Miracle
Eucharistique de Bois-Seigneur-Isaac
1405
Entre Waterloo et Nivelles, au
sud de la Belgique, en Wallonie, se trouve la chapelle de
Bois-Seigneur-Isaac. L'origine de cette chapelle remonterait
au XIe siècle et aurait été construite à la
demande du Seigneur Isaac de Valenciennes, qui, parti à la
Croisade avec Godefroid de Bouillon, aurait été fait
prisonnier par les Sarrasins, puis aurait été libéré à la
suite d'un vœu fait à la Vierge Marie. Par ce vœu, le
Seigneur Isaac promettait à la Vierge Marie de lui élever,
quand il serait libéré, une chapelle abritant une statue
d'elle. Libéré il exécuta son vœu et la chapelle fut appelée
“Notre-Dame de Grâce
et de Consolation”
Cette
statue primitive du XIe siècle, était déjà
vénérée depuis deux siècles, dans son sanctuaire de
Bois-Seigneur-Isaac, lorsque, en 1336, à l'occasion d'une
terrible épidémie de peste, les habitants d'Ittre, ville
voisine de Bois-Seigneur, obtinrent de la porter en
procession à travers les rues de leur paroisse. Constatant
que sur le passage de Notre-Dame de Grâce et de
Consolation, le fléau disparaissait, ils crurent que la
reconnaissance leur faisait un devoir de ne plus s'en
séparer. Avec l'autorisation de Guillaume, évêque de
Cambrai, ils gardèrent la statue à Ittre. Et les habitants
de Bois-Seigneur-Isaac firent sculpter une copie de
Notre-Dame de Grâce et de Consolation. À Ittre et à
Bois-Seigneur, on invoquait désormais Notre-Dame de Grâce et
de Consolation. Mais le Seigneur Jésus et Notre-Dame de
Grâce et de Consolation réservaient à leurs fidèles une
faveur encore plus grande.
Nous
sommes en 1405. Dans la petite chapelle de Bois-Seigneur, le
curé d'Ittre venait célébrer la messe deux fois par semaine.
Selon des documents, rédigés en 1438 et 1469, le 5 juin
1405, vendredi avant la Pentecôte, Pierre Ost, curé d'Ittre,
célébrait la messe à Bois-Seigneur-Isaac. Quand il ouvrit le
corporal au moment de l'Offertoire, il trouva un gros
morceau d'une hostie consacrée qu'il avait probablement
laissé tomber le mardi précédent. Il voulut le ramasser,
mais impossible! Le morceau d'hostie semblait opposer une
invincible résistance, comme s'il était collé sur le
corporal; et tout à coup, le prêtre vit des gouttes de sang
sortir du morceau d'hostie et se répandre sur le corporal.
Pierre Ost fut épouvanté; il se mit à trembler et bientôt
fut sur le point de s'effondrer. Le servant s'apercevant du
malaise du prêtre fit signe à Jean du Bois, un pieux
chevalier. Ce dernier s'avança vers l'autel et, voyant le
prodige, dit au prêtre: “Allons, Messire, ne vous
effrayez pas. Cette merveille vient de Dieu; confiance! il
nous manifestera sa volonté sainte.”
Réconforté par ces paroles, Pierre Ost prit un autre
corporal, mit de côté celui qui était rougi par le sang
miraculeux et poursuivit le divin Sacrifice, plein de
ferveur. La messe terminée, Jean du Bois et les autres
assistants s'approchèrent et Pierre Ost leur présenta, sur
le corporal, l'hostie miraculeuse. Il leur montra le sang
qui coulait toujours et s'étendait sur le linge sacré
soulevant l'hostie, sans la dissoudre et sans même en
altérer l'éclatante blancheur.
Le bruit
de cet événement se répandit rapidement dans tous les
villages environnants, et une foule nombreuse arriva pour
contempler le miracle de la chapelle de Bois-Seigneur,
miracle que tous les fidèles pouvaient contempler. Cinq
jours plus tard, le mardi après la Pentecôte, le sang cessa
de couler et commença à coaguler. Le sang ne fut sec que le
jeudi de la fête du Très-Saint-Sacrement.
Le
diocèse de Cambrai, dont dépendait Bois-Seigneur, avait
alors à sa tête le célèbre Pierre d'Ailly. Ce Prélat, dûment
informé, voulut examiner lui-même le corporal teint du sang
miraculeux. Il le reçut et le garda environ deux ans pour
surveiller les modifications qui pourraient s'y produire. Il
essaya aussi de le nettoyer très soigneusement, mais en
vain: la tache de sang restait intacte. Considérant dès lors
le corporal comme une précieuse relique, il le rendit à
Bois-Seigneur. Le 16 juin 1410, l'évêque Pierre d'Ailly
accorda quarante jours d’indulgence à ceux qui visiteraient
la chapelle appelée Au Bois-Seigneur-Isaac. Le 3 mai
1411, il fit consacrer la chapelle. Puis, en 1413, l’évêque,
devenu cardinal, ordonna une enquête, et, le 18 octobre
1413, il confirma, par une bulle, que le corporal taché de
sang pouvait être vénéré “comme une vraie et sainte
relique”. La 1ère
procession annuelle en l’honneur de cette relique eut lieu à
Bois-Seigneur-Isaac le jour qui suivit la fête de la
Nativité de Marie, donc le 9 septembre 1414.
Dès
lors, tant de monde accourut à la chapelle de
Bois-Seigneur-Isaac que le curé de Haut-Ittre fit appel à
des chanoines de Saint-Augustin qui firent construire un
monastère. Le but était bien précisé: il fallait "que
l’office divin soit exalté plus amplement et multiplié plus
largement, que l’on ait une plus grande vénération pour le
Saint-Sacrement et les reliques qui se trouvent là". En
1443 ce monastère fut réuni au monastère de Windesheim situé
près de Zwolle aux Pays-Bas, afin de mettre en place une
spiritualité plus intériorisée et personnelle en association
avec le courant dit de la Devotio moderna, qui trouva
son expression dans le traité “L’imitation de
Jésus-Christ” écrit en 1439 par Thomas A Kempis. Le
sanctuaire appelé Sanctuaire du Saint Sang, fut
visité par de nombreux rois et reines, dont Marguerite
d’York et Charles-Quint.
Au XVIe
siècle, pendant les troubles graves causés par les guerres
de religion, les troupes de Guillaume d'Orange ravagèrent le
prieuré des chanoines qui ne purent revenir sur les lieux et
reconstruire leur prieuré qu'à la fin du XVIIIe
siècle. Hélas! Au cours de la Révolution Française, par la
loi du 15 fructidor 1795, les chanoines durent quitter leur
prieuré à la fin de 1796. Tout fut détruit, mais grâce à
l’intervention de la population, la chapelle fut préservée
et survécut aux pillages qui affectèrent le prieuré; pendant
tout le XIXe
siècle, un chapelain put continuer à desservir la chapelle
du Saint-Sang.
En 1903,
lorsque la loi expulsa les religieux de France, les
chanoines prémontrés de Mondaye dans le Calvados furent
reçus à Bois-Seigneur-Isaac. Ils achetèrent les ruines du
prieuré, le reconstruisirent et le prieuré redevint un
centre spirituel et de pèlerinages important. Le 9 mars
1925, un bref du Pape Pie XI
érigea le prieuré en abbaye. Aujourd’hui encore,
le Monastère est toujours un but de pèlerinages et dans sa
Chapelle on peut vénérer la Sainte Relique du corporal taché
de Sang.
En 2009,
en raison du manque de vocations, l'abbaye allait être
fermée. Heureusement, grâce aux autorités épiscopales et aux
supérieurs de l’Ordre Libanais Maronite qui cherchaient un
lieu d’implantation en Belgique, le mois de septembre 2009
vit arriver les premiers moines maronites. Le 1er
janvier 2010, ils prirent officiellement la responsabilité
de l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac, qui fut nommé Monastère
Saint-Charbel.
Maintenant, je dois faire un petit retour en arrière et
reparler du miracle eucharistique de 1405. Certains
documents racontent que pendant les trois nuits qui
précédèrent le miracle,
Jean du Bois, l'homme qui
calma rapidement le prêtre bouleversé par le prodige
eucharistique, en lui disant: “N'aie pas peur!
Ceci a été fait
par le Seigneur. Suivez sa volonté”,
Jean du Bois, en fait, Jean de Huldenberg le Seigneur du
lieu, avait eu plusieurs visions du Christ couvert de
plaies. De son côté, Pierre Ost, le prêtre célébrant la
messe aurait été averti par un ange
qu’il
devait aller le vendredi avant la Pentecôte, à
Bois-Seigneur-Isaac pour dire la messe de la Sainte Croix
dans la chapelle. C'est à la demande de Jean du Bois, que le
prêtre montra le corporal aux fidèles, après la messe.
Paulette
Leblanc |