Troisième partie

Méditations sur la Passion de Jésus pendant sa vie publique
La Cène et l’Agonie

9
L’agonie de Marie

Première étape de l’agonie de Jésus

Les Évangiles ne nous parlent pas de l’agonie de Marie. Pourtant Marie est la Femme promise dès l’origine des temps, la Femme promise par Yahvé, la Femme qui écrasera la tête du Dragon. Marie est vraiment la Femme, et les évangélistes, peut-être inconsciemment, le font pressentir quand ils rapportent les paroles de Jésus qui, s’adressant publiquement à sa Mère, dans des occasions solennelles, l’appelle “Femme.”

Plus tard, après la Résurrection du Seigneur, la réflexion des apôtres s’est affinée, l’amour mutuel ayant uni Jean et Marie, ainsi qu’une longue communauté de vie, après la mort de Jésus, ont comme naturellement conduit l’auteur de l’Apocalypse à proclamer que Marie est véritablement la Femme.

Jésus est arrivé à Gethsémani. Il a demandé à ses apôtres de prier longuement, pour ne pas entrer en tentation... Lui, se retire plus loin, près d’une grotte pour rencontrer le Père...

Jésus s’est profondément recueilli: son esprit va vers la Maman à qui Il a dit adieu. La Maman a tout de suite compris que l’Heure était arrivée, l’Heure redoutable pour laquelle son Fils était venu, l’Heure terrible qu’Il désirait tout en la redoutant. Jésus revit   l’immense souffrance de Marie, toujours servante du Seigneur. Jésus revoit les larmes de Marie. Cette première phase de l’Agonie de Jésus est dramatique, car Jésus, en quelque sorte, va vivre dans son Cœur l’agonie de sa Mère.

L’Heure de Jésus est imminente ; l’heure de Marie aussi. Car c’est aujourd’hui que Marie doit vivre l’heure terrible prédite par le vieillard Siméon, l’heure où le glaive de douleur lui transpercera le cœur. Car Marie est La Femme.

Marie est La Femme. Personne ne le sait encore, sur la terre, lorsque Jésus entre en agonie. Mais Jésus, Lui le sait, et dans son esprit, et dans son Cœur s’inscrivent les paroles qu’Il inspirera bien plus tard à l’Apôtre de l’Amour. Marie est La Femme, le signe grandiose qui apparaîtra dans le Ciel.

« Un signe grandiose parut dans le ciel: une Femme revêtue de soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête. Elle était enceinte, et elle criait dans les douleurs de l’enfantement. Puis un autre signe parut dans le ciel: un énorme Dragon couleur de feu... Sa queue balaya le tiers des étoiles du ciel et les précipita sur la terre. Le Dragon se posta devant la Femme sur le point d’enfanter, afin de dévorer l’enfant dès qu’elle l’aurait mis au monde. Elle donna le jour à un enfant mâle qui doit mener paître les nations avec un sceptre de fer. Mais l’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône, et la Femme s’enfuit au désert où Dieu lui a préparé un refuge, pour y être nourrie pendant mille deux cent soixante jours ». (Ap. 12, 1-6)

« Le dragon, rempli de fureur contre la Femme, s’en alla faire la guerre au reste de sa descendance, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus ». (Apo. 13, 17)

Jésus pleure à cause de la souffrance qu’Il va infliger à la douce Colombe, à l’Innocente. Jésus souffre de la souffrance imminente de sa Mère contemplant le Fils déchiré.

Jésus souffre aussi de la longue souffrance de Marie, orpheline et veuve de son Fils, le Bien-Aimé. Car la Maman devra encore rester sur la terre, pour soutenir ses disciples, quand Lui sera retourné vers le Père, et pour devenir la Mère de son Église. Car Marie doit devenir la Mère de l’Église, la Mère du Corps mystique de son Fils, comme elle l’avait été de son corps d’homme.

Et voici que Jésus, malgré l’atroce vision de l’agonie de sa Mère, malgré sa propre agonie, sourit, comme déjà consolé – première consolation – par les douces images du Cantique des cantiques. Jésus entend les paroles que Marie lui envoie:

« Tes amours, ô mon Bien-Aimé, sont plus délicieuses que le vin ; 2-l’arôme de tes parfums est exquis, ton nom est une huile qui s’épanche » Ct 1, 1-2).

« Entraîne-moi sur tes pas, courons ! Tu es ma joie et mon allégresse ». (Ct. 1, 4)

–  Oui, Maman, soupire Jésus, oui, Maman, comme nous avons toujours marché ensemble dans la volonté du Père, aujourd’hui nous courrons ensemble et accomplirons l’Œuvre de Dieu, le salut de l’Humanité. Aujourd’hui, Maman, notre joie sera amertume et notre allégresse, la Croix...

– Oui, Maman, brisée par la douleur, aujourd’hui tu resplendiras de ta beauté brûlée par le Soleil de l’Amour, et tu pourras chanter :

« Je suis noire, et pourtant je suis belle, filles de Jérusalem...

Ne prenez pas garde à mon teint basané: c’est le soleil qui m’a brûlée ». (Ct. 1, 5-6) Ma joie est secrète mais débordante d’amour car :

« Mon Bien-Aimé élève la voix et me dit : ”Viens donc près de moi, ma bien-aimée, viens !” » (Ct. 2, 10)

– Maintenant, Maman, c’est l’Heure pour toi de vivre les angoisses de l’Épouse bien-aimée séparé de l’Époux et de dire :

« Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé ! 2-Je me lèverai donc, et parcourrai la Ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé ! » (Ct. 3, 1-2)

– Ô Maman ! Pendant des heures tu me chercheras; tu parcourras en vain les rues de Jérusalem. Et quand tu me retrouveras, au pied de la croix d’infamie devenue Croix de l’Espérance, ton cœur sera transpercé du glaive qui t’était destiné de toute éternité, le glaive qui, ayant d’abord transpercé mon Cœur livrera les fleuves d’eau vives de la grâce de Dieu. Ta beauté, alors, Femme promise depuis le commencement, éblouira toutes les générations qui ne cesseront de chanter :

« Quelle est celle-ci qui monte du désert, comme une fumée d’aromates, de myrrhe et d’encens » ; (Ct. 3, 6)

– C’est vrai que tu es belle, Femme bénie de Dieu, Femme immaculée, comblée de grâces.

« Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes derrière ton voile » (Ct. 4, 1).

« Tu es toute belle ma bien-aimée, et sans tache aucune » . (Ct. 4, 7). Et tu rayonnes d’amour, de l’Amour dont le Père t’enveloppa dès qu’Il te conçut :

« Que ton amour a de charmes, ma sœur, ma fiancée » (Ct. 4, 10).

« Tu es un jardin bien clos, ma sœur, ma fiancée, tu es un jardin bien clos, une source scellée ». (Ct. 4, 12)

– Pauvre Maman ! Il faut que les prophéties s’accomplissent. Sur le chemin de ma Croix, tu me chercheras, mais l’on t’éloignera de Moi, car je dois rester sans consolateur. Maman ! Le Cantique avait dit vrai, celui que tu chantas si souvent sans savoir qu’il s’agissait de toi :

« J’ai ouvert à mon bien-aimé, mais tournant le dos, il avait disparu... Je l’ai cherché mais ne l’ai point trouvé, je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu ! 7-Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la Ville. Ils m’ont frappée, ils m’ont blessée, ils m’ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent les remparts » (Ct. 5, 6-7)

– Maman, ô Maman, gémit Jésus qui maintenant entend les plaintes de la co-rédemptrice, prophétiquement et douloureusement exprimées dans les Lamentations : 8-...Ô Yahvé, regarde ma misère, l’ennemi a triomphé...

« Ô Yahvé, regarde et vois comme j’ai été méprisée ! Vous tous qui passez sur le chemin, regardez et voyez : est-il plus douloureuse douleur que celle dont je souffre, dont Yahvé m’a frappée au jour de son ardente colère. D’en haut il a envoyé un feu ; il est descendu dans mes os. Il a tendu un filet sous mes pieds et m’a jetée à la renverse. Il m’a laissée défaite, tous mes jours ne sont que souffrance » (Ct. 5, 11-13).

Jésus semble s’adresser à sa Mère qui, de son côté, vit l’Agonie du Fils.

– Maman, tu connaissais les paroles de l’Écriture, tu as dit oui au Père, pour le salut du monde, car ce sont l’Homme et la Femme qui doivent sauver le monde et le délivrer du péché et de Satan. Maman, tu es la Femme. Que de fois Je t’ai appelée par ce nom pour montrer aux hommes que, Mère de Jésus, le Fils de Dieu, tu es aussi leur Mère et la Femme qui les délivre : La Femme appelée par Dieu.

– Maman, Je sais que tu M’entends, que tu pleures avec Moi. Je sais que tu M’entends : demain, le monde va être sauvé, par l’Homme et par la Femme. Maman, Je sais que tu M’entends. Tu dois te souvenir des lamentations de Jérémie car tu dois savoir maintenant, que ma Passion sera aussi la tienne. Tu dois savoir qu’aujourd’hui et demain, Je suis le Serviteur souffrant livré aux mains des méchants pour le salut de tous les hommes. Maman, souviens-toi de ce que l’homme inspiré disait de Moi.

– Maman, ne sois pas loin demain, sur mon Chemin de Croix: tu dois être associée à ma peine. Surtout n’oublie jamais: le Seigneur est fidèle, Il est toujours fidèle. Te souviens-tu des jours bénis où tu chantais la fidélité de Yahvé, et le bonheur de ceux qui observent sa Loi et font sa volonté : 30- « La fidélité du Seigneur est grande, sa miséricorde n’est pas épuisée » (Ct. 5, 30).

– Maman, mon Heure de Jésus-Rédempteur est imminente ; ton heure à toi, aussi. Car c’est aujourd’hui que tu dois vivre l’heure terrible prédite par le vieillard Siméon, l’heure où ton cœur immaculé sera transpercé par le glaive de douleur.

– Maman, sois forte ! Sois forte dans la douleur surhumaine qui doit être la tienne. N’oublie jamais la fidélité de Dieu, l’Amour infini du Père qui a « posé comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l’amour est fort comme la mort ». (Ct. 8, 6)

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