DEUX DATES 732, 778 ET LOURDES

Nous avons tous entendu parler de la bataille de Roncevaux, racontée mille et mille fois par les troubadours, dans leur récit préféré, La chanson de Roland. Une grande partie de ce récit est une légende, qui, comme toutes les légendes, repose sur un sous-bassement historique. Voici la réalité historique:

 

Le 15 août 778, une armée franque fut attaquée par des montagnards Vascons, les Basques, dans le col de Roncevaux situé dans les Pyrénées occidentales. Cette armée, commandée par le roi franc, Charles 1er, futur empereur Charlemagne, revenait d'une expédition menée contre les musulmans d'Espagne. Alors qu'ils passaient les Pyrénées, probablement au col de Roncevaux, en file indienne à cause des pentes très escarpées de cette région, l'arrière-garde de l'armée, hommes et bêtes furent attaqués par des pillards vascons. Ces basques insoumis, profitaient de la situation pour attaquer et piller la colonne de ravitaillement, à l'arrière-garde de l'armée. Ils précipitèrent leurs ennemis dans le ravin et récupérèrent tout ce qu'ils purent, puis ils se dispersèrent aussitôt sans laisser au roi le temps de réagir. On estime qu'il y eut beaucoup de morts dans l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne: entre 10 000 et 15 000 hommes.

Cet épisode dramatique est signalé dans les Annales royales, chronique du règne de Charlemagne, et c'est là qu'est évoquée la mort du comte Roland, obscur préfet de la marche de Bretagne. Ce n'est que trois siècles plus tard que des poètes itinérants, les troubadours, se saisirent de ce fait militaire et lui donnèrent une dimension épique nationale avec la Chanson de Roland. Mais voici qui est très peu connu.

Revenons un peu en arrière. En 732, Charles Martel, le grand-père de Charlemagne, avait battu les Arabes musulmans appelés les Sarrasins, à Poitiers. Les Sarrasins, en effet, voulaient aller jusqu'au centre de l'Europe, à partir des terres occupées en Espagne, en traversant la France. À peine 50 ans plus tard, les Sarrasins réattaquaient à partir des Pyrénées et occupaient Lourdes avec son château fort. Alors, le petit fils de Charles Martel, Charlemagne, vénéré comme saint en Allemagne, envoya ses garnisons à Lourdes pour faire le siège et affamer l’occupant sans détruire la ville de Lourdes. Pendant ce temps, son ami et neveu, l’archevêque Tilpin de Reims (753-802) qui accompagnait Charlemagne dans cette expédition, négociait la paix avec le chef Sarrasin Mirat. Nous sommes en 778.

Tilpin négocia avec le chef musulman et lui dit:

– Je comprends bien que tu ne veuilles pas te soumettre à un roi de la terre, mais je te propose de te soumettre à la Suzeraine des cieux, qui est aussi celle de la France, la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu. Ainsi tu pourras garder la ville de Lourdes, mais en rendant tes armes et en devenant un prince pacifique de la Très sainte Vierge Marie.

Mirat, le chef musulman, fut tellement impressionné par la proposition de l'Archevêque Tilpin, qu’il se convertit et transforma Lourdes en ville mariale. C’est lui qui, selon la légende, l’aurait appelée Louerda, ou "Rose" en langue arabe. Mirat serait même allé jusqu'à la Vierge Noire, Notre Dame Roses, au Puy, pour rendre hommage et se soumettre à la Suzeraine de France. C'est ce nom qu'il aurait choisi lors de son propre baptême.

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Voici une autre version de cette histoire:

Depuis de nombreux jours, le Sarrazin Mirat et ses Maures, enfermés dans le Château de Lourdes, résistaient à Charlemagne et à ses Chevaliers, malgré les assauts des assiégeants et de la famine. "Soudain, de l'azur, en un vol à la fois puissant et majestueux, surgit un aigle. Il survola le Fort et laissa tomber aux pieds du Chef des Maures l'énorme truite qu'il tenait dans son bec. Mirat prit le poisson, le contempla un moment, puis, par dessus les remparts, le jeta aux soldats de Charlemagne."

Pensant que les Infidèles possédaient encore des vivres en abondance, l'Empereur décida de lever le siège. C'est alors que Turpin, Évêque du Puy, compagnon de Charlemagne, obtint l'autorisation d'aller parlementer avec l'assiégé. L'homme de Dieu, apportant le pardon de Charlemagne, convainquit Mirat de le suivre pour remettre à Notre-Dame du Puy sa reddition. Le jour de son baptême, Mirat prit le nom de Lorus qui deviendra plus tard Lourdes.

Paulette Leblanc – Janvier 2014

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