Né le 25 mars 1593 à Condé-sur-Vire en Normandie, Brébeuf était
un des premiers pères jésuites à venir en Nouvelle-France. Il
arriva à Québec en juin 1625 et alla vivre auprès des
Montagnais
et plus tard des Hurons.
Il
décrivit de façon admirable dans son journal le mode de vie et
les mœurs de ces premiers peuples. Ces notes qui furent par la
suite reproduites dans les Relations des Jésuites sont
aujourd'hui précieuses pour nous aider à comprendre la vie des
Hurons avant les guerres et les épidémies qui décimèrent leurs
populations. Il traduisit un catéchisme et plusieurs prières
dans la langue des Hurons et entreprit même la rédaction d'un
dictionnaire et d'une grammaire.
Brébeuf établit plusieurs missions en Huronie dont celle de
Ihonatiria (Saint-Joseph). Peu après l'arrivée des Européens,
les Hurons furent ravagés par plusieurs vagues d'épidémies
(variole, grippe et dysenterie), ce qui rendit le travail de
conversion de Brébeuf difficile et peu efficace. Lors d'une
émeute en 1640, Brébeuf et les autres Jésuites furent
sauvagement battus et la chapelle fut détruite. Mais c'est en
1642 que les vrais problèmes commencent. Soutenus par les
Anglais dans leur entreprise, les Iroquois mirent en branle une
vaste offensive contre leurs anciens ennemis les Hurons et leurs
alliés français. Ils bloquèrent les routes commerciales et
multiplièrent les pillages et les massacres sanglants. En 1647,
la crainte des Iroquois était devenue telle que les Hurons
refusaient d'entreprendre des voyages vers Québec.
Le 4 juillet 1648, alors que les guerriers hurons étaient partis
pour échanger avec des voisins, les Iroquois attaquèrent les
missions de Saint-Joseph et Saint-Michel en Huronie. Plusieurs
habitants furent massacrés dont le père Antoine Daniel qui fut
criblé de flèches. Les Iroquois prirent 700 prisonniers. Le 16
mars 1649, plus de 1000 Iroquois attaquèrent les missions de
Saint-Ignace et de Saint-Louis où se trouvaient alors les pères
Brébeuf et Lalemant. Les deux hommes furent faits prisonniers et
amenés dans un village dans l'actuelle région de Midland, en
Ontario.
Le père Jean de Brébeuf subit alors une des plus horribles et
atroces tortures des annales de la chrétienté. Ces tortures
furent rapportées par le donné Christophe Regnault qui put
observer le cadavre. Le corps avait été sauvagement battu et
avait reçu au moins 200 coups de bâtons. On avait arraché la
chair des bras et des jambes de Brébeuf jusqu'aux os et on
l'avait aspergé d'eau bouillante pour ridiculiser le sacre du
baptême. Les Iroquois avaient également placé un collier de
haches incandescentes autour de son cou et de son ventre et lui
avaient arraché les lèvres parce qu'il ne cessait de parler de
Dieu alors qu'ils le torturaient. Finalement, il fut scalpé et
on lui arracha le cœur de la poitrine, probablement pour le
dévorer (les Iroquois croyaient ainsi absorber les qualités de
leurs ennemis).
La nation huronne toute entière fut bientôt décimée. Quelques
survivants se réfugièrent chez des nations alliées du nord ou
encore allèrent chercher refuge près de Québec où leurs
descendants vivent toujours. Brébeuf fut proclamé Saint Patron
du Canada en 1940. |