

Parallèlement aux énormes travaux
dont nous venons de parler, don Bosco imaginait et mettait en œuvre d’autres
apostolats. Ainsi, à partir de
Noël
1849, don Bosco organisa des retraites dans l’Église de la Confrérie de la
Miséricorde, pour accueillir, le matin à 5h30, pendant l’heure du déjeuner, et
le soir à partir de 19 heures, des retraites de huit jours destinées aux jeunes
qui y accouraient par centaines. Puis on vit les membres de l’Oratoire de don
Bosco se multiplier auprès des malades et des morts lors de l’épidémie de
choléra en 1854. (2500 cas dont 1400 suivis de mort). Il n’y eut pas un seul
malade parmi les jeunes de l’Oratoire: Marie veillait.
Don Bosco continuait à s’occuper
des prisonniers et il réussit un jour ce véritable miracle: avec l’autorisation
du ministre de l’intérieur, Urbain Rattazzi, un anticlérical notoire, il fit
sortir de la prison, promena et divertit une journée entière, sans surveillance
et en toute liberté, un groupe de jeunes condamnés à qui il voulait donner un
“jour de vacances”. Le soir, pas un ne manquait à l’appel.
Don Bosco prêchait aussi: des
retraites, des neuvaines, des triduums, etc. Don bosco évangélisait, rassurait
les gens, et lorsque c’était nécessaire, il y avait des miracles, comme celui
que nous allons raconter maintenant.
Don Bosco prêchait le triduum de
l’Assomption, à Montamagno en 1864. La région souffrait d’une sécheresse
catastrophique. Alors don Bosco promit la venue de la pluie si les gens
invoquaient la Sainte Vierge, s’ils assistaient au triduum, s’ils se
confessaient bien pour préparer la fête. L’église n’avait jamais vu auparavant
une telle affluence... Naturellement il y avait des rieurs, et dans les
localités voisines les paris allaient bon train: “Pleuvra? Pleuvra pas?”
À ceux qui l’interrogeaient sur la
venue de la pluie, don Bosco répondait inlassablement:
— Purifiez vos cœurs.
Enfin l’Assomption arriva et le
soleil était toujours aussi implacable. Durant la journée, Don Bosco jetait de
temps en temps un œil vers le ciel et se demandait bien comment il allait
prêcher, le soir, aux vêpres. Le fiasco semblait complet: qu’allait-il faire?
— Jean, dit bientôt Bosco au
sacristain, va voir derrière le château, et regarde si rien ne pointe à
l’horizon.
— Rien, absolument rien,
rapporta le sacristain quatre minutes plus tard; Juste un tout petit nuage au
loin, mais sans importance.
En se dirigeant vers sa chaire, don
Bosco priait intensément :
— Voyons, très sainte Vierge,
c’est votre honneur qui est en jeu maintenant. Que vont dire ceux qui depuis
trois jours se moquent de vous? Et que penseront tous ceux qui sont venus se
confesser avec confiance?
Don Bosco monta en chaire: l’église
était pleine à craquer. On récita un Ave Maria et don Bosco allait commencer son
exorde quand le ciel s’obscurcit soudain. Quelques minutes après on entendit un
formidable coup de tonnerre, puis d’autres, et enfin vint une forte pluie. Après
le salut du Saint-Sacrement la pluie tombait toujours, et la foule dut attendre
un bon bout de temps avant de pouvoir rentrer chez elle. La Sainte Vierge ne
fait jamais rien à moitié... Quelle action de grâces !
Nous sommes au milieu du 19ème
siècle. Un fort vent d’anticléricalisme soufflait sur le Piémont; d’autre part,
la secte protestante vaudoise manifestait un prosélytisme dangereux; et la
presse répandait à flots ces idées destructrices sur les âmes peu éclairées et
peu soutenues. Que faire ? Don Bosco décida de fonder une Bibliothèque
catholique (1844) et commença cette œuvre en écrivant la biographie de celui qui
fut son meilleur ami, Luis Comollo. Puis il se jeta dans la polémique en
réfutant, point par point, les erreurs des Vaudois. Ces Lectures Catholiques,
bimensuelles, se répandirent rapidement et le nombre des abonnés atteignit vite
le chiffre étonnant pour l’époque, de 14000.
Puis, don Bosco lança un almanach,
le premier almanach catholique d’Europe. Et les œuvres se succédèrent, allant du
Système métrique, aux petites pièces de théâtre, en passant par des
productions religieuses: petits traités de doctrine chrétienne et vies de
saints, destinées à l’éducation de ses enfants. L’œuvre était prodigieuse, mais
malheureusement elle fut insuffisamment exploitée!
En 1861 don Bosco put ouvrir, dans
sa maison, un atelier d’imprimerie encore rudimentaire, qui se modernisera plus
tard. Il avait compris l’importance que prendrait la presse: “La presse, ça
presse,” disait-il souvent en suscitant des talents et des vocations
d’écrivains. Il avoua un jour, en 1883, à l’abbé Ratti[1],
professeur au grand séminaire de Milan, “qu’il voulait être à l’avant-garde
du progrès.”
Comment don Bosco réussissait-il à
mener de front toutes ces tâches? Mystère! Tout ce qu’on sait c’est qu’il
dormait peu...
[1] L’Abbé
Ratti devint plus tard le pape Pie XI

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