Julienne de Cornillon
Religieuse, Sainte
1192-1258

Julienne naît en 1192 à Retinne (près de Liège). Ses parents, Henri et Frescende sont des agriculteurs fortunés. A l’âge de cinq ans, orpheline, elle est placée avec sa sœur Agnès à la léproserie du Mont-Cornillon pour y être élevée par les sœurs. Cette léproserie, née d’un regroupement spontané de lépreux (nombreux à l’époque), va se voir imposer par la ville une organisation économique et une vie communautaire. L’aspect à la fois civil et religieux de l’institution sera à l’origine de conflits continuels.

Julienne manifeste avec précocité un goût profond pour la contemplation ainsi qu’une intelligence exceptionnelle. Dès sa jeunesse, nous dit son biographe, elle a des visions. Elle n’en parlera pas pendant vingt ans. Elle voit le disque de la lune avec une fraction manquante. Elle comprend dans la prière qu’il manque une fête à l’Eglise en l’honneur du sacrement du corps et du sang du Christ. Elle rencontre alors Eve, recluse à Saint Martin, qui va la soutenir et lui faire rencontrer des clercs savants et influents dont Jacques de Troyes, alors archidiacre de Campine qui deviendra pape sous le nom d’Urbain IV. Leurs avis sur les révélations et la fête sont favorables.

Nommée prieure vers 1230, elle s’efforcera de faire évoluer la communauté de la léproserie vers une forme de vie plus explicitement religieuse. Cette exigence, ainsi que les vues de la ville sur la gestion de l’institution caritative va lui valoir beaucoup d’opposition. Au point que les bourgeois de Liège viendront même saccager le lieu où elle habite dans la léproserie. Tout cela décide finalement Julienne à partir en exil avec trois autres sœurs.

Les cisterciennes de Robermont, du Val-Benoît et du Val Notre-Dame d’Antheit (Huy) l’accueillent successivement chez elles. Toujours poursuivie, elle trouve asile avec ses compagnes chez les béguines de Namur, puis à l’abbaye cistercienne de Salzinnes. En 1254 la guerre civile désole la principauté. La révolte de la population menace aussi Salzinnes. Julienne quitte alors l’abbaye (où sont inhumées ses trois sœurs d’exil décédées entre-temps) pour se réfugier dans une récluserie à Fosses-la-Ville. Elle y meurt suite à une maladie de gorge le 5 avril 1258. Elle est enterrée où elle l’avait demandé à l’abbaye de Villers-la-Ville. Ses restes y seront mis à l’honneur dans la chapelle des saints.

C’est la redécouverte de la personne du Christ qui motive toute l’action de Julienne en faveur de l’institution d’une fête de l’eucharistie. Julienne a, en effet, une conscience aigüe de la présence du Christ dans notre vie. Elle l’expérimente en particulier en vivant intensément le sacrement de l’eucharistie et en méditant les paroles que le Christ a laissé à ses disciples : "Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps" (Mt 28, 20).

Elle obtient en 1246 de l’évêque de Liège que l’on célèbre la fête du Corps et du Sang du Christ. Elle compose avec Jean, un clerc de Cornillon, un office liturgique complet. Lorsque la fête sera étendue à l’Église universelle en 1264 par Urbain IV, on remplacera l’office liégeois par un office composé par saint Thomas d’Aquin. A travers la diversité des formes qu’a connue la Fête-Dieu, c’est pourtant un seul mystère qui est révélé, celui de la PRÉSENCE du Christ mort et ressuscité, dans le pain et le vin consacré à l’eucharistie.

C’est le mystère de cette présence vivante que Julienne veut encore nous révéler aujourd’hui sur le chemin qui nous mène vers Cornillon.

 

 

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