Autant que je puisse en juger, il y a aujourd'hui, trois
sortes de convertis: les convertis qui avaient connu Dieu et
qui L'avaient abandonné, les convertis venant de religions
autres que le catholicisme, et ceux, de plus en plus
nombreux, qui n'ont jamais, ou presque jamais, entendu
parler de Dieu, et qui, un jour, découvrant l'absurdité de
leur vie commencent à se poser des questions sur l'existence
d'un être supérieur qui nous donnerait la vie.
La première catégorie des convertis est essentiellement
celle des pécheurs qui, un jour, découvrent l'horreur de
leurs péchés et qui, après s'être repentis, changent de vie
et commencent à répondre aux désirs de Dieu, donc à sa Loi
d'amour. Cette décision est bien connue et je ne m'y
attarderai pas. D'ailleurs ne sommes-nous pas, plus ou
moins, tous des convertis de cette catégorie?
Il y a ceux qui viennent d'autres religions et qui, après de
très longues réflexions, comprennent que leur religion les
conduit, à condition qu'ils soient informés, sur le
christianisme, et surtout sur le catholicisme. On ne peut
pas ne pas penser à deux exemples très parlant: Édith Stein
et le cardinal Newman. Édith Stein était juive, et,
philosophe de haut niveau, elle comprit que son judaïsme
était authentique, mais qu'il devait s'ouvrir sur l'Évangile
de Jésus-Christ. Quant au cardinal Newman, théologien
averti, il ne pouvait pas ne pas comprendre que son
anglicanisme venait d'une déviation morale très grave d'un
roi d'Angleterre. Une remarque importante s'impose ici: dès
le début de sa mission, Jésus a envoyé ses apôtres porter la
Bonne Nouvelle aux juifs. Mais, juste avant de monter au
ciel, il a donné un dernier ordre à ses disciples: "Allez,
enseignez toutes les nations. Baptisez-les au nom du Père et
du Fils et du Saint-Esprit!" Les missionnaires étaient
nés et ils ont baptisés beaucoup de païens. Cela dura
pendant des siècles. Alors, pourquoi depuis cinquante ans,
les missionnaires, religieux et religieuses,
n'évangélisent-ils plus? Auraient-ils perdu la foi?
Parlons maintenant des autres convertis, de ceux qui n'ont
rien reçu sur le plan spirituel tout au long de leur vie et
qui, un jour, cherchent un sens à leur vie. Ces futurs
convertis viennent le plus souvent de milieu athées ou
indifférents. Certains ont pu être baptisés pour des raisons
familiales, mais sans suite; les autres viennent de familles
n'ayant aucune croyance. Dans les deux cas, les démarches
étant très semblables, nous les regrouperons.
Voici donc des hommes, -ou des femmes-, qui ne savent plus
où ils vont. Qu'ils aient fait des études ou non, leur
tristesse est la même, leur désarroi semblable; la détresse
qui brise leur cœur est si grande que parfois elle peut
conduire jusqu'à des tentatives de suicide. Puis, un jour,
ils entendent parler de Dieu, de religions, et ils cherchent
à en savoir plus. Et voici qu'ils entendent parler de
quelques sectes "formidables" et des grandes religions
qu'ils découvrent: l'hindouisme, le taoïsme, l'islam, le
christianisme. En fonction du pays qui est le leur, ces
personnes découvriront l'aspect du christianisme le plus
populaire chez eux. Dans ces conditions, à qui parler, et où
aller?
Dans nos pays occidentaux, et surtout en France, la religion
qui fait le plus parler d'elle est l'islam. Il y avait bien
aussi, mais cela remonte déjà à loin, le catholicisme et le
protestantisme… mais on en entend parler de moins en moins.
Curieusement, on ne voit plus ni prêtre, ni religieux, ni
religieuse… Alors, les personnes en recherche de Dieu se
documentent. D'une manière générale l'islam est rejeté
malgré son prosélytisme, car Allah n'est pas un Dieu
personnel. Et puis, il n'y a pas d'amour dans cette religion
mais beaucoup de violences. Alors, on hésite… L'hindouisme,
ce n'est pas mal, et Bouddha fut un homme plein de vertus.
Mais le Nirvana après la mort, cette sorte de dilution dans
le sommeil d'un Grand Tout, qu'est-ce que c'est? En
conséquence, sauf si on connaît personnellement un
bouddhiste, on évite cette spiritualité peu adaptée aux
besoins occidentaux. Alors, si on découvre une Bible, on se
penche sur elle. Et l'on s'étonne, et on veut en savoir
plus. Et voici que Dieu existe, et qu'Il est quelqu'un… Il
faut s'informer…
Le Dieu de la Bible est incontestablement un Dieu personnel,
qui connaît les hommes et qui a parlé à quelques-uns, comme
à Abraham, à Jacob, à Moïse, et à quelques prophètes. Mais
le Messie annoncé tarde trop à venir… Il y a comme quelque
chose d'inachevé dans le judaïsme… Et voici qu'un jour,
poursuivant leur lecture de la Bible, ou rencontrant un
chrétien qui ose se dire chrétien, ces futurs convertis
découvrent l'Évangile et ils rencontrent Dieu. Ils
découvrent l'existence et la présence de Jésus au milieu des
hommes, Jésus-Christ, Verbe de Dieu qui s'incarnant pour
être proche des hommes est le Messie annoncé dans le
judaïsme. Alors, celui qui a enfin trouvé le vrai Dieu va
pouvoir se laisser instruire, et son bonheur sera très
grand.
Cependant, tous ceux qui veulent connaître Dieu, tous les
convertis que j'ai rencontrés, posent la même question:
pourquoi les chrétiens sont-ils si silencieux, pourquoi
l'Église ne manifeste-t-elle pas davantage sa joie d'être
sauvée? Pourquoi les églises sont-elles si vides? Et
pourquoi ne voit-on pas les prêtres?
Je
voudrais dire à tous ceux qui liront ce texte et qui
pourraient être étonnés par mes propos, que je n'invente
rien. Et cela va même encore plus loin. Récemment, un adulte
d'une trentaine d'années qui veut revenir à Dieu et qui est
allé au catéchisme pendant son enfance, que personne ne lui
avait jamais dit qu'il fallait aller à la messe le dimanche
et les jours de fête! Une dame m'a confié que dans sa
paroisse, on n'invitait jamais les enfants à aller à la
messe, parce qu'ils ne comprennent rien; évidemment, les
catéchistes ne leur expliquent rien… Peut-être ne
savent-elles pas grand'chose, elles non plus!... Et surtout,
peut-être faudrait-il revenir à l'enseignement du vrai
catéchisme!
Paulette
Leblanc - Décembre 2013 |