1-À
Gethsémani
Tout le
monde connaît les petits santons que nous plaçons dans nos
crèches de Noël. Parmi ces petits santons, il en est un que
l'on a appelé le Ravi. Il ne fait rien dans la crèche: il
n'est ni porteur d'eau, ni berger, ni paysan, ni même un des
moutons qui ont suivi les bergers courant voir l'Enfant
annoncé par les anges. Non, le Ravi ne fait rien: il
regarde, il contemple et il s'émerveille. C'est peut-être le
personnage le plus proche de Jésus bien que les autres
santons le méprisent un peu. Mais cela importe peu au petit
Ravi, car, vu que personne ne s'occupe de lui, il peut
s'éloigner de la foule et s'approcher de Jésus autant qu'il
le désire, même là où ce n'est pas forcément permis.
Alors,
nous allons imaginer que le Petit Ravi a suivi Jésus tout au
long des années. Jésus a grandi, Il est devenu un homme,
puis Il a quitté Nazareth et a vécu toute sa vie publique.
Aujourd'hui, Jésus institue l'Eucharistie avant d'aller vers
sa Passion. Le Petit Ravi est toujours auprès de Jésus.
Grâce à Dieu, il est toujours aussi petit ce qui lui permet
quelques familiarités avec Jésus qu'il ne quitte jamais.
Le Petit
Ravi, qui s'était blotti contre le Cœur de Jésus, a assisté
à l'institution de l'Eucharistie. Il a écouté toute
l'instruction que Jésus a donnée à ses apôtres avant de
partir pour Gethsémani. Maintenant il est avec Jésus, à
Gethsémani. Contrairement aux apôtres qui dorment, lui, il
est bien éveillé… Voici que Jésus se met à gémir. Le Petit
Ravi est surpris, mais il se tait. Il ne sait pas quoi
faire. Il voudrait bien consoler Jésus qui pleure
discrètement en implorant le Père. Mais le Ravi ne comprend
pas les paroles de Jésus. Il se met aussi à pleurer
doucement en se pressant contre Jésus, puis, soudain il se
souvient que Jésus a dit, tout à l'heure: "Encore un peu
de temps, et vous ne me verrez plus; et encore un peu de
temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père."
(Jean 16, 16) Le Petit Ravi pleure davantage car, il ne veut
pas que le Maître parte. Pourtant, le Maître avait dit
aussi: "Il vous est bon que je m'en aille; car, si je ne
m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas en vous; mais
si je m'en vais, je vous l'enverrai."
(Jean 16, 7) Mais pourquoi le Maître doit-Il partir? Le Ravi
comprend de moins en moins, mais au fond de son cœur il ne
peut accepter cela, car il aime le Maître et ne veut pas Le
quitter, ce Maître qui est si bon…
Et puis
qui est ce Consolateur? Personne ne l'a jamais vu. Et il y a
autre chose, pense le Petit Ravi: moi, de ce consolateur je
ne veux pas, car pourquoi ne vient-il pas consoler le Maître
qui est tellement bouleversé en ce moment? Le Petit Ravi se
serre encore plus contre le Cœur du Maître et murmure dans
un souffle:
-Maître,
je suis là, avec Toi; je ne peux pas faire grand'chose pour
Toi, mais je T'aime et je ne veux pas que Tu partes. Reste
avec nous, Maître, nous avons tellement besoin de Toi. Que
pourrions-nous faire sans Toi?
Jésus
dit au Petit Ravi:
-Mon
Tout Petit, Tu ne peux pas comprendre en ce moment, car ces
choses sont trop grandes pour les hommes. Mais prie
beaucoup, beaucoup, car Satan a demandé à Dieu de vous
attaquer tous. Prie, mon Petit Ravi, prie sans cesse et tu
n'auras rien à craindre car tu seras armé de la force même
de Dieu.
Jésus,
alors saisit doucement le Petit Ravi et lui donne un baiser.
Le Petit
Ravi est émerveillé. Malgré son chagrin, son cœur tremble de
joie. Alors, il se blottit contre un pied de Jésus et unit
sa pensée à celle de Jésus qui continue à prier le Père. Et
le Petit Ravi se souvient de la prière que Jésus a adressée
au Père, juste avant de consacrer le pain:
"Jésus
avait levé les yeux au ciel et avait dit:
-Père,
l'heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils
vous glorifie, puisque vous lui avez donné autorité sur
toute chair, afin qu'à tous ceux que vous lui avez donnés,
il donne la vie éternelle. Or, la vie éternelle, c'est
qu'ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui
que vous avez envoyé, Jésus-Christ. Je vous ai glorifié
sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que vous m'avez donnée à
faire. Et maintenant à vous, Père, de me glorifier
auprès de vous, de la gloire que j'avais auprès de vous,
avant que le monde fût créé.
J'ai
manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du
milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez
donnés: et ils ont gardé votre parole. Ils savent à
présent que tout ce que vous m'avez donné vient de vous; car
les paroles que vous m'avez données, je les leur ai données.
Et ils les ont reçues, et ils ont vraiment reconnu que je
suis sorti de vous, et ils ont cru que c'est vous qui m'avez
envoyé.
C'est
pour eux que je prie.
Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que vous m'avez
donnés; parce qu'ils sont à vous. Car tout ce qui est à moi
est à vous et tout ce qui est à vous est à moi, et que je
suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde. Pour
eux, ils sont dans le monde, et moi, je vais à vous. Père
saint, gardez dans votre nom ceux que vous m'avez donnés,
afin qu'ils ne fassent qu'un, comme nous.
Lorsque
j'étais avec eux, je les conservais dans votre nom. J'ai
gardé ceux que vous m'avez donnés, et pas un d'eux ne s'est
perdu, hormis le fils de perdition, afin que l'Ecriture fût
accomplie. Maintenant je vais à vous, et je fais cette
prière pendant que je suis dans le monde, afin qu'ils aient
en eux la plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre
parole, et le monde les a haïs parce qu'ils ne sont pas du
monde, comme moi-même je ne suis pas du monde. Je ne vous
demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du mal.
Ils ne sont pas du monde, comme moi-même je ne suis pas du
monde. Sanctifiez-les dans la vérité. Comme vous m'avez
envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi
soient sanctifiés en vérité.
Je ne
prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, par
leur prédication, croiront en moi, pour que tous ils soient
un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous,
pour que, eux aussi, ils soient un en nous, afin que le
monde croie que vous m'avez envoyé.
Et je
leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils
soient un, comme nous sommes un, moi en eux, et vous en moi,
afin qu'ils soient parfaitement un, et que le monde
connaisse que vous m'avez envoyé, et que vous les avez aimés
comme vous m'avez aimé. Père, ceux que vous m'avez donnés,
je veux que là où je suis, ils y soient avec moi, afin
qu'ils voient la gloire que vous m'avez donnée, parce que
vous m'avez aimé avant la création du monde.
Père
juste, le monde ne vous a pas connu, mais moi, je vous ai
connu, et ceux-ci ont connu que c'est vous qui m'avez
envoyé. Et je leur ai fait connaître votre nom, et je le
leur ferai connaître, afin que l'amour dont vous m'avez aimé
soit en eux, et que je sois moi aussi en eux."
(Jean
17, 1 à 26)
Le Petit
Ravi se souvient de cette longue prière de Jésus à son Père
comme s'il l'avait apprise par cœur. Le Petit Ravi s'efforce
de se remémorer quelques phrases, mais Jésus lui demanda de
continuer à l'accompagner dans sa douleur; cette prière, il
la méditerait très longuement, mais un peu plus tard. Le
Petit Ravi regarde alors Jésus et lui redit son amour. Mais
Jésus, après cette très courte interruption commence à
s'agiter et voici qu'Il s'écrie: "Non Père! Pas ça!..." Et
aussi: "Arrière Satan! Car il est écrit: 'Tu ne tenteras pas
le Seigneur ton Dieu!'"
Le Petit
Ravi recule, épouvanté. Que voit donc Jésus pour s'agiter
ainsi?
Maintenant Jésus se lève et bouscule le Petit Ravi qui
s'accroche à sa tunique, la Tunique sans couture que la
Maman avait tissée avec tant d'amour.
Jésus
avance très doucement de quelques pas et voit ses apôtres
endormis, tous, sauf Jean qui fait des efforts incroyables
pour continuer à prier. Jésus regarde Jean et le supplie de
prier beaucoup, puis Il s'éloigne de nouveau et s'assied sur
un rocher. Il supplie: "Non! Père! Pas ça!" Le Petit Ravi,
qui s'était éloigné, revient sur l'épaule de Jésus et lui
murmure:
-Jésus!
Dis-moi: qu'est-ce qui te fait tant de peine?
Alors
Jésus, caressant doucement le Petit Ravi lui dit:
-Regarde
et écoute attentivement ce que je vais te montrer, et tu
comprendras. Cela te fera très mal, mais tu me consoleras.
Le veux-tu? Veux-tu me consoler?
Sans
savoir de quoi il s'agit, le Petit Ravi fait un signe de
tête et dit oui. Alors Jésus le place sur sa poitrine, et un
étrange spectacle commence. Jésus homme, mais l'homme qui
souffre cruellement, contemple ce que Jésus-Dieu lui montre.
C'est un défilé des siècles du temps. Voici l'histoire du
peuple juif, le peuple de Dieu, avec tous ses épisodes
sanglants, déconcertants, mais aussi ses efforts pour
quitter l'idolâtrie. Et Jésus dit au Petit Ravi:
-Tu
vois: chaque fois que l'homme pêche, des malheurs s'abattent
sur lui. Ce n'est pas Dieu qui crée son malheur, mais la
nature qui, trop blessée, ne réagit plus comme elle le
devrait. D'où les famines, les détresses, les maladies, les
cataclysmes. Tu vois, l'homme doit absolument respecter la
nature dans laquelle Dieu l'a placé pour qu'il soit heureux.
Mais l'homme écoute trop les mauvais conseils et les
mensonges de Satan; il se détourne de Dieu et il est
malheureux. Alors Dieu intervient et redresse et soigne ses
enfants qui bientôt vont recommencer à pécher: car Satan est
toujours là qui guette, et l'homme est libre d'agir
conformément à la Loi que Dieu lui a donnée, et qui est une
loi de bonheur et d'amour, l'amour véritable qui ne peut
être que libre. Alors, pour expliquer aux hommes le pourquoi
de sa Loi, le Père a envoyé son Fils, son Verbe. Et tu as
écouté le Verbe, et Tu L'aimes… Mais regarde la suite.
Et le
Petit Ravi voit soudain Jésus emmené comme un malfaiteur… Et
il voit aussi Jésus crucifié. Cette fois c'est le Petit Ravi
qui crie: "Non!" Mais immédiatement le Petit Ravi voit Jésus
ressuscité, et il assiste aussi au miracle de la Pentecôte.
Il voit aussi tous les hommes qui témoignent en affirmant la
divinité de Jésus. Beaucoup parmi eux sont torturés et
martyrisés. Le petit Ravi n'en peut plus et il pleure… Jésus
le console un peu, puis tous les deux assistent au défilé
des siècles: voici l'empire romain qui croule et meurt sous
les ignominies et les débauches d'un peuple dépravé.
Heureusement les chrétiens sont fidèles et le nom de Jésus
est bien connu. Maintenant voici des hordes de Barbares qui
envahissent les pays en cours de christianisation. Il y a
beaucoup de morts… Mais arrivent soudain des images
effroyables: ce sont les chrétiens qui se battent entre eux,
qui renient la loi de Jésus. Que d'hérésies aussi se
répandent sur le monde! Le Petit Ravi est épouvanté et se
serre contre Jésus.
Jésus
berce le Petit Ravi qui est au bord de l'évanouissement.
Mais le spectacle continue, et voici le grand schisme:
l'Orient se sépare de l'Occident à cause de deux prêtres, un
patriarche et un pape de Jésus qui veulent, l'un et l'autre,
dominer le monde… À Rome, plusieurs papes ont des mœurs très
répréhensibles… Alors viennent Luther, Calvin et les
religions "réformées", le protestantisme. Et l'unité que
Jésus voulait pour les siens, "pour qu'ils soient un, comme
le Père et Lui sont Un", l'unité de son Église est déchirée,
piétinée… Maintenant, les guerres entre frères se
multiplient, de plus en plus meurtrières: on les appelle
guerres de religions, mais ce sont surtout des guerres
féodales qui exploitent, pour se justifier, les rivalités
entre les fidèles de chaque obédience.
Le Petit
Ravi tremble de tous ses membres. Il gémit et crie:
-Jésus,
est-ce possible?
Jésus ne
répond pas à sa question mais il déclare:
-Mon
Petit Ravi, ce n'est pas fini; il y a bien pire. Sois
courageux; sois saint, car seuls les saints éparpillés dans
le monde entier au milieu des chrétiens de plus en plus
rares, seuls les saints unis à Moi et au Père sauveront le
monde.
Et voici
que les guerres qui se sont multipliées tout au long des
siècles, deviennent de plus en plus abominables. Des choses
tombent du ciel, comme des étoiles, mais des étoiles qui
brisent tout. Il y a aussi d'immenses "sauterelles" qui
crachent le feu et la désolation. Et tant de gens innocents
meurent dans des conditions épouvantables. Et les mensonges
submergent le monde… Et voici que la foi meurt elle aussi.
Le monde court à ruine. Les hommes que Dieu a créés et qu'Il
aime se sont donnés à Satan. Et il y a encore bien pire: on
chasse Jésus de tous les pays du monde. Les abominations se
multiplient dans les pays athées, les pays qui ont chassé le
Verbe de Dieu. Des lois ignobles et destructrices se mettent
en place. Cette fois, ce sont Jésus et le Petit Ravi qui,
ensemble, crient:
-Non!
Père! Pas ça!
Jésus
s'allonge sur la terre, prosterné. Non! Il ne peut pas
accepter que Satan ait conduit les hommes à de telles
abominations. Non, le sacrifice de Jésus ne peut pas avoir
été inutile. Que vont devenir tous ces enfants des hommes,
pécheurs, certes, mais qui ne sont pas entièrement
responsables des misères envoyées par Satan, lequel semble
triompher? Pauvres hommes qui ne savent pas ce qu'ils font!
Le Petit Ravi reste muet, consterné, épuisé. Il devient
livide comme s'il allait mourir. Jésus fait quelques pas: Il
veut rencontrer ses trois apôtres, mais ils dorment tous,
sauf Jean qui combat toujours contre un sommeil accablant.
Jésus les secoue et leur dit:
-Vous
n'avez pas été capables de veiller et de prier une heure
avec Moi. Priez, pour ne pas entrer en tentation, car Satan
est puissant, ce soir, car c'est son heure, c'est l'heure de
la puissance des ténèbres.
Jésus
s'éloigne de nouveau, mais voici qu'une grande lumière
apparaît: c'est un ange qui s'adresse à Jésus. Jésus et
l'ange se parlent, mais le Petit Ravi ne les entend pas.
L'ange étreint Jésus puis disparaît. Jésus a retrouvé toutes
ses forces, toute sa grandeur et sa magnificence. Le Petit
Ravi a lui aussi, récupéré ses esprits. Toujours accroché
sur l'épaule de Jésus, il soupire longuement.
Jésus
arrive auprès de ses apôtres… Maintenant ils peuvent dormir.
Mais Judas arrive avec une cohorte d'hommes en armes. Jésus
accueille Judas qui Le trahit en Lui donnant un baiser.
Jésus murmure à Judas:
-Mon
ami, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'Homme!
Les
soldats s'emparent de Jésus et L'entraînent… Le Petit Ravi
se souvient de tout ce que Jésus lui a montré. Il sait que
cela doit arriver. Il ne peut que pleurer et prendre la
résolution d'essayer de devenir un saint, pour "consoler"
Jésus.
Le Petit
Ravi, à Gethsémani, s'est souvenu de la longue prière de
Jésus, juste avant d'instituer l'Eucharistie. Le Cœur de
Jésus était alors totalement eucharistique, louant Dieu et
prêt à se donner tout entier aux hommes, pour leur salut et
pour rester avec eux jusqu'à la fin du monde. Mais le Petit
Ravi, ne pouvait ni comprendre l'immensité de la douleur
spirituelle de Jésus, ni l'incroyable don qu'Il venait de
faire aux hommes. Le pain et le vin que les hommes
consacreraient plus tard en mémoire de Lui, ce serait
Lui-même, Jésus-Christ en personne, qui serait présent avec
eux et pour eux. Le Petit Ravi ne comprend pas, mais il suit
Jésus qui entre dans sa Passion. Il ne comprendra que bien
plus tard, quand les hommes auront reçu l'Esprit Saint, le
Consolateur promis par Jésus-Christ son Maître, que le Cœur
de Jésus, le Cœur de Dieu, c'est à la fois le Cœur
Eucharistique, le Cœur agonisant et le Cœur de Jésus en
route vers sa crucifixion et sa mort humaine, préparation de
sa résurrection, enfin le Cœur du Ressucité.
2-Cœur
Eucharistique de Jésus et unité des chrétiens
La chose
la plus intéressante qui jaillit de ce qui précède, c'est
que le Cœur Eucharistique de Jésus, c'est son Cœur qui va
nous donner son Eucharistie; mais c'est aussi son Cœur qui
va devenir agonisant dans quelques instants, puis le Cœur de
sa Passion acceptée pour notre salut, et le Cœur de Jésus
ressuscité, donc toujours vivant, et base de notre foi.
Croire en Jésus-Christ, ce n'est pas croire simplement à un
personnage historique, mais c'est croire, en une Personne
vivante: Dieu et Homme, Incarnation du Verbe de Dieu, vrai
homme mort, et ressuscité, car vrai Dieu. Et, en
plus, Jésus-Christ, Ressuscité est le Fils du Père, Un avec
le Père et l'Esprit-Saint qui est leur mutuel Amour. Dieu
unique, Dieu trine, Père, Fils et Esprit-Saint. Jésus
Eucharistie, c'est Jésus qui vit toujours avec nous, et qui
est véritablement présent pour chacun de nous.
Le
mystère de l'Eucharistie, c'est Jésus qui se donne aux
hommes. C'est aussi Jésus-Christ, Dieu et Homme à la fois,
égal à Dieu le Père, dont l'humanité, au moment de partir
vers sa Passion, fait en quelque sorte le bilan de sa
mission sur la terre. C'est assez étonnant de contempler
Jésus, tourné vers le Père, en présence de ses apôtres qui
Le regardent sans rien comprendre. Et nous, saurons
comprendre?
Il y a
2000 ans déjà que Jésus révélait aux hommes son Cœur
Eucharistique, Cœur de louange, d'amour et de soumission à
la Volonté du Père. En parlant à son Père, Jésus cherche
aussi à enseigner ses apôtres dont l'esprit s'ouvrira plus
tard, après la Pentecôte, jour de la venue de
l'Esprit-Saint, et qui sauront partager leurs expériences
vécues avec Jésus, et leur foi que les Pères et les docteurs
de l'Église, à leur tour approfondiront. La Révélation a été
totalement donnée aux apôtres, mais nous savons que, au
cours des siècles, en raison de l'évolution du langage et
des sciences, Jésus nous permet d'entrer toujours plus avant
dans sa pensée. Alors, maintenant, à notre tour, contemplons
le Cœur Eucharistique de Jésus et essayons de Le comprendre
en méditant et en approfondissant sa Prière eucharistique,
celle que l'Évangéliste saint Jean nous a rapportée, dans le
chapitre 17 de son Évangile. (Jean 17, 1 à 26)
"Jésus
avait levé les yeux au ciel et avait dit:
-Père,
l'heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils
vous glorifie, puisque vous lui avez donné autorité sur
toute chair, afin qu'à tous ceux que vous lui avez donnés,
il donne la vie éternelle. Or, la vie éternelle, c'est
qu'ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui
que vous avez envoyé, Jésus-Christ. Je vous ai glorifié sur
la terre, j'ai achevé l'œuvre que vous m'avez donnée à
faire. Et maintenant à vous, Père, de me glorifier auprès de
vous, de la gloire que j'avais auprès de vous, avant que le
monde fût créé."
Jésus
sait où Il va. C'est son Heure, celle qu'Il a désirée d'un
si grand désir, celle de sa Pâque, celle où Il va se donner,
corps et âme pour le salut du monde, mais aussi celle où Il
va faire aux hommes le plus incroyable de cadeaux: sa
présence réelle, pour les siècles des siècles, sous
l'apparence d'un peu de pain et de vin. Jésus s'adresse au
Père et affirme, en quelque sorte, car Il est devant ses
apôtres qu'Il enseigne, son lien étroit avec le Père et avec
ses disciples.
"J'ai
manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du
milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez
donnés: et ils ont gardé votre parole. Ils savent à présent
que tout ce que vous m'avez donné vient de vous; car les
paroles que vous m'avez données, je les leur ai données. Et
ils les ont reçues, et ils ont vraiment reconnu que je
suis sorti de vous, et ils ont cru que c'est vous qui
m'avez envoyé."
Jésus
continue à prier le Père. Il parle au Père, mais en réalité
ce sont ses apôtres qu'Il instruit, "car le Père connaît
le Fils comme le Fils connaît le Père…" Mais les apôtres
ne le savent pas. Ils ne savent pas non plus que, comme
leur Maître, ils appartiennent au Père, et que c'est le Père
qui les a confiés à Jésus. Ils ne savent pas que "c'est
pour eux que Jésus prie." Et plus étonnant encore, Jésus
indique bien qu'Il ne prie pas pour le monde, mais seulement
pour ceux que le Père Lui a donnés. "C'est pour eux que
je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux
que vous m'avez donnés; parce qu'ils sont à vous. Car tout
ce qui est à moi est à vous et tout ce qui est à vous est à
moi, et que je suis glorifié en eux." Étrange! Pourtant
Jésus est bien venu pour sauver tous les hommes. Alors, que
signifie cette restriction?
Jésus ne
prie pas pour le monde. On peut faire toutes sortes de
suppositions: bien sûr, Jésus ne prie pas pour ceux qui font
le mal en toute connaissance de cause, les démons par
exemple, qui sèment le mal dans le monde. Pourtant les
hommes pécheurs sont dans le monde, mêlés au monde, ces
hommes pécheurs qui sont devenus très malades. Or, justement
Jésus est venu pour les malades qui sont dans le monde.
Alors que signifient ses paroles: Je ne prie pas pour le
monde? J'aurais été incapable de répondre aujourd'hui si le
message de Medjugorje d'hier, 25 juillet 2012, ne m'était
parvenu. Marie dit:
"Chers
enfants, aujourd'hui je vous invite
au bien. Soyez porteurs de paix et de bonté en ce monde.
Priez pour que Dieu vous donne la force afin qu'en votre
cœur et en votre vie règnent toujours l'espérance et la
fierté, car vous êtes enfants de Dieu et porteurs de son
espérance en ce monde qui est sans joie au cœur et sans
avenir, car il n'a pas le cœur ouvert à Dieu qui est
votre salut. Merci d’avoir répondu à mon appel."
Jésus va
préciser également: "Je ne suis plus dans le monde. Pour
eux, ils sont dans le monde, et moi, je vais à vous."
Ainsi Jésus n'est plus dans le monde dans lequel Il laisse
pourtant ses apôtres. Il ne prie pas pour le monde qui
"est sans avenir." Le monde est sans avenir? Mais quel
monde? Le monde des pécheurs qui ne veulent pas se repentir
et changer de vie, le monde qui a chassé Dieu et toute
moralité, et qui est très malheureux bien qu'apparemment il
jouisse de tous les biens matériels. Nous savons que ce
monde finira; il est donc sans avenir. En conséquence, ceux
qui aiment Dieu et qui veulent un avenir, c'est-à-dire
entrer dans la vie éternelle, ceux-là ne doivent ne pas être
du monde tout en étant dans le monde.
Notre
monde est sans avenir. Cela, nous le voyons tous les jours.
Nous voyons tous les efforts qui sont faits à tous les
niveaux pour accroître la durée de nos vies terrestres,
alors que les tueries sont de plus en plus nombreuses. On
veut vivre, coûte que coûte, mais sans Dieu, tendu vers la
mort car ce monde est sans avenir.
Nous pourrions continuer à
réfléchir pendant longtemps sur la remarque de Jésus qui ne
prie pas pour le monde. Mais nous devons nous rappeler que
nous contemplons Jésus sur le point d'instituer son
Eucharistie. Jésus a partagé la Pâque juive avec ses
disciples. Il a lavé les pieds de ses apôtres, à leur grand
étonnement. Il prie le Père se présentant ainsi dans toute
sa vérité. Oui, Il est le Fils de Dieu, le Verbe incarné,
venu sur la terre pour sauver les hommes. Il a accompli
toute l'œuvre de Dieu. Il a vécu dans ce monde qu'Il va
quitter, mais Il laisse ses disciples dans ce monde pour qui
Il ne prie pas… Il laisse, dans ce monde sans avenir, ses
pauvres disciples dont Il connaît toute la fragilité. Aussi
Jésus prie-t-Il le Père, car pour construire son Église, ils
devront rester Un, comme Jésus et le Père sont UN. Jésus
insiste: oui, Il a vraiment accompli la volonté du Père et
Il a "conservé" tous ceux que le Père lui avait confiés.
Maintenant c'est au Père de les garder, et surtout de les
garder du monde: "Père
saint, gardez dans votre nom ceux que vous m'avez donnés,
afin qu'ils ne fassent qu'un, comme nous." Lorsque
j'étais avec eux, je les conservais dans votre nom. J'ai
gardé ceux que vous m'avez donnés, et pas un d'eux ne
s'est perdu, hormis le fils de perdition, afin que
l'Ecriture fût accomplie."
Jésus
semble inquiet; pourtant Il doit partir et rejoindre le
Père. Il doit accomplir le sacrifice pour lequel Il était
venu. Or, ce Sacrifice, Jésus vient de le faire: sa vie
terrestre, Il vient de la livrer et son Cœur est plein de
joie. Son sang est déjà versé et son Église va pouvoir se
construire. Tout est accompli et Jésus doit aller à sa
Passion qui en fait, pour Lui, Jésus, est déjà réalisée.
Jésus doit partir, mais Il ne laissera pas ses disciples
orphelins, Il va leur donner la nourriture qui leur
procurera les forces dont ils ont besoin; et Il sera
toujours pour eux la source d'eau vive qui, curieusement,
apaise la soif tout en l'augmentant, car la soif de Dieu,
non seulement ne s'éteint jamais, mais elle ne fait que
croître… Et la joie de Jésus va devenir la joie de ses
apôtres. Pourtant, comme Lui a été, et va être encore
persécuté, ses amis le seront aussi. Ils doivent donc être
soutenus.
La
prière de Jésus au Père se fait plus insistante :
"Maintenant je vais à vous, et je fais cette prière pendant
que je suis dans le monde, afin qu'ils aient en eux la
plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre parole, et
le monde les a haïs parce qu'ils ne sont pas du monde, comme
moi-même je ne suis pas du monde." Car les disciples de
Jésus doivent rester dans le monde: "Je ne vous demande
pas de les ôter du monde, mais de les garder du mal. Ils ne
sont pas du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde.
Sanctifiez-les dans la vérité. Comme vous m'avez
envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi
soient sanctifiés en vérité." Les disciples de Jésus
doivent rester dans le monde et se sanctifier dans le monde.
Ils devront aussi témoigner de la Résurrection prochaine de
Jésus. C'est la volonté de Dieu. Ils doivent rester Un comme
le Père et Jésus sont UN.
À cet instant, Jésus pense
également aux siècles qui viendront. Ses apôtres,
actuellement présents mourront bientôt. Ils sauront donner
leur vie pour glorifier leur Maître. Mais il y a les autres,
tous les autres apôtres qui viendront et qui auront la
charge extrêmement lourde d'évangéliser un monde devenu
sourd, et de se sanctifier au milieu de ce monde livré à
Satan. Jésus se fait implorant:
"Je ne prie pas pour eux
seulement, mais aussi pour ceux qui, par leur prédication,
croiront en moi, pour que tous ils soient un, comme
vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, pour
que, eux aussi, ils soient un en nous, afin que le monde
croie que vous m'avez envoyé."
Incroyable! Jésus supplie le
Père: ses disciples doivent rester Un; c'est une des
conditions du maintien de la foi dans le monde. L'unité des
croyants, c'est tellement important, que Jésus continue, se
répétant une nouvelle fois:
"Et je leur ai donné la gloire
que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un, comme nous
sommes un, moi en eux, et vous en moi, afin qu'ils soient
parfaitement un, et que le monde connaisse que vous
m'avez envoyé, et que vous les avez aimés comme vous m'avez
aimé. Père, ceux que vous m'avez donnés, je veux que là
où je suis, ils y soient avec moi, afin qu'ils voient la
gloire que vous m'avez donnée, parce que vous m'avez aimé
avant la création du monde.
Père
juste, le monde ne vous a pas connu, mais moi, je vous ai
connu, et ceux-ci ont connu que c'est vous qui m'avez
envoyé. Et je leur ai fait connaître votre nom, et je le
leur ferai connaître, afin que l'amour dont vous m'avez aimé
soit en eux, et que je sois moi aussi en eux."
(Jean
17, 1 à 26)
En ce
qui me concerne, c'est la première fois que ce texte me
touche de cette façon. C'est la première fois que je
constate l'importance de l'unité des chrétiens image de
l'unité du Père et du Fils. Comme le Père et le Fils sont
UN, les chrétiens doivent rester Un. L'unité, c'est la
preuve qu'ils s'aiment comme Dieu les aime, car, et Jésus le
redit, le Père aime les hommes. Les hommes que le Père a
donnés à son Christ doivent demeurer dans l'unité, afin de
voir la gloire de Dieu et de révéler cette gloire aux hommes
qui ne l'ont pas connue. Ainsi, le tout dernier enseignement
de Jésus à ses apôtres, juste avant sa Passion peut se
résumer en quelques mots:
-Soyez
Un comme le Père et moi nous sommes UN,
-ainsi
les hommes connaîtront que Jésus est vraiment l'envoyé de
Dieu,
-ils
verront la gloire que le Père a donnée à son Fils dès avant
la création du monde.
Cette
gloire de Dieu, les hommes ne la connaissaient avant que
Jésus ne nous la révèle. D'où l'importance incroyable de
l'unité du peuple de Dieu. Le plus grand désastre de
l'Église, ce sont ses multiples divisions tout au long des
siècles. Et ces divisions continuent. Que faire pour
rétablir l'unité voulue par Dieu? Car nous, nous sommes dans
le monde, ce monde que Jésus va quitter. Ce monde pour
lequel Jésus ne prie pas… Ce monde dans lequel Jésus nous
laisse et où nous devons nous sanctifier. Et nous, nous ne
savons pas faire; et cela Jésus le sait bien; aussi va-t-Il
poursuivre sa Prière au Père en complétant ainsi les désirs
de son Cœur Eucharistique, de voir les hommes Un, saints, et
annonçant la vérité de Dieu, c'est-à-dire l'Évangile,
jusqu'à la fin du monde. "Je ne suis plus dans le monde.
Pour eux, ils sont dans le monde, et moi, je vais à vous.
Père saint, gardez dans votre nom ceux que vous m'avez
donnés, afin qu'ils ne fassent qu'un, comme nous…
Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui,
par leur prédication, croiront en moi, pour que tous ils
soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et
moi en vous, pour que, eux aussi, ils soient un en nous,
afin que le monde croie que vous m'avez envoyé."
C'est
clair: notre devoir à tous, tous les chrétiens, c'est de
porter l'Évangile à tous les hommes. Et cela concerne encore
plus tous ceux à qui le Seigneur a confié cette charge d'une
façon spéciale. Mais dans ce cadre de l'unité des chrétiens,
il est bon de revenir sur un passage de la 2ème
épitre aux Corinthiens. Saint Paul s'adresse à des
Corinthiens qui se sont mal conduits, accueillant
probablement des hérésies naissantes. Il écrit, entre
autres: "Payez-nous donc de retour; je vous parle comme à
mes enfants, ouvrez tout grand votre cœur, vous aussi. Ne
formez pas d'attelage disparate avec des infidèles. Quel
rapport en effet entre la justice et l'impiété? Quelle
union entre la lumière et les ténèbres? Quelle entente entre
le Christ et Béliar? Quelle association entre le
fidèle et l'infidèle? Quel accord entre le temple de
Dieu et les idoles? Or c'est nous qui sommes le temple du
Dieu vivant, ainsi que Dieu l'a dit: J'habiterai au milieu
d'eux et j'y marcherai; je serai leur Dieu et ils seront mon
peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et
tenez-vous à l'écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien
d'impur, et moi, je vous accueillerai. Je serai pour vous un
père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le
Seigneur tout-puissant." (2 Cor 6, 13 à 18)
Ce texte
devrait nous rendre perplexes. Aujourd'hui, de plus en plus
de chrétiens sont persécutés dans les pays musulmans. Même
chez nous, il ne se passe pas de semaine sans qu'une de nos
églises ait été profanée. Mais naturellement les médias n'en
parlent pas… Et même beaucoup de nos prêtres et de nos
évêques veulent continuer à dialoguer avec les musulmans, à
se rapprocher d'eux, alors que l'on sait très bien que cela
est impossible et que les musulmans n'ont qu'un but: imposer
la charia partout où ils sont installés et devenus forts.
Par ailleurs, même en France où les musulmans se font de
plus en plus envahissants, beaucoup de nos jeunes, à qui,
hélas, nous avons refusé Dieu, se convertissent à l'islam.
Alors, que faut-il penser et où est la vérité?
Oui,
nous devons être charitables, très charitables. Oui, nous
devons aimer notre prochain, mais en mettant toujours Dieu à
la première place, sinon cela ne sert à rien. Nous devons
surtout rester unis, et ne jamais créer des divisions dans
notre Église. Aujourd'hui il y a un problème nouveau et
grave: l'islam. Oui, nous devons aimer et servir nos frères,
tout en étant très prudents, et en restant fidèles aux
paroles de Jésus. C'est notre unique salut.
Paulette
Leblanc |