Mes
chers amis, nous allons poursuivre notre méditation d'hier.
Certes, la Croix du Christ n'a pas disparu sur notre terre.
Le Christ glorieux, ressuscité, emplit toujours l'univers là
où se trouvait sa Croix. De ses mains ouvertes, tombent,
vers la terre pour atteindre tous les hommes, des poussières
de lumière: les hosties de son Eucharistie. Parfois, ces
poussières de lumière semblent quitter la terre et s'en
aller vers le soleil… Pourquoi toutes ces hosties
semblent-elles se perdre dans le cosmos? Est-ce parce que de
futurs prêtres astronautes auront, un jour, la possibilité
de dire la messe à bord d'une navette spatiale? Nous ne
savons pas...
Nous ne
savons pas car, aujourd'hui, contemplant notre terre qui est
en train de mourir parce qu'elle a chassé Dieu, beaucoup de
chrétiens se retournent enfin vers le Seigneur et Le
supplient de revenir sur notre terre et d'ouvrir largement
le cœur des fidèles "du petit reste" à son Amour
brûlant. Oui, que le Seigneur enflamme de son Amour le cœur
des chrétiens qui L'aiment encore et qu'Il leur redonne la
foi qui "déplace les montagnes". Incontestablement,
tous les chrétiens qui, depuis cinquante ans ne veulent plus
évangéliser leurs frères de la terre sont grandement
responsables de ce qui se passe aujourd'hui, mais
Dieu-Miséricorde aura pitié: nous sommes tous si petits et
Satan nous a tellement trompés!
Nous
nous sentons de plus en plus perdus dans notre univers trop
infini pour nous et nous avons peur... Nous avons peur quand
nous nous voyons perdus dans l'univers, et nous comprenons
encore moins quand nous nous plaçons au-dessus de ce que
nous appelons l'infiniment petit. Et cet infiniment petit
est peut-être aussi pour Dieu un autre infiniment grand.
Décidément, la science moderne nous déconcerte de plus en
plus quand nous avons perdu Dieu… Les hommes du XXIe
siècle sauront-ils revenir à Dieu de tout leur cœur?
Sauront-ils redécouvrir, au fond de leur cœur, ce quelque
chose que les saints mystiques ne savaient pas exprimer? Et
découvriront-ils enfin ce monde de Dieu dans lequel ils
devraient vivre?
Mes
amis, réfléchissons. Dieu est. Dieu est partout et dans tout
ce qui existe. Dieu est aussi au-delà du créé, mais de cet
au-delà nous ne savons rien. Dieu est vraiment trop grand,
partout et jusque dans l'infiniment petit, petit pour nous,
mais, pour Dieu, qu'est-ce, en réalité, ce que nous appelons
l'infiniment petit? Nous nous perdons de plus en plus, nous
ne savons plus rien. En effet, qu'est-ce que la pensée des
infiniment petits que nous sommes pour l'Infiniment Grand
qu'est Dieu? C'est alors que nous avons envie de corriger le
vocabulaire des mystiques pour le rendre plus accessible à
nos contemporains... Les grands saints que Dieu a fait
parfois "pénétrer" en Lui, étaient capables d'accepter
n'importe quelle souffrance quand ils "revenaient" sur la
terre, au milieu de leurs frères; mais ils ne savaient pas
dire ce qu'ils avaient vu en Dieu, ce qu'ils avaient vécu,
car ils n'avaient pas de mot pour le dire. Le Seigneur leur
avait-Il "montré" l'immensité de ses créations, ces
multiples cosmos que nos savants commencent, peut-être... à
détecter? Ont-ils "vu" ou "senti" l'immensité des mondes
infiniment petits? Ou bien sont-ils allés ailleurs?
Soudain
nous comprenons pourquoi tous nos saints, sans aucune
exception, ont tous déclaré qu'ils n'étaient que des néants.
Ce mot nous choque, car le Néant n'est rien, et si le Néant
existait, il engloberait tout et rien n'existerait... Non,
les saints ne sont pas des néants; ils ne savaient pas, tout
simplement, exprimer ces infiniment petits qu'ils étaient,
face à l'infini des infinis de Dieu, ces infinis contenus
dans la Main créatrice de Dieu... Ils étaient également
incapables, si le Seigneur les a fait pénétrer dans les
univers des infiniment petits, d'exprimer la nature et la
vérité de ce que nous croyons être les composants de la
matière, mais qui sont peut-être d'autres univers. Peut-être
aussi, sont-ils "entrés" en Dieu, mais cela, c'est
inexprimable!...
Voici
que maintenant chaque homme se voit vraiment comme un point
microscopique sur la terre qui n'est elle-même qu'un point
microscopique au milieu des cosmos. Nous sommes d'abord une
matière impuissante, entièrement soumise à la loi naturelle,
loi voulue par Dieu, dépendante des fluctuations de
l'univers, livrée aux contingences de la nature, mais pas
néant. Non la terre n'est pas néant. Et chaque homme existe
puisque Dieu a voulu qu'il existât, et qu'il dépendît de
Lui. Oui, tous les milliards d'hommes sur la terre
dépendent de Dieu, mais ils baignent aussi dans l'Amour
divin. Comme ces choses sont difficiles! Chaque homme doit
vivre au milieu des riens qu'ils sont et des riens que sont
aussi les univers que Dieu a voulus. Les hommes peuvent donc
se considérer comme des riens, des néants avec un "s", mais
ils ne sont pas Néant sans "s", car ils existent vraiment.
Les
saints, considérant leurs péchés, se traitent tous de
créatures viles, infâmes, de boue, de fumier, etc... Certes,
ces mots nous répugnent; en effet, comment oser traiter de
fumier l'œuvre de Dieu, même si certains composants de cette
Œuvre grandiose que sera le Corps mystique du Christ, même
si ces composants, souvent trompés par Satan, se sont
grandement souillés. Car même un pécheur reste l'œuvre de
Dieu, et qui plus est, aimé, tellement aimé que sa Parole,
le Fils bien-aimé, est venu vivre parmi les hommes, avec
eux, comme eux... Et Il s'est laissé crucifier!!! Nous ne
devons jamais mépriser les dons de Dieu, ces dons
merveilleux qu'Il nous distribue pour nous faire participer
à son "travail" de créateur. Et la véritable humilité n'est
pas le mépris, ni de soi, ni de ses dons, mais la
reconnaissance qu'ils viennent entièrement de Dieu.
Voici
que nous avons peur et qu'en même temps nous sommes
rassurés. Nous avons peur, perdus dans l'infiniment grand
des cosmos que nous ne connaissons pas encore; nous avons
peur en contemplant les univers des infiniment petits dans
lesquels nous ne pouvons pas entrer. Mais nous sommes
rassurés car les saints, comblés de Dieu, ont parfois
parcouru ces univers monstrueux pour nous. Nous
reconnaissons notre rien, notre petitesse infinie, notre
dépendance et notre contingence totale. Mais nous aimons
Dieu… Certes, nous ne comprenons pas les désirs de
souffrances des saints, souffrances qu'ils n'avaient
d'ailleurs pas toujours désirées, mais toujours acceptées,
car toujours rédemptrices.
Nous
sommes des êtres infimes mais réels. D'ailleurs, quand nous
souffrons, nous savons bien que c'est réel. Nous sommes
infiniment infimes, mais voulus par l'Amour, et cela, il ne
faut pas le nier. Même notre imagination qui peut inventer
des choses virtuelles voire irréelles existe bien. Oui, les
hommes sont vraiment réels, et ils existent vraiment.
Et voici
que nous arrivons à notre conclusion. Pensons aux saints et
à leurs expériences que nous appelons mystiques. Les mots
qu'ils durent utiliser voulaient exprimer non seulement leur
petitesse, mais aussi le drame du péché, le leur bien sûr,
mais aussi la souillure que nous avons tous subie à cause du
péché originel. Et cela devient pire encore si nous pensons
que le péché originel, nous aussi, nous sommes en train de
le commettre. Je m'explique. Le Seigneur dit à Adam,
c'est-à-dire à l'Homme: "Tu ne mangeras pas du fruit de
l'arbre de la connaissance." Et nous, nous voulons tout
savoir. Nos connaissances scientifiques nous déconcertent de
plus en plus; nous nous rendons bien compte qu'elles nous
conduisent à la mort (avortement, euthanasie, guerres,
etc...) mais nous continuons, et nous mettons en place des
lois de plus en plus iniques, de plus en plus contraires aux
volontés de Dieu. Nous sommes en train de commettre le péché
originel, ce péché qui a tout faussé, tout souillé, tout
détruit. Nous vivons le péché originel, nous rejetons Dieu
en voulant devenir "des dieux". Et c'est pour cela
que nous, les hommes devenons si malheureux: car nous
agissons pour que nos connaissances ne nous révèlent pas
Dieu, mais, pire, pour qu'elles nous cachent le vrai Dieu en
nous faisant commettre les péchés qui conduisent à la mort.
Paulette
Leblanc |