John naquit au VIIe siècle dans le village de Harpham, province de Deirie qui comprenait les comtés dYork, de Lancastre et la partie du royaume de Northumbrie située au sud de la Tyne. Un désir ardent de se donner
au service de Dieu lattira tout jeune dans le royaume de Kent où il fit de rapides progrès dans la science et la piété, sous la direction de labbé Adrian de Cantorbury. Il retourna ensuite dans son pays, reçut lhabit monastique dans labbaye de Withby, alors gouvernée par sainte Hilda 1 .
Au commencement du règne dAlfred, à la mort dEata, John fut tiré de sa solitude pour être placé sur le siège de Hexham (687). Il continua néanmoins la vie quil menait dans le cloître et consacrait à la contemplation céleste les moments qui nétaient pas occupés par lexercice des fonctions épiscopales. Le lieu de sa retraite était une cellule située dans le cimetière de Saint-Michel, au-delà de la Tyne, à près de deux milles de Hagulstad : il y passait en particulier les quarante jours du Carême. Il y prenait pour compagnon quelque pauvre malade auquel il donnait ses soins : une année, il se chargea dun pauvre muet dont la tête était couverte dune dartre hideuse. Pendant quun médecin soignait ce mal, Jean donnait sa bénédiction aux remèdes qui eurent raison du mal ; de plus, il rendit au muet lusage de la parole et lui apprit à lire.
Ce fut le même John, évêque de Hexham, qui donna le diaconat et la prêtrise au vénérable Bède 2 , sur la présentation de labbé Céolfrid. Cest à Bède que nous devons divers témoignages sur la sainteté et les miracles de John.
John fonda un monastère, dans une forêt à vingt-sept milles dYork. Conformément à lusage du temps, il y avait là un double monastère, lun pour les hommes, placé sous la direction de Berchtun, son disciple, lautre pour les femmes. Ce monastère est à lorigine de la ville de Beverley.
En 705, John fut promu au siège de York, quil gouverna pendant sept ans. Accablé par lâge et les fatigues, John se donna un successeur dans la personne de saint Wilfrid, dit le Jeune, et se retira définitivement en 717 dans le monastère de Beverley. Il y passa les quatre dernières années de sa vie dans laccomplissement exact de la règle monastique et mourut le 7 mai 721.
Le tombeau de John, illustré par ses miracles, devint un des principaux lieux de pèlerinage de lAngleterre. En 1037, larchevêque de York, Alfric, fit une translation des reliques de John et cest alors que John fut officiellement canonisé. Les nombreux miracles de guérisons attribués à John le rendirent très célèbre durant tout le Moyen-Age et furent en même temps un facteur de grande prospérité pour la ville de Beverley.
Un siècle après, il est question de la bannière de saint John. Au treizième siècle, lorsquon devait lever des impôts dans le Yorkshire, il suffisait, pour la ville de Beverley, quun homme allât se présenter avec cette bannière.
A la fin du treizième siècle, le Chapitre de la cathédrale de Beverley commanda une châsse en or et en argent à un certain Roger, lequel sengageait à nentreprendre aucun autre travail avant lachèvement de cette châsse.
Edward I er
avait une réelle dévotion pour saint Jean de Beverley. Il alla plusieurs fois sy recueillir, notamment pour aller combattre les Ecossais en 1300. Le roi sestima redevable de sa victoire à lintercession du saint évêque et fit bâtir sur lemplacement de lancien monastère, détruit par les Danois, une riche collégiale sous le vocable de John. Dautres rois utilisèrent à leur tour cette sainte bannière dans leurs campagnes militaires. Quatre siècles plus tard, Henri V se déclara redevable de la victoire dAzincourt à la protection de John de Beverley quil avait invoqué. En conséquence, il voulut que la fête fût chômée dans toute lAngleterre (1416). La victoire avait eu lieu précisément au jour anniversaire de la translation de John, et ce jour-là on avait remarqué que la tombe faisait jaillir du sang et de lhuile.
En 1541, le roi Henri VIII ordonna la destruction de cette châsse. Mais en 1664, des artisans découvrirent sous le dallage de lallée centrale de la cathédrale un caveau contenant diverses reliques avec une inscription attestant lappartenance de ces reliques à saint John de Beverley. En 1738, lors de la réfection du dallage, les mêmes reliques furent remises en honneur par la construction dune tombe recouverte dune large plaque de marbre.
Encore récemment, lors de la fête du 7 mai, une procession a lieu entre Harpham et léglise, où les enfants déposent autour de la tombe de saint John des fleurs quils ont cueillies dans les champs alentour.
La Bienheureuse Julienne de Norwich (1342-1416), mystique anglaise, était dévote de saint John de Beverley, ainsi que le saint chancelier John Fisher 3
, lui-même
natif de Beverley.
Pour être complets sur ce grand saint anglais que nous ne connaissons guère, nous retiendrons ici les uvres attribuées à saint John, recensées par J. Bale, et dont certaines ont malheureusement été perdues : une Exposition sur saint Luc, des Homélies sur les Évangiles, des Lettres à Herebaldum, Audena et Bertin, des Lettres à lAbbesse Hyldant.
1 Sainte Hilda est fêtée le 17 novembre.
2 S.Bède le Vénérable est fêté le 25 mai.
3 Bse Julienne de Norwich (1342-1416), fêtée le 14 mai ; s. John Fisher (1469-1535), fêté le 22 juin. |