

Dans l'encyclique Deus Caritas Est,
Benoît XVI mentionne plusieurs grandes figures de "martyrs de la
charité",
parmi lesquels Jean Bosco, prêtre et éducateur, dont quelqu’un a dit qu'il avait
"devancé le Concile d'un siècle".
Dans le bouleversement politique, social,
économique, religieux italien qui a caractérisé une bonne partie du XIXe
siècle, et qui a été appelé par certains, en Italie, le “Risorgimento”, Don
Bosco (1815-1888) a ressenti le drame d’un peuple qui s’éloignait de la foi, et
spécialement le drame d’une jeunesse abandonnée non seulement des hommes
politiques mais également de l’Église.
Jean Bosco comprit, dès sa jeunesse, qu’il
fallait, face à cette situation, réagir de manière énergique, en trouvant des
formes nouvelles d’apostolat pour toucher les groupes de jeunes garçons démunis
de tout et complètement livrés à eux-mêmes et aux forces du mal. C’est ainsi
qu’il fonda, presque sans ressources matérielles et malgré des oppositions de
toutes sortes, y compris de la part des autorités ecclésiastiques, des
patronages, des écoles, des ateliers d’artisans, des écoles primaires,
secondaires et techniques, des journaux, des revues et des maisons d’édition,
des groupes de jeunes, des associations religieuses, culturelles, récréatives et
sociales.
Don Bosco fonda aussi deux Congrégations
religieuses et une Congrégation de laïcs destinées à poursuivre son œuvre.
Son œuvre immense, Jean Bosco put la mener à bien
grâce à ses dons exceptionnels, et surtout à sa foi qui “déplaçait les
montagnes”. Dans les circonstances difficiles qu’il traversa, il n’hésitait pas
à demander des aides, de partout et de tous les milieux sociaux, y compris des
pauvres, et même de ceux qui n’aimaient pas les catholiques... Et ces aides
qu’il sollicitait, il les obtenait!
Don Bosco voulut d’abord sauver la jeunesse de
Turin, masse énorme de jeunes laissés sans travail et sans ressource dans une
région qui commençait à peine à s’industrialiser, des jeunes chassés de partout
parce qu’on avait peur d’eux, et qui étaient prêts à participer à toutes les
tentatives révolutionnaires et athées commençant à se manifester dans une Italie
en recherche d’unité.
Prêtre et éducateur, Don Bosco était convaincu de
la valeur de l’éducation, et de sa nécessité, mais à condition que cette
éducation soit adaptée aux jeunes à qui elle était destinée. Il fallait changer
les consciences, les former à l’honnêteté humaine, à la loyauté, à la
connaissance et à l’amour de Dieu et de son Fils Jésus. Surtout, don Bosco
voulait redonner à ses jeunes qu’il aimait tant, le sens du péché, de leur
péché: la confession fut une de ses grandes armes de conversion des cœurs.
Mais, par dessus tout, Jean Bosco était un saint,
un des saints de la charité cités dans l’Encyclique “Deus caritas est”.
Jean Bosco est aussi, nous semble-t-il, le modèle des saints éducateurs que le
Concile Vatican 2 espère, et que notre monde attend.
...Le but que poursuit la véritable éducation est
de former la personne humaine dans la perspective de sa fin la plus haute et du
bien des groupes dont l'homme est membre et au service desquels s'exercera son
activité d'adulte...[1]
De même, le Concile proclame le droit pour les
enfants et les jeunes gens d'être incités à apprécier sainement les valeurs
morales avec une conscience droite et à les embrasser dans une adhésion
personnelle, et, tout autant, à connaître et aimer Dieu plus parfaitement.
Aussi, demande-t-il instamment à tous ceux qui gouvernent les peuples ou
dirigent l'éducation de faire en sorte que jamais la jeunesse ne soit privée de
ce droit sacré. Il exhorte les fils de l'Église à travailler généreusement dans
tous les secteurs de l'éducation, spécialement pour hâter la diffusion des
bienfaits d'une éducation et d'une instruction convenables, pour tous, dans le
monde entier. (1)
Dans l'accomplissement de sa mission éducative,
l'Église, soucieuse d'utiliser tous les moyens appropriés, se préoccupe en
particulier de ceux qui lui sont propres. Le premier est la formation
catéchétique qui éclaire et fortifie la foi, nourrit la vie selon l'esprit
du Christ, achemine à la participation active et consciente au mystère
liturgique et incite à l'action apostolique.
Mais l'Église fait grand cas des autres moyens
éducatifs qui appartiennent au patrimoine commun de l'humanité et peuvent
beaucoup pour cultiver les esprits et former les hommes; elle s'efforce de les
pénétrer de son esprit et les porter à un niveau supérieur.
Ce sont notamment les moyens de communication
sociale, les multiples organismes qui ont pour objet le développement du corps
et de l'esprit, les mouvements de jeunesse et surtout les écoles. (4)
Entre tous les moyens d'éducation, l'école revêt
une importance particulière. (5)
...L'école catholique revêt une importance
considérable dans les circonstances où nous sommes, puisqu'elle peut être
tellement utile à l'accomplissement de la mission du peuple de Dieu et servir au
dialogue entre l'Église et la communauté des hommes, à l'avantage de l'une et de
l'autre. Aussi, le Concile proclame-t-il à nouveau le droit de l'Église, déjà
affirmé dans maint document du magistère, de fonder et de diriger des écoles
de tous ordres et de tous degrés. Il rappelle que l'exercice de ce droit importe
au premier chef à la liberté de conscience, à la garantie des droits des parents
ainsi qu'au progrès de la culture elle-même... (8)
...Ce Concile invite avec force les pasteurs et
tous les fidèles à n'épargner aucun sacrifice pour aider les écoles catholiques
à remplir chaque jour plus fidèlement leur tâche et d'abord à répondre aux
besoins de ceux qui sont dépourvus de ressources financières ou privés de
l'affection et du soutien d'une famille ou encore de ceux qui sont étrangers au
don de la foi. (9)
Le Concile exprime sa profonde gratitude envers
les prêtres, religieux, religieuses et laïcs qui, en esprit de renoncement
évangélique, s'adonnent à l'œuvre excellente entre toutes de l'éducation et de
l'enseignement dans les écoles de tous les genres et de tous les niveaux; il les
encourage à persévérer généreusement dans la tâche entreprise
[1] Les
numéros indiquent les numéros des paragraphes du décret conciliaire

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