Jean
de Ruysbrœck (Jan van Ruusbroec en flamand) est né en
1293 dans le petit village de Ruusbroeck, village du
Brabant aujourd’hui englobé dans l’agglomération
bruxelloise. Sa famille était très honorable et très
aisée. Dès sa plus tendre enfance il aimait s'isoler
dans la nature pour prier. À l'âge de 11 ans, il fut
confié à un oncle,
chanoine
de Sainte-Gudule, Maître Jean Hinckaert, qui l'éveilla
très tôt aux vérités de l'Evangile; puis Jean alla dans
une école pour y apprendre les lettres, la philoso-phie,
et les sciences: humaine et divine.
Jean
de Ruysbrœck devint prêtre à 24 ans, en 1317, et exerça
son ministère durant vingt-cinq ans à Bruxelles, comme
chapelain de Sainte Gudule, en compagnie de Maître
Hinckaert, son oncle, et de Franco van Cou-denberg,
chapelains de la même église et animés des mêmes désirs
de vie vertueuse. Prêtre séculier, Jean dé-cida de
suivre le Christ humble dans la voie de l'humi-lité, et
de se conformer autant qu'il le pourrait à ce mo-dèle,
au point de passer même pour méprisable et sans valeur
aux yeux de tous ceux qui ignoraient sa vie très sainte.
Cependant, il eut l'occasion, à Bruxelles, de s'op-poser
fortement à Blœmardinne, une femme qui fut l'initiatrice
d'une secte, satanique dirions-nous aujour-d'hui, secte
qui attirait de nombreux adeptes. Il semble que
Blœmardinne dirigeait cette secte "du libre esprit" vers
1307.
L'homme de Dieu s'opposa avec vigueur à ces erreurs
néfastes qui se multipliaient, et bien qu'il eût à
soutenir un grand nombre d'adversaires, il put démontrer
pleinement la fausseté des écrits de cette femme
per-verse.
C'est pendant sa présence à Bruxelles que Jean de
Ruysbrœck rédigea ses premiers ouvrages, écrits en
flamand, en réalité, en dialecte
brabançon. Ces ouvrages, parus entre 1330 et 1336,
constituent l'essence même de sa doctrine fondée
essentiellement sur son expérience mystique.
En 1343, Jan van Ruysbrœck, que nous appellerons le plus
souvent Ruysbrœck, ou encore le dévot Prieur, décida de
vivre dans la solitude, avec son oncle et Franco van
Coudenberg, dans l'ermitage de
Groenendael,
dans la forêt de Soignes, mise à
leur disposition par le duc Jean III de Brabant en 1343.
Le
frère Jean van Leeuwen, surnommé "le bon cuisinier",
devait bientôt rejoindre la petite communauté naissante,
qui, le 10 mars 1350, adopta l'habit des chanoines
réguliers de saint Augustin, ainsi que leur règle.
Ruysbrœck put alors s'adonner tout entier à la
contemplation et se livrer à l'influence divine.
Lorsqu'il se sentait envahi par l'inspiration, Ruysbrœck
s'enfonçait dans la forêt toute proche, et se mettait à
écrire tout ce qui lui venait à la pensée. Puis, il
retournait au monastère et partageait avec ses frères
les enseignements merveilleux qu'il avait reçus. Son
influence bénéfique était telle qu'on lui donna le
surnom d'Admirable. Pèlerins et fidèles affluaient pour
l'écouter et prier avec lui.
Beaucoup d'hommes remarquables de Flandre, de
Strasbourg, de Bâle et d'autres villes du Rhin, souvent
élevés en dignité, venaient à Ruysbrœck, désireux de le
voir et de bénéficier de ses conseils.
Et le bon Prieur se montrait
si prévenant envers eux, qu'il semblait avoir été
prévenu par avance de leur venue. Parmi les
nombreux visiteurs qui vinrent trouver le bon Prieur,
l'un des principaux fut un dominicain, docteur en
théologie, Jean Tauler, très célèbre, tant à cause de sa
rare érudition que de sa grande sainteté de vie. Tauler
visitait fréquemment J. Ruysbrœck, car il l'avait en
grande vénération. Cela transparaît fréquemment dans les
écrits de Tauler, dans lesquels on peut remarquer bien
des points empruntés, sans aucun doute, à l'admirable
Ruysbrœck. Cela montre aussi combien Tauler, comme de
nombreux visiteurs du dévot Prieur, progressa auprès de
lui dans la connaissance de la vie intérieure et
contemplative.
Durant ses dernières années, Ruysbrœck, devenu presque
aveugle, emmenait fréquemment avec lui, dans la forêt,
un frère chargé de transcrire sur des tablettes ce qu'il
dictait sous l'action de l'Esprit-Saint. Ainsi, réfugié
dans la forêt il dictait de nouveaux ouvrages. Quand il
eût atteint sa quatre-vingt-huitième année, Ruysbrœck
commença à voir ses forces décliner. Il comprit qu'il
allait mourir bientôt. Il se disposa donc à mourir
saintement. Il demanda à être transporté par les frères
à l'infirmerie commune des frères. "Là, atteint d'une
grave attaque de fièvre et souffrant en même temps de
dysenterie, il passa sur son lit presque quinze jours,
dans une grande faiblesse. Enfin au milieu de ses frères
en prière, et après s'être recommandé dévotement à eux,
tout présent d'esprit et le visage radieux, il
s'endormit heureusement dans la paix en un très doux
soupir et sans les signes ordinaires des agonisants."
Il avait plus de quatre-vingt-huit ans et était prêtre
depuis soixante-quatre ans.
Nous
savons que Jan van Ruysbroeck est mort en 1381, en odeur
de sainteté. Alors, pourquoi tant de retards pour
reconnaître sa sainteté? La cause de béatification de
Ruysbrœck fut introduite grâce à l'archevêque de Malines
en 1624; elle dut être suspendue en 1627, en raison des
guerres qui affligeaient les Pays-Bas. En 1783, le
chapitre de Sainte-Gudule de Bruxelles obtint un office
et une messe en l'honneur de Jean Ruysbrœck, puis tout
fut de nouveau interrompu par la Révolution française.
Enfin, en 1883, le cardinal Goossens put réintroduire la
cause, et obtenir la reconnaissance du culte. Ruysbrœck
fut enfin béatifié par Pie X le 9 décembre 1908.
Les
livres de Ruysbrœck, tous des livres mystiques, se
répandirent très rapidement, du vivant de son auteur.
Nous les citerons plus loin. Notons ici que la
production littéraire de Ruysbrœck reflète l’activité
d’un conseiller spirituel attentif, discret et retiré.
On a parlé d'une mystique essentialiste sur la nature de
laquelle les erreurs d’interprétation sont aisées.
Parlons maintenant de la mystique et de la spiritualité
de Ruysbrœck.
La sainteté de Jean de
Ruysbrœck était telle que ses hagiographes rapportèrent
de nombreux miracles destinés à montrer les faveurs que
Dieu lui avait réservées tout au long de sa vie. Ainsi,
son premier biographe raconte que très souvent, le dévot
Prieur, ainsi que l'on appelait Ruysbrœck, se hâtait
vers le bois, et, retrouvant sa retraite solitaire,
s'asseyait sous un arbre. Un jour comme il y était resté
plus longtemps que d'habitude, les frères, inquiets, se
mirent à le chercher à travers les chemins de la vaste
forêt. "Par
hasard, un frère, qui lui était assez intime, le
cherchant avec soin, remarqua de loin un arbre qui
semblait par en haut tout enveloppé d'un rayon de feu.
S'approchant alors en silence, il trouva l'homme de Dieu
assis sous cet arbre, encore tout ravi hors de lui par
la grande ferveur de la douceur divine. De ceci il
apparaît clairement de quelle ferveur intérieure
d'esprit et de quelle splendeur il était enflammé en
même temps qu'illuminé, alors que le rayonnement en
paraissait au dehors d'une façon si manifeste."On
raconte aussi, qu'à
force de méditer la Passion du Seigneur, Ruysbrœck
"parvint à une telle abondance de la divine grâce, que
souvent il s'élevait dans le ravissement divin au-dessus
de lui-même." Les lévitations de Ruysbrœck ont
souvent été constatées par ceux qui vivaient proches de
lui.
Les
hagiographes de Ruysbrœck racontent que souvent
Notre-Seigneur Jésus-Christ visitait son fidèle
serviteur avec une douceur très intime, et
l'enrichissait de multiples grâces; ainsi, un jour il
lui apparut visiblement avec la bienheureuse Vierge
Marie, sa glorieuse Mère, et tous les saints de la cour
céleste. Jésus lui parla:
– Tu es mon fils
bien-aimé, en qui j'ai mis ma complaisance.
Et
l'embrassant, il dit à sa Mère et aux chœurs des saints
présents:
– Voici mon enfant
d'élection.
En retour, le dévot Prieur
manifestait pour le Seigneur Jésus, une grande
familiarité et un amour hors du commun. De plus, en
plusieurs circonstances il eut avec le Seigneur Jésus
des entretiens cachés, dont il n'est pas permis aux
hommes de parler". Cela, le dévot Prieur le fait
entendre parfois en ses livres et le "Bon Cuisinier" le
rapporte lui aussi;
"car ce dernier le vit un
jour élevé en une telle gloire, qu'à ce moment, personne
parmi les vivants ne le surpassait en mérites."
Tout ceci, c'est très
bien, mais Ruysbrœck fut, comme presque tous les saints,
tourmenté par Satan. Ainsi, on raconte que, "le
diable, antique rival du salut des hommes,
s'efforçait de lui susciter de grandes tentations. Il
venait souvent sous la forme d'un crapaud ou de toute
autre bête malfaisante: c'est lui-même qui le rapportait
à ses frères les plus familiers. Très souvent, quand il
prévoyait la venue du diable, il se prémunissait contre
lui avec des armes spirituelles. "Ainsi
il arriva un jour qu'étant couché dans une petite
chambre en compagnie du supérieur du monastère, en
raison de sa vieillesse, il perçut l'approche de
l'ennemi et s'écria, de sorte que le supérieur
l'entendit:
– Mon Père, voilà qu'il
vient, mon Père, voilà qu'il vient."
Comme promis, voici la présentation rapide des œuvres de
Ruysbrœck:
Le Royaume des Amants de Dieu,
est
sa première œuvre. Viennent ensuite: L'Ornement des
Noces Spirituelles. Ce livre commente une citation
évangélique: Voici l’Époux qui vient, allez à sa
rencontre. (Mat, XV, 6) C’est surtout par Les Noces
Spirituelles que la doctrine Ruysbrœckienne se répandit
dans les pays germaniques. Puis, L'Anneau de la
Pierre Brillante, La foi chrétienne publiée entre
1336 et 1343. On peut citer encore Le livre des
Douze vertus qui insiste particulièrement sur
l'humilité, inspirée par la contemplation de la
puissance de Dieu et de sa souveraine bonté, Le
livre des Douze points de la vraie foi est
essentiellement une paraphrase du Credo. Enfin,
Le Miroir du salut éternel, résume la
doctrine de Ruysbrœck.
Viendront ensuite
Les
Sept degrés de l'échelle d'amour spirituel
qui présentent l'échelle mystérieuse par laquelle on
s'élève jusqu'à l'intimité amoureuse avec Dieu, et
Les Sept clôtures qui énumèrent les enceintes
dans lesquelles une âme doit s'enfermer pour arriver à
la cohabitation avec les trois personnes de la Sainte
Trinité. Mais il faut se méfier des tentations, d'où
Le livre des Quatre tentations, très court,
s'élève contre les sectes, et surtout celle des
Frères et Sœurs du libre esprit. Enfin, nous ne
pouvons passer sous silence Le livre du Tabernacle
Spirituel, qui décrit le Tabernacle de l'Ancien
Testament, avec les prescriptions données par Dieu pour
sa construction, Le Royaume des Amants,
véritable traité de théologie ascétique et mystique,
explique comment Dieu, après avoir créé et racheté
l'homme, le conduit par ses voies et au moyen des sept
dons du Saint-Esprit, jusqu'à la contemplation et la
possession de son Royaume.
On
arrive alors aux Noces spirituelles.
Cet ouvrage écrit vers 1335 ou 1336, expose les diverses
formes de vie spirituelle: la vie active, la vie
intime et la vie contemplative, étapes
indispensables par lesquelles l'âme aboutit à l'union
avec Dieu.
Pour finir nous citerons
La Pierre brillante, Le Livre de la
plus haute vérité, explication de quelques
passages difficiles du Royaume des amants, et
Le Livre des Douze
Béguines.
Les
personnes qui désirent en savoir davantage sur Ruysbrœck
peuvent se rendre sur le site de la nouvelle
évangélisation, dans la rubrique: LECTURE SPIRITUELLE,
ou cliquer directement sur:
http://nouvl.evangelisation.free.fr/ruysbroeck_vie_pl.htm
–
Le
Royaume des Amants de Dieu,
–
L'Ornement des Noces Spirituelles.
Ce livre commente une citation évangélique: Voici
l’Époux qui vient, allez à sa rencontre. (Mat, XV,
6) C’est surtout par Les Noces Spirituelles que la
doctrine Ruysbrœckienne se répandit dans les pays
germaniques.
–
L'Anneau de la Pierre Brillante
–
La
foi chrétienne
et
Les quatre Tentations publiés entre 1336 et 1343,
–
Le
livre des Douze vertus
insiste particulièrement sur l'humilité, inspirée par la
contemplation de la puissance de Dieu et de sa
souveraine bonté.
–
Le
livre des Douze points de la vraie foi
est essentiellement une paraphrase du Credo.
–
Le
Miroir du salut éternel,
résume la doctrine de Ruysbrœck.
–
Les
Sept degrés de l'échelle d'amour spirituel
présentent l'échelle mystérieuse par laquelle on s'élève
jusqu'à l'intimité amoureuse avec Dieu.
–
Les
Sept clôtures
énumèrent les enceintes dans lesquelles une âme doit
s'enfermer pour arriver à la cohabitation avec les trois
personnes de la Sainte Trinité.
–
Le
livre des Quatre tentations,
très court, s'élève contre les sectes, et surtout celle
des Frères et Sœurs du libre esprit.
–
Le
livre du Tabernacle Spirituel,
décrit le Tabernacle de l'Ancien Testament, avec les
prescriptions données par Dieu pour sa construction.
–
Le
Royaume des Amants,
véritable traité de théologie ascétique et mystique,
explique comment Dieu, après avoir créé et racheté
l'homme, le conduit par ses voies et au moyen des sept
dons du Saint-Esprit, jusqu'à la contemplation et la
possession de son Royaume.
–
Les
Noces spirituelles,
ouvrage écrit vers 1335 ou 1336, expose les diverses
formes de vie spirituelle: la vie active, la vie
intime et la vie contemplative, étapes
indispensables par lesquelles l'âme aboutit à l'union
avec Dieu.
–
La
Pierre brillante,
applique aux justes un texte de l'Apocalypse,
–
Le
Livre de la plus haute vérité,
est une explication de quelques passages difficiles du
Royaume des amants.
–
Le
Livre des Douze Béguines
est formé de divers traités qui se suivent sans ordre
apparent.
Paulette Leblanc |