" concernant le péché du monde. Dieu le Père sait que même son Fils, la Parole incarnée, ne pourra porter le poids de la Passion qu'Il va vivre, Passion qui n'est pas seulement de son temps à Lui, du 1er siècle, et concentrée sur une seule Personne, mais pour tous les âges et pour tous les hommes réunis dans le Corps mystique, le Corps mystique du Christ qui continuera à vivre la souffrance de Jésus tout au long des siècles à venir. Alors le Père envoie l'Ange de la Consolation. Le Père redonne à son Fils les forces humaines qui avaient défailli, Il Lui donne les forces dont Il va avoir besoin. Jésus boit le contenu du Calice de sa consolation, Jésus voit les milliards d'âmes qu'Il est en train de sauver. Il essuie ses larmes et le sang qui couvrent une partie de son Corps. Jésus n'a plus peur, Il ne pleure plus, Il a retrouvé toutes ses forces. Il se relève, et va vers ses apôtres. Grâce au Père, Jésus est prêt: Il peut revoir Judas, le traître qui arrive. Il pourra assister à son procès truqué; Il pourra marcher vers sa crucifixion et mourir dans des douleurs effroyables, les douleurs de la Rédemption de tous les hommes de tous les temps. Jésus pourra mourir en poussant un grand cri...  

Mais trois jours plus tard Il ressuscitera, et par son Eucharistie, Il sera avec tous les hommes jusqu'à la fin des temps. L'Amour aura été vainqueur.  

Nous voyons donc que le sacrifice de la Croix n'est pas seulement le sacrifice de Jésus. C'est aussi la compassion du Dieu trinitaire. À l'inverse des dieux imaginés dans l'antiquité, le Dieu-Trinité, dont Jésus-Christ est la deuxième Personne, Dieu-Trinité ne pouvait se contenter de regarder, "depuis un Olympe tranquille", l'humanité souffrir et peiner seule sur une terre désolée. Par le sacrifice de la Passion, sacrifice délibéré en vue de la Rédemption de l'humanité, Dieu a voulu partager intimement les souffrances de tous les hommes qu'Il aime. Si Jésus a assumé la souffrance physique, comme la ressentent les créatures, la Trinité tout entière a compati aux souffrances de Celui qui portait le péché et les souffrances de tous les hommes.  

La spiritualité chrétienne nous a toujours appris à contempler, dans l'adoration et la compassion, les souffrances du Christ. Curieusement, notre attention a rarement été appelée à contempler la compassion du Père, indissociable de la compassion que Jésus ressentait pour les souffrances des hommes, conséquences de leurs péchés. Dieu-Amour a choisi de donner la liberté aux hommes, une liberté sans laquelle aucune forme d'amour véritable ne peut exister. Par cette liberté Dieu faisait le pari de la victoire de l'amour sur le mal,… la victoire d'un véritable amour, car un amour libre. Ceci peut nous étonner, car par ce pari, Dieu laissait au mal une possibilité d'action dont Il connaissait, dès le commencement, les ravages à venir. Mystère insondable venant de Dieu-Amour! 

Heureusement le mal est insupportable au Cœur de Dieu. Dieu-Trinité aime trop les hommes à qui Il partagera sa divinité pour l'éternité, Dieu aime trop ces petits dont Il veut "qu'aucun ne soit perdu!" Aussi, dans l'espace temps qui conduit l'humanité à l'éternité, chacune des victoires partielles du mal sur le bien sont-elles pour Dieu des causes d'une "souffrance" extrême. "Dieu est victime du mal" (Zundel). Pour conduire l'humanité au sommet de l'Amour, pour la conduire à la victoire définitive de l'Amour, Dieu dans son pari a accepté pour Lui cette peine. Il a accepté d’être "victime". Et nous devons être attentifs à cette "souffrance" de Dieu, souffrance incroyable, car blessure de son Amour.  

Plusieurs théologiens estiment que, dans le plan divin, la révélation du vrai Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ, "n'a été prévue dans le temps historique dans lequel nous nous trouvons encore, pour ne toucher, qu'une faible part de l'humanité. Et, parmi ceux qui ont pu être touchés, combien n'hésitent pas à s'en détourner pour suivre les injonctions d'un monde avide de facilité, de plaisir, de pouvoir, de profit, de refus de la souffrance. Dans tous les siècles, les civilisations développées se sont écartées des lois naturelles que le créateur avait arrêtées pour le bien-être de sa création. Mais, depuis près d'un demi-siècle, notre civilisation, elle, s'affranchit ouvertement des préceptes éternels essentiels. Ainsi, le génocide des centaines de milliers d'avortements que nos sociétés connaissent chaque année, doit être pour notre Dieu une source de souffrance infinie!" 

Il nous faut ajouter que, malheureusement, ils sont nombreux aussi ceux qui, ayant adhéré à la foi en Jésus-Christ, se laissent cependant prendre par l'esprit du siècle: tendances du monde, habitudes néfastes de plus en plus éloignées de la Loi de Dieu. À cela il faut ajouter l'idée fausse, de plus en plus répandue, que ces lois divines pourraient évoluer au gré de nos mœurs dépravées ou des avancées scientifiques exploitées à des fins de moindre effort et de refus égoïste de la souffrance… "Autant d'éléments qui entraînent loin du Seigneur des âmes qui, pourtant avaient été touchées par la révélation, des âmes choisies..." Cela est encore plus inacceptable pour notre Dieu. "Je suis plus atteint par les petites infidélités des âmes choisies que par les lourdes fautes de ceux qui ne me connaissent pas encore" a révélé Jésus à divers grands mystiques. "Alors, qu'en est-il au cœur de Dieu, de toutes ces dérives atroces où se laissent entraîner certains qui pourtant avaient accepté de se tourner vers Lui?" 

Oui, Dieu peut "ressentir" de la souffrance, et même pleurer. Cela nous dépasse, certes, mais réfléchissons bien. Nous, nous vivons dans le temps, un temps qui passe inexorablement, et qui disparaîtra complètement avec la "mort" de son repère, le soleil. Mais Dieu vit dans son éternité, donc, hors du temps, ou plutôt hors des temps puisque chaque système solaire a son propre temps. Pourtant, si nous réfléchissons bien, le regard éternel de Dieu embrasse d'un seul élan et dans son éternel présent, toute l'histoire de la création, donc de l'humanité. Les souffrances que nous infligeons à son Fils, Jésus, s'imposent à Lui non pas pour un seul instant, mais pour toute la durée de l'histoire des hommes. Nos fautes d'aujourd'hui et celles du futur étaient donc déjà bien présentes dans le Cœur de Jésus pendant son Agonie de Gethsémani, tout comme celles commises par tous nos ancêtres depuis Adam: païens, juifs ou chrétiens des premiers temps.  

Jésus rachetait tous les hommes, Il les délivrait tous de tous leurs péchés, donc du péché et du mal; il est donc évident que le Cœur de Jésus, donc le Cœur de Dieu, est toujours douloureux. Mystère difficile à comprendre, mais réalité. 

Mais Dieu le Père vint "consoler" le Cœur de son Fils. Donc, aujourd'hui, ceux qui veulent vivre unis à Dieu et à sa sainte Volonté, peuvent "consoler" le Cœur souffrant de Jésus en s'associant à toute ses souffrances et à sa peine. Or cette souffrance est pleine d'espérance, car la Passion du Christ conduit à sa Résurrection. "Cette souffrance innommable, incommensurable de Jésus, partagée avec le Père dans la communion de l'Esprit, conduit à la Glorification du Père, à la Glorification du Dieu Trinitaire. Le mal est définitivement vaincu par ce sacrifice divin. Le Dieu amour règne pour l'éternité… Le 'Royaume' est déjà là!" 

Et la création poursuit sa route; les hommes du temps terrestre continuent leur marche historique dans la souffrance que lui impose Satan par la présence du mal. Aussi devons-nous prier sans cesse, pour que le Seigneur nous fasse prendre conscience de toute la douleur que nous Lui infligeons par nos infidélités, nos péchés, nos mépris et nos indifférences. Et le Seigneur nous fera prendre conscience aussi de toute la joie et du soulagement que Lui apportent tous nos actes d'amour et de générosité envers Lui et envers notre prochain. 

Dieu le Père souffre avec Jésus-Christ, chaque jour, à cause de nos refus de son amour. Mais les pleurs de Dieu, nous pouvons les essuyer si nous faisons sa volonté; nous pouvons consoler Dieu par notre amour. Merveille des merveilles! 

Paulette Leblanc  -  (décembre 2012)

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