Parmi les
choses qui m’étonnent de plus en plus, il y a le mépris que
beaucoup de prêtres, religieuses, etc. ... de notre Église,
manifestent pour les mystiques depuis plus de quarante ans.
Or, plus on avance dans la connaissance des mystiques et de
ce que l’on appelle leurs expériences ou leurs révélations,
plus on s’aperçoit qu’en réalité, les grâces, souvent
exceptionnelles qu’ils ont reçues, ne font que reprendre les
images que Jésus a utilisées quand Il vivait sur la terre au
milieu de ses disciples et de ses apôtres. En effet, si l’on
prend le temps de relire les paroles de Jésus, on est obligé
de constater que, pour réussir à se faire comprendre des
gens simples et peu cultivés, ou des docteurs et des scribes
peu ouverts à ses enseignements, Il était obligé d’utiliser
des comparaisons, car les mots humains sont incapables
d’exprimer la divinité.
Or une des
missions importantes de Jésus, c’était de révéler le Père et
l’Esprit. Par ailleurs, comment Jésus qui “n’était pas
venu pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir”,
aurait-Il pu expliquer l’inexplicable sinon en utilisant des
images ou des paraboles?
Nous
n’aborderons aujourd’hui que l’Évangile de saint Matthieu,
laissant au lecteur le soin de lire les autres écrits du
Nouveau Testament.
D’abord
quelques images et comparaisons
Dès le début de
son Évangile, Matthieu rapporte les paroles du Baptiste,
puis le Baptême de Jésus. Que dit-il?
“Voyant un
grand nombre de Pharisiens et de Sadducéens venir à son
baptême, le Baptiste leur dit: ‘Race de vipères, qui vous a
appris à fuir la colère qui vient?... Déjà la cognée est à
la racine des arbres: tout arbre donc qui ne porte pas de
bons fruits sera coupé et jeté au feu... Celui qui vient
après moi... vous baptisera dans l'Esprit-Saint et le
feu,... il nettoiera son aire, il amassera son froment dans
le grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne
s'éteint point.’
Alors parut
Jésus qui, ayant été baptisé, sortit de l'eau, et voilà que
les cieux s'ouvrirent pour lui, et Jean vit l'Esprit de Dieu
descendre comme une colombe et venir sur lui.” (Mat 3, 7
à 16) Ainsi, Jean-Baptiste utilise, tout naturellement des
comparaisons. En effet, lorsque le Père présenta Jésus, Il
envoya son Esprit sous la forme d’une colombe.
Dès que Jésus
commence à prêcher, Il utilise des comparaisons et des
paraboles. Ainsi, ceux qui Le suivent sont le sel de la
terre, et la lumière du monde... Et encore: La lampe
du corps, c’est l’œil...
Plus tard, en
voyant cette multitude d'hommes, “Jésus fut ému de
compassion pour eux, parce qu'ils étaient harassés et
abattus, comme des brebis qui n'ont pas de pasteur. Alors il
dit à ses disciples: ‘La moisson est grande, mais les
ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la
moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson... (Mat 9,
36 à 38) Car de même que Jonas fut trois jours et trois
nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l'homme
sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.”
(Mat 12, 40)
Toujours dans
saint Matthieu on peut citer la vigne et les vignerons, les
ouvriers de la dernière heure (Mat 20, 1 à 16), ou le
figuier desséché (Mat 21, 18 et 19)
ou les
vignerons qui tuent le fils de leur maître. (Mat 21, 33 à
40) Et encore: “Entrez par la porte étroite; car large
est la porte, et spacieuse la voie qui conduit à la
perdition, et nombreux sont ceux qui y passent, car étroite
est la porte, et resserrée la voie qui conduit à la vie, et
il en est peu qui la trouvent. (Mat 7, 13 et 14)
Et voici
quelques paraboles:
“Regardez
les oiseaux du ciel, qui ne sèment ni ne moissonnent et
n'amassent rien dans des greniers, et cependant votre Père
céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux?
Qui de vous, à force de soucis, pourrait ajouter une seule
coudée à la longueur de sa vie? Et pourquoi vous
inquiétez-vous pour le vêtement? Observez les lis des
champs, comment ils croissent : ils ne peinent ni ne
filent.” (Mat 6, 26 à 28)
“Quiconque
donc entend ces paroles que je dis, et les met en pratique,
sera semblable à un homme sensé, qui a bâti sa maison sur le
roc: la pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents
on soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle
n'a pas été renversée, car elle avait été fondée sur le roc.
Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met
pas en pratique, sera semblable à un insensé qui a bâti sa
maison sur le sable: la pluie est tombée, les torrents sont
venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison, et
elle est tombée, et grande a été sa ruine.” (Mat 7, 15 à
27)
Il y a aussi la
parabole du semeur (Mat 13, 3 à 9) que tout le monde connaît
et que Jésus prend la peine d’expliquer aux douze, tout
comme Il le fera plus tard à ses mystiques. On peut citer
aussi les paraboles du bon grain et de l’ivraie (Mat 13, 24
à 30), du grain de sénevé, du levain dans la pâte, du trésor
caché, du filet qu’on jette dans la mer... (Mat 13, 31 à 46)
Plus tard,
ayant appelé la foule, il leur dit: “Écoutez et
comprenez! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui
souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui
souille l'homme.” Alors ses disciples vinrent à lui et
dirent: “Savez-vous que les Pharisiens, en entendant
cette parole, se sont scandalisés?" Jésus répondit:
“Toute plante que n'a pas plantée mon Père céleste, sera
arrachée. Laissez-les: ce sont des aveugles qui conduisent
des aveugles. À une demande de Pierre, Jésus dit:
“Êtes-vous encore, vous aussi, sans intelligence? Ne
comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche
passe au ventre et est rejeté aux lieux secrets? Mais ce qui
sort de la bouche vient du cœur, et c'est là ce qui souille
l'homme. Car c'est du cœur que viennent des pensées
mauvaises: meurtres, adultères, fornications, vols, faux
témoignages, blasphèmes. Voilà ce qui souille l'homme; mais
manger avec des mains non lavées, cela ne souille point
l'homme.” (Mat 15, 11 à 20)
On pourrait
aussi rappeler la parabole de la Brebis égarée (Mat 18, 11 à
14), celle sur le pardon (Mat 18, 23 à 35), ou encore les
vierges sages et les vierges folles, les deux fils à qui le
père demande un service dans sa vigne, (Mat 21, 28 à 31) et
la description du jugement dernier,(Mat 25, 1 à 30) ou
lorsque Jésus prédit la fin de Jérusalem et la fin du
monde. (Mat 24, 1 à 44)
Tout au long de
sa prédication Jésus s’adapte à ses auditeurs et utilise le
langage qu’ils peuvent comprendre: il utilise une
comparaison ou une parabole, et immédiatement il explique.
C’est exactement ce qu’Il fait aussi avec les saints
mystiques qui, d’ailleurs, n’hésitent pas poser des
questions quand ils ne comprennent pas bien ou pas du tout.
Et Jésus, -ou la sainte Vierge- éclaire les images, les
couleurs, les formes, et parfois même les mouvements.
Si l’on y
réfléchit bien, Jésus n’est-il pas le plus grand des
mystiques ?
Paulette
Leblanc |