L'Église Maronite libanaise célèbre aujourd'hui, 14
décembre, la fête du saint Nimatullah Kassab Al-Hardini.
Nimatullah naquit à Hardine, village situé au nord du
Liban, à une altitude de 1100m et souvent appelé
"village des trente églises et monastères". Le père
de Nimatullah, Girgis Kassab de Hardine, et sa mère
Mariam Raad de Tannourine éduquèrent leurs enfants dans
la religion chrétienne. Notons ici que le nom Nimatullah
n'est pas, en réalité, le nom de Baptême mais le nom
religieux de Youssef Kassab, notre saint d'aujourd'hui.
À
Hardine, le jeune Youssef passa ses premières années
d'enfance entre les monastères et les ermitages de son
village,
dont Saint Doumit et Saint Georges. Le jeune Youssef fit
ses études primaires au monastère Saint Antoine de Houb.
Après ses études au monastère, il alla chez son
grand-père maternel Youssef Raad, curé du village de
Tannourine. Là, il participait à l'Office divin, tantôt
au monastère, tantôt dans la paroisse avec son
grand-père. Toutefois, Youssef était plutôt attiré par
la tradition syriaque du Patriarcat d'Antioche,
tradition monastique de son Église.
Trois des frères de Youssef choisirent la vie monastique
pour mieux vivre leur foi chrétienne:
– Tanios
qui devint curé de paroisse,
– Élisée moine de l'Ordre libanais maronite fut ermite
pendant 44 ans,
– Msihieh
entra dans le monastère cloitré de Saint Jean Baptiste
de Hrache.
-Quant à notre Youssef, il entra, en 1828, au monastère
Saint Antoine de Qozhaya, de l'Ordre Libanais Maronite,
monastère situé dans la "Vallée sainte", et prit
le nom de Nimatullah qui signifie "Grâce de Dieu".
Là il fit ses deux années de noviciat et apprit le
métier de relieur de manuscrits et de livres. Après sa
profession monastique, le 14 novembre 1830, il fut
envoyé au monastère Saint Cyprien et Sainte Justine, de
kfifane pour étudier la philosophie et la théologie.
À
cause des excès de fatigue qu'il assuma durant ses
études: d'abord les études, puis l'ascétisme de la vie
des moines, et les travaux des champs, Nimatullah tomba
malade. Il n'alla donc plus au champ mais devint le
tailleur de la communauté. À la fin de ses études de
théologie, il fut ordonné prêtre en 1835 et nommé
directeur et professeur de théologie morale du
scolasticat.
Mais
Nimatullah aura bien vite d'autres activités: il fonda,
d'abord à Kfifane, puis à Bhersaf, une école destinée à
l'instruction gratuite des jeunes. Puis, en 1845,
Nimatullah fut nommé par le Saint-Siège, Assistant
Général de l'Ordre pour un mandat de trois ans. Homme de
culture, il insista auprès du Père Abbé Général pour que
des moines soient envoyés au collège des Jésuites,
récemment fondé à Ghazir, afin d'y approfondir leurs
études. Sept moines furent ainsi envoyés chez les
jésuites, pour, ensuite, assurer la continuité d'un
enseignement approfondi au Scolasticat de l'Ordre. C'est
pendant cette période que Nimatullah souffrit, avec son
peuple, les atrocités commises pendant les deux guerres
civiles de 1840 et 1845 qui préparaient en quelque
sorte, les événements sanglants de 1860 où beaucoup de
monastères seront brûlés, des églises détruites et des
chrétiens maronites massacrés. Signalons que la
situation des civils du Liban, sous le régime turc, fut
aussi difficile que celle de l'Église maronite.
Nimatullah passa les deux années de 1848 et de 1849 au
monastère Saint-Maroun d'Annaya et à Saint-Antoine de
Houb. En 1850, il était reconduit dans son mandat
d'Assistant Général. En 1853, il retourna à Kfifane pour
enseigner la théologie morale. De 1853 à 1859, il fut
nommé professeur au scolasticat. C'est alors qu'il
compta, parmi ses élèves, saint Charbel Makhlouf.
En
1856, pour la troisième fois, Nimatullah fut nommé
Assistant Général. Il avait refusé d'être Père Abbé de
l'Ordre, tant son humilité était grande: en effet, il
était convaincu qu'il était incapable "de ce
perpétuel contact avec Dieu qu'il jugeait indispensable
pour assurer ce service auprès des moines de son Ordre".
Cependant, Assistant Général, Nimatullah résidait avec
les autres assistants autour du Père Général au
monastère Notre-Dame de Tamiche, la maison généralice de
l'Ordre. Cela ne l'empêchait pas de se rendre
régulièrement au monastère de Kfifane soit pour assurer
son enseignement, soit pour guider le travail de reliure
des livres, spécialement les manuscrits liturgiques.
Au
mois de décembre 1858, Nimatullah fut malade d'une
pneumonie causée par le froid glacial de l'hiver dans
cette région. Cela ne nous étonne guère compte tenu du
fait qu'il refusait tout confort, y compris le
chauffage, dans sa cellule. Après 10 jours d'agonie, il
mourut le 14 décembre 1858. Saint Charbel Makhlouf
assista à l'agonie et au décès de celui qui avait été
son professeur.
Sa
cause de béatification fut présentée à Rome en 1926,
avec celle de saint Charbel Makhlouf qui fut béatifié en
1965 et canonisé en 1977, et celle de sainte Rafqa,
moniale libanaise maronite, béatifiée en 1985 et
canonisée en 2001. Mais Nimatullah ne fut proclamé
Vénérable qu'en 1989 et bienheureux en 1998. Il fut
canonisé par le pape Jean-Paul II le 16 mai 2004.
Paulette
Leblanc |