Michel Rua
Prêtre salésien, Bienheureux
1837-1910

29

OCTOBRE

Connaissez-vous Michel Rua? Ce nom vous dit-il quelque chose? Peut-être, mais ce n'est pas sûr… Au moins, vous savez que don Rua fut le 1er successeur de Don Bosco… Mais en dehors de ça…

Michel Rua, Michele Rua en italien, naquit le 9 juin 1837, près de Turin, dans le quartier du Valdocco. Don Bosco qui sera son futur supérieur avait alors 22 ans. Le père de Michele, Jean-Baptiste, était contrôleur dans la Manufacture d’Armes de Turin. Resté veuf avec 5 enfants, il s’était remarié avec Jeanne-Marie Ferrero qui lui donna quatre autres enfants. Michele était le dernier de toute la tribu. Malheureusement quatre de ses frères et sœurs moururent jeunes. Puis, ce fut son Père, Jean-Baptiste, qui décéda le 2 août 1845. Veuve, son épouse, Mme Rua put garder le logement que sa famille occupait à l'intérieur de la Manufacture.

Dès le début de ses études primaires, Michele se fit remarquer par son intelligence, son application et son goût pour les cérémonies religieuses. Bientôt sa mère le fit entrer à l'école des Frères des Écoles Chrétiennes. C'est alors qu'il rencontra Don Bosco, confesseur des élèves, en septembre 1845, un mois après le décès de son père; Michele qui avait 8 ans fut séduit par ce jeune prêtre. Un dimanche de l'automne 1845, Michele poussa la porte du patronage de Don Bosco qui l'accueillit chaleureusement. Michele fréquenta alors le plus souvent possible l'Oratoire de Don Bosco qui était alors hébergé chez la Marquise Barolo.

Petite remarque: l'Oratoire de don Bosco était comme un centre d'accueil, un groupe de formation religieuse de jeunes le plus souvent très délaissés. D'où les réticences de la maman de Michele qui avait peur de voir son fils côtoyer "les garçons de Don Bosco". De plus Don Bosco était déjà très critiqué, voire calomnié, car on le croyait fou. En effet, on ne comprenait pas qu'il s'occupe de ces pauvres enfants qui, disait-on,  deviendraient bientôt de grands bandits. Et comme personne ne voulait recevoir ces enfants trop bruyants, don Bosco était obligé de se déplacer continuellement, errant de lieu en lieu avec ses garçons. Enfin, le 13 avril 1846, le patronage put s'installer définitivement au Valdocco, dans la banlieue de Turin.

Quant il eut treize ans, en 1850, Michele songea à entrer à la Manufacture d'armes pour gagner sa vie et venir en aide à sa mère. Mais Don Bosco lui demanda s’il ne voulait pas apprendre le latin pour devenir prêtre. Michele accepta… Dès lors, Michele s'efforça de rencontrer don Bosco aussi souvent que possible. Le 5 juin 1852 Don Bosco réunit les meilleurs des jeunes assistants du patronage, dont Michele Rua qui n'avait que 15 ans. Don Bosco leur parla d’un projet d’association dont le but serait "de travailler au bien des jeunes qui fréquentaient le Patronage".

À l’automne 1852, Michele devint interne à l’Oratoire et Don Bosco lui dit:

— Mon cher Rua, voici que commence pour toi une vie nouvelle. Sache-le, il faudra traverser la Mer Rouge et le désert. Si tu le veux, nous ferons toi  et moi cette traversée ensemble et nous arriverons en Terre Promise.

Le 26 janvier 1854, Don Bosco réunit Michele Rua (17 ans), Jean Cagliero, Rocchetti et Artiglia pour leur proposer de "s’exercer à la pratique de la charité, puis de se lier par une promesse qui, plus tard, pourrait prendre la forme de vœux". Ceux qui adopteraient ce genre d’apostolat seraient appelés "Salésiens", en l'honneur de Saint François de Sales que don Bosco aimait beaucoup. Au sein de l’Oratoire, Don Bosco confia l’assistance des élèves, le catéchisme, la bibliothèque et son secrétariat à Michele Rua. Le 25 mars 1855, Michele fut le premier Salésien à prononcer les 3 vœux privés: la pureté, la pauvreté dans le don de soi, et l’obéissance à la suite de Don Bosco. Malheureusement plusieurs des collaborateurs de Don Bosco l'abandonnèrent, notamment en raison des attaques et des calomnies auxquelles don Bosco était constamment victime. Mais Michele restait fidèle, et, malgré sa jeunesse, il n'avait que 18 ans, il réussissait à remplir toutes les fonctions qui lui étaient confiées, en plus de ses études de théologie, lesquelles durèrent de 1855 à 1860. Mais Michele, en plus de toutes ses autres fonctions, donnait aussi des cours de math, de latin, de grec… Avec don Bosco, il ne fallait jamais perdre son temps…

En 1858, Don Bosco demanda à Michele de l'accompagner à Rome; comme assistant, pour présenter au Pape Pie IX, qui les approuva, ses "Règles de la Société Salésienne". Le 18 décembre 1859, la Congrégation Salésienne était officiellement fondée. Le Fondateur était reconnu comme Supérieur Général de la nouvelle Congrégation. Quant à don Michele Rua, il était nommé directeur spirituel de la Société. Notons que Michele Rua fut ordonné prêtre le 29 juillet 1860: il avait 23 ans.

Je dois vous dire pour information, que l’approbation définitive de la Congrégation Salésienne fut donnée par Rome en 1869. Mais, auparavant, le 20 octobre 1863, eut lieu l'ouverture d'un nouveau collège, le collège de Mirabello, petite ville située à environ 100km de Turin. Michele en fut nommé le Directeur. Don Bosco lui donna 5 jeunes collaborateurs, dont 4 avaient à peine 20 ans. Pour veiller à la lingerie et accompagner sur le plan matériel l'œuvre naissante, c'est la maman de Michele qui fut choisie. Mais don Bosco donna aussi quelques conseils très précieux à Michele, donc à la petite équipe, conseils dont vous trouverez l'intégralité à la fin du texte écrit accompagnant cet enregistrement.

Don Rua à Mirabello se comporta comme Don Bosco à Turin, toujours entouré par des jeunes attirés par son amabilité et parce qu’il avait toujours des choses nouvelles à leur raconter. Mais deux ans plus tard, en 1865, Don Rua dut revenir à Turin afin d'assurer la fonction de préfet d’une maison de 700 élèves: le Valdocco. En effet, l'esprit de la grande maison du Valdocco, patronage sur lequel s'était greffé un internat, avait fléchi. Avec un doigté remarquable, don Rua résorba lentement les mauvaises habitudes et restaura la discipline. De plus, Michele devait assurer la surveillance des travaux de construction de l’église Marie-Auxiliatrice, et de l’administration de la revue "Lectures Catholiques". Pendant les nombreuses et longues absences de Don Bosco, c’est sur Michele que reposait la bonne marche de l’Oratoire.

En 1869 don Rua, âgé de 32 ans, fut chargé de la formation des novices salésiens. En 1872, en tant que Préfet Général de la Société, il reçut la mission de répartir le personnel entre les différentes maisons, qu’il devait visiter régulièrement. Il se vit également confier la direction générale de l’Institut des Filles de Marie-Auxiliatrice. En 1885, à la demande du Pape Léon XIII, Don Bosco choisit Don Rua qui avait alors 48 ans, comme Vicaire du Fondateur Salésien avec droit de succession. En effet, la santé de Don Bosco déclinait sérieusement. Le 31 janvier 1888 Don Bosco décédait, ce qui toucha profondément Michele Rua. Le 5 février 1888, Don Rua écrivit une lettre annonçant la mort de Don Bosco et relatant ses derniers moments.

Mais la vie continuait, et, au cours de chaque printemps, de 1889 à 1909, Michele devait partir pour un voyage d'environ trois mois, afin de visiter chacune des communautés. Outre ses souffrances physiques, déjà très lourdes, don Rua dut affronter de grandes souffrances morales: assassinat, en 1895, d'un prêtre salésien, don Dalmazzo, par un élève, mort de Mgr Lasagna et de quatre religieuses de Marie-Auxiliatrice, lors d'un accident ferroviaire, destruction en 1899 d'une importante maison en Argentine par des inondations, fermeture de tous les établissements salésiens en France, suite à la Loi du 2 juin 1901, et, enfin, en 1907, une incroyable tempête de calomnies.  Mais sa dernière et plus grande peine fut la mort de neuf religieux et de quarante enfants, lors du tremblement de terre qui détruisit la ville de Messine, en 1909.

À l'automne de 1909, don Rua, épuisé, dut s'aliter, et le 6 avril 1910, vers 9h30, il rendit son âme à Dieu après avoir murmuré une oraison jaculatoire que lui avait apprise Don Bosco: "Sainte Vierge, ma tendre Mère, faites que je sauve mon âme!" Puis il ajouta: "Oui, sauver son âme, sauver son âme, c'est tout, c'est tout!"

Don Michele Rua fut béatifié par le Pape Paul VI, le 29 octobre 1972. Sa fête est le 28 ou le 29 octobre pour la Famille salésienne. La famille religieuse salésienne s'était incroyablement multipliée sous la direction de Don Rua. À sa mort il laissait 4000 religieux répartis dans 341 maisons et dans 30 nations.

Remarque importante. Don Michele Rua dut faire face, toute sa vie, aux innombrables travaux qui lui étaient confiés. Cela, il le pouvait, grâce à son esprit aussi ordonné que méthodique, à la maîtrise de ses nerfs, à sa mémoire prodigieuse, à son acharnement au travail, à sa capacité à se faire aider, mais surtout parce qu'il aimait don Bosco et voulait le soulager. Mais quand priait-il? Tout simplement en faisait de ses journées une prière continuelle. Ses œuvres, ses soucis, ses fatigues, il les transformait en prière, ses actions se déroulaient sous le regard de Dieu et de Marie, et du Sacré-Cœur. Car don Michele Rua avait une ardente dévotion envers le Sacré-Cœur de Jésus. Don Rua écrivit à ses fils: "La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus est tout ce qu'il y a de salésien, car c'est au Cœur Sacré de notre Maître que nous irons puiser, comme éducateurs, l'amour très pur de la jeunesse, la douceur et la mansuétude qui doivent accompagner nos paroles et nos actions, la patience dans les contrariétés et les tribulations inhérentes à notre tâche, l'esprit de sacrifice et le zèle des âmes."

Conseils donnés par don Bosco à Don Rua et à la petite équipe qui l'accompagna à Mirabello

"Tous les matins une oraison mentale; tous les jours une visite au Saint-Sacrement. Ne te laisse démonter par rien.

Évite les privations dans le manger, et ne dors jamais moins de six heures par nuit. Ce minimum est nécessaire pour garder la santé et travailler au bien des âmes.

Tous les matins une oraison mentale; tous les jours une visite au Saint-Sacrement.

Cherche à te faire aimer avant de te faire craindre. Si l'on vient accuser quelqu'un auprès de toi, essaye de voir clair avant de prendre une décision. Tu t'apercevras que la poutre n'est souvent qu'un fétu de paille.

Fais en sorte que ton personnel ne manque de rien pour la nourriture comme pour le repos. Tiens compte des fatigues de tes confrères. S'ils tombent malades, ou simplement s'ils sont indisposés, fais-les tout de suite remplacer.

Cause souvent, en particulier ou en public, avec tes confrères. Aie l'œil pour qu'ils ne soient pas trop chargés d'occupations; qu'ils ne manquent de rien, habits ou livres. Observe s'ils ont des chagrins, ou quelque souffrance physique, ou du fil à retordre avec leurs élèves. Dès qu'un de leurs besoins t'est connu, satisfais-le. Veille à la ponctualité du personnel et que tous prennent leur récréation avec les élèves.

Réunis quelquefois les professeurs, les surveillants, les chefs de groupe et recommande-leur d'empêcher les discours mauvais, et d'écarter tout  livre, toute gravure, tout élève dangereux pour la pureté des mœurs.

Autant que possible prends ta récréation avec les élèves et profite de ce moment pour leur glisser une bonne parole à l'oreille.

Fonde la Compagnie de l'Immaculée Conception, mais laisses-en la direction à ses propres membres.

La bonté et la gentillesse doivent être les vertus caractéristiques d'un directeur, tant à l'égard des personnes du dedans que de celles du dehors.

En face d'une difficulté d'ordre matériel, cède le plus que tu peux, même au prix de quelque chose: l'important est de conserver la charité.

S'il s'agit de difficultés d'ordre spirituel ou moral, alors le désaccord doit toujours se résoudre au profit de la plus grande gloire de Dieu et du salut des âmes. Tout doit être sacrifié à ce double bien: engagements, exigences d'amour-propre, goûts personnels, prétentions, jusqu'à l'honneur lui-même"

Paulette Leblanc

 

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