Les
ravages des Anglo-Saxons dans la Grande-Bretagne
déterminèrent une partie des Bretons à passer dans l'Armorique, qui
faisait partie de la Gaule. Ils s'y formèrent un petit état qui fut
d'abord indépendant, mais qui se soumit depuis à la domination
française. Judhaël, comte de Domnonée, eut pour successeur Judicaël,
son fils ainé, qu'on appelle communément Giguel. Celui-ci prit le
titre de Roi ; mais peu de temps après il offrit sa couronne à son
frère Jodoc, vulgairement appelé Josse. Josse demanda du temps pour
consulter le Seigneur. Il se renferma pendant huit jours dans le
monastère de Lan-Maëlmon, et y pria Dieu de lui faire connaître ce
qu'il demandait de lui. Ce terme expiré, il annonça qu'il renonçait
au monde, et il reçut la tonsure ecclésiastique des mains de
l'évêque d'Avranches. Il se joignit à onze pèlerins qui se
proposaient d'aller à Rome. Ils se rendirent tous à Paris, et de là
en Picardie. Haymon, duc ou comte de Ponthieu, pria Josse de rester
auprès de lui. Le Saint y consentit, parce qu'il se croyait assez
éloigné de son pays, pour vivre dans l'obscurité. Ayant été ordonné
prêtre, il desservit sept ans la chapelle d'Haymon. Il se retira
ensuite avec Wurmar, son disciple, dans un désert appelé Brahic, et
aujourd'hui Ray. Ce lieu, qu'on pouvait cultiver, est arrosé par la
rivière d'Authie. Haymon y fit construire une chapelle et des
cellules. Les deux ermites vécurent du travail de leurs mains, et
trouvèrent encore de quoi assister les pauvres. Ils joignaient à une
pénitence rigoureuse, l'exercice continuel de la prière et de la
contemplation.
Huit ans après,
ils se retirèrent à Runiac, aujourd'hui Villers-Saint-Josse, près
l'embouchure de la Canche, et ils y bâtirent une chapelle sous
l'invocation de saint Martin. Ils y menèrent leur premier genre de
vie pendant treize ans. Josse ayant été mordu par un serpent, ils
changèrent de demeure. Haymon, qui continuait de les protéger, leur
fit construire un nouvel ermitage avec deux chapelles, dédiées sous
l'invocation de saint Pierre et de saint Paul. Leur dévotion pour
ces saints apôtres leur inspira le désir de faire un pèlerinage à
Rome. De retour à Runiac, ils trouvèrent qu'Haymon avait agrandi et
orné leur ermitage. Il y avait même fait une belle église sous
l'invocation de saint Martin, et y avait attaché des revenus. Ce fut
là que Josse mourut vers l'an 668. Sa sainteté fut attestée par des
miracles avant et après sa mort.
Winoc et Arnoc,
qu'on croit avoir été ses neveux, héritèrent de son ermitage, qui
fut depuis changé en un célèbre monastère, et qui est un de ceux que
Charlemagne donna à Alcuin. Il était à une lieue de la mer, près de
Montreuil, au diocèse d'Amiens, et il appartenait aux Bénédictins.
L'abbé jouissait des privilèges de comte. Ce monastère est connu
sous le nom de Saint-Josse-sur-mer. Il y en avait un autre
près d'Hesdin, qui portait le nom du même Saint. Il fut fondé en
1159, et il appartenait aux chanoines réguliers de Prémontré. On
l'appelle, pour le distinguer du premier, Saint-Josse-aux-bois,
ou de Dom Martin.
Saint Josse est
nommé en ce jour dans le martyrologe romain.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godes-card. |