Nous
n'aurions jamais entendu parler de Germaine de Pibrac si
un fait surprenant n'était apparu 40 ans après sa mort.
Un jour de décembre 1644, deux fossoyeurs, devant ouvrir
dans l'église la tombe de la famille Cousin, pour y
enterrer une parente, découvrirent le corps d'une jeune
fille d'une vingtaine d'années, parfaitement conservé
dans son linceul. La chose se sut très rapidement dans
le village, et deux anciens:
Pierre Pailhès et Jeanne Salères qui étaient accourus,
reconnurent une de leurs amies de jeunesse, Germaine
Cousin, décédée dans les deux premières années de l'an
1600. En effet, comme le cou de cette jeune fille était
marqué de cicatrices et de ganglions, et comme sa main
droite était déformée, incontestablement, ce ne pouvait
être que
Germaine
Cousin, morte quarante ans plus tôt. Pourtant, on avait
l'impression que le corps avait été déposé dans le
cercueil juste quelques jours plus tôt. D'ailleurs, un
coup de pioche du fossoyeur qui avait touché le nez
laissa apparaître une chair qui semblait saigner comme
si elle était vivante. De plus,
les
fleurs que la morte tenait étaient à peine fanées. Que
faire? On enterra de nouveau le corps de la jeune fille…
Un
an plus tard, le corps de la jeune fille fut déposé dans
un cercueil de plomb, offert par une paroissienne qui
avait été guérie grâce à son intercession. Le cercueil
fut ensuite placé dans la sacristie où il demeura oublié
pendant encore seize ans. Mais, le 22 septembre 1661,
Jean Dufour, le vicaire général de l'archevêque de
Toulouse vint à Pibrac. Étonné, il fit ouvrir le
cercueil de plomb et l'on découvrit que le corps de la
jeune fille était toujours dans le même état de
fraîcheur. Il fit ouvrir plusieurs tombeaux situés tout
près de la sacristie; les morts enterrés étaient tous
des squelettes. Après avoir mûrement réfléchi, le
vicaire général qui avait d'abord été très perturbé,
demanda, à partir de 1700, que le nécessaire soit fait
en vue de la canonisation de Germaine.
Maintenant nous devons découvrir qui était Germaine
Cousin de Pibrac. Germaine Cousin naquit en 1579, à
Pibrac, village situé près de Toulouse, dans la métairie
de Mestre Laurens. Son père, Laurent Cousin fut le maire
de Pibrac en 1573 et 1574. La maman de Germaine, Marie
Laroche, mourut peu de temps après la naissance de sa
fille, et Laurent, son père, se remaria. Dès lors les
misères de Germaine commencèrent, car la nouvelle femme
de Laurent détesta cette petite fille difforme, infirme
et laide. Quand Germaine eut cinq ans, elle fut rejetée
par sa marâtre, très maltraitée, et pour dormir, elle
devait se réfugier sous la soupente de l'escalier de
l'étable. Elle fut toujours tenue à l'écart de sa
famille en raison de sa condition physique. Germaine, en
effet, était manchote de sa main droite atrophiée et
déformée. De plus, elle était atteinte de scrofules,
ganglions lymphatiques propices à la tuberculose.
Germaine passait ses journées dehors, à garder les
moutons sur les bords du Courbet; ainsi, elle ne gênait
personne de sa famille. Par contre, elle provoquait
toujours l'étonnement du village par sa patience, sa
douceur et sa piété. En effet, ne sachant pas lire, elle
récitait son chapelet toute la journée. Mais, tous les
matins, elle entendait la sainte Messe laissant son
troupeau qui jamais ne s'égara. Elle parlait avec Dieu
et cela était pour elle toute sa joie. De plus, elle
était si bonne avec les pauvres, et elle savait si bien
parler de Dieu aux enfants des métairies voisines… Elle
priait toujours lorsque l'Angélus sonnait et trouvait
ainsi, auprès de la Vierge Marie, le réconfort dont elle
était si privée.
Voici quelques miracles dus à Germaine, racontés par la
tradition: Souvent des passants virent Germaine
traverser un ruisseau, même lorsqu'il était en crue,
sans se mouiller lorsqu'elle se rendait à l'église pour
assister à la messe; pendant ce temps, ses brebis
paissaient tranquillement autour de sa quenouille
qu'elle avait plantée dans la terre. Et curieusement,
jamais les loups, très nombreux alors dans la région,
n'attaquèrent son troupeau. Un jour, sa marâtre lui fit
ouvrir son tablier croyant que Germaine avait volé du
pain. Mais ce furent des roses qui tombèrent. Pourtant,
malgré ces faits merveilleux, personne ne pensait que
Germaine était une sainte. Un matin de l'année 1601, son
père trouva Germaine morte. Elle avait 22 ans. Elle fut
enterrée dans l'église de Pibrac, puis oubliée… Mais, en
1793, pendant la terreur, cinq hommes retirèrent le
corps toujours intact de Germaine de son cercueil de
plomb pour en faire des balles, et ils l'enfouirent dans
la sacristie en jetant dessus de l'eau et de la chaux
vive. Peu de temps après l'un des hommes fut paralysé,
l'autre devint difforme. Le troisième fut atteint d'un
atroce mal de reins. Les deux autres implorèrent
Germaine pour obtenir son pardon, ce qu’elle fit.
Le 7
mai 1854, Germaine Cousin fut béatifiée, puis canonisée
le 29 juin 1867 par le pape Pie IX.
Sainte Germaine est la patronne des faibles, des
malades, des déshérités. Elle nous apprend que les
anonymes, les humbles de cœur, les méprisés ont une
place particulière dans le Cœur de Dieu. Elle nous
invite à changer notre regard, à grandir dans la foi et
à reconnaître que le don de l’Esprit est offert à tout
homme à condition qu'il soit désencombré de lui-même.
Puisse sainte Germaine nous aider à entrer davantage
dans les vues de Dieu pour mieux répondre à notre
vocation de chrétien et vivre de l’Évangile, tout
simplement.
Depuis quatre siècles, le Seigneur n’a cessé d’accorder
sa grâce à ceux qui invoquent la petite bergère de
Pibrac. Les miracles sont toujours nombreux à Pibrac,
près du corps de Sainte Germaine. Et les témoignages se
multiplient.
Paulette Leblanc |