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Jean Tauler
Jean Tauler est né probablement né vers 1300, ou peu
de
temps d’années avant 1300 à Strasbourg. Était-il fils d’un échevin, ou d’un
bourgeois ? D’après
En ce premier quart du XIVe siècle, le mouvement des “Frères du Libre Esprit”, contre lequel s’était dépensé Maître Eckhart a quasiment disparu. Un autre tendance se manifeste à travers les béguinages. Les historiens en comptent entre 70 et 80 à Strasbourg. Pour saisir l’ampleur de ces chiffres, précisons que la ville comptait au début du XIVe siècle un peu plus de 15 000 habitants, qu’il y avait sept couvents de dominicaines (dont celui de Saint Nicolas in Undis, où réside la sœur de Jean Tauler). À ces couvents s’ajoutaient les couvents des ordres franciscains, les monastères de l’ordre de Saint-Benoît, les Ordres militaires, les couvents pour les “dames repentantes”, hors de l’enceinte de la ville et les paroisses… Les béguinages, existent depuis la fin du XIIe siècle. Perçus dans un premier temps comme des maisons où des veuves, principalement, ou des célibataires vivent en petites communautés, sans règle, mais avec beaucoup de dévotion, sont de plus en plus suspects. Or, en 1300, Guy de Colmieu, évêque de Cambrai, ordonne l’autodafé du Miroir des âmes simples de Marguerite Porète. Cette dernière est une béguine, qui sera arrêtée en 1309, jugée et brûlée en 1310 à Paris. Eckhart était alors à Paris. En son couvent logeait aussi l’inquisiteur instruisant le procès de Marguerite Porète. La mystique rhénane a beaucoup de points communs avec les écrits béghards. Ceux-ci manifeste un courant de spiritualité très vif au XIVe siècle. Et les liens avec le Libre-Esprit sont forts. Les erreurs des béghards sont dénoncés en 1317 au concile de Vienne, et condamnés par bulle en 1318 et 1320. Tauler commence donc à prêcher quand des personnes doivent choisir entre se maintenir dans le béguinage ou bien s’inscrire dans une forme de vie reconnue par l’Église, c’est-à-dire un couvent, à Strasbourg assez souvent d’obédience dominicaine ou franciscaine. “L’exécution à Cologne, en 1322, du Hollandais Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé l’existence de la communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre eux, Jean de Brünn, pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à 1335.” [10] Tauler, par sa prédication, aura la charge d’inciter les béghards à se maintenir dans l’orthodoxie, comme Eckhart face au mouvement du Libre-Esprit. L’autre évènement qui marque le début de la prédication de Jean Tauler est le conflit entre Jean XXII et l’empereur Louis IV de Bavière. En Avignon, le pape Jean XXII, l’excommunie en 1324 pour sa politique italienne. Il le déclare privé d’Empire. Les villes de l’Empire soutiennent Louis IV. Le conflit dure, et le pape jette l’interdit sur l’Empire en 1329. Jusqu’alors, Strasbourg était restée neutre. L’interdit durera 15 ans. Dans les couvents des mendiants, les prise de position en faveur de l’un ou l’autre camp sont variées. Finalement, les dominicains se soumettent aux ordres pontificaux, et la ville, en 1339 les chasse pour 4 ans. Tauler se retrouve ainsi tout d’abord à Cologne, puis à Bâle. Durant ce séjour “outre Rhin”, il rencontre deux personnalités marquantes de la spiritualité Rhénane du XIVe siècle : Henri de Nördlingen et Marguerite Ebner, tous deux parfois trop vite associés aux béghards, alors qu’ils semblent beaucoup plus appartenir à cette mouvance “des Amis de Dieu”. Revenu à Strasbourg en 1348, Tauler ne repartira plus, sauf, peut-être pour un hypothétique voyage à Paris, en 1350, voyage où il aurait rencontré Ruysbroeck. Il meurt à Strasbourg le 16 juin 1361. Sa spiritualité est traversée par deux thèmes centraux : le détachement, et la naissance de Dieu dans l’âme.
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