Deuxième partie

Méditations sur la Passion de Jésus
pendant sa vie publique

12
Avec les pharisiens
et les docteurs de la Loi

Jésus console ses apôtres

 

Depuis déjà plusieurs mois, Jésus a vaincu Satan qui L’a quitté, au moins momentanément: “On ne tente pas le Seigneur Dieu!” Après la grande tentation Jésus est allé vers sa mission: la Rédemption du monde, son Grand œuvre. Jésus est descendu chez les hommes, dans le monde âpre des hommes pécheurs. Et pour combattre le Prince de ce monde caché dans le cœur de chaque homme, Jésus a choisi l’humilité et la douceur. Jésus n’utilisera aucun des moyens exceptionnels et grandioses que Satan lui suggérait. Jésus ne régnera pas sur le monde dont Il n’est pas: son Royaume à Lui, Jésus, n’est pas de ce monde, son Royaume est dans le cœur de ceux qui L’aiment, et qui L’aimeront éternellement.

Depuis plusieurs mois Jésus accomplit l’œuvre du Père qui est aussi la sienne. Tout le monde va à Lui qui guérit les malades, nourrit les affamés, et secourt les pauvres en détresse. Mais, surtout, Jésus prêche l’Amour et l’amour que l’on doit à Dieu. Le petit peuple des pauvres de biens et des pauvres de cœur reconnaît Dieu en Lui, mais les savants, les docteurs qui savent tout, ou croient tout savoir, les pharisiens qui observent si bien la Loi, voici que tous ces gens bien placés, et, à leurs yeux, si parfaits devant la Loi de Moïse, s’inquiètent: cet homme est dangereux.

Jésus est dangereux car Il prêche l’amour. Il prêche la justice, une justice toute nouvelle car l’ancienne, celle que Dieu avait confiée à Moïse, on l’avait oubliée pour la remplacer par une justice humaine. La justice que Jésus prêche, c’est la vraie sainteté, et çà, c’est dangereux. Oui, Jésus bouscule tous les petits conforts et les compromissions... Cet homme dérange tout, Il est très dangereux.

Jésus, depuis longtemps déjà, sent croître contre Lui une hostilité qui ne se cache même plus. Jésus sent cette hostilité devenue ouverte et en souffre: se serait-Il trompé dans son choix initial? Aurait-Il choisi le mauvais chemin? Aurait-Il dû prendre d’autres moyens, ceux que les hommes attendent?

Jésus est le Verbe de Dieu, le Fils du Dieu vivant.  Jésus est UN avec le Père, mais Il est homme aussi, pleinement homme, et Satan recommence à rôder... Satan introduit des doutes dans son esprit et dans son Cœur d’homme: certainement, Il s’est trompé de route: aux hommes, sots comme ils sont, il faut des miracles extraordinaires. Seuls, à ces hommes bornés, conviennent les spectacles grandioses, les miracles retentissants. Ces hommes stupides réclament des honneurs et des satisfactions. “Tu vois, insinue Satan, si Tu leur avais tenu les discours qu’ils désirent, ils ne se révolteraient pas contre Toi...”

Jésus, chasse Satan, et machinalement récite quelques psaumes: 

2-Pitié pour moi, ô Dieu, on me harcèle. Tout le jour mes tyrans me harcèlent,
3-et me regardent me débattre. Qu’ils sont nombreux mes adversaires!

Mais,

4-c’est en Toi, Seigneur que je me confie le jour où je prends peur.
5-...En Dieu je me confie, et je n’ai plus de crainte...

Jésus avance toujours sur le chemin qui conduit à Emmaüs. Quelques pharisiens et ses apôtres Le suivent, mais de loin, car cette fois encore, les discours sont peu amènes. Les apôtres essaient bien de tempérer les remarques blessantes, mais sans trop de conviction: les opinions tranchantes des docteurs les ont ébranlés dans leur foi, et ils ne savent plus très bien ce qu’ils doivent penser. Jésus paraît ne rien entendre, pourtant Il souffre: 6-d’entendre tout le jour des paroles blessantes, des menaces de ces gens qui ne pensent qu’à lui faire du mal! 7-qui s’ameutent et se cachent, qui l’épient comme pour surprendre son âme.

À ce moment Jésus dit tout haut: 11-Mais en Dieu je me confie et je n’ai plus de crainte. (Ps. 56 [55])

Ô mon Dieu!-garde-moi comme la prunelle de tes yeux, place-moi en secret à l’ombre de tes ailes. (Ps. 17 [16]) 

Soudain la tentation devient plus forte et l’Ennemi déroule devant Lui des scènes agressives qui blessent son Cœur aimant. Mais Jésus est toujours vainqueur de Satan car Il Se fie en Dieu et Il prie le Père des Cieux :

9- Préserve-moi de la vue de ces violents, de ces méchants, de mes ennemis qui déjà m’encerclent.
11-Ils me surveillent et soudain ils m’encerclent, ils se préparent pour me jeter à terre.
12-Je crois voir un lion impatient de déchirer, ou son lionceau tapi dans sa cachette.
(Ps. 17 [16]) 

Oh ! Père, éloigne de moi ces visions de l’Enfer. Vois :

5-les flots de la mort m’enveloppent, les torrents diaboliques m’épouvantent,
6-je suis pris dans les filets du monde infernal, je vois devant moi les pièges de la mort,
7-dans mon angoisse, je crie vers Toi, mon Dieu... (
Ps. 18 [17])

Brusquement Jésus s’arrête, comme pour attendre ses apôtres. Mais Il est livide, décomposé. Que se passe-t-il, dans l’esprit de Jésus? La tentation a-t-elle pris un autre tour ? Voit-Il maintenant le spectacle de sa mort sur la Croix ?

8-Alors la terre a tremblé, elle s’est ébranlée, les fondements des cieux en ont frémi, ils tremblaient en voyant sa colère.
9-Une vapeur montait à ses narines, de sa bouche s’échappait un feu dévorant, il en sortait des charbons embrasés.

– Oui, commente Jésus, c’est Yahvé qui se manifestait pour justifier l’Innocent que l’on accablait, l’Innocent qui 22-suivait les voies du Seigneur, l’Innocent qui n’avait pas péché, qui ne s’était pas écarté de son Dieu.

Yahvé se manifestait et

12-Tout autour de lui, un rideau de ténèbres, de lourds nuages amoncelés formaient sa tente.
13-Un éclat le précédait, grêles et grêlons de feu.
14-Puis dans les cieux éclata son tonnerre: le Seigneur faisait entendre sa voix.

– Oui, Père, s’écrie Jésus, Tu le sais, 23-Tous tes jugements sont présents devant moi...

26-Et devant toi, je suis sans reproche... (Ps. 18 [17])

La lumière du jour baisse de plus en plus. Les pharisiens et les docteurs de la Loi sont partis... Ils savent à quoi s’en tenir sur Celui qui se prétend le Messie. Dans leur cœur, la mort de Jésus est déjà accomplie, et Jésus le sait.

Les douze apôtres ont rejoint Jésus, pas très fiers:

– De quoi parliez-vous donc, en chemin? demande Jésus. Pourquoi ne M’avez-vous pas rejoint plus tôt? Ne laissez jamais s’installer la tentation dans vos cœurs. Sachez que tous ceux qui Me suivront seront tentés par le démon, lequel, pour mieux les tromper, utilisera, mais en détournant son sens, même la prière que Dieu Lui-même leur a donnée dans les psaumes. Ainsi :

13-À quoi bon garder un cœur pur et conserver les mains nettes,
14-si tout le jour je reçois des coups, et chaque matin une nouvelle leçon? (
Ps. 73 [72])
22-Oui, quoique fidèle, je suis pauvre et malheureux, et j’en porte la blessure au-dedans de moi.
23-Je m’en vais comme une ombre qui décline, comme la sauterelle emportée par le vent.
24-Je suis un prétexte pour leurs insultes, et quand ils me voient, ils se font des signes. (
Ps. 109 [108])

– Maître, pourquoi les pharisiens sont-ils si acharnés contre Toi? demande Jean.

– C’est vrai, Maître, ajoute Pierre en pleurant, nous ne savions pas comment répondre à leurs affirmations calomnieuses.

Les autres disciples baissent la tête...

– Priez, mes amis, priez sans cesse, sans jamais vous lasser, le Seigneur vous écoutera. Louez Dieu sans vous lasser, et répétez souvent:

21-Pour moi, Seigneur, fais honneur à ton nom et sauve-moi, car tu es bon,
25-Viens à mon aide, Seigneur, sauve-moi, car tu es bon. (
Ps. 109 [108])

Jésus et ses apôtres sont arrivés à Emmaüs. Les disciples qui habitent là rejoignent leur famille pour offrir un gîte et de la nourriture au Maître et à ses amis. Jésus accepte volontiers: une halte amicale, après une journée éprouvante, est toujours bien accueillie. Et les apôtres, fatigués, troublés, ont besoin d’être rassurés.

Le repas fut excellent. Les apôtres retrouvent la paix dans leurs cœurs bouleversés. Et puis, Jésus est si bon, si plein d’amour et de miséricorde. La confiance renaît, comme naturellement, quand Jésus les invite à prier. C’est d’abord l’expression de l’angoisse subie :

2-Je crie, j’appelle le Seigneur, je le supplie; vers le Seigneur ma voix s’élève.
3-Devant lui je déverse ma plainte, devant lui je redis ma détresse,
4-et mon esprit défaille en moi... Sur ce chemin où j’avance ils m’ont tendu un piège.
5-Regarde sur ma droite, et vois: pas un qui me reconnaisse. Tout espoir de fuir s’est envolé, et personne ne s’inquiète pour moi.
7-Sois attentif à mon appel et vois mon sort pitoyable. Délivre-moi de ceux qui me poursuivent et se savent plus forts que moi. (
Ps. 142 [141])

– Toujours vous devrez ainsi vous tourner vers le Père quand la détresse vous saisira, quand l’avenir sera comme bouché devant vous, quand vous ne pourrez plus voir que les croix qui vous attendent. Puis, lorsque le calme sera revenu dans votre intelligence, lorsque la paix aura retrouvé sa place dans vos âmes, n’oubliez pas ces paroles d’espérance, 1-Élèvez vos regards vers les monts... D’où viendra le secours?

N’oubliez pas: 2-Le secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le Ciel et la terre. En effet: 3-le Seigneur laisserait-il broncher ton pied, dormirait-il, celui qui te garde ?

4-Mais non, il ne sommeille pas, il ne dort pas, le gardien d’Israël.
5-Le Seigneur te protège et te garde à l’abri de son ombre, il est là, à ta droite.
(Ps. 121 [120])

– Dans le Cœur de Dieu, vous serez toujours en sécurité.

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