Corintin de Quimper
Évêque, Saint
† 460

12

DECEMBRE

Malgré quelques légendes qui se sont associées à la vie de Saint Corentin 1er évêque de Quimper, Corentin a bien existé. Sa vie a été racontée dans La vita de Saint Corentin, publiée vers 1220-1235. Cette Vita de Saint Corentin a fait l'objet de plusieurs commentaires rectificatifs, de mises à jour et de compléments.  Saint Albert le Grand (1200-1280) se serait aussi préoccupé de la vie de saint Corentin. Curieusement, aucune ville de Bretagne ne porte le nom de Corentin, sauf Quimper dont le vrai nom est Quimper-Corentin. Pourtant, je vous le redis, malgré toutes les légendes qui lui sont liées, saint Corentin a bien existé.  

D’après Albert le Grand, Corentin serait né vers 375, en Cornouaille armoricaine où son père, celte d'Irlande, se serait établi. Corentin reçut une très bonne éducation grâce, notamment, à la présence d'un moine, tout près de chez ses parents. Très intelligent, Corentin acquit tout ce qu'on pouvait savoir à son époque, ainsi qu'une authentique spiritualité. Puis Corentin devint prêtre. Il exerça d'abord son saint ministère parmi les populations d'émigrés bretons. Mais son désir de perfection au service de Dieu était si grand en lui qu'il se retira dans un ermitage de la paroisse de Plomodiern au pied de la montagne du Menez, les Montagnes Noires.  

Corentin se bâtit un humble ermitage près d'une fontaine et éleva un petit oratoire dans lequel il priait très longuement, le jour et la nuit. Sa nourriture était si frugale que Dieu lui envoya un jour un petit poisson qu'Il plongea dans la fontaine. Tous les matins, le petit poisson se présentait à l'ermite qui le saisissait et en coupait un petit morceau pour sa nourriture. Puis Corentin rejetait le poisson dans l'eau qui, instantanément, se retrouvait sans aucune blessure.  

Et voici une autre aventure liée à Saint Corentin: quelque part en Cornouaille, dans la forêt de Névet, vivait un autre saint prêtre, un vieillard nommé Primel, lequel menait une vie aussi pieuse et mortifiée que Corentin. Un jour, Corentin alla le voir. Ils prièrent longuement ensemble. Le lendemain matin, Corentin voulut dire la messe dans l'oratoire de saint Primel qui alla chercher de l'eau dans sa fontaine très éloignée. Primel revint si fatigué que, pris de pitié, Corentin supplia le Seigneur de donner à Primel une source proche de son ermitage. Tout de suite après la messe, là où Corentin planta son bâton, une source d'eau vive jaillit. Après avoir passé quelques jours avec Primel, Corentin rentra dans son ermitage de Plomodiern.  

Ce qui suit est-il vrai ou encore légende? Peu importe. Sachons simplement que le Roi Grallon (ou Gallon), successeur du roi Conan Meriadek, habitait avec sa cour dans la ville de Kemper-Odetz, capitale de la Cornouaille. Au cours d'une partir de chasse, Gallon s'égara dans la forêt où se trouvait l'ermitage de Corentin. Lui et ses chasseurs, affamés, s'adressèrent à l'ermite qui les rassasia. Pour cela, dit la légende, Corentin découpa un morceau de son ami, le petit poisson, et le donna au cuisinier qui commença par se moquer. Mais ce petit morceau de poisson se multiplia tellement que tout le monde mangea à sa faim et le roi Gallon voulut voir le poisson; émerveillé, le roi Gallon se prosterna aux pieds de l'ermite et lui donna sa forêt et une maison qu'il possédait à Plovodiern. Corentin transforma cette maison en monastère où vécurent de nombreux et saints moines. Ici, je dois vous dire que ce poisson est devenu l'emblème iconographique de saint Corentin.  

Voici une autre version du miracle:

La réputation de sainteté de Corentin était telle en Bretagne, que quelques hauts personnages vinrent le visiter en son ermitage; saint Corentin les reçut aimablement, et, pour les nourrir, leur fit des crêpes avec le peu de farine qu'on lui avait donnée. Pour cela, Corentin, alla puiser de l'eau à la fontaine, et, contre toute attente, il la trouva pleine de belles et grosses anguilles. Il en prit quelques-unes pour nourrir ses hôtes, lesquels se retirèrent ensuite en louant Dieu qui, par ses miracles, témoignait de la Sainteté de son serviteur Corentin. 

Revenons aux œuvres de notre Corentin. Les besoins concernant les enfants et les jeunes étaient alors immenses. Aussi Corentin transforma-t-il une partie du monastère en école destinée aux enfants des principales familles de la région. Passèrent dans cette école Guénolé, Tudy et Jacut qui devinrent les abbés des trois célèbres monastères de Bretagne. 

Les émigrés qui s'étaient établis en Bretagne avaient constitué des villages et des paroisses. En même temps pour les moines qui les accompagnaient, les monastères s'étaient multipliés; ainsi, la foi avait-elle pu être sauvegardée. Mais une organisation plus stricte était devenue nécessaire: il fallait un évêque pour cette chrétienté. Et le roi Gallon songea à Corentin qui dut quitter sa chère solitude pour devenir le premier évêque de Cornouaille. C'est l'évêque de Tours, successeur de Saint Martin, qui donna à Corentin, la consécration épiscopale, à Tours. Corentin consacra ensuite Guénolé et Tudy qui l'accompagnaient. Le roi Gallon céda alors à Corentin évêque, son propre palais de Quimper. Ici je dois ajouter que Corentin, premier évêque de Quimper, fait partie de ce qu'on a appelé le groupe breton des sept saints, ses six confrères dans l'épiscopat étant: saint Pol dans le Léon, saint Tugdual à  Tréguier, saint Paterne à Vannes, saint Samson à Dol, saint Brieuc à Saint-Brieuc, et saint Maclou, (ou Malo) à Saint-Malo.  

Tout de suite après sa consécration, Corentin, évêque, s'attela à l'organisation de son diocèse de Quimper, corrigeant les abus, combattant les superstitions liées au culte druidique. Il visita et délimita les paroisses de son évêché. Il ordonna de nombreux et saints prêtres à qui il prêchait l'exemple par sa vie apostolique tout en poursuivant sa vie de moine austère. Il signa les actes du concile d'Angers de 453. En 460, totalement épuisé, Corentin tomba malade. Ayant compris qu'il allait mourir, il convoqua ses chanoines et ses religieux, et, les ayant exhortés à la persévérance dans l'amour de Dieu et dans leur vocation, il reçut les derniers sacrements, bénit tous ses frères présents, et partit vers son Seigneur. C'était le 12 décembre 460.  

Une foule si nombreuse vint pour honorer son saint corps qu'on ne put enterrer l'évêque Corentin à la date prévue… Les malades qui vinrent aussi très nombreux, furent guéris, ainsi que tous les infirmes: muets, sourds, boiteux, aveugles… Et les démoniaques étaient délivrés. Pendant longtemps, les fidèles continuèrent à venir sur son tombeau et obtinrent de nombreux miracles. Dès lors, son nom devint inséparable du nom de la ville où avait été son siège épiscopal, ville qui s'appellera désormais Quimper-Corentin, vrai nom de la ville de Quimper. Notons aussi que de très nombreuses églises et chapelles furent placées sous son vocable dans le Finistère et les Côtes d'Armor. Les reliques de saint Corentin restèrent dans sa cathédrale jusqu’à l’invasion des Normands, vers 875. Sa fête liturgique est le 12 décembre. Remarquons aussi cependant qu'un manuscrit d'Angers, daté de 897, place un saint Corentin au calendrier le 1er mai. Mais est-ce le nôtre?

Paulette Leblanc

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