Et si Dieu le
Père pleurait aussi...
Nous vivons
actuellement une période assez étrange: après avoir totalement
libéré le sexe, notre société commence à s'étonner que des hommes,
de plus en plus nombreux et parfois des hommes ayant de grandes
responsabilités
gouvernementales
ou internationales soient cités en justice pour avoir agressé et
violé des femmes. Et comment de jeunes adolescents peuvent-ils
devenir des criminels? Plutôt que de nous étonner, nous devrions
plutôt revenir au simple bon sens, et comprendre que cela était
inévitable: lorsque toute morale et respect de la personne sont
supprimés, l'homme retourne à l'état animal. Et voici que nous
comprenons mieux que seul le christianisme, avec sa morale née des
commandements d'amour de Dieu et de l'enseignement de Jésus qui les
accomplit dans leur perfection, est capable de mettre en œuvre la
seule attitude de véritable respect de toutes les personnes
humaines.
Pourtant cela
n'est pas immédiatement évident. Ainsi, il est fortement conseillé
de lire la Bible, Parole de Dieu. Mais certains passages nous
déconcertent. Ainsi, lorsque David fuyait Saül, il eut faim, lui et
ses compagnons. Au prêtre qui lui demandait, avant de lui donner les
pains consacrés, "si ses gens s'étaient abstenus de femmes,"
il répondit: "Nous nous sommes abstenus de femmes depuis trois
jours que je suis parti, et les vases de mes gens sont chose sainte;
et si le voyage est profane, pourtant il est sanctifié quant au
vase" (1 Samuel 21, 5 et 6) Les traductions sont souvent
différentes, mais elles sont toutes d'accord pour dire que les
hommes ne doivent pas "se souiller avec des femmes" quand ils
vont accomplir des actions saintes.
La Bible étonne
encore davantage quand elle parle de la vie sexuelle des grands
hommes: par exemple David, qui avait des concubines, ou Salomon qui
ne comptait même plus ses femmes. Quand on lit l'histoire, on
constate qu'il en était ainsi dans toutes les religions anciennes,
bien que des vestales vierges aient existé à Rome et ailleurs. Quand
on est une femme, on n'aime pas beaucoup constater que les femmes,
même les meilleures sont souvent traitées comme de simples objets de
plaisir ou de reproduction, qu'on jette quand on n'en a plus
besoin...
Les hommes,
avant l'Évangile, avaient de nombreuses femmes... Pourtant il y a
autant d'hommes que de femmes qui naissent. Alors, quand des hommes
prennent plusieurs femmes, il n'y en a plus pour les autres, d'où la
multiplication des eunuques... Les choses étaient pourtant claires
au moment de la Création: un homme: Adam, et une femme: Ève. Et
c'est probablement une des raisons pour lesquelles Jésus dit
"qu'Il n'est pas venu pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir."
Lui, Jésus, ne méprisait pas les femmes, bien au contraire, car
il sut leur rendre toute la dignité qui devait leur revenir. Ainsi,
contrairement aux usages juifs, Il parlait aux femmes, en public; Il
parla même à une samaritaine, ce qui ne manqua pas d'étonner ses
disciples. Et c'est à cette même samaritaine, que Jésus promit des
fleuves d'Eau vive.
Des
fleuves d'Eau vive... Jésus promet d'envoyer les fleuves d'Eau vive
de son Esprit-Saint. Au pied de la Croix, Jean, le disciple
bien-aimé, le verra ce fleuve d'Eau vive couler du Cœur transpercé
de Jésus. Et Jean sera rempli de l'amour de Jésus et de son Esprit.
Jean ne prêchera que l'amour de Dieu... Jean comprendra aussi la
détresse de son Maître à Gethsémani et son cri de douleur sur la
Croix, quand Jésus s'écria:
"Père! Pourquoi m'as-Tu abandonné?"
La nature
humaine de Jésus souffre sur la Croix. Mais sa nature divine
peut-elle aussi souffrir ? Théologiquement parlant nous devons
répondre: non. De plus, Dieu ne peut pas souffrir. Donc, toujours
selon la théologie, Jésus n'a souffert que selon la chair. Pourtant,
puisque Jésus est une seule personne tout en ayant deux natures, il
est difficile d'imaginer que ses deux natures n'aient pas été
touchées ensemble devant la souffrance des hommes. D'ailleurs
comment le Père aurait-Il envoyé son Fils s'incarner sur la terre,
s'Il n'avait pas ressenti la tristesse de l'Amour qui n'est pas
aimé?
Poursuivons
notre réflexion: il y a en Jésus une unité certaine avec le Père,
qui fait que, "lorsque nous voyons Jésus, nous voyons le Père."
Quand Jésus souffre et pleure, le Père, uni par un Lien d'Amour à
son Fils, son Verbe au sein de la sainte Trinité, le Père ressent
forcément la tristesse et la douleur du Fils. Certes, seul Le Verbe
incarné a pu souffrir au sein de la Trinité, mais Dieu est Amour, et
nous savons que l'Amour souffre toujours quand il n'est pas aimé.
Certes, ce n'est pas une souffrance comparable à une souffrance
humaine, mais c'est très certainement une peine incontestable.
Comment expliquer, avec des mots d'hommes, des "sentiments" qui
regardent Dieu?
Revenons aux
commandements de Dieu. Ces commandements, donnés par Dieu Lui-même
ne sont pas des contraintes comme on les présente maintenant, et
encore moins un esclavage. Au contraire, vivre en suivant les
commandements de Dieu, c'est vivre dans l'amour, la joie, le
bonheur; c'est aussi bénéficier d'une incroyable liberté, car Dieu
nous a faits libres afin que nous soyons capables d'aimer et surtout
de L'aimer. Mais l'amour, cela se prouve, cela se manifeste. Vivre
les commandements de Dieu, c'est vivre aussi dans la Vérité, donc
dans la loyauté vis à vis des hommes, car Dieu qui est Vérité ne
peut pas tolérer l'insondable source de malheurs qu'est le mensonge.
Mentir, c'est se couper de la Vérité donc de la liberté.
Pourquoi ne
considérerions-nous pas les commandements sous une forme positive,
curieusement peu habituelle. Ainsi, les commandements de Dieu nous
libèrent de la jalousie donc de toute envie de nuire à notre
prochain, donc de voler ce qui lui appartient. La charité: l'amour
que Dieu met dans nos cœurs quand nous observons ses commandements,
nous conduit à donner à notre prochain le meilleur de nous-mêmes et,
non seulement à respecter ce qu'il possède, mais à l'aider autant
que nous pouvons.
Oh! Comme il est
bon de savoir partager, de savoir donner et recevoir, car accepter
le don de l'autre, quel qu'il soit, c'est aussi lui donner du
plaisir, une satisfaction, une véritable estime de lui-même. Quand
je donne de l'amour, je reçois de l'amour; quand un professeur aide
ses élèves à apprendre et à retenir pour réussir leur vie, il leur
donne tout ce qu'il est lui-même, et reçoit la joie de les voir
heureux dans leur réussite, même si elle est encore petite. Il sait
qu'ils grandiront fiers et heureux, et cela est pour le professeur
une grande source de joie. Et quand nous regardons les biens
matériels de nos amis ou de nos voisins, nous nous réjouissons avec
eux de ce qu'ils ont de beau: pourquoi irions-nous voler leur bien?
Nous pourrions
énumérer, les uns après les autres, tous les commandements de Dieu
et nous découvririons, avec joie, que tous sont pour nous des
instruments de bonheur. Quand nous contemplons notre monde
contemporain qui a méprisé, voire jeté les commandements de Dieu,
nous voyons se multiplier les détresses, les angoisses, les
dépressions et les suicides. Nos contemporains sont incroyablement
malheureux... Mais surtout, il ne faut pas le dire... Ce serait
politiquement incorrect. Car il faut respecter ceux qui font le mal,
n'est-ce pas? Par contre, on peut persécuter, autant que possible,
ceux qui essaient de réparer les dégâts commis par des
irresponsables; je pense en particulier à ces millions de chrétiens
encore persécutés, martyrisés dans notre monde, je pense à notre
pape que les médias salissent ou calomnient sans arrêt. Je pense à
notre pauvre Église catholique tellement persécutée actuellement,
persécutée du dehors, mais aussi de l'intérieur.
Seigneur, être
persécuté, méprisé de l'extérieur, cela peut se comprendre, car
c'est l'œuvre de Satan et Satan veut notre destruction. Mais avoir
été ou être encore persécuté de l'intérieur, cela est étonnant et
incroyablement douloureux: comment avons-nous pu en arriver là?
Seigneur, quand nous regardons ton Église, nous la voyons blessée au
plus profond d'elle-même. Elle a perdu beaucoup de ses valeurs, elle
n'enseigne plus ta Loi d'Amour à ses petits; elle laisse faire et
s'étendre le mal. Pendant cinquante ans, dans certains pays d'Europe
occidentale, elle n'a rien dit, rien condamné. Heureusement nos
papes, eux, ont parlé, ils ont cherché à enseigner mais... on a si
souvent méprisé leurs écrits...
Il y eut un
Concile: il aurait dû être un guide merveilleux, mais on ne l'a pas
lu, ou pire, on lui a fait dire le contraire de ce qu'il
préconisait... Nos papes ont écrit de merveilleuses encycliques: qui
les a lues en France? Elles aussi, on les a méprisées ou cachées,
car il valait mieux que ceux qui étaient encore chrétiens ne les
lisent pas... Quant à ceux qui, parfois, osaient faire quelques
remarques, on les a fait taire, on les a rejetés car ils étaient
gênants. Cette constatation est incroyablement dramatique et
douloureuse pour ceux qui contemplent Dieu et son Église bien-aimée,
le Corps mystique du Fils Verbe de Dieu. Oh! Seigneur, comment
réparer? Comment revenir à tes commandements qui sont la porte du
bonheur des hommes?
Beaucoup de
cœurs chrétiens sont, aujourd'hui, de plus en plus douloureux quand
ils découvrent que, peut-être, ils n'ont pas fait mieux que les
autres: eux aussi ont pataugé sans comprendre ce qui arrivait, et la
tiédeur les a envahis. Ils se sont souvent laissés entraîner, comme
les autres, par les idées du monde, tout en les repoussant, et en
vivant dans des ténèbres épouvantables. Et aujourd'hui, constatant
les dégâts qui affectent toutes les vies humaines et les sociétés
autrefois liées au christianisme et à sa morale, ils n'arrivent pas
à comprendre ce qui s'est passé. Par contre, ils découvrent qu'ils
ne sont pas meilleurs que les autres... Mais ils constatent aussi
qu'ils étaient tellement heureux quand le peuple français suivait
les commandements de Dieu, malgré les efforts des milieux
anticléricaux à la solde de Satan...
Seigneur adoré,
nos cœurs pleurent quand ils voient que l'on souille tes petits
enfants si purs; et nous nous souvenons de tes paroles: "Malheur
à celui qui scandalise l'un de ces petits!" Nos cœurs pleurent
quand ils apprennent que tel ou tel jeune s'est suicidé... Nos cœurs
pleurent quand des États votent les lois ignobles, en faveur de
l'avortement, de l'euthanasie ou du mariage des homosexuels... Nos
cœurs pleurent quand ils entendent les mensonges continuels qui
passent à travers la radio, la télévision ou Internet. Nos cœurs
pleurent, Jésus, et Te crient: "Ô mon Dieu, par pitié, venez nous
sauver!" Nos cœurs pleurent, Jésus, car ils ne comprennent plus
rien. Pourquoi tant de malheurs? Pourquoi tant de haines? Que
signifie cet acharnement à Te détruire? Jésus, viens nous sauver!
Jésus, nous
pleurons... Nous crions vers Toi... Nous T'implorons... Et voici que
nous Te retrouvons à Gethsémani. Là, Toi aussi Tu pleuras beaucoup,
et Tu savais bien pourquoi... Mais nous, nous ne comprenons pas...
Pourquoi, Seigneur? Voici que nous rejoignons Jean, ton disciple
bien-aimé, blotti contre ton Cœur: que voyait-il alors? Jésus, que
lui as-Tu révélé de ton amour, de ta souffrance et de ta douleur,
Toi qui es vraiment Dieu et qui, pourtant, pleure? Jean "comprit"
ton Amour et le bonheur caché dans tes commandements. Mais,
Seigneur, Lui as-Tu montré aussi la misère de ceux qui les refusent,
et ta douleur à Toi quand ceux qui scandalisent tellement tes
enfants n'en ont même plus conscience?
Jésus, nous
pleurons avec Toi, nous ne savons rien faire d'autre. Nos cœurs
brisés se réfugient dans le tien. Avec Toi et comme Toi nous
voudrions travailler au salut de tous tes enfants, mais nous sommes
si petits, si impuissants, si pécheurs aussi. Jésus nous
voudrions... mais nous ne savons pas faire... S'il Te plaît,
aide-nous à travailler avec Toi pour faire connaître ton amour.
Jésus, nos cœurs
pleurent avec le tien, et nous pleurons encore plus quand nous
voyons combien nous sommes pécheurs nous aussi, alors que nous ne le
voulons pas... Comme saint Paul nous pouvons dire: "J'ai fait le
mal dont je ne voulais pas et je n'ai pas fait le bien que je
désirais!" Non vraiment, Seigneur, nous ne comprenons pas.
Jésus, nos cœurs qui pleurent avec le tien se tournent vers Toi et
nous Te disons: "Jésus, je ne comprends rien, mais je Te laisse
faire: Tu fais tout tellement mieux que nous! Nous ne comprenons
pas, mais nous savons que Tu nous conduis vers Toi que nous voulons
servir, aimer et faire aimer... Nous Te redisons notre amour et
notre abandon. Nous sommes des pauvres si pauvres... Alors tant pis
si nous ne comprenons pas, pourvu que nous fassions toujours ta
Volonté et qu'avec Toi nous travaillions au salut de tous nos
frères, même si nous pleurons, car Tu es amour, et nous savons que
c'est sur nos péchés que Tu pleures...
Les simples
chrétiens de la base ne sont pas les seuls à se poser ces questions
douloureuses. Parfois de grands théologiens, notamment Maurice
Zundel, ont été surpris par la prise de position de certaines
personnes qui pensent qu'il est impossible que Dieu-Trinité ait pu
prévoir, délibérément, dans son plan de Rédemption, la tragédie de
la Croix. Ces personnes pensent que la mission de Jésus aurait
simplement échoué à cause du refus du peuple juif. En effet, comment
le Père, la première Personne de Dieu-Trinité, Dieu Amour, comment
Dieu le Père aurait-il pu sacrifier volontairement son Fils bien
aimé, et le conduire à des souffrances aussi affreuses
qu'indignes?...
De même, on
entend parfois des gens affirmer que le Christ ne pouvait imaginer,
avant qu'elles ne surviennent, les épreuves qu'Il allait subir. Ce
qui est grave c'est que les personnes qui soutiennent ces thèses,
oublient que, au sein de la Trinité, le Père est UN avec le Fils et
avec le Saint-Esprit; si, le jour de la fin du monde mis à part, le
Père sait, le Fils sait aussi. Le Père, via le Saint-Esprit qui est
l'Amour du Père et du Fils, a donc vécu intimement le sacrifice de
son Fils. En effet, là où est le Fils, là est le Père! Lorsque Jésus
pleurait à Gethsémani, le Père ne pouvait pas être indifférent. Cela
est si vrai qu'à Gethsémani, pendant l'Agonie de Jésus, le Père a
envoyé son Ange pour Le fortifier et Le consoler. Et,
incontestablement le Père était présent pendant que le Fils
souffrait sur la Croix, pendant que le Fils implorait le pardon pour
ses bourreaux, et qu'Il remettait son âme entre les mains du Père.
Les mots humains
sont incapables d'exprimer clairement les réalités divines. C'est
pourquoi quelques précisions s'imposent. Il convient d'abord de
remarquer que Dieu le Père, pur esprit, ne pouvait pas ressentir les
souffrances physiques que seules peuvent subir des créatures
vivantes, dans leurs corps, ni verser un sang inexistant. Seul
Jésus-Christ, le Verbe incarné, à la fois Dieu et homme, pouvait
souffrir, et seulement dans sa nature humaine. Mais, nous-mêmes,
nous savons combien la souffrance de ceux que nous aimons peut nous
être intolérable. Dieu-Père, Dieu tout Amour a, dans son Cœur, tout
vécu de la Passion du Fils. Ce Dieu-Père éternel, hors du temps et
de l'espace, a suivi minute par minute, seconde par seconde, la
détresse et la déréliction de Gethsémani. Il a suivi son Fils tout
au long de cette Passion interminable qui rassemblait toutes les
souffrances humaines: physiques, psychologiques et morales. Il a
suivi Jésus au Jardin des Oliviers, Il l'a accompagné depuis le
palais d'Hérode jusqu'à celui de Pilate. Il a souffert sous les
huées du peuple juif, son peuple élu!... Il a suivi le Christ sur
cet ignoble chemin de Croix. Il était là lors de la crucifixion, et
de l'élévation de la Croix. Et si Jésus-homme, a pu, un instant, se
sentir "abandonné", comment le Père n'aurait-Il pas, en même temps,
"ressenti", dans une intense compassion, l'ultime Agonie de son
Fils? Comment cela a-t-il pu se faire? Retournons à Gethsémani...
Le Père
contemple son Fils en Agonie. Jésus sue le sang à cause des visions
atroces que Satan lui impose. Le Père sait parfaitement qu'aucun
homme ne pourrait supporter la vue de ce que Jésus vient de "voir"
concernant le péché du monde. Dieu le Père sait que même son Fils,
la Parole incarnée, ne pourra porter le poids de la Passion qu'Il va
vivre, Passion qui n'est pas seulement de son temps à Lui, du 1er
siècle, et concentrée sur une seule Personne, mais pour tous les
âges et pour tous les hommes réunis dans le Corps mystique, le Corps
mystique du Christ qui continuera à vivre la souffrance de Jésus
tout au long des siècles à venir. Alors le Père envoie l'Ange de la
Consolation. Le Père redonne à son Fils les forces humaines qui
avaient défailli, Il Lui donne les forces dont Il va avoir besoin.
Jésus boit le contenu du Calice de sa consolation, Jésus voit les
milliards d'âmes qu'Il est en train de sauver. Il essuie ses larmes
et le sang qui couvrent une partie de son Corps. Jésus n'a plus
peur, Il ne pleure plus, Il a retrouvé toutes ses forces. Il se
relève, et va vers ses apôtres. Grâce au Père, Jésus est prêt: Il
peut revoir Judas, le traître qui arrive. Il pourra assister à son
procès truqué; Il pourra marcher vers sa crucifixion et mourir dans
des douleurs effroyables, les douleurs de la Rédemption de tous les
hommes de tous les temps. Jésus pourra mourir en poussant un grand
cri...
Mais trois jours
plus tard Il ressuscitera, et par son Eucharistie, Il sera avec tous
les hommes jusqu'à la fin des temps. L'Amour aura été vainqueur.
Nous voyons donc
que le sacrifice de la Croix n'est pas seulement le sacrifice de
Jésus. C'est aussi la compassion du Dieu trinitaire. À l'inverse des
dieux imaginés dans l'antiquité, le Dieu-Trinité, dont Jésus-Christ
est la deuxième Personne, Dieu-Trinité ne pouvait se contenter de
regarder, "depuis un Olympe tranquille", l'humanité souffrir
et peiner seule sur une terre désolée. Par le sacrifice de la
Passion, sacrifice délibéré en vue de la Rédemption de l'humanité,
Dieu a voulu partager intimement les souffrances de tous les hommes
qu'Il aime. Si Jésus a assumé la souffrance physique, comme la
ressentent les créatures, la Trinité tout entière a compati aux
souffrances de Celui qui portait le péché et les souffrances de tous
les hommes.
La spiritualité
chrétienne nous a toujours appris à contempler, dans l'adoration et
la compassion, les souffrances du Christ. Curieusement, notre
attention a rarement été appelée à contempler la compassion du Père,
indissociable de la compassion que Jésus ressentait pour les
souffrances des hommes, conséquences de leurs péchés. Dieu-Amour a
choisi de donner la liberté aux hommes, une liberté sans laquelle
aucune forme d'amour véritable ne peut exister. Par cette liberté
Dieu faisait le pari de la victoire de l'amour sur le mal,… la
victoire d'un véritable amour, car un amour libre. Ceci peut nous
étonner, car par ce pari, Dieu laissait au mal une possibilité
d'action dont Il connaissait, dès le commencement, les ravages à
venir. Mystère insondable venant de Dieu-Amour!
Heureusement le
mal est insupportable au Cœur de Dieu. Dieu-Trinité aime trop les
hommes à qui Il partagera sa divinité pour l'éternité, Dieu aime
trop ces petits dont Il veut "qu'aucun ne soit perdu!" Aussi,
dans l'espace temps qui conduit l'humanité à l'éternité, chacune des
victoires partielles du mal sur le bien sont-elles pour Dieu des
causes d'une "souffrance" extrême. "Dieu est victime du mal"
(Zundel). Pour conduire l'humanité au sommet de l'Amour, pour la
conduire à la victoire définitive de l'Amour, Dieu dans son pari a
accepté pour Lui cette peine. Il a accepté d’être "victime".
Et nous devons être attentifs à cette "souffrance" de Dieu,
souffrance incroyable, car blessure de son Amour.
Plusieurs théologiens estiment que, dans le plan divin, la
révélation du vrai Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ,
"n'a été prévue dans le temps
historique dans lequel nous nous trouvons encore, pour ne toucher,
qu'une faible part de l'humanité. Et, parmi ceux qui ont pu être
touchés, combien n'hésitent pas à s'en détourner pour suivre les
injonctions d'un monde avide de facilité, de plaisir, de pouvoir, de
profit, de refus de la souffrance. Dans tous les siècles, les
civilisations développées se sont écartées des lois naturelles que
le créateur avait arrêtées pour le bien-être de sa création. Mais,
depuis près d'un demi-siècle, notre civilisation, elle, s'affranchit
ouvertement des préceptes éternels essentiels. Ainsi, le génocide
des centaines de milliers d'avortements que nos sociétés connaissent
chaque année, doit être pour notre Dieu une source de souffrance
infinie!"
Il
nous faut ajouter que, malheureusement, ils sont nombreux aussi ceux
qui, ayant adhéré à la foi en Jésus-Christ, se laissent cependant
prendre par l'esprit du siècle: tendances du monde, habitudes
néfastes de plus en plus éloignées de la Loi de Dieu. À cela il faut
ajouter l'idée fausse, de plus en plus répandue, que ces lois
divines pourraient évoluer au gré de nos mœurs dépravées ou des
avancées scientifiques exploitées à des fins de moindre effort et de
refus égoïste de la souffrance… "Autant d'éléments qui entraînent
loin du Seigneur des âmes qui, pourtant avaient été touchées par la
révélation, des âmes choisies..." Cela est encore plus
inacceptable pour notre Dieu. "Je suis plus atteint par les
petites infidélités des âmes choisies que par les lourdes fautes de
ceux qui ne me connaissent pas encore" a révélé Jésus à divers
grands mystiques. "Alors,
qu'en est-il au cœur de Dieu, de toutes ces dérives atroces où se
laissent entraîner certains qui pourtant avaient accepté de se
tourner vers Lui?"
Oui, Dieu peut
"ressentir" de la souffrance, et même pleurer. Cela nous dépasse,
certes, mais réfléchissons bien. Nous, nous vivons dans le temps, un
temps qui passe inexorablement, et qui disparaîtra complètement avec
la "mort" de son repère, le soleil. Mais Dieu vit dans son éternité,
donc, hors du temps, ou plutôt hors des temps puisque chaque
système solaire a son propre temps. Pourtant, si nous réfléchissons
bien, le regard éternel de Dieu embrasse d'un seul élan et dans son
éternel présent, toute l'histoire de la création, donc de
l'humanité. Les souffrances que nous infligeons à son Fils, Jésus,
s'imposent à Lui non pas pour un seul instant, mais pour toute la
durée de l'histoire des hommes. Nos fautes d'aujourd'hui et celles
du futur étaient donc déjà bien présentes dans le Cœur de Jésus
pendant son Agonie de Gethsémani, tout comme celles commises par
tous nos ancêtres depuis Adam: païens, juifs ou chrétiens des
premiers temps.
Jésus rachetait
tous les hommes, Il les délivrait tous de tous leurs péchés, donc du
péché et du mal; il est donc évident que le Cœur de Jésus, donc le
Cœur de Dieu, est toujours douloureux. Mystère difficile à
comprendre, mais réalité.
Mais Dieu le Père vint "consoler" le Cœur de son Fils. Donc,
aujourd'hui, ceux qui veulent vivre unis à Dieu et à sa sainte
Volonté, peuvent "consoler" le Cœur souffrant de Jésus en
s'associant à toute ses souffrances et à sa peine. Or cette
souffrance est pleine d'espérance, car la Passion du Christ conduit
à sa Résurrection. "Cette
souffrance innommable, incommensurable de Jésus, partagée avec le
Père dans la communion de l'Esprit, conduit à la Glorification du
Père, à la Glorification du Dieu Trinitaire. Le mal est
définitivement vaincu par ce sacrifice divin. Le Dieu amour règne
pour l'éternité… Le 'Royaume' est déjà là!"
Et la création
poursuit sa route; les hommes du temps terrestre continuent leur
marche historique dans la souffrance que lui impose Satan par la
présence du mal. Aussi devons-nous prier sans cesse, pour que le
Seigneur nous fasse prendre conscience de toute la douleur que nous
Lui infligeons par nos infidélités, nos péchés, nos mépris et nos
indifférences. Et le Seigneur nous fera prendre conscience aussi de
toute la joie et du soulagement que Lui apportent tous nos actes
d'amour et de générosité envers Lui et envers notre prochain.
Dieu le Père
souffre avec Jésus-Christ, chaque jour, à cause de nos refus de son
amour. Mais les pleurs de Dieu, nous pouvons les essuyer si nous
faisons sa volonté; nous pouvons consoler Dieu par notre amour.
Merveille des merveilles!
Paulette
Leblanc - (décembre 2012) |