Ambroise naquit en Allemagne vers 340, à Trèves où son
père Ambrosius, était préfet du prétoire pour les
Gaules. Après la mort de son père, sa mère qui était une
pieuse chrétienne, vint habiter Rome avec ses trois
enfants. Remarquons ici que la sœur d'Ambroise avait
consacré sa virginité à Dieu, À Rome, Ambroise fit des
études classiques et juridiques qui lui permirent de
devenir avocat. Le préfet du prétoire d'Illyricum,
auprès
duquel
il travaillait, lui confia, comme gouverneur, vers l'an
370, l'administration de la province de Ligurie-Émilie,
dont le siège est à Milan.
L'histoire de cette époque est très compliquée. L'évêque
de Milan, saint Denis, était mort en exil. Il avait été
remplacé par Auxence, un arien qui, pendant près de
vingt ans opprima les catholiques. Mais Auxence venait
de mourir, et une élection épiscopale, difficile en
raison des multiples divergences, eut enfin lieu. Nous
sommes en 374, et Ambroise dut intervenir afin de
rétablir le calme dans la population. Et voici que
soudain, Ambroise, quoique simple catéchumène, fut
acclamé et élu évêque. Malgré ses nombreuses
résistances, il ne put se dérober à cette charge aussi
lourde qu’imprévue, car les évêques d’Italie et
l’Empereur Valentinien II approuvèrent le choix du
peuple milanais. Ambroise fut donc baptisé et, huit
jours plus tard, il était consacré évêque, le 7 décembre
374. Il le restera jusqu'à sa mort en 397.
Devenu chrétien et évêque, Ambroise s’initia, par une
étude incessante et approfondie, à la doctrine qu'il
avait mission d’enseigner; il se dépouilla au profit des
pauvres de son riche patrimoine, il racheta des captifs
en vendant les vases de son église, et se fit l'homme de
tous. Son éloquence qui captivait la foule, attira le
futur Saint Augustin.
Devenu évêque, Ambroise, défenseur de la doctrine
orthodoxe, continua à lutter contre les ariens. Il
assista, en 381, au concile d'Aquilée où furent déposés
les évêques ariens Palladius et Secundianus. Il présida
aussi un concile des évêques du vicariat d'Italie qui
condamna l'apollinarisme, une autre hérésie; il
rencontra saint Épiphane de Salamine et Paulin
d'Antioche au concile romain de 382.
L'empereur Valentinien 1er
avait trois fils: Valentinien qui devint Valentinien II,
Maxime et Gratien. Ambroise fut très écouté par Gratien
qui le considérait comme son père, puis par Valentinien
II, empereur de 375 à 392. C’est peut être à
l’instigation d’Ambroise que Gratien reprit la lutte
contre le paganisme qui avait été suspendue sous
Valentinien 1er.
Vers 383, Ambroise alla défendre à Trèves, les intérêts
de l'empereur Valentinien II, lésé par l’usurpateur
Maxime, meurtrier de Gratien. En 387, Ambroise tenta une
seconde démarche, qui n’empêcha point Maxime de prendre
Rome en janvier 388. Mais bientôt Maxime fut tué.
N'oublions pas non plus qu'Ambroise fut un grand ami de
Théodose 1er,
empereur d'Orient.
Nous
devons également savoir que, vers 385 ou 386, Ambroise
avait refusé à l'impératrice arienne Justine, la
basilique neuve qu'elle exigeait pour les ariens. Il
s'opposa à une loi, qui interdisait aux catholiques,
sous peine de mort, toute résistance contre les ariens.
Ambroise brava les menaces d'exil et refusa les juges
qu'on voulait lui donner. Il écrivit même: "L’Empereur
est dans l’Église, il n’est pas au-dessus de l’Église.
Un bon empereur recherche l’assistance de l’Église, il
ne la refuse pas. Je le dis avec humilité mais je le
publie aussi avec fermeté." Notons qu'Ambroise subit
plusieurs tentatives d'assassinat. Heureusement, après
la mort de sa mère, Valentinien II, gagné à la cause de
la vraie foi, suivit la direction d'Ambroise. En 390,
Ambroise tint un concile à Milan, contre Jovinien, un
moine hérétique.
Je
vous rappelle que c'est auprès de saint Ambroise que
saint Augustin d'Hippone se convertit au christianisme.
Outre ses nombreuses activités liées à la politique, ou
contre les hérésies, Ambroise, grand connaisseur de la
littérature patristique, a écrit de nombreuses
œuvres:
- tout d'abord des hymnes pour le chant liturgique.
Puis, des écrits doctrinaux parmi lesquels on peut
citer:
- De
officiis ministrorum,
en 3 livres, qui auront une grande influence ;
- De
sacramentis, œuvre de catéchèses sur les sacrements
de baptême, de confirmation et de l'Eucharistie.
- De
mysteriis: catéchèses post-baptismales sur le
baptême
- un
traité De la foi sur la Trinité
- un
traité Du Saint Esprit
- deux livres Sur la pénitence
- Commentaire
sur l’Évangile de Luc.
On a
également conservé d'Ambroise de Milan des lettres
et des oraisons funèbres, ainsi que des
sermons sur les Psaumes et des sermons sur la
virginité.
Quel
portrait peut-on faire de saint Ambroise? Durant toute
sa vie il sut conserver une grande autorité morale, et
cela grâce à la noblesse de son caractère, à la sainteté
de sa vie et à sa fermeté dans la conduite des affaires.
De plus, il avait l'art de gouverner. Excellent
magistrat devenu homme d’église, il conserva toujours
ses aptitudes innées. Esprit très pratique et pondéré,
il puisait dans le droit le sens de la justice, tout en
la rendant plus juste par sa charité. Tous ceux qui
approchèrent saint Ambroise l'appréciaient passionnément
et ne cherchaient qu'à l'imiter. Le meilleur exemple est
saint Augustin qui, grâce à sa mère sainte Monique et à
saint Ambroise trouva enfin le vrai Dieu.
Voici ce que saint Augustin écrivit de saint Ambroise.
Je considérais Ambroise lui-même comme un homme heureux,
au regard du monde d'être si fort honoré par les plus
hauts personnages. Il n'y avait que son célibat qui me
paraissait chose pénible. Quant aux espérances qu'il
portait en lui, aux combats qu'il avait à soutenir
contre les tentations inhérentes à sa grandeur même, aux
consolations qu'il trouvait dans l'adversité, aux joies
savoureuses qu'il goûtait à ruminer le Pain de Dieu avec
la bouche mystérieuse qui était dans son cœur; de tout
cela je n'avais nulle idée, nulle expérience."
St
Augustin poursuit:
"Ambroise ignorait pareillement les agitations et
l'abîme où je risquais de choir. Il m'était impossible
de lui demander ce que je voulais, comme je le voulais;
une foule de gens affairés, qu'il aidait dans leur
embarras, me dérobait cette audience et cet entretien.
Quand il n'était pas occupé par eux, il employait ces
très courts instants à réconforter son corps par les
aliments nécessaires, ou son esprit par la lecture.
Souvent quand je me trouvais là, car sa porte n'était
jamais défendue, on entrait sans être annoncé, je le
voyais lisant tout bas et jamais autrement. Je demeurais
assis dans un long silence: qui, en effet, eût osé
troubler une attention si profonde? Puis je me retirais,
présumant qu'il lui serait importun d'être interrompu
dans ces rares moments dont il bénéficiait pour le
délassement de son esprit, quand le tumulte des affaires
d'autrui lui laissait quelque loisir."
La
charge de travail d'Ambroise était telle que saint
Augustin rapporta un jour, désappointé: "Pas moyen de
lui poser comme j'aurais voulu les questions que je
voulais. Des files compactes de gens embesognés, des
chérifs auxquels il rendait service, me barraient
l'accès de son audience et de son entretien. Lui
arrivait-il d'être sans eux un bout de temps, alors il
restaurait son corps par les aliments indispensables et
son esprit par la lecture..." (Confessions de Saint
Augustin VI, 3, 3)
Aucun évêque peut-être dans l’église n’a joui durant sa
vie d’une autorité pareille à celle de Saint Ambroise.
Autorité morale que lui conciliaient la noblesse de son
caractère, la sainteté de sa vie, la fermeté et la
droiture de sa conduite, mais aussi autorité humaine en
raison de sa science des affaires et de son art de
gouverner. Ambroise, avant d’être évêque, avait été un
excellent magistrat: devenu homme d’église, il ne perdit
pas ses premières aptitudes; il les élargit encore et
devint un véritable homme d’État. Tous ceux qui
l’approchaient, l’aimaient passionnément. Ainsi parmi
les plus grands personnages de son époque, Gratien et
Valentinien II furent presque ses pupilles; Théodose le
respectait et lui obéissait; par contre, Maxime et
Justine le redoutaient. Quant au peuple, il lui était
dévoué jusqu’au sang. Saint Ambroise évêque de Milan fut
le plus connu et le plus apprécié des prélats latins.
Paulette Leblanc |