Germaine COUSIN
Laïque, Sainte
1579-1601

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JUIN

Nous n'aurions jamais entendu parler de Germaine de Pibrac si un fait surprenant n'était apparu 40 ans après sa mort. Un jour de décembre 1644, deux fossoyeurs, devant ouvrir dans l'église la tombe de la famille Cousin, pour y enterrer une parente, découvrirent le corps d'une jeune fille d'une vingtaine d'années, parfaitement conservé dans son linceul. La chose se sut très rapidement dans le village, et deux anciens: Pierre Pailhès et Jeanne Salères qui étaient accourus, reconnurent une de leurs amies de jeunesse, Germaine Cousin, décédée dans les deux premières années de l'an 1600. En effet, comme le cou de cette jeune fille était marqué de cicatrices et de ganglions, et comme sa main droite était déformée, incontestablement, ce ne pouvait être que Germaine Cousin, morte quarante ans plus tôt. Pourtant, on avait l'impression que le corps avait été déposé dans le cercueil juste quelques jours plus tôt. D'ailleurs, un coup de pioche du fossoyeur qui avait touché le nez laissa apparaître une chair qui semblait saigner comme si elle était vivante. De plus, les fleurs que la morte tenait étaient à peine fanées. Que faire? On enterra de nouveau le corps de la jeune fille…

Un an plus tard, le corps de la jeune fille fut déposé dans un cercueil de plomb, offert par une paroissienne qui avait été guérie grâce à son intercession. Le cercueil fut ensuite placé dans la sacristie où il demeura oublié pendant encore seize ans. Mais, le 22 septembre 1661, Jean Dufour, le vicaire général de l'archevêque de Toulouse vint à Pibrac. Étonné, il fit ouvrir le cercueil de plomb et l'on découvrit que le corps de la jeune fille était toujours dans le même état de fraîcheur. Il fit ouvrir plusieurs tombeaux situés tout près de la sacristie; les morts enterrés étaient tous des squelettes. Après avoir mûrement réfléchi, le vicaire général qui avait d'abord été très perturbé, demanda, à partir de 1700, que le nécessaire soit fait en vue de la canonisation de Germaine.

Maintenant nous devons découvrir qui était Germaine Cousin de Pibrac. Germaine Cousin naquit en 1579, à Pibrac, village situé près de Toulouse, dans la métairie de Mestre Laurens. Son père, Laurent Cousin fut le maire de Pibrac en 1573 et 1574. La maman de Germaine, Marie Laroche, mourut peu de temps après la naissance de sa fille, et Laurent, son père, se remaria. Dès lors les misères de Germaine commencèrent, car la nouvelle femme de Laurent détesta cette petite fille difforme, infirme et laide. Quand Germaine eut cinq ans, elle fut rejetée par sa marâtre, très maltraitée, et pour dormir, elle devait se réfugier sous la soupente de l'escalier de l'étable. Elle fut toujours tenue à l'écart de sa famille en raison de sa condition physique. Germaine, en effet, était manchote de sa main droite atrophiée et déformée. De plus, elle était atteinte de scrofules, ganglions lymphatiques propices à la tuberculose.

Germaine passait ses journées dehors, à garder les moutons sur les bords du Courbet; ainsi, elle ne gênait personne de sa famille. Par contre, elle provoquait toujours l'étonnement du village par sa patience, sa douceur et sa piété. En effet, ne sachant pas lire, elle récitait son chapelet toute la journée. Mais, tous les matins, elle entendait la sainte Messe laissant son troupeau qui jamais ne s'égara. Elle parlait avec Dieu et cela était pour elle toute sa joie. De plus, elle était si bonne avec les pauvres, et elle savait si bien parler de Dieu aux enfants des métairies voisines… Elle priait toujours lorsque l'Angélus sonnait et trouvait ainsi, auprès de la Vierge Marie, le réconfort dont elle était si privée.

Voici quelques miracles dus à Germaine, racontés par la tradition: Souvent des passants virent Germaine traverser un ruisseau, même lorsqu'il était en crue, sans se mouiller lorsqu'elle se rendait à l'église pour assister à la messe; pendant ce temps, ses brebis paissaient tranquillement autour de sa quenouille qu'elle avait plantée dans la terre. Et curieusement, jamais les loups, très nombreux alors dans la région, n'attaquèrent son troupeau. Un jour, sa marâtre lui fit ouvrir son tablier croyant que Germaine avait volé du pain. Mais ce furent des roses qui tombèrent. Pourtant, malgré ces faits merveilleux, personne ne pensait que Germaine était une sainte. Un matin de l'année 1601, son père trouva Germaine morte. Elle avait 22 ans. Elle fut enterrée dans l'église de Pibrac, puis oubliée… Mais, en 1793, pendant la terreur, cinq hommes retirèrent le corps toujours intact de Germaine de son cercueil de plomb pour en faire des balles, et ils l'enfouirent dans la sacristie en jetant dessus de l'eau et de la chaux vive. Peu de temps après l'un des hommes fut paralysé, l'autre devint difforme. Le troisième fut atteint d'un atroce mal de reins. Les deux autres implorèrent Germaine pour obtenir son pardon, ce qu’elle fit.

Le 7 mai 1854, Germaine Cousin fut béatifiée, puis canonisée le 29 juin 1867 par le pape Pie IX.

Sainte Germaine est la patronne des faibles, des malades, des déshérités. Elle nous apprend que les anonymes, les humbles de cœur, les méprisés ont une place particulière dans le Cœur de Dieu. Elle nous invite à changer notre regard, à grandir dans la foi et à reconnaître que le don de l’Esprit est offert à tout homme à condition qu'il soit désencombré de lui-même.

Puisse sainte Germaine nous aider à entrer davantage dans les vues de Dieu pour mieux répondre à notre vocation de chrétien et vivre de l’Évangile, tout simplement.

Depuis quatre siècles, le Seigneur n’a cessé d’accorder sa grâce à ceux qui invoquent la petite bergère de Pibrac. Les miracles sont toujours nombreux à Pibrac, près du corps de Sainte Germaine.  Et les témoignages se multiplient.

Paulette Leblanc

 

 

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