NOTRE DAME D'AVESNIÈRES
à Laval (France)

Voici un nouveau sanctuaire, dont l'origine est encore un miracle. Mais tout d'abord, il faut savoir que le mot “Avesnières” signifiait au Moyen-Âge, “champ d'avoine”. Nous sommes à Laval, en Mayenne. Au IXe siècle, il existait déjà à Avesnières, aujourd'hui quartier de Laval situé au sud du centre-ville, une petite église et probablement un cimetière. Au XIe siècle, vers 1040 ou 1050, Yves de Saint-Berthevin, un Seigneur de la région, vassal du comte de Laval, la reconstruisit et la dédia à la Sainte Vierge. Puis, en 1073, Garin, le fils d'Yves de Saint-Berthevin, la donna aux Bénédictines de l'abbaye de Ronceray d'Angers, pour y fonder un prieuré. Et voici le miracle qui rendit ce lieu si populaire.

Bas-relief représentant les origines de l'église

Nous sommes au début du XIIe siècle. Guy II, comte de Laval, chevauchait entre son château et un lieu-dit, La Perrine. À un certain moment, il dut emprunter le pont de Bellailé, qui traversait la Mayenne. Or ce pont était très étroit. Soudain Guy et son cheval perdirent l'équilibre et tombèrent dans la rivière dont le courant était très rapide. Guy fut emporté par ce courant et jeté contre un rocher; il fut de nouveau repoussé au milieu des eaux. Alors en grand danger de mort car le courant l'emportait, il aperçut l'église construite par Yves de Saint-Berthevin en l'honneur de Notre-Dame. Il appela aussitôt la Sainte Vierge à son secours. Et il fut doucement ramené sur la rive à Avesnières. Sauvé de la noyade, et ramené sur la rive sans la moindre blessure, il promit à Marie de faire construire, à cet endroit, une église plus digne que celle qui s'y trouvait. Décédé avant d'avoir accompli son vœu, ce fut l'un de ses descendants, Guy V, lui aussi Seigneur de Laval, qui la construisit vers la fin du XIIe siècle. Cette histoire a été écrite pour la première fois par Perrette de Montbron, prieure du couvent d'Avesnières, morte en 1516. Notons que les fondations de la basilique datent bien de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle.

La petite église d'Avesnières devint rapidement un lieu de pèlerinage dédié à la Sainte Vierge. Mais, au XVe siècle, le 25 septembre 1429, pendant la guerre de Cent Ans, les anglais incendièrent une grande partie du bourg, l’église et le couvent; et ils chassèrent les religieuses qui se réfugièrent à Angers. L'église d'Avesnières reconstruite, redevint une simple église paroissiale. Cependant, et cela nous devons aussi le savoir, en 1697, le bourg d’Avesnières qui avait été recolonisé par la nature, sur une grande partie de sa superficie, était couvert de landes et de bois, mais aussi, de très bonnes terres produisant des céréales, du chanvre et surtout du lin. En effet, depuis le Moyen-Âge, l’activité principale de Laval et de sa région était le tissage du lin, dont les toiles étaient  exportées.

Revenons à Avesnières. En 1485, l’église avait été restaurée et les pèlerinages avaient repris. À Avesnières, on venait rendre hommage à une statue du XIVe siècle, statue qui rappelait le miracle ayant sauvé Guy II de la noyade. Et pendant ces pèlerinages, la Vierge Marie multipliait ses grâces. Ainsi, en 1749, alors qu'une épidémie ravageait les troupeaux de la région, le 7 février 1749, les habitants de Bonchamp, bourg voisin d'Avesnières, obtinrent la cessation du fléau après une procession faite à Notre-Dame d'Avesnières. Épargnée pendant la Révolution, l’église fut rendue au culte le 4 mai 1800. Mais bien que l'église Notre-Dame d'Avesnières ait été épargnée, cela n'empêcha pas le martyre de 14 prêtres réfractaires, très âgés, voire handicapés. Ils furent guillotinés à Laval, le 21 janvier 1794. Ces quatorze martyrs furent béatifiés par le pape Pie XII le 14 juin 1955 et leurs corps transférés dans le chœur comme l’atteste la dalle de l’entrée du chœur et sur laquelle il est écrit: S’ils ont, aux yeux des hommes, subi le châtiment, leur espérance était pleine d’immortalité.” (Sagesse 3, 4)

Le 8 mai 1860, Notre-Dame d'Avesnières fut couronnée par Mgr Wicart, premier évêque du diocèse de Laval. Et voici qui lie Notre-Dame d'Avesnières aux apparitions de Pontmain. Le 17 janvier 1871, l’armée prussienne, qui s'était établie tout près de la ville de Laval, reçut du général Von Schmidt l'ordre de prendre la ville. Le 20 janvier 1871, Monseigneur Wicart, entouré de 4000 fidèles, fit le vœu de restaurer la flèche de l’église d'Avesnières si la Vierge Marie préservait la ville. Or, ce même 20 janvier 1871, trois jours après l’apparition de la Vierge Marie à des enfants de Pontmain, les armées prussiennes, cantonnées près de Laval, commencèrent, on ne sut pas pourquoi, à évacuer la Mayenne. Laval était sauvé. Les travaux de restauration de la flèche de l'église Notre-Dame eurent lieu de 1874 à 1876, et la flèche fut refaite à l'identique, selon le modèle de 1535.

Pour plus d'informations, nous devons aussi savoir que, devant le Saint Sacrement exposé sur l’autel, Monseigneur Wicart “demanda à Marie de préserver la ville des maux qui étaient prêts à fondre sur elle et sur ses enfants… Il s’engageait, au nom de tous, à restaurer, dans l’espace de dix ans, la tour et la flèche d’Avesnières si la Vierge, secours des chrétiens, procurait la victoire à nos armes dans la lutte qui se préparait, ou du moins préservait la ville des suites terribles d’une défaite, l’incendie et le pillage”. Le vœu était à peine formulé que la Vierge Marie sauvait la ville. Comment cela se passa-t-il? Nous ne le sûmes que grâce à de rares aveux faits par deux ou trois soldats allemands mourants, aux religieuses qui les soignaient. Une Dame apparue dans le ciel, aurait empêché les soldats allemands d'avancer. Les soldats se retirèrent et ils reçurent l'ordre de rien dire sous peine de mort. Seuls quelques mourants osèrent parler.

En 1840, l'église fut classée monument historique. Elle fut élevée au rang de basilique mineure en 1898 par le pape Léon XIII. Les pèlerinages continuent…

Paulette Leblanc

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