Lucifer et ses démons,
le péché et l'enfer

Introduction

Tous nos contemporains honnêtes sont presque obligés de constater que nos sociétés ex-chrétiennes se sont fourvoyées, peut-être de bonne foi, depuis la fin du Concile Vatican II, et surtout depuis 1968. Aujourd'hui les épreuves psychiques ou morales de nombreuses personnes, la situation mondiale, l'islamisation galopante de l'Europe, le passé de certains de nos proches, voisins ou amis, sont tellement incroyables ou insensés que nous devons commencer à y réfléchir. Et cela nous conduit à découvrir un monde qui jusqu’à présent nous était totalement inconnu, sinon intellectuellement, du moins dans nos cœurs et dans nos sensibilités.

Il y a une quarantaine d'années, beaucoup de nos contemporains, y compris des catholiques, pensaient “savoir” des choses... Mais ne pouvant les expliquer rationnellement ou scientifiquement, ils n’y croyaient pas vraiment, mais recherchaient des preuves ou des solutions plus ou moins matérielles ou expérimentales pour se rassurer. Ainsi, concernant le spiritisme ou certaines forces occultes, les gens “sensés” disaient que des forces obscures, que nous ne les connaissions pas encore, existaient et agissaient ; on pensait aussi que, n’ayant pu réussir à mettre ces forces en évidence scientifiquement, et à les maîtriser suffisamment pour les rendre reproductives et pouvoir les mesurer, il s'agissait d'énergies... énergies d'ailleurs non définies. Des hommes plus fragiles imaginaient même des interventions d’esprits, d’ailleurs inconnus ou bien vagues, et pensaient, qu’à l’occasion, ces esprits profitaient de nos ignorances pour agir bizarrement et nous troubler : il ne fallait donc pas les contrarier.

Parallèlement, beaucoup de personnes, très sagement, ne tenaient aucun compte de ces forces. Mais, un grand nombre ces personnes, qu'on aurait pu croire de bon sens, allèrent malheureusement trop loin : ces gens, sceptiques ou mal informés des réalités spirituelles, et Dieu sait qu’ils étaient devenus nombreux, même dans les milieux ecclésiastiques ou religieux, ces gens, non seulement se mirent à nier la présence de Satan, mais nièrent même son existence, alors que les sectes sataniques se multipliaient...

D’autres personnes, qui disaient croire en Dieu, prétendaient, avec juste raison semble-t-il, qu’il ne fallait pas mettre Satan partout. Cela semblait très rationnel et, surtout, facilitait grandement la vie. Beaucoup d'hommes et de femmes se comportèrent ainsi, pas entièrement sceptiques, certains même curieusement intéressés par les “sciences” occultes et l'ésotérisme, mais assez indifférents aux authentiques réalités spirituelles, malgré l’existence de certains faits qui auraient dû les troubler et dont nous prenons de plus en plus conscience maintenant.

Aujourd'hui, compte tenu de la gravité de la situation : multiplication des sectes, désespoir et suicides de beaucoup de jeunes notamment, nous commençons à comprendre qu’il ne faut pas traiter ces choses à la légère, mais au contraire essayer de mieux les connaître pour s'en protéger, et, éventuellement, instruire d'autres personnes. Ainsi de nombreux chrétiens ont eu connaissance de la présence de Satan dans certaines musiques, dans des messages subliminaux et dans bien d’autres phénomènes que les spécialistes, prêtres ou exorcistes, considèrent avec beaucoup d’attention afin de mettre en garde nos contemporains, et surtout nos jeunes. La présence, en France, de nombreux sorciers africains, nous oblige maintenant à prendre la sorcellerie au sérieux. Nous avons, également, tous entendu parler de la présence, même à Paris ou dans certains de nos lycées, non seulement de sectes, mais d’églises sataniques. Tous, nous avons connu certains de nos amis qui, ayant plus ou moins approché des sectes et ayant eu la chance de pouvoir s’en extraire à temps, nous font comprendre la réalité effroyable de tous les phénomènes occultes.

Parfois, nous apprenons, que des personnes ont été envoûtées, ou victimes de sorts, ou pire, infectées à leur insu, par les forces du mal. Ce que beaucoup de personnes considéraient comme des fables se révèle soudain être d’une brûlante actualité. Nous savions, encore trop vaguement hélas ! que Satan était à l’œuvre dans notre monde qui avait mis Dieu à la porte, mais pas à un tel point... Et nous comprenons enfin que nous devons réfléchir très sérieusement, quoique prudemment, à ces choses dangereuses à tous les niveaux de l'être humain : psychique, intellectuel, moral et même physique dans certains cas.

Quand on cherche à supprimer Dieu dans une société, Satan prend la place. Quand on supprime dans l’Église les signes extérieurs qui apprennent aux gens à vivre un peu plus près de Dieu, des signes qui sont comme des rappels de la présence de Dieu, (notamment l’eau bénite pour ne citer que cela), on tombe dans une multitude de superstitions ou de croyances bizarres qui étonnent. Heureusement, parfois, lorsque nous pensons douloureusement à tout cela, le Seigneur nous emmène au désert, pour y contempler son attitude face au Tentateur.

Jésus s’était manifesté à Jean le Baptiste. Jésus avait été baptisé et le Père L’avait révélé au monde : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui Je me complais: écoutez-Le !” Puis, “Poussé par l'Esprit”, Jésus s'en alla au désert, pour, nous dit l'Évangile, “y être tenté par le diable”. Contemplons Jésus. Ce jour-là Il est seul. Il vient de jeûner pendant quarante jours, et Il a faim. Il doit prochainement commencer sa prédication et accomplir sa mission, celle que le Père lui a confiée. Et Jésus, le Messie, doit maintenant mettre en œuvre la parole de l’Écriture : “Tu n’as voulu ni oblation, ni holocauste, alors voici que Je viens pour faire Ta volonté.”

Jésus est dans le désert et Il a faim. Jésus doit commencer sa mission, sa prédication; mais comment faire pour toucher ce peuple à la tête dure, à la nuque raide ? Comment agir pour que les hommes croient qu’Il est l’Envoyé de Dieu ? Comment faire pour réussir sa délicate mission de Rédempteur ? Comment sauver les hommes et les délivrer du péché ?... Jésus pèse le pour et le contre de toutes ses idées quand survient brusquement la plus terrible des tentations ; en effet, Satan a bien compris que l'homme qu'il a devant lui, pour l’instant cherche sa voie.

Jésus est Dieu, bien sûr, Il est la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, le Fils bien-aimé du Père. Jésus est Dieu, étroitement uni au Père, mais Il est homme aussi, pleinement homme. Et si, dans son union béatifique[1] avec le Père Il sait toutes choses, sur la terre, homme parmi les hommes, Il a voulu être soumis aux mêmes contraintes que les hommes, Il a voulu être soumis aux contingences du temps et aux mêmes exigences de la croissance et de la réflexion.

Jésus est Dieu mais Il est aussi un homme comme nous, pour nous montrer comment doit vivre un homme entièrement soumis à Dieu. Jésus est homme, car c’est un homme qui doit sauver les hommes et rétablir dans sa perfection le plan de Dieu, le projet de Dieu retardé par le péché des hommes. Satan ne sait pas tout cela ; il ne sait pas que l'homme qui est là est Dieu, mais il a remarqué dans tout son être, dans toutes ses actions, une perfection inhabituelle. Jésus est trop près de Dieu, trop uni au Père, et cela gêne le démon qui pressent que cet homme a une mission spéciale; et il veut la faire échouer.

Contemplons Jésus et essayons de Le comprendre, de deviner les décisions qui orienteront toute son œuvre de Rédempteur. Après quarante jours de jeûne, Jésus a faim, et Il connaît sa puissance. Il sait qu'Il peut transformer les pierres en pain, que les anges peuvent aussi venir Le servir. Il n’a qu’à le leur demander, car les anges sont près de Lui. Mais Satan est là aussi, qui attise sa faim et sa soif, et qui fait germer dans son cœur et dans son esprit toutes sortes de pensées, toutes plus raisonnables les unes que les autres. Satan dit à Jésus :

— “Ainsi, depuis quarante jours que Tu jeûnes, Tu es devenu bien faible... Vois, Tu n’as plus de forces, et la tête te tourne. Tu n’es pas apte à commencer ton long pèlerinage. Il faut que Tu manges vite et cela T’est bien facile ; Tu sais que Tu peux transformer ces pierres en pain ; Tu peux même T’offrir de bons petits pains : après le dur jeûne que Tu viens de T'imposer, Dieu ne Te le reprochera pas...”

Jésus entend toutes ces paroles sournoises, mais Il sait qu’il ne faut jamais ouvrir la porte à Satan, même un tout petit peu, car il profite de la moindre faille pour s’infiltrer, tout envahir et tout fausser. Et puis, la première nourriture de l’homme, celle qui est essentielle, c’est la Parole de Dieu ; l’homme ne vit pas seulement de pain matériel.

Ce jour-là, Jésus ne transforma pas les pierres en pain. Les grands miracles de multiplication des pains, Il les réserve pour plus tard, quand des foules affamées de la Parole de Dieu, des foules qui L’auront suivi jusque dans le désert, auront besoin d’alimenter aussi leurs corps. Là Jésus multipliera les pains et les poissons, à profusion, quand les pauvres assoiffés de Dieu auront reçu la Parole de Dieu.

Jésus a faim, mais c’est surtout de nous qu'Il a faim. Il a faim de nos cœurs, de notre amour. Il a faim de ses enfants, de ses amis, Il a faim des hommes qu'Il est venu sauver. Jésus a faim des hommes qui, trompés par le démon, errent comme des brebis sans berger. Jésus, a faim, mais Il veut nous faire comprendre que les nourritures qui construisent l’homme ne sont pas celles que le démon propose.

Et puis, Jésus, voulait aussi nous mettre en garde contre les nourritures frelatées que le monde étale devant nous. Jésus voyait tous les hommes de tous les temps, Il nous voyait nous précipiter vers les nourritures terrestres savamment empoisonnées par le Menteur, le Perfide, celui qui ne nous aime pas et qui veut nous perdre...

Contemplons Jésus scruter avec horreur toutes les civilisations humaines bâties sur le sable des idolâtries de toutes sortes. Jésus pleure à la vue de ces peuples esclaves, contraints à des sacrifices humains multipliés à grande échelle. Car si pendant quelques instants Jésus a eu faim après son jeûne prolongé, Satan lui, qui ne jeûne pas, a une abominable soif de sang humain et une horrible faim de chair humaine... Cela est si vrai que nous ne pouvons pas nous empêcher de voir défiler, devant nos esprits horrifiés, les images atroces des sacrifices humains qui ont souillé et détruit tant de civilisations.

Les sacrifices humains : on les trouve partout, mais Dieu n’en voulait pas. Il le fit comprendre aux hommes quand Il condamna Caïn à errer après qu’il eût tué son frère Abel. Il nous le fit comprendre quand Il arrêta le bras d’Abraham prêt à immoler son fils Isaac. Il nous le fit comprendre quand Il se choisit un peuple qui saurait accueillir son Commandement : tu ne tueras pas.

Dieu ne veut pas de sacrifices humains mais Satan est assoiffé de notre sang. Presque toutes les religions païennes ont procédé à des sacrifices humains, et quand on passe en revue les religions du monde, depuis les religions primitives jusqu’à nos jours, en passant par les cultes démentiels des civilisations incas ou mayas, les jeux des gladiateurs romains, les sacrifices aux crocodiles ou aux volcans, on ne peut qu’être horrifié.

Au cours du XXe siècle on eut parfois l'impression que les besoins de Satan avaient été pires que jamais. Aujourd'hui, nous dépassons l’imaginable sous des dehors apparemment raffinés. Ainsi on supprime la peine de mort pour les grands criminels, mais on proclame la nécessité de tuer les innocents à naître. Et certains réfléchissent déjà aux moyens de faire entrer l’euthanasie dans nos mœurs... Satan qui a tellement besoin de nos vies, de notre sang, a aussi imaginé les guerres, et particulièrement nos guerres effroyables, nos guerres totales, nos guerres qui ne savent plus compter leurs morts tant ils sont nombreux. Il a inventé aussi les camps d’extermination, ces camps que l’on appela, quand on les connut, les camps de la mort lente...

Maintenant certains gouvernements créent les famines : le culte rendu à Satan est ainsi plus propre, moins voyant... Quand Jésus n’a pas changé les pierres en pain lorsqu'Il avait faim, c’est peut-être qu'Il voulait aussi nous mettre en garde contre la malice de Satan qui, lui, a besoin de notre sang, a besoin de notre chair.

Poursuivons notre contemplation : Jésus n'en a pas encore fini avec Satan. Quand le Verbe de Dieu s'incarna, Il voulut être vraiment un homme, avec toutes ses contingences et toutes ses limites. Il voulut être comme chacun d’entre nous, mais sans le péché. Il choisit de venir dans une civilisation bien précise, à une époque bien déterminée de l’histoire des hommes, et Il voulut vivre tout simplement comme vivaient les hommes de ce temps. Jésus a choisi de vivre à une époque déterminée. Il savait que les hommes étudieraient la Matière et réaliseraient des œuvres merveilleuses. Tout cela Jésus vrai homme, mais aussi vrai Dieu, savait le faire, et Il aurait pu devancer la science et les réalisations des hommes. D’ailleurs, quand sa mission le nécessitera, Il saura guérir les malades et tous les infirmes. Jésus aurait donc pu commencer sa mission en arrivant sur des engins spectaculaires propres à frapper l’imagination des hommes de son temps. Mais Il ne l'a pas voulu...

La mission de Jésus n’était pas de devancer l’heure de la science, mais de sauver les hommes, d’ouvrir leurs cœurs à la Parole de Dieu et à son Amour. Cela, Jésus le savait mieux que personne puisqu'Il était venu pour le salut du monde. Pourtant, Satan qui multipliait ses tentations, ne manqua pas de Lui présenter des réalisations superbes. Quel effet extraordinaire Jésus aurait fait s'Il avait, d’un seul coup, illuminé la ville de Jérusalem par un éclairage électrique. Cela nous paraît bien banal, à nous qui y sommes tellement habitués que nous ne le remarquons même plus. Mais au temps de Jésus !

Jésus aurait pu aussi descendre du toit du Temple dans un ULM ou un hélicoptère... Alors là, on Le prenait tout de suite pour un dieu, et avec un enthousiasme délirant, on L’adorait. On Le prenait pour un dieu, mais quel dieu ? Et puis Jésus savait aussi que les enthousiasmes humains durent peu, et que de nombreux sceptiques auraient imaginé une foule d’explications... Jésus savait aussi qu’”on ne doit adorer que Dieu seul, le seul vrai Dieu, et qu’à Lui seul on doit rendre un culte.” Alors, Jésus qui savait que le spectaculaire n’était pas pour Lui, Lui qui savait qu’on ne doit adorer que Dieu seul, a repoussé toutes les tentations de Satan. Et, ayant épuisé toutes ses tentations, le diable Le quitta.

Le diable quitta Jésus qui pouvait maintenant inaugurer son ministère avec la Puissance de l’Esprit. Jésus pouvait redire au Père : “Me voici, Je viens faire ta volonté.” Jésus savait qu'Il serait toujours vainqueur de Satan et que le monde serait sauvé.

Les siècles ont passé. Jésus a multiplié les saints dans son Église. Il est toujours présent dans son Eucharistie et son Amour nous inonde. Pourtant, parfois nous sommes encore troublés à cause de ce que nous apprenons et nous nous écrions : “Jésus, viens nous sauver encore une fois. Jésus, ne laisse pas Satan envahir toute la terre et tout polluer autour de nous.”


[1] Ou encore union hypostatique.

    

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