Revenons à
Gethsémani. L'Apôtre Jean contemple Jésus qui pleure et qui
crie vers le Père. Jean se tait, assommé: il ne comprend
plus rien. Jean contemple Jésus qui soupire et qui appelle
le Père. Soudain le cœur de Jean s'ouvre, d'une manière
toute nouvelle, car un Ange est là, qui se tient près de
Jésus… Jean qui, il y a à peine deux heures reposait sur le
Cœur de Jésus, Jean découvre que Jésus est le Verbe de Dieu,
la Parole créatrice: "Dieu dit… Et cela fut!" Oui, le
Père et Jésus ne sont qu'Un et leur volonté est unique. Jean
aime Dieu de plus en plus, et sa foi en Jésus devient la
force qui le mènera jusqu'au bout de la vie de Jésus sur la
Croix, puis jusqu'à la Résurrection et l'Ascension de son
Maître, et aussi, jusqu'à ses épreuves à Lui Jean, qu'il
subira sans jamais faiblir jusqu'à ce qu'il retourne vers
son Maître en murmurant à ses disciples: "Aimez-vous,
aimez-vous les uns les autres... Si vous aimez Dieu, vous
vous aimez, mais d'abord, aimez Dieu..."
Jean retourne
vers ses deux amis, Pierre et Jacques. Ils dorment. Jean
s'assoit tout près d'eux et repense à tout ce qu'Il vient de
vivre. Jean était debout, pas très loin de son Maître qu'il
pouvait voir et entendre. Ce que subissait son Maître à ce
moment était tellement terrifiant qu'il n'osait pas
approcher, qu'il n'osait pas troubler Jésus: car les trop
grandes souffrances morales ont besoin de discrétion.
Cependant, intérieurement, Jean contemple toujours Jésus et
brusquement il comprend ses derniers enseignements:
"Prenez et mangez, ceci est mon Corps... Voici que le Fils
de l'Homme va être livré aux méchants... Prenez et buvez,
ceci est mon Sang versé pour vous…"
Soudain Jean se
raidit: pourquoi le Maître n'est-Il pas parti tout à l'heure
pour échapper à Judas? Cela lui aurait été tellement facile
quand tout était si calme... Et eux, les apôtres, ils
continueraient à Le suivre... Jean s'interroge… mais voici
que son cœur, imprégné de l'Amour dont Jésus l'a rempli tout
à l'heure comprend que l'Agneau de Dieu doit être immolé...
Et Jean pleure tout en regardant ses deux compagnons Pierre
et Jacques qui dorment d'un sommeil étonnamment profond.
Bientôt, comme
s'il était irrésistiblement poussé à revenir vers Jésus qui
parle toujours avec un Ange, Jean retourne vers son Maître.
Que se passe-t-il? Quelle est cette étrange Lumière qui
nimbe tout le Corps de Jésus, comme le jour où Jésus fut
transfiguré et en compagnie de Moïse et d'Élie. Jean se
souvient de cette étrange conversation entre les trois
hommes qui évoquaient la douloureuse et obligatoire Passion
de son Maître. Soudain Jean comprend: est-ce l'Heure
maintenant, cette Heure dont le Maître parlait si souvent?
Jean contemple Jésus à qui le personnage lumineux tend une
coupe pleine d'un liquide savoureux que Jésus boit d'un
trait... Puis Jésus remercie le Personnage qui dit:
– Toutes ces
âmes que ton Cœur aime, que le Cœur de la Très Sainte
Trinité aime, voici que Tu les sauves maintenant, et elles
seront toujours ta Consolation, pendant tous les siècles du
monde. Et Toi, présent dans ton Eucharistie, Tu continueras
à les consoler.
Jésus remercia
l'Ange et ajouta:
– Merci Père;
que ta Volonté soit faite.
Jésus se lève,
lumineux, fort, extraordinaire de beauté et de joie. Et
l'expression de son regard est pleine d'un Amour qui emplit
de nouveau le cœur de Jean. Jean est comme en extase et
prie; il prie comme il n'a encore jamais prié. Il sait que
son cœur à lui, Jean, a rejoint le Cœur de Jésus donc le
Cœur de Dieu. Jean est immensément heureux; il voudrait se
précipiter sur son Maître, L'embrasser, mais Jésus semble se
diriger vers lui. Alors, affolé, Jean se sauve et rejoint
ses amis toujours endormis. Il s'assoit près d'eux et fait
semblant de dormir...
Et nous?
Comprenons-nous tout l'amour du Cœur de Jésus pour nous?
Comprenons-nous le Cœur de Jésus qui donnera aux hommes,
après sa Résurrection, la grâce de sa Présence réelle,
auprès d'eux, dans son Eucharistie. Le Cœur de Jésus dans
son Eucharistie, donc son Cœur Eucharistique, c'est son Cœur
miséricordieux, qui ne désire que notre salut, qui désire
aussi que nous L'aimions comme Il nous a aimés. En retour,
Jésus veut que nous demandions pardon à Dieu, et que nous
nous convertissions. Comprenons-nous, chers amis, que nos
âmes converties et pardonnées, unies à toutes les âmes
sauvées par la Passion de Jésus, toutes ces âmes converties
et pardonnées, ce sont elles qui se trouvaient dans la coupe
que l'Ange tendit à Jésus, ce sont elles qui étaient dans la
Coupe de sa consolation à Gethsémani. Ainsi, c'est nous, que
Jésus a sauvés, qui étions aussi dans la Coupe de la
consolation de Jésus. Nous sommes et nous serons toujours la
consolation du Cœur de Jésus si nous nous convertissons, si
nous suivons la Volonté de Dieu.
Paulette
Leblanc |