Les récits
succédant aux récits, il n'est pas facile d'y voir clair en ce qui
concerne l'origine de Notre-Dame de Chiquinquirá. Pourtant, c'est
bien Notre-Dame de Chiquinquira qui a été nommée la Reine et la
sainte Patronne de la Colombie. Chiquinquirá qui signifie lieu de
brouillards et de marécages, se trouve dans une région des Andes
située à plus de 2.000 mètres d'altitude.

Nous en sommes en
Colombie, en 1555. Antonio de Santana, un colon espagnol, fait
peindre un tableau de Notre-Dame du Rosaire pour orner la chapelle
de sa propriété. Ce tableau représentait la Vierge Marie debout, les
pieds posés sur une demi-lune. Elle tenait un chapelet dans sa main
droite et l’enfant Jésus sur son bras gauche. L’enfant Jésus avait
un sceptre à la main. Cette chapelle ayant été transformée en étable
par les héritiers d'Antonio, le tableau qui n'avait pas été retiré
se détériora gravement. On tenta de le restaurer mais en vain. Le 26
décembre 1586, un enfant indien qui passait près de la chapelle
aperçut une lumière "jaillissant de l’intérieur". Sa mère
accourut, et vit aussi une
"lumière sortant du tableau de la Vierge".
Voici une autre
version de l'origine du sanctuaire de Chiquinquira. Ce sanctuaire
serait lié à une peinture de la Vierge qui remonterait à l'an 1560.
Cette peinture aurait été réalisée à la demande des dominicains
espagnols, pour encourager la foi des indiens et des colons. Puis
elle fut vendue à un particulier qui l'exposa dans une chapelle où
elle se détériora. Seul son cadre sera retrouvé sur le mur, restant
pendant longtemps privé de l’image de la Vierge Marie. Quelques
années plus tard, l’image originale de la Vierge réapparut
miraculeusement à l’intérieur du cadre, comme "rénovée",
ouvrant ainsi la série des miracles qui lui seront par la suite
attribués. La typologie de la Vierge est celle des Vierges "Hodigitria",
c’est-à-dire indiquant l’Enfant Jésus.
Une troisième
version raconte qu'un tableau aurait été perdu par des pirates et
serait resté dans un lac pendant une durée inconnue. Il aurait servi
de planche à des femmes qui lavaient le linge dans le lac. Mais un
jour, le 18 novembre 1709, une vieille lavandière, le trouva sur la
rive. Elle le rapporta chez elle et voici que, tout à coup, ses
couleurs furent ravivées; et l’image émettait des lumières. Voyant
la rénovation miraculeuse du tableau, elle s’écria: "Miracle!
Miracle!" Et le tableau fut apporté dans l’église saint Jean de
Dieu. Ce fut le premier miracle de "l’image retrouvée",
miracle lié à Notre-Dame de Chiquinquira.
Et voici enfin un
autre récit, celui concernant le sanctuaire de Maracaibo au
Venezuela, où une copie de l'image de Notre-Dame de Chinquinquira
est vénérée. Un jour de l'année 1749, une humble femme,
blanchisseuse de son état, vint laver ses vêtements sur le bord du
lac de Maracaibo. Soudain, elle vit, flottant sur les eaux, une
tablette de bois qu'elle emporta avec elle pensant qu'elle pourrait
lui servir à couvrir la jarre d'eau qu'elle avait dans le couloir de
sa maison. Le lendemain matin, la femme entendit des coups comme si
quelqu'un appelait. Elle alla voir et constata avec stupéfaction que
dans le couloir la tablette de bois rayonnait et que l'image de
Notre Dame de Chiquinquirá apparaissait maintenant très nettement.
La femme courut dans la rue crier au miracle et de nombreuses
personnes vinrent assister au prodige. La maison de l'humble femme
se transforma rapidement en lieu de dévotion consacré à la Vierge.
À quelque temps
de là, les autorités de Maracaibo décidèrent de transférer l'image
miraculeuse à la cathédrale, mais au cours de la procession le petit
tableau devint si lourd que les deux hommes qui le portaient ne
purent plus avancer. Tous les efforts furent vains jusqu'à ce que
quelqu'un déclarât que peut-être la Vierge Marie ne voulait pas
aller à la cathédrale mais plutôt à l'église dédiée à saint Jean de
Dieu. Les deux hommes changèrent de direction, et, immédiatement le
tableau reprit son poids normal et la procession continua. C'est
peut-être ce récit qui est à l'origine de la basilique Notre-Dame de
Chiquinquira, à Maracaibo, au Vénézuela, où l'on vénère une copie de
l'image de Notre-Dame de Chiquinquira.
Maintenant vous
aimeriez savoir en quoi consistait le tableau originel si
extraordinaire. Il s'agit d'une toile en coton, probablement tissée
par des indiens Koka, d'environ 2 mètres de large, et tendue sur un
cadre. Sur la toile il y a une peinture de la Vierge Marie, debout
sur une demi-lune, ce qui symbolise qu’elle est au-dessus des
variations du temps, et qu’avec son Fils elle domine l’histoire. Sur
le cadre on remarque des plaquettes reproduisant les emblèmes de la
Colombie et des diocèses colombiens confiés aux Dominicains. Les
yeux de la Vierge sont entrouverts. Son visage est tourné vers son
Enfant qui tient dans sa main droite un fil accroché à la patte d’un
petit oiseau. La Vierge porte sur sa tête un voile blanc et tient
dans sa main gauche un chapelet de corail. Elle est entourée de
l’apôtre saint André et de saint Antoine de Padoue.
Le tableau peint
sur la toile depuis 450 ans, est probablement une ancienne
reproduction de l'art colombien. Évidemment, en 450 ans, la toile
connut bien des vicissitudes; pourtant le tableau est toujours là.
Notre-Dame de
Chiquinquira est aussi vénérée non seulement à Maracaibo au
Venezuela comme nous venons de le voir, mais aussi au Guatemala et
même en Espagne. Il est parfois arrivé que la peinture de Marie
sorte seule du sanctuaire de Chichinquira, et se transporte jusqu’à
la ville de Bogotá, capitale de la Colombie, ville qui se trouve
100km plus loin vers le sud, pour demander à Dieu la paix ou la fin
d’une épidémie. Son dernier déplacement date de 1999.
Incontestablement
ce sanctuaire marial, Notre-Dame du Rosaire de Chiquinquira, a
permis à beaucoup de personnes de retrouver la foi. Il y eut
également beaucoup de miracles tout au long de l’histoire. Le
sanctuaire est confié à l’Ordre des Prêcheurs, ou Ordre des
dominicains. Le 18 mai 1920, le pape Benoît XV donna le titre de
basilique mineure à ce sanctuaire appelé basilique de Chiquinquira,
ou basilique de saint Jean de Dieu. Le 27 janvier 1985, le pape Jean
Paul II a célébré la messe sur l’autel de Notre Dame de Chiquinquira.
Maintenant, avec
les Colombiens et les Vénézueliens, nous allons prier Marie de
Chiquinquira:
"Oh
incomparable Vierge du Rosaire de Chiquinquira! Mère de Dieu, Reine
des Anges, avocate des pécheurs, refuge et consolatrice des
affligés. Vierge Sainte, pleine de pouvoir et de bonté, jetez sur
nous un regard bienveillant afin que nous soyons secourus par Vous
dans toutes les situation difficiles que nous rencontrons."
Paulette Leblanc |