Aujourd'hui, de plus en plus de chrétiens s'écrient:
"Seigneur! Au secours!" La raison est bien simple: tant de
pensées effrayantes accablent nos contemporains, pensées si
effrayantes qu'ils n'osent même pas les exprimer. Seigneur,
comment de telles idées sur les hommes et même sur Dieu,
peuvent-elles traverser nos esprits. C'est alors que les
chrétiens crient et appellent Jésus: "Jésus viens à notre
secours!" Aujourd'hui, les hommes de notre monde, qui ont
chassé Dieu, vivent une vie de plus en plus déroutante, et
nous pensons tous qu'il est devenu très difficile, voire
pénible, d'être des hommes. Incontestablement, travailler,
travailler dur parfois, souffrir, réfléchir, puis mourir...
cela signifie quoi, et pourquoi? Pour qui? Et ce "QUI"
existe-t-il? Ou n'est-il qu'une des imaginations humaines?
Les vrais chrétiens croient toujours que Dieu est Amour,
mais est-ce vrai? Quand on voit l'état de notre monde, on
peut se poser la question? Alors, intérieurement, naît en
nous une autre idée: "Mais ce monde, c'est le monde qui a
chassé Dieu... C'est le monde que les hommes sans amour se
sont construit... Ce monde si effrayant, ce n'est pas le
monde voulu par Dieu."
Réfléchissons! Nous sommes tristes, douloureux et inquiets.
Et voici que nous nous retrouvons avec l'apôtre saint Jean
sur le Cœur de Jésus, juste avant qu'Il institue
l'Eucharistie. Jésus vient de célébrer sa dernière pâque
juive. Maintenant, Il va célébrer la Nouvelle Pâque, celle
"qu'Il avait désirée d'un si grand désir." Jean est
sur le Cœur de son Maître; il écoute battre ce Cœur et voici
qu'il entend ses plaintes, les plaintes du Cœur de Jésus.
Nous ne comprenons pas: Jésus a tellement désiré cette
Pâque, et maintenant que l'Heure est arrivée, Il a peur...
Il Se plaint...
Jean non plus ne comprend pas,
alors il se serre encore plus fort contre son Maître, dont
le Cœur s'ouvre à son cœur. Le Cœur de Jésus est tout Amour,
cela Jean le sait mais il le découvre encore davantage en ce
moment. Le Cœur de Jésus est tout Amour, mais c'est un Cœur
d'homme qui souffre car sa divinité Lui découvre non
seulement son avenir proche et si horrible, qu'Il
connaissait déjà, et même, Il l'attendait cette "Heure"
avec impatience. Mais voici que sa divinité Lui montre aussi
toute la souffrance de son Corps mystique souffrance qu'Il
allait révéler aux hommes en instituant l'Eucharistie. La
"chair" humaine que Jésus va livrer, qu'Il a déjà livrée
au Père, sa "chair" humaine a peur. Pourtant Jésus
prononce ces paroles inouïes:
"Père glorifie ton Fils pour
que ton Fils Te glorifie..."
Voici
que Jean est comme obligé de se soulever un peu afin de
rendre à Jésus la liberté de ses gestes. Et Jésus prenant le
pain et se tournant vers ses apôtres, dit: "Prenez et
mangez-en tous... Ceci est mon Corps livré pour vous...."
Puis, après avoir offert le vin de la coupe, Jésus consacre
ce vin: "Prenez et buvez-en tous, ceci est mon Sang versé
pour vous..." Jésus accepte totalement la volonté du
Père; pour Lui, sa Passion déjà acceptée intimement, sa
Passion est maintenant comme "achevée". Le Pain qu'Il vient
de consacrer est vraiment son Corps vivant, et son Sang
versé est vraiment la Vie qu'Il donne aux hommes, ces
pauvres hommes pécheurs qu'Il est venu délivrer du péché,
prenant ce péché sur Lui. Maintenant Jésus doit aller vivre
humainement sa Passion.
Jésus a
accepté sa Passion dans son Cœur Eucharistique, et Jean
vient seulement de le comprendre. Son cœur a mal avec le
Cœur de Jésus, tellement mal... Le cœur de Jean pleure avec
le Cœur de Jésus qui contemple les désastres causés par les
hommes sans Dieu ou conduits par de faux dieux. Le cœur de
Jean est enfoui dans le Cœur de Jésus, son amour vit avec
l'Amour de Jésus. Le cœur de Jean se perd dans cet amour
infini, mais il ne peut pas ôter la douleur qui le broie.
Car celui qui est dans le Cœur de Jésus, avant Gethsémani,
baigne dans la douleur de l'Amour que l'on va tuer, car on
le refuse.
Jean
regarde Jésus qui vient de donner à ses apôtres, donc à lui
aussi, Jean, son Corps à manger et son Sang à boire, à
travers le pain et le vin. Pourtant, avant l'Heure
définitive, comme Jésus a encore quelques instants, Il va
poursuivre l'instruction des apôtres. Les apôtres qui sont
toujours là, tous sauf Judas déjà parti, tous les apôtres
viennent de comprendre l'immensité de l'Amour de Jésus pour
eux. Tous, plus tard, donneront leur vie pour Lui. Oui, plus
tard ils donneront leur vie pour affirmer la divinité de
Jésus, mais, en ce moment, ils se croient très forts... Ils
ne savent pas que, dans quelques heures à peine, ils vont
abandonner leur maître.
Jésus
parle et déverse des fleuves d'Amour dans les cœurs
assoiffés de ses apôtres. Mais son Cœur pleure toujours et
Jean le sait bien. Alors, de nouveau il se blottit de plus
en plus contre son Maître; Jean ne bouge plus, mêlant sa
douleur intérieure à celle de Jésus. Mais voici qu'il faut
partir et aller à Gethsémani. À Gethsémani rien ne changera
dans les Cœurs de Jésus et de Jean. Rien ne peut changer,
car l'Eucharistie, c'était déjà Gethsémani... Et à
Gethsémani la Miséricorde de Dieu, passant à travers le Cœur
Eucharistique de Jésus, va seulement se manifester dans
toute son infinie amplitude.
Et nous?
Que sommes-nous devenus après 20 siècles de la vie de
l'Église? Malgré de très nombreuses persécutions, l'Église
de Jésus est toujours là, toujours vivante malgré les
détresses ambiantes. Pour nous fortifier, nous qui sommes au
centre d'un monde qui a choisi le refus de Dieu, donc la
souffrance la plus extrême, relisons une pensée de Léandre
Lachance: "Mon enfant, demeure à Mon écoute! Pense à
l'Amour que J'ai pour toi! Continue à Me regarder!
Laisse-toi aimer! Demeure petit! Dans ta petitesse se
cachent Mon Repos et Mon Amour. Je te donne une foi plus
grande. Accueille-la, non par tes mérites, mais par Ma Grâce
et Mon Amour. Je te donne Ma Paix!" (Pensée 1C_31)
Dieu nous demande d'être à son
écoute. Il est Miséricorde, mais sa Miséricorde n'est pas
laxisme. Dieu pardonne les péchés de ceux qui se repentent
sincèrement et qui ont vraiment décidé de changer de vie.
D'ailleurs, à la femme adultère Il dit: "Moi non plus je
ne te condamne pas; mais désormais ne pèche plus!" À la
prostituée, chez Simon le Pharisien, Il dira: "Tes péchés
sont pardonnés... Ta foi t'a sauvée, va en paix!"
Curieusement, nous sommes obligés de constater que Jésus ne
dit de telles paroles qu'à des femmes; pourtant, les hommes,
sont, eux aussi, souvent coupables d'adultères; ce grave
péché n'en est-il pas un pour les hommes? À moins que les
hommes au masculin, ne veuillent pas se convertir. Jean a dû
découvrir la miséricorde infinie de Dieu quand il partagea
la souffrance du Cœur de Jésus durant la première
Eucharistie. Jean comprit alors que le péché c'était la
séparation d'avec Dieu, car l'homme qui pêche dit toujours
en lui-même: "Je préfère ma volonté; je n'ai pas besoin de
Dieu..." Mais si le pécheur se convertit, Dieu pardonne. Un
exemple parmi d'autres nous le montre; ainsi Jésus ayant
guéri un paralytique, lui dit ensuite:
"Va, mais maintenant ne pêche
plus… sinon il t'arriverait pire."
Considérons notre société du 21ème siècle.
Certes, nous sommes tous des pécheurs, mais nous ne voulons
pas toujours nous séparer de Dieu. Cependant, nous les
hommes, nous sommes tous des êtres fragiles, et souvent,
sans même que nous y prenions garde nous tombons dans nos
fragilités: orgueil, colère, irritation et impatiences,
gourmandise... Mais, si nous avons la foi, vite, nous nous
retournons vers le Seigneur... et Lui nous pardonne; mais Il
nous dit aussi: "Dorénavant, fais attention...Vois comme
j'ai souffert pour toi, pour te racheter, pour te conforter,
pour que tu te rapproches de Dieu, de mon Cœur plein
d'amour." Et nous, pleins de confusion nous disons: "Merci
Seigneur! Voyez notre faiblesse, notre misère... Seigneur,
aidez-nous." Alors, et le plus souvent sans même que nous
nous en rendions compte, le Seigneur nous fait devenir au
moins un peu moins orgueilleux. Mais parfois, entraînés par
les courants mondains, beaucoup d'hommes pêchent plus
gravement; mais là encore, si les hommes se repentent
vraiment, le Seigneur pardonne et redit: "Maintenant ne
pêchez plus..." La miséricorde de Dieu est toujours en
action, même au 21ème siècle. C'est pourquoi nous
devrions nous convertir tous et revenir enfin à Dieu. Hélas!
Notre monde se vautre de plus en plus dans le péché, la Loi
de Dieu est délibérément violée, et pire, certaines lois
humaines vont jusqu'à déclarer bon ce qui est mauvais et
punissent ceux qui refusent tant d'iniquités. Là, nous nous
tournons vers Dieu pleins d'interrogations, car nous ne
comprenons plus du tout... Une seule chose reste à faire:
comme Jean, se blottir contre le Cœur de Jésus et pleurer
amèrement sur ce qui s'est passé dans notre monde et même
dans notre Église. Alors seulement, nous retrouverons la
grande miséricorde de Dieu.
Paulette
Leblanc |