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L'apparition
eut lieu le 3 mai 1491
Le site appelé
"Habthal", "Vallée de l'épervier", était bien connu des habitants de
l'endroit. En effet, le chemin venant de Labaroche bifurquait vers
Turkheim, Niedermorschwihr et Ammerschwihr. En 1465, une image
pieuse fut fixée sur un grand chêne, après un tragique accident: un
paysan qui s'était gravement blessé avec sa faux fut retrouvé mort,
faute d'avoir pu être secouru. Ce lieu fut appelé la place de
"l'homme mort".
 Nous
sommes le 3 mai 1491. Un forgeron d'Orbey, Thierry Schoéré, se
rendait au marché de Niedermorschwihr, près de Colmar. Comme il
passait devant un chêne, il aperçut une image sainte déposée là,
selon la coutume de cette époque, et destinée à inviter les passants
à prier pour un homme qui venait de rendre l'âme en ce lieu quelques
jours auparavant. Il était environ 10h du matin…
Descendant de
son cheval, Thierry Schoéré s'agenouilla devant la pieuse image et
commença à prier avec ferveur pour le repos de l'âme du malheureux
paysan, quand, soudain, il fut ébloui par un éclatant rayon
lumineux, au milieu duquel apparut une forme délicate et vaporeuse.
C'était la Vierge Marie, enveloppée de longs voiles blancs
transparents. La Vierge Marie tenait trois épis en sa main droite et
un petit glaçon dans la main gauche. La Vierge dit avec une grande
douceur à Thierry:
– Relève-toi,
brave homme, et écoute. Vois ces épis. Ils sont le symbole de
l'abondance des belles moissons qui viendront récompenser les êtres
vertueux, généreux et apporter le bien-être et le bonheur dans les
foyers des fidèles chrétiens. Quant à ce glaçon, il signifie que la
grêle, la gelée, l'inondation, la famine et tout son cortège de
désolations et de malheurs viendront punir les mécré-ants dont la
gravité des péchés a pu lasser la miséricorde divine. Va, bonhomme,
descends dans les villages et an-nonce à tous les habitants le sens
de ces prophéties.
L'apparition
miraculeuse s'évanouit et Thierry Schoéré reprit sa route. Il se
rendit au village, mais craignant les moqueries, il décida,
finalement, de garder le silence sur ce qui venait de lui arriver.
Arrivé au marché, il acheta un sac de blé, mais, chose étrange, ni
lui ni personne ne put le soulever. Le sac semblait de plomb et fixé
au sol. Les paysans attroupés s'inquiétèrent de la force magique et
mystérieuse qui rivait ainsi le sac à la terre. Ce phénomène
inexplicable tourmenta les esprits et certains commencèrent à
accuser le malheureux forgeron de sorcellerie.
Alors Thierry
Schoéré comprit le sens de cet avertissement: il avait désobéi à la
Vierge sainte et n'avait point rempli la mission qu'elle lui avait
confiée. Aussi Thierry se mit-il à genoux devant la foule soudain
silencieuse. Il demanda pardon à Notre Dame et, remplissant enfin sa
mission sacrée, raconta aux habitants attentifs la céleste
apparition; il expliqua le symbolisme du glaçon et des trois épis.
Stupéfaits, admiratifs les habitants, écoutaient respectueusement le
récit. L'assistance fut profondément émue et personne ne mit en
doute la sincérité de l'honnête forgeron d'Orbey. Même les
incrédules furent conquis; ils manifestèrent un sincère repentir et
jurèrent de s'amender.
Dès lors,
soulagé et heureux, Thierry Schoéré retourna jusqu'au sac
mystérieux. Curieusement, à peine avait-il saisi le lourd sac de
blé, qu'il le souleva sans effort et le chargea aussitôt sur son
cheval. Après quoi, au milieu des transports de joie de
l'assistance, Thierry Schoéré, le messager de la Vierge, s'en
retourna joyeusement vers son village natal.
À l'endroit de l'apparition, les
habitants édifièrent en 1493 une petite chapelle en bois qui fut
bénie en 1495 par Nicolas FRISUS évêque coadjuteur de Bâle. Au XVIe
siècle le pèlerinage connut un grand essor et une nouvelle chapelle
fut construite en pierres. Elle fut plusieurs fois agrandie afin
d'accueillir les fidèles. Détruite durant la Guerre de Trente Ans,
une nouvelle chapelle fut érigée, avec, à ses côtés, à partir de
1650, un couvent qui hébergea un grand nombre de communautés
religieuses: les chanoines réguliers de Saint-Augustin de 1652 à
1655, les pères cisterciens de Paris de 1655 à 1661, les Antonins
d’Issenheim de 1661 à 1777, l’ordre de Malte de 1777 à 1779, et les
Capucins de 1779 à 1791. Fermé pendant la révolution, le sanctuaire
fut rendu au culte en 1804. Le 20 juin 1940, les allemands firent
fermer le juvénat. En juillet 1941, la moitié du couvent devint un
hôpital militaire qui accueillait les malades et les blessés du
front russe.
Le 3 mars 1952,
Mgr Weber, évêque de Strasbourg, instaura l’adoration perpétuelle
féminine.
En 1967
l’église de l’Annonciation fut inaugurée.
En 1991,
pour le 5e
centenaire, on éleva une triple flèche symbolisant les trois épis.
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Il existe une
autre version des paroles de Notre-Dame tirée de la revue HISTORIA.
La Vierge Marie aurait dit à Thierry:
 – Mon
fils, les habitants de cette région ont, par leurs crimes
innombrables, allumé contre eux la colère divine. Ce glaçon que tu
vois briller dans ma main gauche est le symbole des grêles, des
famines, des maladies et autres châtiments qui vont s'abattre sur
eux. Cependant, mes prières, par l'effet d'une très spéciale
miséricorde, ont retenu jusqu'à maintenant le bras de mon Fils, déjà
levé pour les punir. Si les coupables se corrigent et font
péni-tence, Dieu leur pardonnera et enverra à la terre béné-dictions
et fertilité. C'est ce que signifie cette tige de blé ornée de trois
épis, que je tiens dans ma main droite. Au nom de ces deux symboles,
rends-toi à Morviller, rap-porte aux habitants ce que tu viens de
voir et d'entendre. Exhorte-les à fuir le péché. Qu'ils fassent
oraison, qu'ils exhortent à leur tour les populations à se
convertir. Sinon, les châtiments du ciel ne se feront pas attendre.
Le forgeron
dit alors à la Vierge:
– Mère chérie,
je crains que ces méchantes gens n'ajoutent foi à mes paroles.
– La plupart
le feront, répond la Sainte Vierge, si tu leur expliques le sens de
ce glaçon et de ces épis.
Arrivé à
Morviller, le forgeron perdit courage. Personne ne le croira. On se
moquera de lui. Il ne dit donc pas un mot de l'apparition.
Cependant, ayant acheté un sac de blé, il entreprit de le charger
sur son cheval. Mais il ne put le soulever d'un centimètre. Les
passants se gaussaient de sa faiblesse. Un, deux, trois hommes
vinrent l'aider. Ils ne purent déplacer le sac d'un pouce. Les rires
s'éteignirent et le forgeron comprit la leçon. Il se mit à genoux et
révéla le message de la Vierge. On le cru. Les pèlerinages
commencèrent, des miracles eurent lieu et les prédictions
s'accomplirent.
Le 24 février
1495, un sanctuaire dédié à Notre-Dame des Trois Épis fut élevé sur
les lieux de l'apparition et solennellement consacré.
Paulette Leblanc |
