SAINT JEAN ET L'AMOUR DE DIEU

 

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Mes chers amis, notre monde moderne est devenu fou et malheureux car il est sans amour véritable. Pour découvrir cet amour véritable, nous aimerions parfois que Jésus nous montre comment, à notre époque contemporaine, Il agirait pour nous et avec nous, pour nous sauver et nous libérer des péchés qui ont envahi notre monde. Jésus-Christ vivant au XXIe siècle, certes c'est nouveau et inattendu, mais cela nous parlerait tellement. En effet, lorsque nous savons contempler quelques scènes de la vie de Jésus, de Jésus vivant à son époque, au Ier siècle de la chrétienté, nous pouvons très facilement imaginer ce que Jésus vivrait avec nous du XXIe siècle. Nous allons commencer par le soir du Jeudi Saint.

C'est le soir du Jeudi-Saint. Jésus a déjà institué l'Eucharistie, ou bien Il va le faire dans un instant, mais son Cœur est déjà son Cœur Eucharistique, son Cœur inondé de l'Amour qu'Il est et qu'Il nous donne chaque jour et à chaque instant. L'apôtre Jean, lui aussi, est si plein de cet Amour qui déborde, qu'il se laisse aller presque négligemment, sur la poitrine de Jésus. Et l'Amour de Jésus le submerge, l'emporte dans un monde nouveau pour lui, le monde de l'Amour, l'essence de Dieu. Nous aussi nous sommes sur la poitrine de Jésus, et comme Jean, nous nous laissons aller… Mais retrouvons vite l'apôtre Jean.

Jean était submergé par l'Amour de Jésus, mais cela ne dura que quelques secondes. Pourtant, il avait eu l'impression de vivre très longtemps dans le Cœur de Dieu. Mais non, il était toujours à table, avec les autres apôtres. Et comme eux, intérieurement, il se posait beaucoup de questions concernant certaines affirmations de Jésus qui parlait si souvent de son Père et de l'Esprit qu'Il devait envoyer, mais seulement quand Il aurait quitté ses amis. Jean ne comprenait pas… Mais voici que soudain, répondant à un appel nouveau de son Maître, Jean entre dans la substance de Dieu et il découvre le Verbe de Dieu. Jean avait déjà entendu Jésus se référer au Père. Oui, Jésus avec qui il vivait depuis trois ans était le Messie promis, cela Jean le savait, mais il ne savait pas encore que Jésus était le Verbe, la Parole de Dieu. De plus, dans une extase de quelques secondes, Jean “comprit”" les relations d'amour existant entre le Père et le Fils, relations d'où procédait l'Esprit. Jean n'était plus le même; son amour pour Jésus était transformé, total, absolu: il savait que maintenant il pourrait suivre Jésus partout...

Jean était entré en Dieu d'une manière inexprimable. Jean avait découvert la réalité trinitaire de Dieu et l'infini de son Amour, son Être même. Les autres apôtres après avoir mangé le Corps et but le Sang du Christ furent aussi transportés d'amour, mais seul Jean avait été admis à découvrir le Verbe. Et nous, nous réagissons car nous ne comprenons pas que cet Amour infini qu'est Dieu, Amour qui, liant le Père au Fils, est l'Esprit; pourquoi cela n'a-t-il été révélé qu'à Jean? Nous ne le saurons que des siècles plus tard, 13 siècles plus tard.

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, saint Jean apparut à une grande mystique, Gertrude d'Helfta, qui, un jour, lui reprocha de ne pas avoir suffisamment parlé, dans son Évangile, de l'Amour du Cœur de Jésus. Jean lui répondit que sa mission était de faire d'abord connaître le Verbe de Dieu. Quant à la connaissance de l'amour du Cœur de Jésus, cela était réservé aux siècles à venir, quand l'amour de Dieu deviendrait méconnu. Gertrude eut connaissance de cet amour, mais ses écrits rassemblés dans son livre, “Le Hérault de l'Amour divin”, furent de nouveaux “cachés”, pendant de longues années... Les hommes, des franciscains, les découvrirent[1] dans un grenier  deux cent cinquante ans plus tard.

Mais ce n'est que bien plus tard encore, le 27 décembre 1673, que le Christ apparaîtra physiquement à Marguerite-Marie Alacoque, et lui révélera son divin Cœur rayonnant comme le soleil. Et lors de la 3e apparition, dans l'octave du Saint Sacrement, en 1675, le Christ lui montrera son divin Cœur, et lui dira:

– Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris…

Jésus demande alors à Marguerite-Marie que soit instaurée la fête du Sacré-Cœur, mais ce n'est qu'en 1899 que le pape Léon XIII instituera la fête du Sacré-Cœur qui sera célébrée le 3e vendredi après la Pentecôte.

Lorsque nous découvrons ces pages d'histoire authentique, nous sommes en admiration, et presque atterrés: Oui, les voies de Dieu sont tellement étonnantes! Contemplons Jésus… Nous avons parfois l'impression d'être comme de nouveaux Jeans, pour notre siècle qui a perdu Dieu et qui est si malheureux. Alors, comme Jean nous nous laissons nonchalamment aller sur la poitrine de Jésus. Jésus ne dit rien, Il sourit et Il semble même heureux d'être aimé par quelques-uns de ces hommes choisis parmi ceux  qui devaient faire les délices de Dieu, qui avaient été créés pour cela, mais que l'ennemi cherche de plus en plus à détruire. Nous avons besoin de Dieu, de son Verbe et de son Esprit-Saint. Nous ne pouvons pas vivre sans Dieu, notre Père et notre amour, car Il nous a aimés le premier et Il dit à chaque homme vivant: “Je t'aime; à ton tour aime-Moi!”

Pour que nous puissions vraiment aimer Dieu, Jésus met comme un feu dans nos cœurs, un feu qui nous brûle et qui nous rend heureux; car nous ne sommes heureux qu'avec Jésus qui est notre vie, notre amour car Parole du seul et unique Dieu. Et pourtant beaucoup d'entre nous sont aussi très douloureux comme si le fait d'être aimé de Dieu conduisait à la souffrance. Cela, c'est bien difficile à comprendre, et pourtant c'est comme une règle, une loi: quand on aime Dieu, on souffre de ne pas pouvoir L'aimer assez, L'aimer comme Il le voudrait. Quand on aime vraiment Dieu, on souffre de voir qu'Il n'est pas aimé. Comme tant de saints l'ont vécu et constaté, et comme, par exemple, Padre Pio l'a écrit, “l'amour est toujours douleur, et ne peut être que douleur.”

Nous avons tous besoin de Jésus, Dieu incarné; nous avons besoin de Le rencontrer, de Lui parler, de L'écouter... Nous avons besoin de vivre avec Lui, chaque instant de notre vie, mais, hélas, nous L'oublions si facilement.   Nous avons besoin de recevoir Jésus dans son Eucharistie, mais, aujourd'hui, nous nous posons une question atroce: comment devrons-nous vivre nos derniers jours sans sacrement, car y aura-t-il encore des prêtres?... Alors nous tremblons. Comment avons-nous pu laisser notre Église se détruire ainsi? Mais soudain nous pensons au frémissement qui commence à secouer un peu notre monde. Jésus, notre espérance, revient-Il parmi nous? Mais où? Et comment?

Retrouvons notre saint Jean au Golgotha. Jésus se lève: Il doit partir vers sa Passion. Jean prend la main de son Maître qui le laisse faire. Les voici arrivés à Gethsémani. Les apôtres s'installent pour la nuit, mais Jésus met à part Pierre, Jacques et Jean, et leur demande instamment de veiller. Puis Il s'éloigne. Pierre et Jacques s'endorment vite, et Jean, tout doucement se lève et se dirige vers son Maître qui gémit. Il n'ose pas s'approcher, car Jésus pleure et voici qu'Il parle avec Quelqu'Un qu'Il appelle "Père". Jean écoute et voit l'Ange qui console Jésus. Jean subjugué ne bouge pas; il écoute… Et voici que Jésus se lève. Jean ne peut pas se sauver car Jésus lui a pris le bras et le regarde.

Jésus regarde Jean. Il lui demande de rester là cinq minutes, juste le temps nécessaire pour qu'il réveille les autres apôtres. Jésus revient près de Jean et de Pierre. Les gardes conduits par Judas arrivent aussi. Jean veut hurler, mais Jésus le fait taire. Et voici que, de nouveau, l'amour de Jésus emplit le cœur de Jean et lui révèle l'infini de son Amour. Jésus brûle le cœur de Jean qui veut éloigner Jésus de l'emprise des gardes, mais Jésus lui murmure:

– Laisse faire; c'est la volonté du Père.

Désormais le cœur de saint Jean brûle de l'Amour de son Maître. Jean n'est plus le même, car il sait que son unique amour, c'est Jésus. Et son unique désir, c'est que ses disciples fassent toujours sa volonté, et répondent à son dessein d'amour sur eux. Sans même y penser, Jean suit le mouvement et arrive avec Judas chez Anne et Caïphe. Il a l'impression de vivre des choses incroyables qu'il ne comprend pas. Lorsqu'on enferme Jésus, il doit sortir, mais il ne va pas loin et dès l'aube, il entend qu'on va chercher Jésus pour Le conduire chez Pilate afin qu'Il soit crucifié. Et Pilate condamne Jésus innocent. Et Jésus est chargé de la Croix. Le chemin de croix va commencer et Jean ne comprend pas… Mais il va prévenir Marie, la Mère de Jésus, pour qu'elle revoie son Fils une dernière fois. Il ne la quittera plus, s'efforçant même de la soutenir lorsque c'est nécessaire.

Jésus est arrivé au Golgotha, avec les deux autres condamnés et toute la foule. Jésus est crucifié et Jean contemple son Maître crucifié. Il est seul au pied de la Croix, avec Marie et une ou deux femmes. Jean entend Jésus qui parle et lui demande de prendre soin de sa Mère. Jean entend d'autres paroles de Jésus qui supplie le Père de pardonner aux pécheurs qui L'ont mené à la mort. Mais tout est accompli et Jésus peut mourir… Jean reste là, seul avec Marie et les deux femmes. Tous les apôtres se sont enfuis. Mais arrivent Nicodème et Joseph d'Arimathie. Ils vont décrucifier Jésus et Le mettre dans un tombeau. Jean pleure tout en restant avec Marie. Jean pleure et Il est très malheureux. Pourtant tout au fond de son cœur, il y a non seulement le grand amour qu'il avait découvert la veille, mais il y a autre chose. Quoi, il ne sait pas... Son intelligence est totalement dépassée, mais son cœur brûle pour son maître. Ii ne sait pas comment. Tout l'étonne. Pourtant il sait qu'il aime son Maître de plus en plus. Il sait qu'il aime Jésus dans son être humain, dans son Eucharistie, dans sa vie et sa présence Eucharistique...

Jean pense aussi à tous les hommes, qui auront le bonheur insigne de rencontrer Dieu, tous les jours… Certes, Jean ne sait pas comment les choses se passeront, mais il a l'intuition que Dieu vivant, sera présent tout près de chacun des hommes de tous les temps... Jean, en pensée, se blottit dans le Cœur Eucharistique de Jésus... Il est heureux et ne désire absolument rien d'autre que Dieu, Dieu total, Trinité que Jean découvre. Car, adorant Jésus placé dans le tombeau, il adore aussi le Père et l'Esprit-Saint. Jean vit dans la Trinité, en Dieu... Il ne comprend rien, mais il aime Dieu.

Et nous, aujourd'hui? Nous devons beaucoup aimer l'apôtre Jean et le  remercier de nous avoir révélé le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, uni au Père dans l'Esprit, leur Amour commun. Mais Jean, lui aussi a certainement dû dire souvent à Jésus: “Maître je T'aime, mais je T'assure, je ne comprends rien, car comprendre un tel Amour, c'est impossible.” Merci saint Jean, de nous aider à porter cet amour de Dieu que nous ne comprenons pas!

Paulette Leblanc


[1] Le Héraut de l'Amour divin.

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