Un
jour, Jésus, doux et humble de cœur, était “allé sur la
Montagne.” Il se mit à instruire ses disciples, et leur
donna ce que nous appelons maintenant Les Béatitudes:
"Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le
Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux: ils posséderont la terre.
Heureux ceux qui pleurent: ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux: ils obtiendront
miséricorde.
Heureux les cœurs purs: ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix: ils seront appelés
fils de Dieu.
Heureux ceux qui souffrent persécution pour la
justice: le Royaume des cieux est à eux. Heureux serez-vous
lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on
dira faussement contre vous toute sorte de mal, à cause de
Moi. Réjouissez-vous alors et tressaillez d’allégresse, car
votre récompense sera grande dans les cieux. C’est ainsi, en
effet, qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont
précédés."
Les
disciples de Jésus, entendant ces paroles, ont dû se dire,
intérieurement, qu'Il exagérait un peu. Comment celui que
l'on persécute peut-il être heureux? Et celui qui a beaucoup
de chagrin, est surtout très malheureux... La justice, la
vraie justice, n'existera jamais sur la terre... La paix non
plus, d'ailleurs... Et nous, nous préférons la richesse à la
pauvreté. Non, vraiment, nous ne pouvons pas comprendre le
langage de notre Maître.
Comme
ils en avaient l'habitude, les disciples de Jésus ne
manquèrent pas de l'interroger souvent sur ces paroles
qu'ils trouvaient bien mystérieuses. Pourtant la famille de
Jésus, dont ils ne savaient encore que peu de choses, les
avaient vécues toute leur vie, ces béatitudes. Ne
furent-elles pas aussi, et d'une manière très spéciale,
celles de Saint Joseph, qui les avait expérimentées chaque
jour au contact de Jésus et de Marie. Oui, saint Joseph les
avait connues et vécues avec joie toutes ces béatitudes
enseignées et promises par Jésus. Pourtant lorsque l'on
médite sur la vie de saint Joseph, on découvre d'autres
béatitudes, discrètes et particulièrement adaptées à sa
mission de Père adoptif de Jésus-Christ. Ainsi, il a connu
d’autres béatitudes: la béatitude des hommes patients, celle
des hommes qui aiment Dieu sans réserve et qui prient, celle
des hommes qui louent Dieu et qui sans cesse rendent grâce.
Et par dessus tout, Joseph a expérimenté la béatitude des
humbles de coeur, celle de ceux qui se sont totalement remis
entre les mains de Dieu et qui ne cherchent que la volonté
de Dieu, dans une obéissance sans faille et pleine de
confiance.
Joseph
a certainement connu les béatitudes douloureuses de la
Croix, ces béatitudes promises par Jésus mais toujours
actuelles, et dont on ne parle pas. Il connu ces béatitudes
que les hommes ne veulent plus connaître, celles des hommes
forts et aimant Dieu, ces béatitudes des martyrs, ces
béatitudes que les hommes n’osent pas nommer car ils ne
savent plus, ni les trouver, ni les aimer. Ils ne savent pas
qu’elles aussi, ces béatitudes douloureuses qui furent les
vôtres chaque jour, sont la source du bonheur.
Ô
Bienheureux Joseph, réjouissez-vous et tressaillez
d’allégresse en vous souvenant des joies de votre sainte
Famille!...
Bienheureux Joseph!
Bienheureux Joseph! Bienheureux Joseph qui avez connu toutes
les béatitudes! Bienheureux Joseph qui avez connu la
plénitude du bonheur! Et souvent la plénitude du bonheur
dans la plénitude de la détresse, de l’inconfort, de
l’incertitude.
Heureux Joseph! comblé des Béatitudes du Seigneur, comblé de
la joie de Dieu, cette joie qui emplit le coeur de l’homme
et déborde de lui, malgré lui. Joseph doux et humble, Joseph
au regard si pur que vous pouviez regarder Marie sans la
troubler.
Heureux Joseph! dont la Volonté de Dieu était devenue la
vôtre! Joseph comblé de joie, car, lorsque la volonté de
Dieu est devenue la seule volonté d’un homme, l’homme est
tellement comblé du bonheur de Dieu, que sa joie humaine
devient béatitude infinie sous le regard de l’Amour.
Bienheureux Joseph tellement abandonné entre les mains de
Dieu, tellement livré à son Amour, tellement humble entre
les mains de votre Seigneur! Oui, tellement humble que
paradoxalement, vous avez reçu, la grâce insigne, le bonheur
incroyable de tenir dans vos bras, le Fils Unique et Éternel
du Père. Et ce Fils vous appelait “papa”! Et votre bonheur
était si grand qu’il en devenait parfois insoutenable, qu’il
rayonnait de vous, à votre insu, et rendait votre cœur
brûlant, fou d’amour à en éclater.
Bienheureux Joseph tellement livré à la Miséricorde, que
toutes les épreuves, quoique pleinement réelles et parfois
bien dures, se transformaient, dans votre cœur, en un amour
tellement grand, tellement chaud, tellement tendre, que
l’épreuve devenait plénitude de joie, d’une joie douloureuse
peut-être, mais joie profonde et intense car joie de l’union
à Dieu.
Bienheureux Joseph si souvent douloureux, adorant la volonté
de Dieu et son Amour, bienheureux, même dans votre douleur
qui préparait la Rédemption... Bienheureux Joseph douloureux
à Bethléem dans la recherche d’un logis introuvable, mais
bientôt comblé de bonheur dans l’adoration de l’Enfant!
Bienheureux Joseph douloureux au Temple quand Siméon annonça
le glaive qui devait transpercer le coeur de Marie, mais
comblé de bonheur car le Messie promis était enfin là! Et
c’est vous qui en aviez la garde! Tant de douleur et tant de
joie! Ô Joseph, comme on a du mal à imaginer une telle
cohabitation!
Bienheureux Joseph douloureux dans la fuite en Égypte, mais
comblé de bonheur dans la contemplation de Jésus et de sa
Mère, votre Épouse bien-aimée! Bienheureux Joseph douloureux
quand vous avez appris le massacre des Innocents, mais
tellement reconnaissant, car Jésus était sauvé!
Bienheureux Joseph douloureux dans votre vie d’exilé,
affronté aux dures peines quotidiennes, aux incalculables
difficultés propres à toute vie d’exilé pour trouver les
quelques biens indispensables à la vie familiale, mais
débordant d’amour devant le sourire reconnaissant de Marie,
les premiers mots et les premiers pas de l’Enfant!
Bienheureux Joseph douloureux et désarçonné chaque fois que
l’Ange vous ordonnait de partir immédiatement, presque sans
explication... mais tellement heureux dans votre soumission
libre aux désirs de Dieu!
Bienheureux Joseph douloureux et angoissé quand vous avez dû
chercher Jésus, pendant trois jours à Jérusalem, mais
tellement comblé de joie quand vous l’avez retrouvé! Vous ne
compreniez pas bien ce qui vous arrivait, mais comme Marie,
vous conserviez toutes ces choses dans votre coeur... Et
Jésus vous était soumis! Lui, le Maître du monde vous
obéissait et apprenait de vous les choses de la vie
humaine...
Bienheureux Joseph douloureux quand vous alliez prier à la
synagogue le jour du Shabbat! Douloureux, car vous
commenciez à comprendre les écritures; et ce qui y était
caché, parfois se révélait à vous. Mais heureux Joseph qui
saviez que l’Heure de Dieu approchait, l’Heure du salut de
votre peuple et de tous les hommes!
Bienheureux Joseph douloureux à chaque Pâque, quand votre
intuition vous disait qu’un jour, l’agneau pascal que vous
immoliez au cours de la liturgie familiale, serait l’Agneau
Pascal de Dieu, l’Agneau promis à Israël, serait Celui sur
lequel vous veilliez avec tant de sollicitude et d’amour!
Celui que votre coeur aimait tant! Mais Heureux Joseph quand
Dieu levait le voile qui Le cachait et se révélait à vous,
se révélait à vous à travers le regard pur et profond du
Fils, de l’Amour, et vous faisait comprendre que, Lui,
l’Amour, le Sauveur du monde, et votre Sauveur, votre
Rédempteur à vous aussi, Lui, vous aimait et vous était
reconnaissant! Dieu reconnaissant envers un homme! Quel
bonheur incompréhensible!
Bienheureux Joseph fatigué et douloureux parfois dans votre
travail quotidien, mais si heureux de participer à la
Création, à l’Œuvre de Dieu! Bienheureux Joseph douloureux
dans vos relations avec les membres de votre famille
terrestre, mais comblé de bonheur dans votre Sainte Famille!
Bienheureux Joseph douloureux dans votre offrande à Dieu,
l’offrande de votre moi, offrande tellement prise au sérieux
par le Père du Ciel, mais si heureux quand vous vous
souveniez que ce même Père vous confiait son Fils! Et que
vous contempliez ce mystère incroyable!
Bienheureux Joseph douloureux quand vous ne compreniez pas
les voies du Seigneur, les voies de Dieu que l’homme ne peut
pas comprendre, mais si heureux quand Jésus vous enseignait
ce qui était caché dans les Écritures et dans les psaumes!
Bienheureux Joseph douloureux quand vous pensiez dans votre
cœur, à la future passion de votre Épouse bien-aimée,
douleur d’autant plus aigüe que vous ne pouviez imaginer ce
qu’elle serait vraiment, mais si heureux quand vous la
regardiez attentive à vous servir et à se confier totalement
en vous!
Bienheureux Joseph douloureux quand vous avez compris qu’il
était temps pour vous de quitter cette terre pour rejoindre
vos pères, mais si heureux d’être assisté par Jésus, de
mourir dans les bras de Jésus et caressé par Marie!
Bienheureux Joseph douloureux dans la mort, mais si heureux
de partir annoncer aux élus, qui attendaient dans les
Limbes, que leur délivrance était proche!
Bienheureux Joseph au sourire si doux, bienheureux Joseph,
doux et humble de cœur, bienheureux Joseph qui avez connu le
Cœur du sauveur...
Bienheureux Joseph qui, tant de fois avez laissé reposer le
Cœur de Jésus, le Cœur de Dieu sur votre propre cœur... qui
avez aussi, comme Jean, mais bien plus souvent... reposé
votre tête sur le Cœur de Jésus...
Bienheureux Joseph qui avez connu, vu et contemplé le visage
de Dieu, qui avez entendu les Paroles de Dieu, qui avez
senti palpiter dans vos bras le Cœur de Dieu!
Ô
Bienheureux Joseph! Votre bonheur était tout simple car
c’était le bonheur de Dieu, le bonheur du Père! Votre
bonheur était tout simple, mais il était plénitude, car
c’était le bonheur de Dieu, ce bonheur infini de Dieu qu’Il
vous partageait...
Saint
Joseph! Je me plais à Vous regarder contemplant Jésus, Jésus
votre fils adoptif, Jésus doux et humble de cœur. Je me
plais à vous regarder contemplant Marie, lui souriant, la
servant... et l’aimant. Je me plais à vous regarder, pur et
humble de cœur, enseignant Jésus, et lui apprenant, ô
merveille! comment aimer et servir Dieu.
Saint
Joseph, apprenez-nous à vous aimer, à vous imiter, à
purifier nos cœurs en vivant auprès du vôtre chaque jour de
notre vie.
Alors,
Saint Joseph, vivant en silence, en votre présence, côtoyant
votre bonheur, nous apprendrons les vertus qui furent les
vôtres, nous apprendrons à aimer... à aimer Dieu et notre
prochain, et nous connaîtrons le bonheur.
Et
nous apprendrons aussi à vous connaître, Saint Joseph. Nous
apprendrons à vous apprécier, vous, Joseph, le grand
silencieux qui parlez à nos cœurs et nous révélez les
secrets de Dieu.
Paulette
Leblanc |