Quatrième partie

Méditations préparatoires à la Grande Passion du Christ

Méditation sur le Vendredi Saint

Ils ne savent pas ce qu’ils font.

Hier Jésus a livré son Cœur. Jésus a livré son Cœur Eucharistique pour demeurer jusqu’à la fin du monde avec les hommes aux prises avec la grande Épreuve. Jésus a livré son Cœur Eucharistique pour être toujours proche du Cœur de tous les hommes, car le Cœur Eucharistique de Jésus c’est l’Amour qui se donne, c’est l’Amour qui partage l’amour à tous les hommes que Dieu aime, les hommes de tous les temps et de toutes origines. Jésus a livré son Cœur Eucharistique qui sauve le monde et multiplie à l’infini les étincelles d’amour, nourriture éternelle des âmes immortelles.

Hier, Jeudi Saint, Jésus livrait son Cœur, source éternelle de Vie et d’Amour. Par l’amour de son Cœur Eucharistique, Jésus nous donnait son Amour. Jésus qui ne voulait pas nous laisser orphelins, savait que lorsqu’Il serait remonté vers le Père, Il nous enverrait l’Esprit Consolateur. Mais Jésus, sachant que les hommes de la terre sont des êtres sensibles qui ne peuvent connaître que par leurs sens, Jésus nous donna son Eucharistie pour aider notre foi, pour guider notre espérance, et nous faire croître dans l’Amour.

Hier, Jeudi Saint, Jésus livrait son Cœur. Aujourd’hui, Vendredi Saint, Jésus livre son Corps. Il le fallait, c’était écrit: le Serviteur devait mourir pour nous donner sa vie. Le Christ eucharistié devait mourir pour vivifier l’Eucharistie et donner la Vie de Dieu au Pain et au Vin consacrés, Corps et Sang du Seigneur. Aujourd’hui, c’est le Sacrifice suprême de Jésus qui boit le Calice présenté par le Père...

On ne peut qu’adorer et se taire devant un tel mystère. Pourtant, des questions ne peuvent manquer de naître dans nos esprits habitués à la critique scientifique. Comment les prêtres et les savants du Temple n’ont-ils pas reconnu le Messie, eux les instruits et les initiés de l’époque? Comment ceux qui auraient dû manifester au moins de la clémence ou un peu d’humanité, ont-ils pu livrer un homme juste à un tel supplice? Comment des gens qui avaient vu et peut-être bénéficié des miracles de Jésus ont-ils pu hurler avec les loups et accabler leur bienfaiteur en danger mortel? Et comment les disciples et les apôtres ont-ils pu abandonner Jésus? C’est un mystère profond, et curieusement, au lieu d’accabler tous ces pauvres humains, on a comme envie de leur trouver des excuses.

Contemplons Jésus mourant, torturé, sur la Croix. Quand, du haut de cette Croix Il a dit: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Il devait bien savoir de quoi Il parlait. Et qu’aurions-nous fait si nous nous étions trouvés, un jour ou l’autre, dans la position d’un des docteurs ou des scribes du Temple. Pendant des années nous aurions appris, souvent par cœur, les textes anciens et leurs diverses interprétations et tous les commentaires. Nous aurions, naturellement, fait confiance à nos maîtres et nous nous serions certainement rangés à leurs positions. Alors, comment aurions-nous réagi face à un enseignement qui semblait remettre en cause les bases mêmes de la nation juive. Probablement pas mieux que Saül avant qu’il ne devienne Paul...

Et puis, il y avait aussi ceux qui travaillaient dans l’entourage d’Hérode. Ils  n’approuvaient certainement pas ce roitelet cruel et jouisseur, mais c’était leur gagne-pain, la sécurité matérielle de leur famille. On peut invoquer n’importe quel prétexte du genre de: “Ils auraient dû...” on ne peut pas se mettre dans le cœur ou la sensibilité des gens de cette époque. Et chacun d’entre nous doit s’avouer, humblement: “Probablement que je n’aurais pas fait mieux.”

Et il y a les soldats, les Romains et tous les autres. C’étaient des hommes durs, formés à la dure, qui devaient se soucier bien peu des habitants des pays conquis. Pourvu que la paix et la tranquillité romaines règnent, le reste importait peu. À leur place,  nous en aurions peut-être fait autant...

Jésus, nous sommes devant Toi, au pied de la Croix, et nous T’entendons encore: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Nous sommes devant Toi, Jésus, et tout en T’adorant nous avons terriblement envie de les excuser ces malheureux hommes. Nous en avons envie car nous nous rendons bien compte que nous ne valons pas mieux qu’eux... et que nos réactions spontanées ne sont pas toujours chrétiennes.

Jésus, T’adorons. Nous adorons ta bonté et ta Miséricorde. Nous pleurons sur tes souffrances, sur tes douleurs. Les supplices que Tu subis nous font frémir, et pensant à tous tes futurs martyrs nous ne pouvons que comprendre de mieux en mieux ceux qui, par faiblesse et par peur, ont momentanément apostasié. Ta Passion, Jésus, est beaucoup trop grande pour nous. Mieux que nous Tu le savais Jésus. Tu connaissais nos misères humaines, Tu savais le péché que l’ennemi avait introduit dans nos âmes. Tu savais, Jésus, que souvent nous ne savons pas ce que nous faisons. Et avec une reconnaissance infinie nous T’écoutons, Jésus, et nous Te bénissons quand Tu cries vers le Père: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”

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