Beaucoup
de saints ont utilisé certaines expressions que beaucoup de
personnes ont reprises ensuite, pour exprimer comme une
image de Dieu. Nous disons tous: "Je vis pour Dieu, de Dieu,
par Dieu, avec Dieu, en Dieu…" Ces expressions, toujours
justes pour les saints, nous montrent, quand nous pensons à
une goutte d'eau perdue dans l'océan, qu'en fait, nous
baignons dans l'océan qu'est Dieu. Dieu est un océan dans
lequel nous baignons. Ainsi comme nous sommes en Dieu, Dieu,
ou au moins une partie de Dieu entoure chacun de nous. Dieu
nous protège, nous parle. Nous nous reposons en Dieu qui est
là et partout. Nous ne pouvons pas imaginer Dieu qui nous
émerveille de plus en plus. Voici que je me demande: peut-on
parler d'espace-Dieu?

Tout
dans le monde créé est Espace-Dieu, espace voulu par Dieu,
espace créé par Dieu, et probablement aussi puisque tout est
en Dieu, Espace-Dieu. Partout il n'y a que Dieu en qui nous
sommes, il n'y a que Dieu qui crée, il n'y a que Dieu qui
nous pense, nous fait, nous aime... Il y a aussi dans le
monde créé des espaces temps. Je dis des espaces
temps, car chaque univers et chaque morceau d'univers a son
espace temps qui est fonction du repère choisi. Ainsi,
chacun dans son petit coin, a un espace temps particulier,
lié au soleil, un espace temps que Dieu crée autour de nous
pour que nous puissions nous repérer. Dieu connaît l'espace
temps des hommes, comme Il connaît tous les autres espaces
temps, des autres univers qu'Il a créés aussi, et qui sont
en Dieu. Et Dieu "porte" tous ces espaces temps dans son
Espace-Dieu. D'où la réalité de l'expression: "pour Dieu,
mille ans sont comme un jour." En effet, cela dépend de
l'espace-temps dans lequel Dieu se situe. Dieu maîtrise tous
les temps, alors qu'Il est dans son éternel Présent. Tout
cela est pour nous très difficile à comprendre. C'est
pourquoi Dieu s'incarne pour vivre au milieu des hommes
qu'Il aime d'un Amour de prédilection. Ainsi, au milieu des
hommes comme au milieu de Dieu il y a un Homme-Dieu, vrai
homme et vrai Dieu. Nous, comme Jésus, nous ne pouvons pas
nous séparer de Dieu puisque nous sommes à Dieu, en Dieu.
Jésus-Homme a les mêmes contraintes que les hommes, mais en
plus, Il est Dieu.
Quel
mystère l'Incarnation! Quel mystère Dieu créateur de tout,
et qui, pourtant, s'incarne en une créature. Quel mystère
Dieu qui se fait Homme en Jésus tout en restant Dieu, et qui
vit au milieu des hommes. Moi, j'aime Dieu et je ne peux
m'empêcher de me demander: "Comment peut-on rejeter Dieu?"
Si je me limite à la création, et si je regarde, si "je
vois" la puissance de l'homme d'aujourd'hui, alors, comme
Lucifer, je me prends pour Dieu. C'est ce que font tant de
nos contemporains. Mais si je vais au-delà de la création,
si je "vais" en Dieu, alors je me perds et je ne comprends
plus rien. Heureusement Jésus est là, Homme parmi les
hommes, Homme plein de l'Amour de Dieu. Et Jésus est notre
bouée de sauvetage à tous. Il est notre Salut et notre paix,
Il est notre Amour et notre Vie. Nous ne pouvons rien sans
Lui, et c'est Lui qui nous fait "comprendre" le peu que nous
comprenons de Dieu. C'est Lui qui nous fait découvrir
l'Espace-Dieu dans lequel nous vivons. Mais, Seigneur, comme
tout cela est difficile à exprimer!
De
nouveau nous sommes devant la question fondamentale: comment
des hommes peuvent-ils refuser Dieu? Tant de nos
contemporains refusent Dieu aujourd'hui, et c'est le plus
grand des mystères. C'est aussi, pour beaucoup de chrétiens,
la plus grande des douleurs. Oh! nous le savons. Jésus ne
fait porter à ceux qu'Il choisit qu'une infime goutte de ses
souffrances; mais cet atome de la souffrance de Jésus à
Gethsémani est pour nous un poids intolérable. Regardons les
hommes d'aujourd'hui: nous constatons leurs détresses
d'hommes sans Dieu, et, pire, nous entendons les médias et
leurs mensonges infâmes. Une seule cause à ces détresses: le
refus de Dieu. Mais pourquoi refuser Dieu? Pourquoi vivre en
permanence dans le non-sens, dont le principal est
l'euthanasie: on ne veut pas la mort, mais on cherche à la
donner sans douleur.
Comment
sortir de toutes ces angoisses. Par l'oraison, et uniquement
par l'oraison. Il ne faut jamais négliger l'oraison, malgré
les surcharges, les décalages… Malgré les apparences,
l'oraison fait gagner du temps car elle ouvre nos cœurs à
Dieu. Parfois, on ne sait plus comment faire. Alors,
immédiatement, il faut se dire: "Dieu d'abord!" Mère Térésa,
l'avait bien compris le jour où elle demanda à ses
religieuses trop surchargées et qui lui demandaient de
supprimer quelques temps de prière, de faire une heure
d'oraison supplémentaire. Et tout se fit dans la
tranquillité… Le désert de notre monde d'aujourd'hui, c'est
l'absence de Dieu, l'absence de prière et de charité. On
n'enseigne plus Dieu, donc Dieu qui n'est plus connu n'est
plus aimé, plus prié. Le péché règne et les hommes sont
déboussolés, malheureux. Nous, les chrétiens, nous devrions
nous hâter de trouver Dieu, de Le donner aux autres, à
condition qu'ils le veuillent. Mais s'ils ne veulent pas?...
Oui, s'ils ne veulent pas?
La
volonté de Dieu, c'est notre bonheur, et elle conduit tout
dans notre vie. Cela nous ne le comprenons qu'avec du recul,
et il y a tant de merveilles que le Seigneur nous a offertes
que nous tombons en adoration. Mais alors, nos péchés? Nos
péchés? Si nous les regrettons, nous découvrons la
Miséricorde de Dieu, sa Force, sa puissance. Mais si nous ne
regrettons pas nos péchés? C'est un nouveau mystère, celui
de ceux qui ne cherchent pas Dieu, donc qui ne peuvent pas
Le trouver. Et de nouveau on retrouve le manque de
formation, le manque d'explications. Si on n'enseigne pas
correctement, les gens ne savent pas; et c'est, entre
autres, le problème actuel du catéchisme que l'on n'enseigne
plus, ou mal. Cela c'est l'œuvre de Satan. Mais pourquoi
Dieu le laisse-t-il faire?
La fin
d'un hymne du Bréviaire décrit le monde après la
Résurrection de Jésus:
"Voici la nuit, La sainte nuit qui s'illumine,
Et rien n'existe hormis Jésus,
Hormis Jésus où tout culmine :
En s'arrachant à nos tombeaux,
Dieu conduisait au jour nouveau
La Terre où il était vaincu."
Mais
quel jour nouveau sur la terre? Pensons à sainte Thérèse de
Lisieux qui, révélant ses souffrances physiques quelques
jours avant sa mort déclara qu'elle n'aurait jamais pensé
que l'on put souffrir autant. Cela la troubla très souvent,
et de plus, pendant de longs mois, sa souffrance morale fut
insupportable. En nous, aujourd'hui, face aux innombrables
détresses nous ne pouvons que nous écrier: "Seigneur, par
pitié, viens au secours de tes petits enfants. Sauve les
tous, ce sont tous tes enfants." Mais le temps passe et rien
ne change. Alors, la dernière strophe de l'hymne qui a été
cité plus haut pourrait retenir notre attention:
"Voici la nuit, La longue nuit où l'on chemine,
Et rien n'existe hormis ce lieu,
Hormis ce lieu d'espoirs en ruines:
En s'arrêtant dans nos maisons,
Dieu préparait comme un Buisson
La Terre où tomberait le Feu !
Ainsi,
aujourd'hui, plus rien n'existe "hormis ce lieu d'espoirs
en ruines." Nous pleurons avec Jésus car nous ne pouvons
rien faire d'autre. Nous pleurons pour toutes ces âmes qui
courent vers la damnation. Nous supplions: "Jésus fais
quelque chose! Tes petits enfants, tes jeunes, ce ne sont
pas eux, les coupables: eux, ils subissent." Notre monde
sans foi, sans loi, sans morale, sans amour, sans Dieu, sans
loi, notre monde d'espoirs en ruines court à sa perte car
tout s'est effondré pour lui. Quel désespoir, alors!
Seigneur, fais que notre monde retrouve son Espace-Dieu.
Paulette
LEBLANC — Octobre 2013 |