Josse de Ponthieu
Prêtre, Ermite, Saint
† 668

Les ravages des Anglo-Saxons dans la Grande-Bretagne déterminèrent une partie des Bretons à passer dans l'Armorique, qui faisait partie de la Gaule. Ils s'y formèrent un petit état qui fut d'abord indépendant, mais qui se soumit depuis à la domination française. Judhaël, comte de Domnonée, eut pour successeur Judicaël, son fils ainé, qu'on appelle communément Giguel. Celui-ci prit le titre de Roi ; mais peu de temps après il offrit sa couronne à son frère Jodoc, vulgairement appelé Josse. Josse demanda du temps pour consulter le Seigneur. Il se renferma pendant huit jours dans le monastère de Lan-Maëlmon, et y pria Dieu de lui faire connaître ce qu'il demandait de lui. Ce terme expiré, il annonça qu'il renonçait au monde, et il reçut la tonsure ecclésiastique des mains de l'évêque d'Avranches. Il se joignit à onze pèlerins qui se proposaient d'aller à Rome. Ils se rendirent tous à Paris, et de là en Picardie. Haymon, duc ou comte de Ponthieu, pria Josse de rester auprès de lui. Le Saint y consentit, parce qu'il se croyait assez éloigné de son pays, pour vivre dans l'obscurité. Ayant été ordonné prêtre, il desservit sept ans la chapelle d'Haymon. Il se retira ensuite avec Wurmar, son disciple, dans un désert appelé Brahic, et aujourd'hui Ray. Ce lieu, qu'on pouvait cultiver, est arrosé par la rivière d'Authie. Haymon y fit construire une chapelle et des cellules. Les deux ermites vécurent du travail de leurs mains, et trouvèrent encore de quoi assister les pauvres. Ils joignaient à une pénitence rigoureuse, l'exercice continuel de la prière et de la contemplation.

Huit ans après, ils se retirèrent à Runiac, aujourd'hui Villers-Saint-Josse, près l'embouchure de la Canche, et ils y bâtirent une chapelle sous l'invocation de saint Martin. Ils y menèrent leur premier genre de vie pendant treize ans. Josse ayant été mordu par un serpent, ils changèrent de demeure. Haymon, qui continuait de les protéger, leur fit construire un nouvel ermitage avec deux chapelles, dédiées sous l'invocation de saint Pierre et de saint Paul. Leur dévotion pour ces saints apôtres leur inspira le désir de faire un pèlerinage à Rome. De retour à Runiac, ils trouvèrent qu'Haymon avait agrandi et orné leur ermitage. Il y avait même fait une belle église sous l'invocation de saint Martin, et y avait attaché des revenus. Ce fut là que Josse mourut vers l'an 668. Sa sainteté fut attestée par des miracles avant et après sa mort.

Winoc et Arnoc, qu'on croit avoir été ses neveux, héritèrent de son ermitage, qui fut depuis changé en un célèbre monastère, et qui est un de ceux que Charlemagne donna à Alcuin. Il était à une lieue de la mer, près de Montreuil, au diocèse d'Amiens, et il appartenait aux Bénédictins. L'abbé jouissait des privilèges de comte. Ce monastère est connu sous le nom de Saint-Josse-sur-mer. Il y en avait un autre près d'Hesdin, qui portait le nom du même Saint. Il fut fondé en 1159, et il appartenait aux chanoines réguliers de Prémontré. On l'appelle, pour le distinguer du premier, Saint-Josse-aux-bois, ou de Dom Martin.

Saint Josse est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godes-card.

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