Luigi Scrosoppi naquit à Udine,
capitale du Frioul en Italie, le 4 août 1804. Son père
Domenico Scrosoppi était un orfèvre réputé, et sa mère
Antonia était issue d'une famille aisée. L'enfance de
Luigi fut heureuse et riche d'une éducation chrétienne
proposée par des parents très pieux. D'ailleurs,
les deux frères de Luigi
devinrent prêtres comme lui.
Entre
1814 et 1816, la province d'Udine du
Frioul-Vénétie-Julienne, connut de graves perturbations
climatiques: grandes sécheresses ou fortes pluies
dévastatrices. Les récoltes furent ravagées pendant
trois années consécutives, ce qui provoqua la famine et
la perte d'une partie du bétail, d'où une grande misère.
À cela s’ajoutèrent des épidémies de typhus et de
variole qui décimèrent la population. Des familles
entières furent détruites, et de nombreux orphelins
erraient dans les rues, à la recherche de nourriture.
C'était atroce.
Luigi âgé
de 10 à 12 ans, voyait ces scènes de souffrances, de
misère et de mort, et il contemplait le dévouement de
ses parents; aussi prit-il la résolution de consacrer sa
vie aux plus pauvres parmi les pauvres, et de devenir
prêtre. Il entra donc au séminaire dès l'âge de 12 ans,
et fut ordonné prêtre en 1827. Il avait 23 ans. Dès
lors, il collabora avec son frère aîné, Charles, prêtre
de l'Oratoire, qui s'occupait d'œuvres sociales, et
spécialement de La Maison des Abandonnées, afin
de recueillir les petites filles abandonnées à la suite
des épidémies. Avec une grande humilité et une grande
discrétion, Luigi et son frère s'en allaient partout
pour quêter afin de leur venir en aide.
En 1837,
Luigi, avec d'autres prêtres et des professeurs, fonda
la "Congrégation des Sœurs de la Providence" afin
de donner aux pauvres petites filles abandonnées, une
éducation correcte et chrétienne, afin qu'elles aient
une vie digne. Cette Congrégation fut placée sous la
protection de Saint Gaetano de Thiene et de la
Providence de Dieu qui ne nous abandonne jamais.
Luigi consacra tous ses
biens à cette œuvre et à d'autres.
Luigi fut d'abord tenté de
rejoindre les Franciscains et saint François d'Assise,
mais, conquis par saint Philippe Néri, il entrera, en
1846, chez les Oratoriens, fondés 100 ans auparavant.
Tout en veillant à ses religieuses de la
Providence, Luigi fonda également un institut pour les
sourds-muets; en outre il participait à d’autres œuvres,
s’occupant entre autres des séminaristes pauvres. Il
était connu comme le prêtre des pauvres, l’apôtre des
enfants abandonnés.
Atteint d’une maladie de la peau, Luigi Scrosoppi mourut
le 3 avril 1884, en répétant sans cesse: "Charité,
Charité!"
Luigi
Scrosoppi fut béatifié le 4 octobre 1981 et canonisé le
10 juin 2001 par le pape Jean-Paul II qui disait de lui:
"La charité fut le secret d’un long et infatigable
apostolat, nourri du contact avec le Christ, imité dans
l’humilité et la pauvreté de sa naissance à Bethléem,
dans sa vie laborieuse de Nazareth, dans son immolation
sur le calvaire, dans son silence dans l’Eucharistie.
L’Eglise le montre aux prêtres et aux fidèles comme
modèle d’une synthèse profonde et efficace entre la
communion avec Dieu et le service de ses frères."
Mais
revenons à la vie de saint Luigi Scrosoppi. Luigi
travailla avec son frère pendant près de quarante ans,
mendiant souvent auprès des familles aisées de la ville
qui l'accueillaient plus ou moins bien, car d'origine
très aisée on ne pouvait comprendre qu'il s'abaissât
ainsi. Voici une anecdote édifiante: un jour, quelqu’un
le gifla. Don Luigi, imperturbable, répondit à ce geste:
– Ceci
est pour moi; mais pour les petites orphelines, vous ne
voulez vraiment rien donner?
Son
interlocuteur, stupéfait, devint son plus grand
bienfaiteur.
Don Luigi
était vraiment, pour tous ceux qui le connaissaient, un
modèle de vie, non seulement charitable, mais aussi
spirituelle. Les enfants et tous ses collaborateurs:
prêtres, maîtresses ou donateurs lui confiaient leurs
problèmes spirituels, psychologiques, humains et moraux.
Il était leur père spirituel, leur guide, leur
conseiller.
En 1854,
Charles, son frère aîné, décéda. Luigi fut obligé de
prendre la direction de la Maison des Abandonnées et de
la Congrégation des Sœurs de la Providence qui,
aujourd’hui encore sont présentes en Italie et dans
plusieurs pays de l'Amérique latine et d'Afrique, ainsi
qu'en Inde, en Roumanie et en Moldavie
Don Luigi
dirigea ses œuvres jusqu’en 1884, année de sa mort.
Durant les dernières années de sa vie il souffrit
beaucoup d’une rare maladie de la peau: il avait le
corps couvert de plaies et souffrait de douleurs
atroces. Mais il supportait tout en union avec le Christ
crucifié.
Et voici le
miracle qui mena Luigi à la canonisation. Un jeune
étudiant de 24 ans, séminariste chez les oratoriens de
Zambie, Peter Chungu Shitima, désirait évangéliser
l'Afrique du Sud, d'où il était originaire. Mais, en
1995, il tomba malade du SIDA et fut rapidement en phase
terminale. On le renvoya dans sa famille, à Oudtshoorn,
en Afrique du Sud. Il raconte:
– Lorsque les médecins
me mirent au courant de ma réelle situation, je fus pris
de découragement, mais je me résignai à la volonté de
Dieu et demandai l’aide pour accepter ma fin, désormais
proche.
C'est alors qu'il pria
longuement Luigi Scrosoppi qui l'enthousiasmait, en
compagnie de sa famille, des prêtres qui
l'accompagnaient, et des enfants d'Oudtshoorn, ville
d'Afrique du Sud. Rapidement il reprit des forces et fut
guéri. Sa guérison fut constatée par l'équipe médicale
qui l'avait pris en charge. Aujourd’hui, Peter jouit
d’une excellente santé. Constatée scientifiquement par
la commission médicale internationale, la guérison de
Peter Chungu Shitima fut reconnue miraculeuse par la
commission théologique de la Congrégation pour la cause
des saints. Ce qui entraîna la canonisation de Luigi
Scrosoppi, à laquelle Peter Chungu Shitima assista.
En conséquence,
Luigi Scrosoppi fut déclaré protecteur des malades
atteints du SIDA.
Paulette
Leblanc |