2
La jeunesse de Paul-François
Très jeune encore, Paul-François Danei
commença à mener une vie austère orientée vers la prière et
l'oraison. Dans son ardeur juvénile, il entraînait son frère
Jean-Baptiste à le suivre dans sa vie déjà pénitente, méditant
souvent les souffrances de Jésus crucifié. D'une manière générale,
sa piété était remarquable. Paul-François dut quitter sa famille
relativement jeune pour s'occuper du service des malades dans
l'hospice de Saint Gallican. Cependant son amour pour Dieu
continuait à se développer, et rapidement, afin de gagner des âmes,
il fonda une petite société de jeunes gens à qui il prit l'habitude
d'enseigner la manière de traiter avec Dieu dans l'oraison, source
de la sainteté. Plusieurs de ces jeunes abandonnèrent le monde et
embrassèrent la vie religieuse.
Grâce à ses prières, ses oraisons et
sa vie pénitente, Paul-François parvint à une haute perfection: son
entourage le considérait comme un saint... Il mettait à profit
l'autorité naturelle que le Seigneur lui donnait sur les autres,
pour les exhorter de plus en plus au bien. Dieu, pour aider son
dévoué serviteur lui confia même plusieurs charismes, dont celui de
pénétration des consciences.
"Paul découvrait le fond des cœurs. Souvent même, quand c'étaient
des pécheurs, il ressentait une puanteur horrible, mais
surnaturelle, qui était comme l'indice de la laideur et de la
difformité des crimes dont ils étaient souillés. Éclairé par ce
moyen sur les besoins des âmes et brillant du désir de les sauver,
Paul manifestait, tantôt à celui-ci, tantôt à celui-là, les fautes
qu'il avait commises, mais en secret et en tête à tête. Mon frère,
disait-il avec une pleine assurance, vous avez fait tel péché; allez
vous confesser. Puis il instruisait le coupable pour lui faciliter
le moyen de faire une bonne confession, et finalement, il
l'adressait à quelque bon confesseur dont les charitables avis
pussent guérir les plaies de sa pauvre âme."
Durant l'été 1713
Paul-François
reçut une grande illumination spirituelle et décida de se vouer
totalement à Dieu. Vers l'âge de dix-neuf ans et demi, il résolut de
mener une vie simple et parfaite. Il choisit comme directeur de son
âme le curé de sa paroisse, lequel ne manqua jamais de mortifier et
d'humilier publiquement ce jeune homme particulièrement comblé des
grâces de Dieu. Paul-François, loin de se révolter, croissait en
humilité. Heureusement, le curé, un peu dépassé par ce qui se
passait en Paul-François, l'invita à s'adresser au Père Colomban de
Gênes, prêtre capucin...
Paul-François avait un oncle prêtre qui,
à l'insu de son neveu, se mit en tête de le marier à une jeune fille
pleine de grandes qualités et de plus ouvrant une alliance des plus
avantageuses; une telle alliance retirerait sa famille de la
pauvreté dans laquelle elle se trouvait. Mais Paul-François avait
décidé de demeurer vierge; que faire? Paul-François pria beaucoup.
Bientôt le pauvre oncle tomba gravement malade et mourut, laissant
tous ses biens à Paul-François qui renonça généreusement à cet
héritage...
À la même époque, la République de Venise
cherchant à lever une armée pour combattre les Turcs, Paul-François
s'enrôla, mais le Seigneur lui fit rapidement comprendre qu'Il le
voulait ailleurs. Il quitta l'armée, retourna chez lui, et reprit sa
vie de sacrifices fortifiée par l'usage fréquent des sacrements.
Plus tard, il avouera à un confesseur: "Dans ces premières
années, le Seigneur m'avait donné faim de deux choses: de la sainte
communion et des souffrances."
En 1727, Luchino Danei, son père,
involontairement renversé à terre, fit une chute mortelle. Joseph,
un de ses fils, présent sur les lieux, lui recommanda de pardonner,
et c'est dans des sentiments éminemment chrétiens qu'il se disposa
à la mort. Mais pour toute la famille et pour la maman, le coup fut
terrible. Cependant, les activités de Paul-François ne l'empêchaient
pas de gérer ce que sa famille possédait alors, et d'y exercer son
zèle, conseillant à ses frères et sœurs de méditer souvent sur la
Passion de Jésus-Christ.
|