Marcantonio Durando naquit le 22 mai 1801 à Mondovi, en
Italie. Sa famille était très aisée et appréciée. Dix
enfants naquirent; deux moururent en bas âge.
L'atmosphère familiale était très emprunte de
libéralisme, mais elle n'était pas anticléricale. Son
père, en effet, était agnostique et libéral. Par contre,
sa mère, Angela Vinaj,
était
pieuse et riche en vertus chrétiennes; elle sut donner à
ses huit enfants la foi dont ils avaient besoin, et elle
eut, sur deux de ses fils, dont Marcantonio une grande
influence en leur donnant une foi solide. En
particulier, Marcantonio, dès l'âge de 15 ans, manifesta
le désir de partir comme missionnaire en Chine. Pour
cela, il entra dans la Congrégation de la Mission de
saint Vincent de Paul, et fit ses vœux perpétuels à
l'âge de 18 ans. Il fut ordonné prêtre le 12 juin 1824,
et il demeura pendant cinq ans à Casale Monferrato.
Marcantonio voulait être missionnaire en Chine, mais au
lieu de cela, il fut destiné aux missions populaires de
son pays. Là, comme en Chine, il pourrait transmettre sa
passion missionnaire et annoncer le Christ.
Marcantonio se dirigea donc vers la toute nouvelle œuvre
de la Propagation de la Foi qui avait été fondée à Lyon
en 1822. Il prêchait la miséricorde de Dieu,
encourageait les populations à la conversion et
inter-venait concrètement en faveur des pauvres. En 1829
il fut nommé à Turin, dans la nouvelle maison de la
Mission de Saint vincent, sa congrégation, et il y resta
jusqu'à sa mort. En 1831, le Père Marcantonio Durando
fut nommé supérieur. Les difficultés qu'il rencontra
furent nombreuses, car durant la période napoléonien-ne,
la vie religieuse avait été profondément bouleversée par
la suppression des instituts religieux et la
confis-cation de leurs biens. Le calme revenu, il
fallait recueil-lir les religieux dispersés et leur
offrir une résidence. Le Père Durando s'y employa avec
grand succès et sa maison de la Mission de Turin devint
une référence pour le clergé turinois et piémontais. De
nombreux futurs saints la fréquentèrent: on peut nommer:
saint Benoît Cottolengo, saint Joseph Cafasso, saint
Jean Bosco, saint Léonard Murialdo, le bienheureux
Joseph Allamano et tant d’autres qui ont enrichi le
diocèse et le Piémont d’une myriade d’œuvres charitables
et saintes.
En
1833, Marcantonio introduisit en Italie, dans le
Piémont, l'Institut des Filles de la Charité de saint
Vincent de Paul, pour s'occuper de divers hôpitaux
militaires et civils. Entre temps, il avait inauguré le
collège de Brignole-Sale pour les missions étrangères
dans le but de former des prêtres pour les missions
étrangères. Il diffusa également l'Association Mariale
de la Médaille Miraculeuse, parmi les jeunes, ce qui
donna naissance à de multiples vocations. Puis vinrent
les Miséricordes.
Les
Miséricordes
furent l’œuvre principale
des Associations des Dames, qui les soutenaient
financièrement; mais les Filles de la Charité les
aidaient beaucoup. Les
Miséricordes
étaient de vrais centres privés d’aide sociale, où les
pauvres trouvaient non seulement une soupe chaude en
hiver, mais également des vêtements, des soins médicaux
de base, et souvent aussi un travail. Les pauvres y
trouvaient surtout beaucoup de fraternité et de charité
chrétienne qui annulait les différences sociales. Autour
de ces centres se développèrent progressivement des
œuvres variées, comme des crèches pour enfants pauvres,
des orphelinats, des petits dispensaires. Des visites à
domicile destinées aux personnes âgées, aux pauvres et
aux malades étaient également organisées.
Ainsi, les Filles de la Charité, se manifestèrent comme
de précieuses collaboratrices du développement du
catholicisme social en Italie.
Nous
savons déjà qu'en 1837, le Père Durando fut nommé
Visiteur de la Province du nord de l'Italie des
Missionnaires de Saint-Vincent, fonction qu'il occupa
pendant 43 ans, jusqu'à sa mort. On lui confia aussi la
direction des Sœurs de Saint-Joseph et il contribua à la
rédaction des règles des Sœurs de Sainte-Anne. Il devint
guide spirituel des Clarisses capucines du nouveau
monastère de Sainte-Claire. Mais son œuvre principale,
l'œuvre de son cœur, fut la fondation, en 1865, de la
Compagnie de la Passion de Jésus de Nazareth, ayant pour
but de servir les personnes souffrantes et d'accompagner
les mourants. Cet institut suscita de nombreuses
conversions, mais il dut aussi traverser des périodes
très difficiles. De quoi s'agissait-il?
La
législation ecclésiastique de cette époque, empêchait
l'entrée dans la vie consacrée des personnes nées hors
mariage religieux. Or, certaines de ces jeunes filles
désiraient se consacrer à Dieu. Le Père Durando, en
contact avec ces filles illégitimes, résolut de résoudre
cette situation douloureuse en créant la Compagnie de la
Passion de Jésus de Nazareth. Malheureusement, la
situation en Italie était très instable, et vers 1866
1867, les communautés religieuses furent supprimées, et
le Père Durando, frappé par cette bourrasque, dut
parcourir un angoissant chemin de croix. En effet, à
cette suppression était liée la confiscation de toutes
les propriétés, et le Père Marcantonio Durando dut
racheter une à une les maisons confisquées, mais en les
mettant au nom de personnes physiques particulières,
avec tous les risques connexes que cela peut comporter.
Le
Père Marcantonio Durando mourut le 10 décembre 1880.
Il fut béatifié, le 20 octobre 2002, par le pape Jean
Paul II.
Paulette Leblanc |