Deuxième partie

Méditations sur la Passion de Jésus
pendant sa vie publique

16
Le divorce

 

Il est curieux de constater que Jésus, qui, à plusieurs reprises, a été confronté au problème du divorce, a lié ce thème à son enseignement sur le scandale. Ainsi, chez St Matthieu, adultères, divorces et scandales sont traités ensemble (Math V, 27-32, et XIX, 3-10). À propos de l’adultère, notamment, St Math fait une parenthèse pour aborder le thème du scandale: “Si ton œil droit est pour toi occasion de chute, arrache-le...” et sur la réalité de l’Enfer: “Il vaut mieux pour toi, perdre un de tes membres que d’entrer tout entier dans la géhenne de feu.”

Puis, délibérément, Jésus condamne le divorce:

– Celui qui renvoie sa femme l’expose à l’adultère, et celui qui épouse une femme renvoyée commet un adultère.”  On ne peut pas être plus clair.

Quant à Saint Marc, il donne d’abord les moyens de se préserver du scandale, puis, à la demande des pharisiens, reprécise nettement la Loi de Dieu sur le mariage et le divorce:

– Dieu fit l’Homme, homme et femme; pour cette raison l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme; et les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne seront plus deux, mais un seul être. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.” (Mc. X, 2-12)

L’enseignement de Jésus est net et précis: non au divorce. Les apôtres ont bien compris la leçon :

– Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, mieux vaut ne pas se marier...”

Jésus vient de réaffirmer la grandeur et l’indissolubilité du mariage. Voyant les perplexités qu’Il vient de soulever dans l’esprit de ses apôtres, Jésus va approfondir son enseignement.

– Oui, dans les conditions particulières de la vie dans le désert, et au contact de nombreuses populations païennes et polygames, Moïse a dû autoriser que, parfois, un acte de divorce puisse être délivré en cas de répudiation. C’était souvent un moindre mal. Mais il n’en est plus ainsi depuis longtemps. Souvenez-vous de ce qu’a dit le prophète Malachie :

14-Non au divorce. Vous dites: “Pourquoi Dieu refuse-t-il l’offrande des divorcés?” Tout simplement parce que Yahvé te donne tort vis-à-vis de la femme de ta jeunesse; elle était ta compagne, la femme de ton alliance, et tu l’as trompée. 15-Dieu n’a-t-il pas fait un seul être qui a chair et souffle de vie? Et que cherche cet être unique? Une descendance donnée par Dieu. Ne trompe donc pas la femme de ta jeunesse, 16-car, dit le Seigneur, je déteste le divorce, ainsi que ceux qui affichent tranquillement leur méfait -parole du Seigneur Sabaot.

– Veille donc sur ton esprit et ne commet pas cette trahison. (Ma. 2)

Jésus soupire, puis dit :

– Cette loi ne diffère pas de celle qui lui est semblable et qui doit protéger les faibles et les petits: Écoutez encore ce qu’ajoute Malachie:

5-Quand je viendrai pour vous juger, je commencerai par accuser les devins, les adultères et les menteurs, ceux qui oppriment l’ouvrier, la veuve et l’orphelin, et qui violent le droit de l’étranger sans davantage se soucier de moi, parole de Yahvé. (Ma. 3)

Un long et lourd silence s’est abattu sur le petit groupe. Les apôtres s’étonnent: ils ne se souvenaient plus de ces paroles du prophète. Peut-être ne les avaient-ils pas comprises... Mais avec Jésus, aucun compromis n’est possible: rien ne doit affaiblir la Loi de Dieu qui ne passera pas. Pourtant, curieusement, son enseignement semble toujours si nouveau!

– Ne vous souvenez-vous donc pas des paroles d’Osée : 6-C’est l’amour que je veux, et non les sacrifices. (Os. 6)

– Ô mes enfants, dit Jésus, aimez, mais aimez donc, aimez comme Dieu vous aime. Le mariage est l’image de l’amour que Dieu a pour son Peuple. Souvenez-vous de ce que Dieu a dit à Israël, son Peuple qu’Il considère comme sa fiancée, comme son épouse:

16-Maintenant je vais la séduire; je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur.

21-Elle sera ma fiancée pour toujours: ce seront des fiançailles de justice, de droiture, dans la tendresse et la miséricorde. 22-Je la fiancerai à moi dans la fidélité et elle saura qui est Yahvé. (Os. 2)

Les disciples de Jésus se sont tus. Il fait nuit maintenant et tout est calme. La lune qui monte dans le ciel jette sur le petit groupe une lumière qui incite à la prière et à la méditation. Chacun se souvient, dans son cœur, de toutes les infidélités d’Israël, de ses méfaits, de ses prostitutions. Les reproches de Yahvé montent spontanément aux lèvres de Philippe qui murmure sans même s’en apercevoir:  

3-Que t’ai-je fait, ô mon peuple, en quoi t’ai-je fatigué ? Réponds-moi.(Mi. 6)

Et Thaddée poursuit :

6-Avec quoi me présenterai-je devant Yahvé ? Avec quoi irai-je me prosterner devant le Dieu Très-Haut ? (Mi. 6)

Simon le Zélote, Simon appelé aussi le Lépreux, Simon qui fut guéri par la miséricorde du Maître que maintenant il suit, Simon répond:

13-Déchirez vos cœurs et non vos habits; revenez vers le Seigneur votre Dieu car il est tendresse et pardon, lent à la colère, riche en miséricorde: il regrette bientôt le mal qu’il a envoyé. (Joël)

C’est alors que, se souvenant d’Abraham et d’Isaac, André achève, comme dans un rêve :

7-... Faudra-t-il que j’offre mon fils aîné pour payer mon péché, donner celui qui est né de moi pour expier ma propre faute ? (Mi. 6) Le silence est total, rempli à la fois d’angoisse et d’espérance. Et de prière aussi.

Pourtant, peu à peu, le sommeil gagne tous les apôtres et Jésus peut enfin dire:

– Ne craignez pas mes amis, Je suis le Fils Aîné, né de Dieu. C’est Moi qui suis venu pour payer votre péché, pour expier toutes vos fautes. C’est Moi le Messie, l’Envoyé du Seigneur, que bientôt l’un d’entre vous contemplera crucifié, transpercé.

Mais l’Heure de Jésus n’est pas encore venue...

Alors, profitant de ces instants si doux, Jésus regarde ses disciples avec un regard plein d’Amour et plein de tendresse. Des larmes emplissent ses yeux, car, si Jésus voit sa Passion, Il voit aussi celle de ses apôtres, de ses disciples, de tous ses martyrs plus tard... bien plus tard, lorsqu’ils sauront donner leur vie pour Lui et pour leurs frères.

Jésus s’éloigne un peu pour ne pas les réveiller. Jésus s’éloigne et se tourne vers le Père :

– Oui ! Père, si c’est ta volonté !

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