Julienne naît en 1192 à Retinne (près de Liège). Ses parents, Henri
et Frescende sont des agriculteurs
fortunés.
A l’âge de cinq ans, orpheline, elle est placée avec sa sœur Agnès à
la léproserie du Mont-Cornillon pour y être élevée par les sœurs.
Cette léproserie, née d’un regroupement spontané de lépreux
(nombreux à l’époque), va se voir imposer par la ville une
organisation économique et une vie communautaire. L’aspect à la fois
civil et religieux de l’institution sera à l’origine de conflits
continuels.
Julienne manifeste avec précocité un goût profond pour la
contemplation ainsi qu’une intelligence exceptionnelle. Dès sa
jeunesse, nous dit son biographe, elle a des visions. Elle n’en
parlera pas pendant vingt ans. Elle voit le disque de la lune avec
une fraction manquante. Elle comprend dans la prière qu’il manque
une fête à l’Eglise en l’honneur du sacrement du corps et du sang du
Christ. Elle rencontre alors Eve, recluse à Saint Martin, qui va la
soutenir et lui faire rencontrer des clercs savants et influents
dont Jacques de Troyes, alors archidiacre de Campine qui deviendra
pape sous le nom d’Urbain IV. Leurs avis sur les révélations et la
fête sont favorables.
Nommée prieure vers 1230, elle s’efforcera de faire évoluer la
communauté de la léproserie vers une forme de vie plus explicitement
religieuse. Cette exigence, ainsi que les vues de la ville sur la
gestion de l’institution caritative va lui valoir beaucoup
d’opposition. Au point que les bourgeois de Liège viendront même
saccager le lieu où elle habite dans la léproserie. Tout cela décide
finalement Julienne à partir en exil avec trois autres sœurs.
Les cisterciennes de Robermont, du Val-Benoît et du Val Notre-Dame
d’Antheit (Huy) l’accueillent successivement chez elles. Toujours
poursuivie, elle trouve asile avec ses compagnes chez les béguines
de Namur, puis à l’abbaye cistercienne de Salzinnes. En 1254 la
guerre civile désole la principauté. La révolte de la population
menace aussi Salzinnes. Julienne quitte alors l’abbaye (où sont
inhumées ses trois sœurs d’exil décédées entre-temps) pour se
réfugier dans une récluserie à Fosses-la-Ville. Elle y meurt suite à
une maladie de gorge le 5 avril 1258. Elle est enterrée où elle
l’avait demandé à l’abbaye de Villers-la-Ville. Ses restes y seront
mis à l’honneur dans la chapelle des saints.
C’est la redécouverte de la personne du Christ qui motive toute
l’action de Julienne en faveur de l’institution d’une fête de
l’eucharistie. Julienne a, en effet, une conscience aigüe de la
présence du Christ dans notre vie. Elle l’expérimente en particulier
en vivant intensément le sacrement de l’eucharistie et en méditant
les paroles que le Christ a laissé à ses disciples : "Voici, je suis
avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps" (Mt 28, 20).
Elle obtient en 1246 de l’évêque de Liège que l’on célèbre la fête
du Corps et du Sang du Christ. Elle compose avec Jean, un clerc de
Cornillon, un office liturgique complet. Lorsque la fête sera
étendue à l’Église universelle en 1264 par Urbain IV, on remplacera
l’office liégeois par un office composé par saint Thomas d’Aquin. A
travers la diversité des formes qu’a connue la Fête-Dieu, c’est
pourtant un seul mystère qui est révélé, celui de la PRÉSENCE du
Christ mort et ressuscité, dans le pain et le vin consacré à
l’eucharistie.
C’est le mystère de cette présence vivante que Julienne veut encore
nous révéler aujourd’hui sur le chemin qui nous mène vers Cornillon. |