NOTRE DAME DE LA VANG
à Hai Phu (Vietnam)

HISTORIQUE

Le village de La Vang est situé dans la province vietnamienne de Quang Tri, dans la commune de Hai Phu, au centre du VietNam. La basilique Notre-Dame de La Vang est une église catholique située dans le village de La Vang. Voici ce que signifie La Vang: "La" signifie "feuille" et "Vang" signifie "graine d'herbe". La basilique de La Vang fut détruite en 1972 pendant la guerre du Vietnam par les bombardements américains. Il n'en reste aujourd'hui que le clocher et le mur auquel il s'adosse.

L'histoire nous rappelle que l'Église catholique commença à évangéliser le VietNam au début du XVIe siècle. Puis, elle y établit deux Vicariats apostoliques en 1659. Le 24 novembre 1960, fête des martyrs du pays, le pape Jean XXIII a établi la hiérarchie actuelle, qui comprenait alors 25 diocèses. En 1962, Jean XXIII avait élevé l'église de La Vang au rang de basilique mineure. Un 26e diocèse vietnamien fut créé le 22 novembre 2005 par le pape Benoît XVI. Les pèlerinages sont toujours très vivants autour de Notre-Dame de La Vang. Mais pourquoi? Et que s'était-il passé à La Vang?

Il faut d'abord se souvenir du fait que pendant des siècles l'Église catholique vietnamienne fut souvent persécutée.  Ainsi, de 1625 à 1886 il y eut 53 décrets qui furent pris contre elle par les seigneurs et les empereurs du pays. En particulier, le 17 août 1798, l'empereur Canh Trinh interdit la religion catholique sur son territoire. Aussi, pour fuir les persécutions, des catholiques vietnamiens, se réfugièrent-ils dans une forêt située à 60 km de Hué, à La Vang. Ils se réunissaient chaque jour autour d’un grand arbre et récitaient le Rosaire. Un jour, la Vierge, entourée de deux anges et tenant dans ses bras l’Enfant Jésus, fit sa première apparition. Un témoin a raconté qu'elle était revêtue d’un manteau magnifique, à l’orientale, et qu'elle tenait l’Enfant Jésus dans ses bras. Elle se tenait là, sur le gazon, comme une maman au milieu de ses enfants.

La Vierge Marie leur dit:

– J’ai déjà exaucé vos prières. Dorénavant tous ceux qui viendront me prier en ce lieu verront leurs vœux exaucés.

Cette apparition fut suivie de plusieurs autres, au cours desquelles la Vierge Marie déclara que tous ceux qui viendraient prier en ce lieu recevraient de grandes grâces. Dès lors, des pèlerinages, pratiquement  ininterrompus depuis deux siècles se mirent en place. Nous savons déjà que, dans l'ancien Annam, le 17 août 1798, l'empereur Can Trinh avait interdit la religion catholique importée par les Espagnols et les Français depuis plus d'un siècle. L'empereur Can Trinh inaugurait ainsi une période de répression contre les convertis. Il ordonnait aussi la destruction de toutes les églises. C'est alors, nous l'avons déjà dit, qu'un groupe de paysans catholiques se réfugia dans la "forêt de la Pluie" à La Vang, dans les montagnes, et qu'ils se réunissaient tous les soirs, au pied d'un arbre de la jungle, pour prier le Rosaire. C'est là qu'ils eurent une apparition de la Vierge Marie, et de l'enfant Jésus, un soir de 1798. Les paysans déclarèrent plus tard qu'elle leur avait conseillé de bouillir les feuilles des arbres environnants pour soigner les malades, qui étaient nombreux dans leur groupe, et que désormais ils devaient se mettre sous sa protection.

Les paysans regagnèrent leurs villages en 1802, lorsque la persécution s'apaisa; la nouvelle de l'apparition de Marie aux paysans se répandit dans tout l'Annam, marquant le début d'un pèlerinage, et une première chapelle fut construite en 1820. Une dizaine d'années plus tard, plusieurs vagues de répression s'abattirent de nouveau sur la région, notamment sous le règne de l'empereur Tu Duc. Ces persécutions durèrent jusqu'en 1885, comme en témoignent les martyres de saint Étienne-Théodore Cuenot et de ses compagnons en 1861 ainsi que ceux du Tonkin avec saint Théophane Vénard. Trente martyrs annamites furent brûlés vifs à La Vang. La dévotion à la Vierge de La Vang devint alors l’un des piliers de la foi des martyrs chrétiens qui, capturés et condamnés à mort, demandaient souvent à mourir à La Vang. Notons que cette tradition est orale, d'où l'imprécision de certaines dates.

Une chapelle fut construite après les troubles de 1885; puis, en 1901, une église fut édifiée, puis consacrée par Mgr Caspar, sous le vocable de Notre-Dame-Secours-des-Chrétiens, en présence de 12 000 pèlerins; Notre Dame de La Vang fut déclarée protectrice des catholiques du Viet Nam. L'église fut agrandie en 1928, et un pèlerinage national s’y déroulait tous les trois ans. Après les Accords de Genève de 1954 et la partition du Vietnam, la statue de Notre-Dame de La Vang, qui avait été mise en lieu sûr pendant la guerre d'Indochine, fut replacée dans l'église le jour de la fête de l'Immaculée Conception, le 8 décembre 1954.

La conférence épiscopale des évêques du Sud Vietnam choisit l'église de La Vang comme lieu de pèlerinage national à l'Immaculée Conception en avril 1961. Le pape Jean XXIII éleva cette église au rang de basilique mineure le 22 août 1961. Mais, de nouveau, l'église fut détruite par les bombardements américains pendant l'été 1972.

Les martyrs vietnamiens avaient été très nombreux, et on évalue le nombre des victimes de toutes ces persécutions, à environ 130 000 personnes. Au cours du XXe siècle les papes Léon XIII, Pie X et Pie XII ont béatifié 117 martyrs vietnamiens que le pape Jean-Paul II a canonisés le 19 juin 1988. Ce même 19 juin 1988 le pape Jean-Paul II, reconnaissant l'importance de La Vang pour l'histoire du christianisme au Vietnam, fit mémoire du sanctuaire de La Vang et souhaita sa reconstruction "dans un climat de liberté et de paix, et de gratitude envers celle que toutes les générations disent bienheureuse. De sorte que ce sanctuaire puisse favoriser l’unité nationale et le progrès civil et moral du pays."

Et le sanctuaire fut reconstruit. Le 15 août 1998, environ 70 000 fidèles prièrent ensemble à La Vang pour le 200e anniversaire des apparitions. Notons que Mgr Étienne Nguyen Nhu Thê, évêque de Hué, n'avait pas pu se rendre à la cérémonie, car les autorités civiles communistes, lui avaient refusé le passeport indispensable. Remarquons cependant que les terrains du sanctuaire ont été restitués à l’Église en 2008. Et c'est le 15 août 2012 qu'ont été posées les premières pierres du nouvel édifice, en présence du président de la Conférence épiscopale du Vietnam, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, du représentant du Saint-Siège au Vietnam, Mgr Leopoldo Girelli, de l’archevêque du lieu, de seize évêques, de plusieurs centaines de prêtres et de plus de 200 000 pèlerins.

Notre-Dame de La Vang est révérée dans de nombreuses communautés paroissiales vietnamiennes du monde et plusieurs églises portent son nom. Depuis deux siècles les pèlerins se succèdent sans interruption en ce lieu qui a enregistré guérisons et conversions. Malheureusement les temps changent, mais les persécutions continuent..., menées maintenant par les autorités communistes.

Paulette Leblanc

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