Décidément, la sainte Vierge Marie semble être particulièrement
attirée par les chênes. Vous allez en juger: voici donc un nouveau
sanctuaire qui est né grâce à un chêne… qui, vous le verrez, est
étonnamment lié à l'histoire de la France.
Intérieur du sanctuaire
(image provenant du site "Pèlerinages
de France")
En
1180, un petit village lorrain était déjà connu sous le nom de
Ramblauzin. Tout près de ce village, il y avait un lieu-dit,
Martin-Han, c'est-à-dire la Demeure de Martin. Toujours en 1180, le
nom de la Benedicta Vallis, Benoîte-Vaux, la Vallée Bénie,
apparaît pour la première fois sur une bulle pontificale signée par
le pape Alexandre III. Nous sommes au centre du diocèse de Verdun, à
30 km de la ville de Verdun, dans le département actuel de la Meuse,
sur la commune de Rambluzin-et-Benoîte-Vaux, située dans un vallon
entouré de forêts. C’est le début de Benoîte-Vaux, nouveau nom de
Martin Han. Pourquoi ce changement de nom? Voici ce que l'on
raconte:
Un jour, au milieu des bois, des bûcherons entendirent soudain des
voix célestes chantant l'Ave Maria. Attirés par ces chants
magnifiques, ils cessèrent leur travail et se dirigèrent vers
l'endroit d'où venaient les chants. Soudain ils s'arrêtèrent: là,
près d'une source et au pied d'un chêne, d'un chêne déraciné, les
bûcherons découvrirent une statue de la Vierge Mère. Pleins de joie
ils décidèrent de lui construire un oratoire. Un ermite nommé Martin
en eut d’abord la garde, puis vinrent des prêtres, puis des
Prémontrés, et plus tard des Oblats, et enfin le clergé diocésain.
C'est lorsque l'oratoire fut achevé que ce lieu devint la Vallée
Bénite, Benoîte-Vaux. Nous ignorons la date exacte de ces faits,
mais ils durent se produire dans la deuxième moitié du XIIe
siècle. En effet, certains documents indiquent que vers 1157,
Albéron de Chiny,
l'évêque de Verdun, aurait donné à l'abbaye des Prémontrés
Notre-Dame de l'Étanche,
la terre de Basse-Ham que l'on appellera plus tard Benoîte Vallée.
De nombreuses personnes
vinrent prier devant la statue de Marie, et bientôt l'affluence des
pèlerins nécessita un lieu de culte plus important. Une église fut
construite sous le vocable de l'Annonciation de la Vierge. Elle fut
plusieurs fois remaniée et agrandie jusqu'au XVIIe
siècle.
Rapidement les
pèlerinages se multiplièrent;
en effet, pendant les épidémies, de peste en particulier, et les
guerres avec leurs terribles conséquences, toujours dramatiques dans
ces régions, des foules nombreuses venaient prier Notre-Dame de
Benoîte-Vaux, invoquée comme Consolatrice des Affligés. Durant la
guerre de Trente ans, en 1638, craignant des destructions, Madame de
Saint-Baslemont mit la statue à l’abri dans le château de
Neuville-en-Verdunois. Benoite-Vaux, en effet, était un des grands
sanctuaires protégés par les ducs de Lorraine, en particulier par
René II, et les ducs de Guise et de
Bar-Lorraine. Après la guerre de Trente ans, le calme revint, mais
voici la Révolution française, et, en 1793, la statue primitive fut
brisée. Elle fut remplacée après la Révolution, par une nouvelle
statue ressemblant beaucoup à la statue originelle. Cette statue fut
placée au-dessus de la source qui se trouvait au pied du chêne.
Les pèlerinages
avaient d'abord été animés et administrés par les Pères Prémontrés.
Cela dura, jusqu'à la Révolution, en 1791. En effet,
après la sécularisation des bâtiments
monastiques voulue par la Révolution, ceux-ci furent détruits à
Benoîte-Vaux, à l'exception de l'église datant de 1705. Mais les
religieux furent déportés... Après la Révolution,
le sanctuaire fut
restauré en 1830 et les
pèlerinages furent assurés par les prêtres du diocèse jusqu'en 1852,
puis par les clercs réguliers de la congrégation de Notre Sauveur,
fondée par saint Pierre Fourier. Malheureusement, ces clercs
réguliers, furent de nouveau chassés en 1905. Le monastère devint
hôpital militaire durant la guerre de 1914-1918,
puis Grand séminaire de 1920 à 1928. Le monastère fut tenu ensuite
par les
Oblats de Marie-Immaculée
de 1936 à 1972. Depuis cette date, ce sont les prêtres du clergé
séculier du diocèse de Verdun qui animent les pèlerinages.
Aujourd'hui ne demeurent que l'église
devenue église du village, et un chemin de pèlerinage qui mène du
sanctuaire à la fontaine et à la statue. Pourtant, les pèlerinages,
continuent, mais ils sont surtout locaux, manifestant l’attachement
des Meusiens et des Lorrains à la Vierge Marie. Une Neuvaine se
déroule tous les ans, début septembre, à l’occasion de la fête de
Notre Dame.
Signalons que le 8 septembre 1875, le pape Pie IX bénit la fontaine
et couronna la statue de la Vierge Marie "Reine de la paix,
consolatrice des affligés."
Et
voici qui est très encourageant: lors de la construction de la ligne
TGV Nancy-Metz, les ouvriers furent été hébergés au presbytère. En
remerciement, ces ouvriers érigèrent un oratoire dédié à Notre Dame
du T.G.V. oratoire qui fut béni le 30 juin 2004. Le pèlerinage 2014,
qui fut placé sous la présidence de Mgr
François Maupu, eut pour thème "si tu veux la paix, prépare la
paix", et le 9 septembre 2014, ce fut la fête de Benoîte-Vaux.
Et voici la prière récitée à Benoîte-Vaux:
"Je vais au Vallon
Solitaire,
Vallon de grâce aux saintes eaux.
Priez pour
nous, ô bonne Mère,
Qui régnez à
Benoîte-Vaux."
Quelques petites remarques:
la source primitive située au chevet de l'église, dans la cour du
monastère, avait été déplacée à cause de la clôture monastique. Elle
a été replacée à l'endroit actuel vers 1644. Un monument
néo-gothique l'abrite. On doit ce monument à la générosité d'un
converti, Joseph Sauce, domestique du châtelain de
Thillombois.
Inauguré en septembre 1846, il est surmonté par une statue offerte
par Claude Rollet, archiprêtre de Bar-le-Duc. Cette statue est une
réplique de celle qui existait au XVIe
siècle et qui avait été détruite en 1793, pendant la Révolution. Il
paraît que la tête de l’Enfant Jésus, rescapée du vandalisme
révolutionnaire, fut réajustée sur un buste et placée dans le
transept nord de l’église. Par ailleurs, il est bon de rappeler ici
que des miracles eurent lieu dans ce lieu béni qu'est Benoîte-Vaux,
site géré par l'association Benoîte-Vaux Accueil.
Paulette Leblanc |