Miracle
Eucharistique de Bolsena ou d'Orvieto
1263
En 1263, un miracle étonnant survint à Bolsena, petite ville
italienne du Latium située au nord de Rome et non loin
d'Orvieto. Les faits que nous allons vous rappeler ont été
racontés dans l’ouvrage "Les miracles historiques du
Saint Sacrement", ouvrage publié en 1898 par le Révérend
Père Eugène Couet.

Au début du XIIIe
siècle, les territoires qui constitueront l'Allemagne
étaient sans cesse déchirés par des guerres plus ou moins
féodales. Un prêtre de Bohème, une de ces régions
germaniques, Pierre de Prague, particulièrement pieux et
zélé fut un jour attaqué par de terribles doutes portant
surtout sur la présence réelle de Jésus dans le pain et le
vin consacrés. Comment les paroles qu'il prononçait lors de
chaque consécration: "Ceci est mon Corps… Ceci est mon
Sang…" pouvaient-elles transformer le pain qu'il
touchait, et le vin qu'il allait boire en vraie Chair et en
vrai Sang de Jésus-Christ? Les tentations qu'il subissait
devenaient intenables; cependant, le pauvre prêtre ne
cessait de prier le Seigneur pour qu'Il lui redonnât et la
foi et la paix. Et un jour il fit le vœu de visiter à Rome,
les tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul afin de
retrouver la foi. Et notre prêtre partit…
Après un voyage très long et très pénible, Pierre de Prague
arriva à Bolséna. C'était en décembre 1263. Le lendemain, il
se rendit dans une église consacrée à sainte Christine et
demanda à célébrer la messe, ce qui lui fut accordé. Tout se
passa normalement jusqu'au moment où, tenant au-dessus du
calice, et entre ses doigts, l'Hostie qu'il venait de
consacrer et qu'il allait couper en deux, il vit l'Hostie
devenir une Chair vivante d'où s'écoulait, goutte à goutte,
du Sang. Curieusement, la partie de l'Hostie qu'il tenait
toujours entre ses doigts conservait l'apparence du pain.
Ainsi il ne pouvait se tromper: ce qu'il tenait entre ses
doigts était bien le pain qu'il venait de consacrer et qui
était devenu de la chair sanglante. Incontestablement le
pain et le vin étaient bien devenus le Corps et le Sang de
Jésus-Christ. Et le Sang continuait à couler, à tel point
que le purificatoire fut totalement trempé.
Le prêtre était tout à la fois terrifié et plein de joie,
car le Seigneur l'avait exaucé et avait éteint ses doutes.
Il aurait voulu conserver secret ce miracle, mais le
Seigneur voulait aussi affermir la foi de très nombreux
fidèles. Comme le prêtre repliait le corporal plein de sang
pour en dissimuler les taches, les merveilles se
multiplièrent. Dans chacune des gouttes qui continuaient à
couler de l'Hostie, une figure humaine apparaissait, celle
de Jésus couronné d'épines. Le prêtre ne put achever sa
messe; il enveloppa, dans le
corporal
plein de sang, l'Hostie transformée en chair, plaça le tout
dans le calice et quitta l'autel.
Le sang se mit alors à déborder si abondamment du calice,
que de grosses gouttes tombèrent sur le dallage de l'église.
Très rapidement toute la ville fut au courant du miracle…
Comme le pape Urbain IV résidait alors à Orvieto, tout près
de Bolsena, Pierre de Prague alla se jeter à ses pieds pour
tout lui raconter. Or, Urbain IV, originaire de Troyes et
ancien Archidiacre de Liège, connaissait les demandes que
Jésus avait faites à une moniale augustinienne, sainte
Julienne du Mont Cornillon. Avec d'autres théologiens, il
avait reconnu l'authenticité de ces demandes dont il n'avait
réalisé que l'une d'entre elles: il avait établi à Liège, en
1246, la fête du Très Saint-Sacrement (la Fête-Dieu). Devenu
pape le 19 août 1261, Urbain IV convoqua Saint Thomas
d'Aquin et saint Bonaventure, qui étaient alors à Orvieto,
et les envoya enquêter à Bolsena. La vérité du miracle fut
reconnue et Urbain IV, entouré des cardinaux, du clergé et
d'une foule immense, participa au transfert de l'Hostie et
du corporal, de Bolsena jusqu'à la cathédrale de Sainte
Marie d'Orvieto. Puis, il étendit la fête du Très
Saint-Sacrement à l'Église universelle, le 11 août 1264, par
la bulle "Transiturus".
Vers 1290, la cathédrale d'Orvieto fut somptueusement
transformée. L'Hostie et le corporal miraculeux existent
toujours. Ils sont portés en procession à travers Orvieto
tous les jours de la Fête-Dieu. Par ailleurs, les dalles qui
avaient été tachées de sang furent retirées du sol de
l'église Sainte Christine. Elles sont toujours enchâssées
dans des reliquaires muraux dans cette église. En 2013, le
750e anniversaire du miracle fut solennellement
célébré. Voici la prière que l'on dit à Orvieto:
"Que
toujours soit loué, béni et adoré Jésus présent et vivant
dans le Très Saint Sacrement de l’autel!"
Paulette
Leblanc |