Quatrième partie

La spiritualité de don Bosco

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Don Bosco et la mort

La foi de don Bosco

Don Bosco a la ferme conviction que les morts demeurent auprès de nous. Voici ce qu’il écrivit, le 10 août 1875 à la veuve du comte Uguccioni décédé peu de temps auparavant:

“Dans le tourbillon de ces douloureuses pensées, l’une d’entre elles venait m’apporter un peu de réconfort: ce Thomas que tu as tant aimé, il n’est pas mort; il est vivant, il vit dans le sein de son Créateur, et en ce moment il jouit déjà du prix de sa charité, de sa piété, de sa foi. Toi-même tu le reverras peut-être d’ici peu, mais tu le reverras dans une condition bien meilleure, autre que celle qu’il avait sur la terre; tu le verras pour ne plus jamais te séparer de lui. Mais bien que tu aies des raisons d’espérer qu’il jouit de la gloire des justes dans le ciel, tu ne dois cependant pas oublier le devoir de l’amitié tant que toi-même es encore sur la terre. Souviens-toi de lui, conserve son nom, prie chaque jour jusqu’à ce que nous nous rejoignions au royaume de la gloire.”

Et à la marquise Maria Gondi, coopératrice de Florence, mère de deux jeunes enfants, qui perdit son mari à peine âgé de vingt cinq ans, il n’hésite pas à proclamer une véritable profession de foi: “Ne craignez pas que l’affection de votre mari pour vous diminue dans l’autre vie; au contraire il sera de beaucoup plus parfait. Ayez foi: vous le reverrez en condition bien meilleure que celle d’auparavant quand il était parmi nous...

Maintenant laissez-moi un peu de liberté de parler. Il est de foi qu’au ciel on jouit d’une vie infiniment meilleure que la vie terrestre. Pourquoi vous affliger si votre mari est allé en prendre possession? Il est de foi que la mort pour les chrétiens n’est pas séparation, mais sursis du revoir. Donc patience quand quelqu’un nous précède: il ne fait rien d’autre que d’aller nous préparer la place.

Il est encore de foi que, à tout moment, par des œuvres de piété et de charité, vous pouvez faire du bien à l’âme du défunt: donc ne devez-vous pas vous réjouir en votre cœur si Dieu vous a accordé de vivre encore? Le soin des enfants, le réconfort donné au bon père (le beau-père de la marquise), la pratique religieuse, la diffusion des bons livres, le fait de donner de bons conseils à qui en a besoin: toutes ces choses ne doivent-elles pas à tout moment nous faire bénir le Seigneur pour les années de vie qu’il nous accorde?...

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Conseils aux Prêtres

À l’occasion don Bosco sera conduit à écrire à des prêtres. Dans cette correspondance, il laisse passer un peu de sa propre spiritualité. Ainsi: 

À l’un de ses anciens élèves de l’Oratoire, devenu curé de Piedicavallo, don Bosco écrit, en mai 1876 :

“Voici les principes de ta bonne réussite en ta paroisse: avoir soin des enfants, assister les malades, aimer les vieillards. Pour toi: confession fréquente, chaque jour un peu de méditation, une fois par mois l’exercice de la bonne mort. Et pour don Bosco: diffuser les Lectures catholiques, et venir déjeuner à l’Oratoire chaque fois que tu viendras à Turin...”

À un prêtre découragé, don Bosco conseille: “Demeurez tranquille. Ne parlez pas de quitter votre paroisse. Il y a à travailler? Dîtes: ‘Je mourrai sur le champ du travail’. Je ne suis pas bon à grand’chose? Dîtes: ‘Je puis tout en celui qui me fortifie.’ Il y a des épines? Avec ces épines transformées en fleurs, les anges vous tresseront une couronne au ciel. Les temps sont difficiles? Il en fut toujours ainsi, mais Dieu n’a jamais retiré son secours. Vous demandez un conseil? Le voici: prenez grand soin des enfants, des vieillards et des malades, et vous gagnerez le cœur de tous.”

À un nouvel évêque, nommé le 31 décembre 1877, don Bosco ne craint pas d’écrire: “Je n’ai pas la prétention de vous donner des leçons. mais je crois que vous aurez sans tarder en vos mains le cœur de tous, si vous prenez un soin spécial des malades, des vieillards et des enfants pauvres. Il vous faudra aller très doucement pour faire des changements dans le personnel établi par votre prédécesseur, et faire votre possible pour gagner l’estime et l’affection des quelques personnes qui tenaient ou tiennent des postes élevés dans le diocèse, et qui pensent avoir été oubliées, tandis que vous-même avez été préféré.

Enfin, n’hésitez pas à prendre des mesures sévères contre quelques membres que ce soit du clergé; soyez prudent, et dans la mesure du possible, écoutez l’accusé.”

Et même au nouveau pape, Léon XIII, élu le 20 février 1878, don Bosco fit parvenir quelques réflexions qui peuvent nous paraître étranges, mais dont certaines se révéleront prophétiques. 

“Un pauvre serviteur du Seigneur... communique à SS Léon XIII certaines choses qui semblent de grande importance pour l’Église.

Commencement des choses les plus nécessaires à l’Église. Une voix parle: On veut disperser les pierres du sanctuaire, abattre le mur et l’avant-mur, et mettre ainsi la confusion dans la cité et dans la maison de Sion. Ils ne réussiront pas, mais ils feront beaucoup de mal. Au suprême régisseur de l’Église sur la terre, il convient de pourvoir, et de réparer les dégâts que font les ennemis. Le mal commence par l’insuffisance des ouvriers évangéliques. Il est difficile de trouver des lévites au milieu des commodités; aussi faut-il les chercher là où on use la pioche et le marteau, sans tenir compte de l’âge ni de la condition[1] . Qu’on les réunisse et qu’on les cultive jusqu’à ce qu’ils soient capables de donner le fruit que les peuples attendent... Et que les fils du cloître, qui aujourd’hui vivent dispersés, soient enfin rassemblés... et qu’ils acceptent la pleine observance de la règle...

Les familles religieuses récentes sont appelées par la nécessité de l’époque. Par leur fermeté dans la foi, par leurs œuvres matérielles, elles doivent combattre les idées de ceux qui ne voient dans l’homme que la matière... Ces nouvelles institutions ont besoin d’être aidées, soutenues, favorisées par ceux que le Saint-Esprit a placés pour régir et gouverner l’Église de Dieu. Comment agir?

– En promouvant et cultivant les vocations pour le sanctuaire,

– En rassemblant les religieux dispersés et les ramenant à l’observance de la règle,

– En aidant, favorisant, dirigeant les congrégations récentes, on obtiendra des ouvriers évangéliques pour les diocèses, pour les instituts religieux et pour les missions étrangères.


[1] Don Bosco pense aux vocations tardives.

 

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