Chers
amis, nous sommes maintenant entrés dans le temps pascal.
Jésus a vécu sa Passion, et sa résurrection. Maintenant le
monde est sauvé, tous les hommes sont sauvés, à condition,
bien sûr, qu'ils le veuillent. Car Dieu ayant créé les
hommes libres, Il ne peut accueillir les hommes qu'à
l'unique condition que les hommes acceptent Dieu. Et, de nos
jours, nous sommes bien obligés de constater que beaucoup
d'hommes refusent Dieu. Pourtant, le Fils de Dieu avait
donné tout ce qu'Il était pour ouvrir le cœur des hommes.
Malheureusement tant d'hommes refusent encore la grâce de
Dieu, et nous nous posons parfois une question: est-ce parce
que les hommes qui ne refusent pas Dieu ne sont pas encore
assez saints pour conduire tous les hommes au salut? Mais
immédiatement une question se pose: la sainteté, tout le
monde connaît, ou croit savoir ce que c'est. Mais en
réalité, la sainteté, qu'est-ce que c'est?
Tout
d'abord, soyons clairs: être saint, cela n'a rien à voir
avec la possibilité, ou l'opportunité, de faire des choses
extraordinaires, de grandes pénitences, des œuvres
exceptionnelles, une charité débordante prête à tous les
excès. Non, être saint, c'est accueillir la volonté de Dieu
et la vivre. Et cela, c'est à la portée de tous. Je
m'explique.
Faire
la volonté de Dieu, cela suppose d'abord qu'on la connaisse.
Mais comment connaître la volonté de Dieu? Par les
événements dit-on généralement. Oui, peut-être, mais pas
toujours, car parfois les évènements qui nous sont imposés
ne sont pas, ou du moins ne semblent pas être la volonté de
Dieu; je pense aux guerres, aux manifestations
antichrétiennes, aux persécutions, ou, et cela est beaucoup
plus pernicieux, aux décisions prises parfois par certains
responsables de l'Église: évêques, supérieurs religieux,
etc… Lorsque ces décisions ne sont pas la volonté de Dieu,
comme par exemple les hérésies, les divisions, les schismes,
etc… comment le chrétien de la base peut-il s'en rendre
compte? Au début, le peuple chrétien est étonné, mais comme
les décisions viennent des supérieurs, il se soumet.
Certaines personnes, mieux informées, posent des questions,
mais on ne les écoute pas. Il y a même bien pire: ces
personnes qui posent des questions pertinentes sont
méprisées ou rejetées... Et cela jusqu'au jour où, de
nombreuses années plus tard, on s'aperçoit que, réellement,
de graves erreurs avaient été commises, ou qu'il y avait eu
des déviances graves.
De
très nombreux saints ont connu ainsi des périodes très
difficiles dans leur vie. Certains fondateurs ont été
écartés des œuvres qu'ils avaient fondées; d'autres ont été
outrageusement calomniés jusqu'au jour où la vérité a enfin
été révélée. Dans certains cas plus dramatiques, ce sont des
peuples entiers qui ont été éloignés de la vraie foi; je
pense notamment au protestantisme. Tôt ou tard la vérité
finira par éclater, mais que de souffrances entre temps. De
nombreux saints ont subi des persécutions de la part des
autorités: par exemple les prêtres et les religieux
assassinés pendant les révolutions. Mais il y a pire, quand
ce sont ceux qui devraient les soutenir qui cherchent à les
éliminer: je pense notamment à saint Louis-Marie Grignion de
Montfort ou à Don Bosco... On pourrait multiplier les
exemples car tous les saints furent, à un moment ou à un
autre de leur vie, des incompris.
Être
incompris des siens, cela Jésus l'a vécu totalement durant
sa vie publique, mais pour nous donner l'exemple. Ainsi, Il
a pardonné à tous ses persécuteurs: "Père,
pardonne-leur!" Jésus fut incompris, méprisé par
certains, rejeté par d'autres. Il pardonna toujours,
acceptant la Volonté du Père, Volonté que sa Nature humaine
connaissait, puisque Verbe de Dieu, avec le Père et
l'Esprit, sa Nature divine avait décidé, au sein de la
Trinité, la Volonté divine. Jésus-Homme savait: Il savait
même tellement bien que sa Nature humaine eut parfois du mal
à accepter la Volonté du Père et qu'Il l'implora: "Père,
si cela est possible, que ce calice passe loin de Moi..."
Mais
comme ce n'était pas la Volonté de Dieu, Jésus but le
calice. Après Lui, c'est ce que firent tous les saints. Oui,
mais, quand on ne connaît pas la Volonté de Dieu, ou quand
ce que l'on nous impose ne semble pas être la volonté de
Dieu, que faire? Seigneur, nous nous tournons vers Vous.
Nous avons besoin de Vous, de vos conseils, de votre
présence. Dans la vie de nombreux mystiques on trouve des
épisodes douloureux où les supérieurs refusèrent les
messages qui leur étaient envoyés. Et toujours Jésus disait
à ses messagers: "Commence par obéir. J'ouvrirai le cœur de
tes supérieurs." Cela mettait plus ou moins de temps, mais
tous les vrais saints se soumettaient. Leur confiance était
totale, et malgré leurs souffrances, ils obéissaient.
Tournons-nous encore vers Dieu. Aujourd'hui les autorités
supérieures de notre Église catholique, en particulier notre
pape, commencent à dire ouvertement que de nombreuses
erreurs ont été commises dans l'Église d'Occident, et en
France tout particulièrement. L'ignorance religieuse des
catholiques et même des catéchistes, est devenue palpable. À
nos petits enfants on enseigne, dans les écoles laïques, ce
qui était encore considéré, il y a 50 ans, comme des vices
graves à éviter. De nombreuses congrégations religieuses,
masculines ou féminines, n'ayant plus de vocations,
disparaissent peu à peu... Et tant de jeunes se suicident!
En ce qui concerne quelques personnes que je connais, elles
sentaient confusément que l'on faisait fausse route; et
malheureusement, elles ne se trompaient pas. Mais ce qui est
encore plus douloureux c'est que les dégâts que nous
constatons tous dépassent tout ce que l'on pouvait
imaginer... Et aujourd'hui le cœur de nombreux chrétiens ne
cesse de pleurer...
Mais
revenons à la sainteté. Beaucoup de catholiques se rendent
compte maintenant qu'ils ont souvent mal vécu, mal réagi.
Pendant des années ils ont agi comme "tout le monde".
Ils ont travaillé autant qu'ils le pouvaient, comme pour
oublier, mais ils n'avaient plus le temps de prier, de
rencontrer Jésus plus intimement. Et pour beaucoup, les
soucis d'argent devenaient une obsession. Alors,
aujourd'hui, face aux réflexions étonnantes de certaines
personnes, notamment des syndicalistes et même des religieux
qui trouvaient que tout allait très bien, que faire?
Oui
que faire, d'autant plus qu'une sorte de désintérêt général
concernant surtout les problèmes religieux envahissait tout
le monde?… Pourtant d'étranges réflexions pleuvaient.
"Après tout, ils font ce qu'ils veulent... Moi, je ne veux
pas être plus royaliste que le roi... Et la sainteté, ce
n'est pas pour moi... " Et tant d'autres choses
envahissaient notre entourage, se transformant parfois en
obsessions, en pensées qui ne nous quittaient pas, qui nous
submergeaient. Et les catholiques n'avaient personne à qui
se confier, à qui demander conseil, même à nos pauvres
prêtres souvent déboussolés eux aussi… Il n'y avait plus
personne à qui se confier; d'ailleurs, "le démon avait
bien d'autres choses à faire qu'à s'occuper de nous",
entendions-nous souvent autour de nous. Cela a duré au moins
trente ans! Beaucoup de personnes catholiques âgées pensent
souvent à cela, et souvent elles pleurent, regrettent, ou
cherchent ce qu'elles auraient dû faire… et ne trouvent pas.
Où est la sainteté pour ces personnes fidèles et ferventes?
Oui,
où est la sainteté aujourd'hui? Et est-elle encore possible
dans notre monde dont Satan s'est emparé? Spontanément une
réponse surgit: il faut prier beaucoup. Et devenir humble.
Mais est-ce suffisant? Notre pape François vient de lancer
une année de la Miséricorde, mais nous ne devons jamais
oublier que "miséricorde" ne signifie pas laisser-aller ou
faire n'importe quoi. La Miséricorde, c'est le pardon que
Dieu accorde aux pécheurs, mais seulement si ces pécheurs
reviennent d'abord à Dieu, reconnaissent leurs fautes et se
convertissent. Alors oui, le Seigneur envahira ces pauvres
pécheurs de sa miséricorde... Et Il les accueillera. Mais
d'abord, il doit toujours y avoir la conversion. En effet,
Dieu nous a créés libres, et comment pourrait-Il forcer à
L'aimer, ceux qui s'obstinent à Le refuser? Sur ce point
délicat, nous devons être très clairs. Il ne peut y avoir de
Miséricorde pour ceux qui la refusent. Alors, que faire?
Mes
amis, cette méditation sur la sainteté soulève de très
nombreux problèmes que nous devrons approfondir plus
longuement. Car, malgré les apparences, la sainteté est
toujours possible. Nous en reparlerons bientôt.
Paulette Leblanc |