SAINT
JEAN DE BRITO
saint, jésuite, martyr
1647-1693

EXTRAIT BIOGRAPHIQUE

Saint Jean de Brito naquit à Lisbonne — comme saint Antoine (dit aussi de Padoue), le 1er mars 1647 — sept ans après la restauration du royaume —, de parents très croyants : Salvador de Brito Pereira et Dona Brites Pereira.

Un an auparavant, à Vila Viçosa, ville natale du père de Jean, le roi Jean IV avait couronné la Vierge Marie, l’instituant Reine du Portugal.

Tout jeune encore, il fut appelé à la cour du roi Jean IV, pour y être page et le compagnon du prince Dom Pedro ; il portait déjà sur lui les stigmates de la sainteté.

Très docile et dévoué, toujours prêt à se sacrifier pour les autres, on l’appelait, de façon prémonitoire, le « martyr ».

Atteint d’une grave maladie à l’âge de onze ans, sa mère implora l’intercession de saint François Xavier, promettant que son fils porterait pendant un an l’habit des jésuites si son enfant était guéri. Le grand saint jésuite, obtînt de Dieu la guérison du petit Jean et, la mère de celui-ci tînt sa promesse : pendant un an le jeune page porta la soutane caractéristique des jésuites de l’époque ; on le surnommait alors le « petit apôtre », ou encore le « saint page » : sa sainteté était déjà évidente.

En 1662 Alphonse VI monta sur le trône du Portugal.

En cette même année, Jean de Brito, alors âgé de quinze ans entra au Noviciat de la Compagnie de Jésus à Lisbonne, et y démontra, non seulement des aptitudes intellectuelles indéniables, mais aussi une extraordinaire progression spirituelle et un désir ardent de devenir missionnaire.

Il étudia aussi à Évora et à Coimbra, et devînt ensuite professeur au Collège de Santo Antão de Lisbonne.

Ordonné prêtre en 1673, à l’âge de 26 ans, il réussit à convaincre ses supérieurs de lui accorder la grâce de missionner en Inde, comme son modèle, saint François Xavier.

Ce projet contrariait les plans, non seulement de sa mère, mais aussi du roi et de la reine qui souhaitaient l’avoir comme directeur spirituel et précepteur de leurs enfants.

Puis, ce fut le départ — le 25 mars 1673, en compagnie de quelques autres missionnaires — et les longues semaines en mer ; le Cap de Bonne Espérance et ses tempêtes légendaires, et Goa, en Inde enfin, en 1674.

Il visita et se recueillit sur le tombeau de saint François Xavier, son modèle ; tombeau que l’on ouvrit devant lui, afin de lui permettre de mieux encore vénérer ce corps saint tout embaumé encore de l’Évangile du Christ.

En avril 1674, il missionna à Maduré, prenant soin de se vêtir comme les religieux locaux, afin de mieux se faire accepter par les indous. Puis, en 1685, il fut nommé supérieur de cette mission, ce qui fut pour lui occasion de grands sacrifices et de multiples tribulations.

Sur le territoire de Maravá il subit le supplice de l’eau, et la flagellation ; le gouverneur de l’endroit lui interdit même de prêcher là, la « bonne nouvelle ».

En 1686 fut déclenchée une violente persécution. Jean accourut pour protéger les chrétiens, mais il fut lui-même fait prisonnier et condamner à être empaillé. Mais, pour que cette sentence soit mise à exécution, il fallait l’aval du souverain. Le jeune prêtre fut conduit en sa présence et s’expliqua calmement sur la doctrine dont il était porteur. Il fut libéré, mais sommé de ne plus prêcher dans la région.

Il partit alors à Malabar pour y rencontrer son provincial. Celui-ci le chargea d’une mission d’information et le renvoya en Europe : il était porteur de messages pour Lisbonne et Rome, mais il n’ira pas dans la ville Éternelle, car le roi du Portugal, Pierre II, le lui interdit.

Ce fut, lors de ce voyage en 1687, que Jean de Brito rencontra, lors d’une escale à São Salvador de Baia, un autre jésuite fort célèbre — le plus grand écrivain portugais : Père Antonio Vieira, grand évangélisateur au Brésil et auteur de nombreux Sermons, chefs-d’œuvre de la littérature portugaise.

Loin de profiter de ce voyage pour rester auprès des siens et de ses amis, il repartit en Inde le 8 avril 1690, accompagné de 25 autres missionnaires, dont 14 portugais. Il y arriva le 2 novembre de cette même année.

Dans cet immense pays — où le nombre de chrétiens était alors d’environ huit mil —, sa sainteté était de plus en plus évidente : il est tout à tous, particulièrement envers les plus déshérités : il fit même des miracles ; sa renommée s’étendit au loin, surtout depuis le baptême – le 6 janvier 1693 — d’un prince indu.

Malgré les difficultés, toujours nombreuses, et les jalousies suscitées par ses succès, Jean poursuivit son apostolat, mais, au four et à mesure que le temps passait, le désir du ciel grandissait en son âme. C’est ce qui ressort des lettres qu’il écrivit à sa mère, à son frère et à ses supérieurs : comme il aimerait donner sa vie pour le Christ, qui a donné la sienne pour lui !

Espionné et traqué par les sbires du souverain de Maravá, il fut enfin fait prisonnier, accusé de désobéissance et condamné à mort. Le martyre eut lieu sur une colline, face à la ville d’Urgur, le 4 février 1693.

Décapité en février 1693, le cadavre fut imputé des pieds et des mains. Le reste du corps fut jeté aux bêtes sauvages et aux vautours.

Les chrétiens, malgré la peur que leur inspirait le souverain de Maravá, purent récupérer le crâne et quelques ossements, et, moyennant une belle somme d’argent, le couteau qui avait servi à l’exécution. Ce dernier fut ramené au Portugal et confié par le roi à la Compagnie de Jésus.

Ayant François Xavier pour modèle de sainteté, il le dépasse par le martyr.

La renommée de sainteté dont il jouissait déjà de son vivant, s’affirma encore d’avantage après son sacrifice, et le lieu du supplice devint un lieu de pèlerinage où afflouaient des peuples de toutes religions : il y avaient quelquefois plus de 2000 personnes.

Sa mère, Dona Brites Pereira, appelée à la cour, après la nouvelle du sacrifice de son fils, s’y présenta en habits de gala et y reçut, de la part du souverain les honneurs dus à une reine mais accordés à la mère d’un saint.

Il fut canonisé par Pie XII, le 22 juin 1946.

Alphonse Rocha

 

 

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