Paola Elisabetta Cerioli
Épouse, Religieuse, Fondatrice, Sainte
(1816-1865)

24

DÉCEMBRE

Costanza Cerioli naquit le 28 janvier 1816 à Soncino di Cremona en Italie. Seizième enfant de Francesco Cerioli et de la Comtesse Francesca Corniani, riches propriétaires terriers, elle fut éduquée très sévèrement, mais également, et heureusement, très religieusement. Physiquement très fragile en raison de sa naissance difficile, elle connut très tôt la souffrance physique. Elle fut également mise en relation avec la souffrance morale à cause de la misère vécue par les gens de la campagne de Soncino, dont sa mère lui faisait prendre conscience.

La formation culturelle et morale de Costanza fut confiée aux Sœurs Visitandines de Alzano Lombardo où sa sœur Cécile avait déjà été envoyée, et où se trouvait sœur Giovanna, la sœur de sa mère. Dès l'âge de 11 ans, Costanza entra au collège et y resta pendant presque cinq ans, se montrant intelligente et très docile. Elle fréquentait aussi les écoles pour les filles de familles nobles. Elle aurait désiré devenir religieuse, mais obéissant à ses parents en qui elle voyait la volonté de Dieu, elle accepta, à dix-neuf ans le riche mariage qu’on lui proposa avec Gaetano Busecchi, héritier des Comtes Tassis de Comonte di Seriate à Bergame. Ce monsieur de 58 ans, était présenté par son entourage comme un "veuf ombrageux, acariâtre, jaloux et lunatique". Ce fut un mariage difficile, mais Costanza se comporta toujours comme une épouse docile et attentionnée. De plus, il ne faut pas oublier que nous sommes au milieu du 19ème siècle, période pendant laquelle Seriate, située dans la périphérie de Bergame où Costanza était venue habiter après son mariage, ainsi que d'autres provinces de la Lombardie et de la Vénétie, se trouvaient sous la domination de l'empire autrichien, tandis que de violents courants libéraux et nationalistes s'opposaient, héritiers de la révolution française.

De l'union entre Gaetano et Costanza naquirent trois enfants. Deux d’entre eux moururent en bas âge. Puis Gaetano tomba malade, gagné par une lente paralysie. Comme il se montrait extrêmement jaloux du seul fils qui leur restait, Costanza dut mettre son petit Charles en pension pour le protéger. Puisant ses forces dans l’abandon à Dieu et dans la prière, Costanza assumait courageusement sa vie et soignait son mari avec dévouement. Au bout d’une vingtaine d’années, Gaetano mourut. Devenue veuve, Costanza pensait garder son aîné, Charles, mais lui aussi mourut à son tour, à l'âge de seize ans. Cependant, avant de mourir, Charles dit à sa mère: "N’aie pas peur, maman, le bon Dieu te donnera d’autres enfants." Comme elle avait une grande dévotion à la Vierge Marie, Costanza comprit qu'il s'agissait peut être d'une maternité spirituelle. Effectivement, après un premier temps de désarroi, soutenue par sa méditation du mystère de Notre-Dame des Sept-Douleurs, elle recueillit des orphelines et utilisa son château et ses biens pour venir en aide aux pauvres. Elle s’intéressait particulièrement à la classe paysanne, la plus marginalisée à l’époque socialement et religieusement.

Voici plus de détails: devenue veuve, Costanza était la seule héritière d'un important patrimoine. Pourtant, son veuvage et surtout la perte de son dernier fils eurent d'abord sur elle un effet dramatique. Elle tomba dans une grande dépression. Elle eut tout de même la force de s'accrocher à la foi grâce à la solide direction spirituelle des deux évêques de Bergame, Monseigneur Pietro Luigi Speranza et Monseigneur Alessandro Valsecchi. Et bientôt le curé du village vint lui demander de prendre en charge deux orphelines. Costanza, qui avait 38 ans, et habitait un vaste château, accepta. Rapidement elle dut recueillir d’autres orphelines, puis s’occuper de leur éducation. Ne suffisant plus à la tâche, elle fit appel à des jeunes filles bénévoles. Et elle vendit beaucoup de ses biens pour subvenir aux besoins des enfants. Ainsi se constitua peu à peu l’Institut des Sœurs de la Sainte Famille de Bergame. Peu après, en 1857, l’évêque de Bergame, Mgr Speranza, donna l’habit religieux à la fondatrice, qui prit le nom de Sœur Paule-Elisabeth, et à ses premières compagnes. Le nouvel institut se destinait à l’éducation religieuse et professionnelle des orphelines de la campagne.

Sœur Paule-Elisabeth désirait surtout qu’on entoure les enfants d’une affection constante, et qu’on leur fasse connaître et aimer Dieu plutôt que de Le redouter. Elle souhaitait aussi qu’on donne aux orphelines la possibilité réelle du choix de leur avenir, en les préparant aux tâches d’une vie laïque normale. En effet, aimant la campagne et les travaux des champs, elle désirait que ses protégées, issues de la campagne, puissent devenir de bonnes épouses de paysans. Si par ailleurs elles devaient gagner leur vie en se plaçant comme servantes, Sœur Paule-Elisabeth veillait personnellement à leur choisir des familles chrétiennes.

Après avoir traversé de nombreuses difficultés, le 4 novembre 1863, Costanza accepta d’aider un prêtre et un agriculteur pour fonder une maison et un Institut pour les orphelins ruraux. Son château étant devenu trop petit, elle ouvrit un orphelinat pour les garçons. Tout en continuant à travailler à l'ouverture de plusieurs Instituts des Sœurs et des Religieuses de la Sainte Famille, instituts consacrés à l'aide matérielle, morale et religieuse de la classe paysanne, Costanza réalisait enfin ce à quoi elle aspirait profondément: mettre à la disposition de jeunes garçons orphelins sa propriété de Villacampagna di Soncino, qu'elle confia aux soins de Frère Giovanni Capponi, originaire de Leffe.

Contemplant constamment la Sainte Famille, et vivant en quelque sorte avec elle, Costanza était convaincue que les enfants avaient tous besoin d'une famille saine et unie, généreuse et stable pour grandir et devenir des hommes solides, forts et courageux. Mais cela ne pouvait se faire que lorsque les liens de parenté étaient renforcés par le partage des valeurs de la Foi et de la culture Chrétienne. C'est ainsi que Costanza, Sœur Paule-Élisabeth, et ses collaboratrices, aidaient les petites filles abandonnées avec une grande bonté et beaucoup d'humilité. Ayant choisi comme modèle la Sainte Famille de Nazareth, Costaza voulait que ses Communautés religieuses soient semblables à des familles Chrétiennes accueillantes, unies dans l'Amour et animées par une fraternité sereine et laborieuse, et surtout une Foi forte, simple et confiante. Cette œuvre devait se réaliser, pour les religieuses, dans "une pauvreté, vécue et enseignée, pauvreté qui n'est pas essentiellement une pauvreté de moyens, mais surtout la renonciation à gérer ses sentiments de manière à que ce soit Dieu qui offre ce qui Lui plait."

Le 25 décembre 1865, se sentant lasse, Costanza gagna sa chambre plus tôt que d'habitude et, le matin, on la trouva endormie en Dieu. Elle avait 49 ans. Elle fut béatifié à Rome, le 19 mars 1950, par le pape Pie XII, et canonisée le 16 mai 2004, par Jean-Paul II. Elle est fêtée le 24 décembre.

Pour être complets, nous devons ajouter que la Congrégation de la Sainte Famille, recueillit des centaines d'orphelines. Ces jeunes filles, non seulement étaient soigneusement éduquées, mais on leur apprenait aussi à travailler la terre, comme tous les paysans. Sur le plan spirituel Costanza et ses sœurs étaient surtout orientées vers la contemplation

Costanza avoua un jour, "qu'en pensant aux douleurs de Sainte Marie et en imaginant le moment où celle-ci vit la mort de son Divin enfant, elle avait senti un tel pressentiment et un tel serrement de cœur qu'elle avait dû s'asseoir à moitié évanouie." Plus tard elle ajouta: "Je ne sais pas comment j'ai pu survivre, gracile et exténuée comme je l'étais."

Notons que Costanza se distingua particulièrement par sa maternité spirituelle, ses œuvres de Charité, sa piété, sa confiance absolue dans la Providence, et son amour pour la pauvreté, l'humilité, la simplicité et son admirable soumission à ses Supérieurs: les Évêques et ses directeurs spirituels. C'est ainsi qu'elle sut mettre en valeur la dignité du rôle de la femme dans la famille et dans les besoins de la société. Surmontant les nombreuses difficultés et les incompréhensions qu'elle rencontra, elle réussit à mettre en œuvre une institution constituée d'hommes et de femmes imitant le modèle évangélique du mystère de Nazareth constitué par Marie et Joseph accueillant l'Enfant Jésus pour l'offrir au monde.

Paulette Leblanc

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