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VISION TROISIÈME
SOMMAIRE:
Que par les choses visibles et temporelles les invisibles et les éternelles sont
manifestée. - Du firmament sous une forme ovale. - Du feu lucide et de
l'enveloppe d'ombre. - De la position du soleil et de trois étoiles. - De
l'ascension du soleil. - De son inclinaison et ce qu'elle signifie. - Les
paroles des Actes des apôtres sur le même sujet. - Du premier vent et de ses
tourbillons. - Du second vent et de ses tourbillons. - Du feu ténébreux, de son
crépitement et des pierres aiguisées. - De l'air très pur, de la position de la
lune et de deux étoiles. - Du troisième vent et de ses tourbillons - De l'air
humide et de l'enveloppe (nuée) blanche. - Du quatrième vent et de ses
tourbillons - Du globe terrestre sablonneux. - Les paroles de David sur le même
sujet. - Du tremblement de terre et de sa signification. - De la plus grande
montagne entre l'Aquilon et l'Orient. - De ceux qui, par un art pervers,
scrutent l'avenir dans les créatures. Paroles de l'Evangile. - Comment Satan se
Moque des hommes par l'art magique. - Parabole sur le même sujet. - Lorsque tout
sera achevé pour le salut et l'utilité de l'homme, le siècle changera, - Paroles
de Job sur le même sujet. - Les paroles de Dieu sur le même sujet. - Que Dieu ne
veut plus tolérer les augures par les étoiles et les autres créatures. - De la
sottise et de l'opiniâtreté de l'homme. - Comparaison du bouc, du cerf et du
loup. - Comparaison du médecin. - Paroles de Jean.
Après cela, je vis une immense sphère
ronde et ombreuse, ayant la forme ovale, moins large au sommet, plus ample au
milieu, rétrécie à la base ; ayant à sa partie extérieure un cercle de lumière
étincelante, et au dessous une enveloppe ténébreuse.
Et dans ce cercle de flamme, était un globe embrasé si grand,
que toute la sphère en était illuminée, il avait au dessus de lui, rangées avec
ordre, trois étoiles qui retenaient le même globe dans son activité ignée, de
peur qu'elle ne tombât peu à peu ; et ce globe s'éleva parfois plus haut, et il
lui vint plus de lumière ; de telle sorte qu'il put lancer ses rayons de flamme
plus loin ; et puis parfois, il descendit plus bas, et le froid fut plus intense
parce qu'il avait retiré sa flamme.
Mais de ce réseau de flamme qui entourait la sphère, un
souffle (vent) avec ses tourbillons sortait ; et de l'enveloppe ténébreuse qui
environnait le réseau de flamme, un autre vent avec ses tourbillons grondait, et
se répandait en tous sens sur la sphère. Dans cette même enveloppe était un feu
ténébreux, qui inspirait une si grande horreur, que je ne pouvais le regarder ;
et qui, plein de troubles, de tempêtes et de pierres aigues, grandes et petites,
agitait cette enveloppe de toute sa puissance.
Tandis qu'il faisait entendre son crépitement, le cercle
lumineux, et les vents et l'air étaient agités ; de telle sorte que les éclairs
prévinrent le grondement lui-même, parce que ce feu ressentait d'abord en lui la
commotion qui produisait le tumulte. Mais sur la même enveloppe le ciel était
très pur, et n'avait aucun nuage au dessus ; et dans ce ciel aussi, je
distinguais un globe de feu ardent d'une certaine grandeur ; et au-dessus de
lui, deux étoiles placées ostensiblement, qui retenaient le globe lui-même, pour
qu'il n'excédât pas le but de sa course ; et dans le même ciel, beaucoup
d'autres sphères lumineuses étaient placées de toutes parts, parmi lesquelles,
le même globe se déversant un peu, envoyait par instant sa lumière ; et
recourant au premier globe de feu embrasé, pour restaurer sa flamine, l'envoyait
de nouveau vers les mêmes sphères.
Mais de ce ciel lui-même sortait, avec impétuosité, un
souffle de vent avec ses tourbillons ; qui se répandait sur toute la sphère
céleste. Sous ce ciel même, je voyais l'air humide, qui avait au-dessous une
(enveloppe blanche) un nuage, qui se répandant de tout côté, étendit cette
humidité sur toute la sphère. Et cette humidité s'étant amoncelée, une pluie
soudaine tomba avec beaucoup de bruit ; et lorsqu'elle se fut épanchée
doucement, une pluie fine tomba avec un léger bruissement. Alors un souffle (de
vent) avec ses tourbillons sortit pour se répandre sur toute la sphère. Et
au milieu de tous ces éléments, était un globe sablonneux d'une immense étendue,
que les mêmes éléments environnaient, de telle sorte, qu'il ne pouvait
disparaître ni dans un sens ni dans l'autre. Et tandis que les mêmes éléments
avec les divers souffles luttaient ensemble, ils contraignaient le même globe (sablonneux)
à se mouvoir un peu par sa force. Et je vis, entre l'Aquilon et l'Orient, (le
nord et l'est) comme une grande montagne qui retenait vers l'Aquilon de
nombreuses ténèbres, et vers l'Orient beaucoup de lumière ; de telle sorte que
cependant la lumière ne pouvait atteindre les ténèbres, et les ténèbres
atteindre la lumière.
Et j'entendis de nouveau une voix du ciel qui me disait :
Dieu qui a fait toutes choses par sa volonté, les a créées pour la connaissance
et l'honneur de son nom ; non seulement pour montrer en elles les choses
visibles et temporelles, mais pour manifester en elles les choses invisibles et
éternelles
.
Ce qui est démontré par la vision que tu contemples. Car cette immense sphère
ronde et ombreuse que tu vois, ayant la forme ovale, moins évasée au sommet,
plus ample au milieu, et rétrécie à la base, signifie fidèlement, le Dieu
tout-puissant, incompréhensible en sa majesté, et inestimable dans ses mystères,
l'espoir de tous les fidèles. Primitivement les hommes étaient rudes et simples
dans leurs moeurs ; ensuite dans l'ancienne et la nouvelle loi, devenus plus
instruits, ils se molestèrent et s'affligèrent mutuellement ; mais sur la fin
des temps ils auront à souffrir beaucoup de traverses, dans leur endurcissement.
Sur la partie extérieure, tout autour, se trouve une flamme
lumineuse, environnée d'une enveloppe d'ombre. Elle désigne ceux qui étant hors
de la foi, sont consumés par le feu de la vengeance de Dieu ; ceux au contraire
qui demeurent dans la foi catholique, Dieu les purifie par le feu de sa
consolation ; déjouant ainsi les desseins ténébreux de Satan ; comme il fut fait
lorsque le démon, créature de Dieu, voulant se révolter contre lui, tomba
foudroyé dans la perdition. – Et dans cette flamme le globe d'un feu étincelant
d'une grandeur telle, qu'il éclaire toute la sphère, montre, par la splendeur de
sa clarté, ce qu'est dans Dieu le Père, son Fils unique ineffable, le soleil de
justice embrasé de l'ardente charité, et possédant une gloire si grande, que
toute créature est illuminée par la clarté de sa lumière. Il a au-dessus de lui
trois étoiles, rangées avec ordre, qui retiennent le globe dans le rayonnement
de leur flamme, c’est-à-dire la Trinité qui assujettit toutes choses à son
administration ; elles démontrent que le Fils de Dieu, descendant du ciel sur la
terre, délaissant les anges dans les cieux, manifesta même aux hommes qui ont un
corps et une âme les choses célestes ; et ceux-ci, le glorifiant du bénéfice de
sa lumière, renoncèrent à toute erreur funeste ; lorsqu'il fut magnifié comme
étant le véritable Fils de Dieu, incarné dans le sein d'une vierge sans tache ;
lorsque l'ange le leur eut annoncé, et que l'homme vivant dans son corps et dans
son âme, l'eut reçu avec une joie fidèle.
Le même globe s'élève parfois plus haut, et il lui vient plus
de lumière, de telle sorte qu'il étend ses flammes (rayons) plus loin :
signifiant que lorsque le temps fut venu, que le Fils unique de Dieu dut
s'incarner pour la rédemption et le relèvement du genre humain, par la volonté
du Père, le Saint-Esprit, en la vertu du Père, opéra merveilleusement les
suprêmes mystères dans la bienheureuse Vierge ; de telle sorte que, le même Fils
de Dieu resplendissant admirablement dans la pudeur virginale, par la virginité
féconde, la virginité devint glorieuse, puisque l'incarnation très désirable fut
réalisée dans une très illustre Vierge.
Et le même globe de feu s'incline parfois plus bas, et il lui
vient plus de froidure, c'est pourquoi il retire aussitôt sa flamme, pour
signifier que le même Fils unique de Dieu, né d'une vierge, et abaissé ainsi
miséricordieusement vers la pauvreté des hommes, au milieu des misères de toutes
sortes, supporta toutes les infirmités corporelles, après s'être montré
corporellement au monde ; et quitta le monde, pour retourner vers son père, en
présence de ses disciples, comme il est écrit : Il s'éleva en leur présence,
et une nuée le ravit à leurs yeux
.
Ce qui veut dire : Les enfants de l'Eglise, ayant reçu le Fils de Dieu dans la
science intérieure de leur coeur : la sainteté de son corps s'éleva, par la
puissance de sa divinité ; et, dans un miracle mystique, la nuée du secret
mystère le ravit, pour le cacher aux yeux mortels ; car les éléments étaient à
son service.
Mais comme tu vois, de cette flamme lumineuse qui entoure la
sphère, sort un souffle (de vent) avec ses tourbillons : ce qui montre que, du
Dieu qui remplit l'univers de sa toute puissance, une réelle diffusion se fit de
paroles de justice, lorsque le vrai Dieu vivant fut manifesté aux hommes en
vérité. Et de cette enveloppe qui l'environne, un autre souffle impétueux fait
rage avec ses tourbillons, parce que de la colère de Satan, qui ignorant Dieu ne
le craint pas, sort la mauvaise renommée avec les discours insensés, qui se
répandent en tous sens sur la sphère ; car dans le siècle, des rumeurs utiles ou
inutiles se mêlent de diverses manières, parmi les peuples.
Dans la même enveloppe, un feu ténébreux inspire une si
grande horreur, que tu ne peux le regarder : ce qui signifie, que dans les plus
lâches et les pires embûches de l'antique trompeur, l'affreux homicide cause
tant de troubles, que l'esprit humain ne peut discerner son insanité, qui agite
toute cette enveloppe ; parce que l'homicide, mit le comble, par son horreur, à
toutes les malignités diaboliques ; lorsque dans les premiers nés, la haine
bouillonnant de colère, perpétra le fratricide. – Ce feu était plein de
grondements de tempêtes, et de pierres aiguisées grandes et petites : parce que
l'homicide se mêle à l'avarice, à l'ivresse et aux plus cruelles méchancetés
qui, sans miséricorde, se mettent en furie pour l'homicide et les crimes moins
iniques. Lorsqu'il fait entendre son grondement, la flamme lumineuse, et les
vents et les airs s'agitent : parce que lorsque l'homicide fait un bruit
strident, dans le désir de l'effusion du sang : la suprême justice, les rumeurs
rapides, qui tendent de toutes parts à la ruine du criminel, se soulèvent pour
la vengeance, en vue du juste jugement : de telle sorte que les éclairs
précèdent le son, parce que ce feu éprouve d'abord en soi la commotion qui
produit le tonnerre. Car la sévérité du divin examen, l'emportant sur le crime,
opprime le criminel ; parce que la divine majesté, avant que le frémissement que
cause un pareil crime se manifeste publiquement, avec ce regard auquel rien
n'échappe, a tout prévu manifestement.
Mais sur cette enveloppe le ciel est très pur et sans voile ;
parce que, sous les embûches de l'antique trompeur, la foi lumineuse resplendit,
dans laquelle ne se cache aucune incertitude d'infidélité ; elle ne vient pas
d'elle-même, mais elle est fondée sur le Christ. Et dans ce ciel, tu vois un
globe de feu brûlant, d'une grande étendue, qui désigne véritablement l'Eglise,
unie dans la foi, comme te le démontre cette blancheur d'innocente clarté, qui
lui forme une auréole de gloire ; et au-dessus d'elle deux étoiles placées
distinctement, et retenant le globe de peur qu'il ne s'écarte de sa course : qui
montrent par leur signification, que deux Testaments, celui de l'ancienne et de
la nouvelle autorité, édités par la volonté d'en haut, conduisent l'Eglise (à
l'accomplissement) des divins préceptes, basés sur les mystères célestes ; et
ils la retiennent, de peur qu'elle ne s'avance précipitamment, selon la variété
des moeurs ; et parce que l'ancien et le nouveau témoignage, lui montrent la
béatitude de l'héritage suprême. C'est pourquoi aussi, dans le même ciel, de
nombreuses sphères lumineuses sont posées de tout côté, sur lesquelles le même
globe (lumineux) se déversant parfois, envoie sa clarté ; parce que dans la
pureté de la foi, de nombreuses et magnifiques oeuvres de piété apparaissent de
tout côté, dans lesquelles l'Eglise soutient un peu de temps le mépris, tandis
que la splendeur de ses merveilles s'évanouit un peu, et que plongée dans la
tristesse, elle admire cependant l'éclat des premières oeuvres dans des hommes
parfaits ; et ainsi, recourant au globe de feu, pour y restaurer sa flamme, il
la fait rayonner sur les mêmes sphères ; parce qu'elle-même, plongée dans le
repentir, et s'avançant sous la protection du Fils de Dieu, reçoit de lui le
support de la divine consolation, en manifestant l'amour des choses célestes,
par les bonnes oeuvres
De ce ciel, un souffle (de vent) avec ses tourbillons
s'échappe avec impétuosité, et se répand de toutes parts sur la dite sphère ;
parce que, sur l'unité de la foi, la retentissante renommée venant au secours
des hommes, avec les preuves et les assertions véritables, atteint avec une
grande célérité les confins de l'univers. Sous le même ciel, tu vois l'air
humide, et au-dessous une enveloppe blanche (un nuage) qui, s'étendant en tous
sens, propage l'humidité sur toute la sphère ; parce que, par la foi qui était
l'âme des pères anciens ou modernes, le baptême, établi dans l'Eglise pour le
salut des croyants, (comme il t'est manifesté véridiquement) sur l'innocence de
la bienheureuse constance, se propagea partout sous l'inspiration divine,
découvrant à l'univers entier, la source du salut pour les croyants.
Lorsque ce nuage s'amasse soudain, il laisse tomber la pluie
avec les frimas ; et pendant qu'il s'épanche doucement, tombe une pluie légère
avec un bruissement ; parce que, tandis que parfois, le baptême se propageait
par les apôtres de la vérité, dans tout l'élan de la prédication et la
profondeur de leur esprit : il se manifestait à l'étonnement des hommes par
l'abondance rapide des paroles, et dans le débordement de leur prédication ;
parfois aussi, le baptême se dilatant par la prédication, avec une douce
modération, se propageait par une irrigation suave, les peuples se sentant
attirés avec tout le discernement désirable.
Et de lui aussi, un souffle avec ses tourbillons sortait et
se répandait par toute la sphère ; parce que dès la diffusion du baptême, qui
apportait le salut aux croyants, la renommée véritable se propageant avec les
paroles de doctes discours, pénétra le monde entier de la manifestation de sa
béatitude, chez les peuples qui délaissaient l'infidélité, pour embrasser la foi
catholique, comme il a été dit clairement.
Et au milieu de ces éléments est un globe sablonneux, d'une
grande étendue, que les éléments entourent ; de telle sorte qu'il ne peut se
porter dans un sens ou dans l'autre : ce qui montre manifestement, dans la
puissance des créatures de Dieu, l'homme objet des profondes considérations (de
la Trinité sainte), fait du limon de la terre, d'une manière admirable, en vue
d'une grande gloire ; et tellement environné de la vertu des créatures, qu'il ne
peut être nullement séparé d'elles ; parce que les éléments du monde, créés pour
le service de l'homme, sont à son usage ; tandis que l'homme, assis au milieu
d'eux, les domine par une disposition divine ; comme le dit David inspiré par
moi : Vous l'avez couronné de gloire et d'honneur, et vous l'avez établi roi sur
les ouvrages de vos mains
.
Ce qui veut dire: O Dieu, qui avez fait admirablement toutes choses, vous avez
couronné l'homme de la couronne d'or de l'intelligence ; et vous l'avez revêtu
du vêtement superbe de la beauté visible ; en le plaçant ainsi, comme un prince,
au-dessus de vos ouvrages parfaits, que vous avez disposés avec justice et
bonté, parmi vos créatures. Car vous avez octroyé à l'homme des dignités plus
grandes et plus admirables qu'aux autres créatures.
Mais, comme tu vois, tandis que parfois ces éléments luttent
entr'eux avec les vents, ils contraignent le globe lui-même à se mouvoir un peu
: parce que, quand il est convenable, les créatures de Dieu, par la renommée des
miracles du créateur, s'assemblent entr'elles ; de telle sorte que le miracle
disparaît sous un miracle plus grand, par la vertu des paroles ; et l'homme
saisi par la grandeur de ces merveilles, sent l'agitation de son esprit et de
son corps ; et, terrassé par ces prodiges, il considère le néant de sa
fragilité.
Et tu vois entre l'aquilon et l'orient, comme une grande
montagne, environnée du côté de l'aquilon de beaucoup de ténèbres, et du côté de
l'orient d'une grande lumière : parce que, entre l'impiété diabolique et la
divine bonté, apparaît la grande chute de l'homme, par l'affreux mensonge de
l'esprit malin qui causa aux réprouvés les multiples misères de la damnation ;
et, par le salut désirable en faveur des élus, l'abondante félicité de la
rédemption ; de telle sorte que, ni cette lumière ne peut aboutir aux ténèbres,
ni ces ténèbres à la lumière ; parce que les oeuvres de lumière ne peuvent se
mêler aux oeuvres des ténèbres, et les oeuvres des ténèbres ne peuvent monter
jusqu'aux oeuvres de lumière ; bien que le démon travaille fréquemment à
offusquer ces dernières, par le moyen des hommes mauvais ; comme il arrive chez
les païens, les hérétiques, les pseudoprophètes, et tous ceux que ceux-ci
s'efforcent d'entraîner à leur suite, par le mensonge. Comment ? Parce qu'ils
veulent connaître ce qu'ils ne peuvent savoir, imitant celui qui voulut être
semblable au Très-Haut. Et comme ils le suivent, il leur montre le mensonge sous
l'aspect de la vérité, selon leur volonté ; c'est pourquoi ils ne sont pas avec
moi, ni moi avec eux, car ils ne marchent pas dans mes voies ; mais ils aiment
les sentiers détournés, recherchant ce que de folles créatures leur montrent
faussement sur les causes futures ; ils veulent connaître ces choses, et
s'efforcent de les découvrir d'une manière perverse, dans le mépris et l'abandon
de mes saints qui m'aiment d'un amour sincère.
Mais ces sortes d'hommes, qui me tentent si opiniâtrement par
leur art pervers, en scrutant la créature faite pour leur service, et lui
demandant de leur montrer, selon leur volonté, ce qu'ils veulent savoir :
peuvent-ils par les recherches de leur art, prolonger ou abréger le temps de la
vie qui leur a été fixé par le créateur ? Certes, ils ne le peuvent faire, ni
pour un jour, ni pour une heure. Ou bien peuvent-ils détourner la prédestination
de Dieu ? Nullement, ô misérables ! mais je permets que parfois les créatures
vous démontrent vos passions et leurs signes distinctifs, parce qu'elles me
craignent comme leur Dieu ; de la même manière que le serviteur montre
quelquefois la puissance de son maître, et comme le boeuf ou l'âne et les autres
animaux manifestent la volonté de leur maître, lorsqu'ils la remplissent
fidèlement dans leur servitude.
O insensés, quand vous me vouez à l'oubli, sans vouloir vous
retourner vers moi ni m'adorer, et que vous regardez vers la créature qui vous
est soumise, pour savoir ce qu'elle vous présage ou ce qu'elle vous indique,
alors vous renoncez à moi obstinément ; et vous honorez la créature infirme, de
préférence à votre Créateur.
C'est pourquoi je te demande, o homme, pourquoi honores-tu
cette créature qui ne peut ni te consoler, ni te porter secours, ni te faire
avancer vers la félicité ? comme les astrologues ordonnateurs de la mort, qui
tracent la voie à l'infidélité des peuples idolâtres, et qui ont coutume
d'affirmer témérairement : que les étoiles donnent la vie aux hommes et
disposent tous leurs actes. O misérables, qui donc a fait les étoiles ? Mais
parfois les étoiles, par ma permission, se manifestent aux hommes avec des
signes, comme le montre mon Fils dans l'Evangile, lorsqu'il dit : Il y aura
des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles
.
Ce qui veut dire : Par la clarté de ces étoiles les hommes seront illuminés ; et
les temps des temps seront démontrés par leur évolution. Aussi, dans les
derniers temps, des périodes lamentables et périlleuses se manifesteront en
elles, par ma permission ; de telle sorte que, les rayons du soleil, la
splendeur de la lune, et la clarté des étoiles disparaîtront parfois, afin
d'émouvoir le coeur des hommes.
De même, c'est par une étoile que l'incarnation de mon Fils
s'est manifestée, selon ma volonté. Mais l'homme n'a pas une étoile particulière
pour disposer sa vie, comme le peuple imbécile et qui s'abuse, s'efforce de le
faire croire ; et toutes les étoiles sont communes à tout le peuple, pour son
service. Mais que l'étoile (de l'incarnation) ait resplendi d'une manière plus
éclatante que les autres, c'est parce que mon Fils unique, qui est au-dessus de
tous les hommes, naquit par l'enfantement d'une vierge sans péché. Mais cette
étoile n'apporta aucune autre aide à mon Fils, que d'annoncer fidèlement au
peuple son incarnation ; parce que toutes les étoiles et les créatures qui me
craignent, accomplissent seulement ma volonté ; et elles n'ont nulle autre
signification d'aucune sorte, dans quelque créature que ce soit. Car, lorsqu'il
me plaît, elles indiquent ma volonté à la créature ; comme lorsque l'artisan
frappe une monnaie, il y imprime la forme qu'il lui plait ; alors la monnaie
indique la forme imposée, la chose ne dépendant nullement de sa puissance ; et
elle ne connaît pas le moment où l'artisan voudra lui imprimer une autre forme ;
car elle ne discerne pas la longueur ou la brièveté du temps, que durera celle
qu'il lui a donnée. Que signifie cela ? O homme, si une pierre était à tes
pieds, dans laquelle, en l'examinant diligemment, tu conjecturerais quelques
signes de tes passions : alors, selon ta fausse estimation, contristé de ton
infélicité, ou enorgueilli de ta prospérité, dans ton erreur, tu te dirais : Ah
! je mourrai... ou bien : quel bonheur! je vivrai... ou hélas ! quelle
infélicité... ou bienheureux mortel ! quelle prospérité est la mienne ! Et
alors, que te donnerait cette pierre ? Mais, peut-elle te donner ou t'enlever
quelque chose que ce soit ? Elle ne peut t'être utile ou nuisible en rien. De
même aussi, ni les étoiles, ni le feu, ni les oiseaux, ni quelqu'autre créature
que ce soit, dans les signes qu'on peut en augurer, ne sauraient te servir ou te
nuire en rien.
Que si, en m'abandonnant, tu te fies à cette créature qui a
été créée pour ton service : alors, moi aussi, par un juste jugement, je te
rejetterai loin de ma face, et je te priverai de la félicité de mon royaume.
Car moi, je ne veux pas que tu scrutes les étoiles, ou le
feu, ou les volatiles, ou telle autre créature que ce soit, sur les causes
futures ; car si tu les observes obstinément, tes regards me déplaisent, et je
te rejette comme un ange déchu qui a quitté la vérité pour se précipiter dans la
damnation. O homme, lorsque les étoiles et les créatures ont été faites, où
étais-tu ? Est-ce que tu as donné ton avis sur leur création ? Mais la
présomption de cette sorte d'investigation, se fit jour dans le premier schisme
; à savoir lorsque les hommes eurent à ce point oublié Dieu, que chaque nation
observa superbement les diverses créatures, et rechercha en elles les signes des
causes futures. Cette erreur se manifesta dans Baal, que les hommes trompés
adoraient comme Dieu, lorsqu'il n'était que sa créature, et vers lequel la
dérision satanique les poussa, parce qu'ils préférèrent la créature au Créateur,
et qu'ils voulurent savoir ce qu'ils ne pouvaient connaître. Et les choses ne
firent qu'empirer, lorsque les hommes, par l'artifice du démon, commencèrent à
divaguer dans l'art magique ; à tel point, qu'ils voyaient et entendaient le
démon lui-même, leur parlant et leur montrant faussement, que ce qu'ils
considèrent comme telle créature, en est une autre. Il faut taire la manière
dont les premiers séducteurs furent instruits par le démon : ils le virent et
l'entendirent comme ils le cherchaient ; mais ils furent eux-mêmes très
répréhensibles, à cause de cette dépravation ; puisque, de cette manière, ils
renièrent Dieu, pour suivre l'antique séducteur. O homme, je t'ai acquis par le
sang de mon Fils, non avec malice et iniquité, mais avec la plus grande justice
; et cependant tu m'abandonnes, moi le vrai Dieu, et tu suis celui qui est le
mensonge. Je suis la justice et la vérité ; c'est pourquoi je t'avertis dans la
foi, je t'exhorte dans l'amour, et je te ramène dans la pénitence afin que, bien
que tu sois tout ensanglanté par les blessures du péché, tu te relèves cependant
de la profondeur de ta chute. Que si tu me méprises, tu éprouveras en toi
l'effet de cette parabole :
Un certain Seigneur qui avait beaucoup de serviteurs, donna à
chacun d'eux plusieurs armes de guerre en leur disant : Soyez probes et forts,
et renoncez à la paresse et à la lâcheté. Mais comme ces serviteurs faisaient
route avec lui, ils virent le long du chemin un méchant séducteur, inventeur
d'un art étrange ; et quelques-uns d'entr'eux trompés dirent : Nous voulons
connaître les artifices de cet homme. Et quittant les armes qu'ils avaient, ils
coururent vers lui. D'aucuns leur disaient : Que faites-vous en suivant ce
séducteur, et en provoquant votre maître à la colère ? Et eux répondirent :
Qu'est-ce que cela peut faire à notre maître ? Et leur maître leur dit, O
mauvais serviteurs, pourquoi avez-vous abandonné les armes que je vous avais
données ? Et pourquoi vous est-il plus cher d'aimer cette vanité, que de me
servir, moi votre maître, dont vous êtes les serviteurs naturels ? Suivez donc
ce séducteur, comme vous le désirez, puisque vous n'avez plus le courage de me
servir, et vous verrez à quoi vous serviront ses mensonges ; et il les éloigna
de lui. Que signifie cette parabole ? Ce Seigneur, c'est le Dieu tout puissant,
qui soumet tous les peuples à son autorité, qui arma tout homme de raison et
d'intelligence, lui commandant d'être courageux et vigilant avec les armes des
vertus, en secouant la malice et la négligence. Mais, tandis que les hommes
prennent la voie de la vérité, se disposant à persévérer dans l'observation des
commandements divins : il leur vient de nombreuses tentations, de telle sorte
qu'ils ont égard à Satan, le séducteur de l'univers, et l'artisan pervers de
nombreuses victoires, non dans la voie de la vérité, mais au milieu des embûches
et des mensonges. D'où il résulte, que quelques-uns d'entr'eux, plus amoureux de
l'injustice que du devoir, séduits par le démon, s'efforcent davantage d'imiter
les vices de l'antique séducteur, que d'embrasser les vertus divines. Et
l'intelligence qu'ils devraient appliquer aux commandements de Dieu, ils la font
servir à la satisfaction des vices de l'iniquité terrestre, et se soumettent à
Satan. Leurs directeurs, qui sont comme leurs compagnons et leurs commensaux,
viennent souvent à leur secours avec les saintes Ecritures, leur reprochant
leurs actes ; et ils les blâment de ce que, suivant les tromperies de Satan, ils
attirent sur eux la vengeance céleste. Mais ils se moquent de leurs avis, et
affirment dans leur orgueil qu'ils pèchent en de petites choses, dont Dieu n'est
nullement offensé. Et comme ils persévèrent dans cette obstination, ils
subissent la divine sentence, parce qu'il est objecté à ces esclaves de
l'iniquité, le pourquoi ils ont obscurci leur intelligence, qui leur a été
donnée d'en-haut, et le pourquoi ils ont accepté les mensonges de l'antique
séducteur, et méprisé leur Créateur qu'ils devaient servir avec courage. Ainsi
eux-mêmes, tombés dans le mépris de Dieu, sont livrés aux illusions de Satan,
selon leurs oeuvres (parce qu'ils n'ont pas voulu servir Dieu) ; ce en quoi ils
sont forcés de considérer, que la séduction perverse ne leur a été d'aucune
utilité ; puisqu'ainsi rejetés, ils encourent la damnation ; parce que,
délaissant les préceptes divins, ils se sont efforcés de suivre Satan, de
préférence à Dieu. Car je ne veux pas que les hommes me méprisent, eux qui
doivent me connaître par la foi ; parce que s'ils me rejettent, pour suivre la
créature qui les sert, imitant en cela l'antique serpent : alors moi je permets
qu'il leur soit fait avec la créature et Satan, selon la concupiscence de leur
coeur ; afin qu'ils expérimentent ce que peut leur rapporter la créature qu'ils
ont adorée, et ce que peut leur octroyer Satan qu'ils ont suivi.
Eh ! O hommes insensés ! pourquoi interrogez-vous la créature
sur le temps de votre vie ? Nul de vous, en effet, ne peut connaître le temps de
sa vie ; éviter ou dépasser celui qui a été déterminé par moi ; parce que, o
homme, lorsque ton salut, soit dans les choses temporelles, soit dans les
spirituelles, sera accompli : tu changeras le présent siècle, pour passer à
celui qui n'a pas de fin. Car lorsque l'homme possède une si grande puissance
qu'il m'aime plus ardemment que les autres créatures, de telle sorte que, sa
conscience n'étant pas engourdie par le fétide péché, il évite les embûches de
l'antique serpent : je ne sépare pas son esprit de son corps, avant qu'il ait pu
mener à leur maturité ses fruits savoureux, qui sont d'une odeur suave. Mais
celui que je considère comme si débile qu'il ne peut supporter mon joug, parmi
les tentations du malin séducteur, et dans le pesant esclavage de son corps : je
le retire de ce siècle, avant qu'il commence à se dessécher, dans, le temps de
la flétrissure de son âme ; car je sais tout. Je veux donner au genre humain
toute justice pour sa sauvegarde, de manière que nul ne puisse trouver une
excuse, lorsque j'avertis et j'exhorte les hommes, à accomplir les oeuvres de
justice ; quand je leur inculque la peur du jugement de la mort, comme s'ils
devaient bientôt mourir, bien qu'ils aient encore longtemps à vivre. Et je fais
cela, parce que personne, si ce n'est selon le fruit que je vois dans l'homme,
et selon la volonté par laquelle je lui concède de vivre, ne pourra jouir d'un
autre temps, ou en disposer pour lui-même ; comme Job en rend témoignage par
moi, lorsqu'il dit : Vous avez posé ses bornes, il ne les dépassera pas
.
Ce qui veut dire : Toi qui l'emportes sur tous, et qui prévois toutes choses,
avant qu'elles ne se fassent : tu as aussi posé les bornes de la vie humaine,
dans le secret de ta divine majesté ; de telle sorte que ni la science, ni la
prudence, ni la ruse d'aucun être ne pourront passer outre dans l'âge de
l'enfance, de la jeunesse et de la vieillesse des hommes ; et rien ne se fera,
que selon la providence de tes secrets, à toi, qui as voulu que l'homme soit
fait pour la gloire de ton nom. Car moi, o homme, je t'ai connu avant la
constitution du monde, et cependant je veux considérer tes jours, et discerner
leurs fruits dans tes oeuvres ; en examinant chacune de tes actions diligemment
et avec un soin jaloux. Mais celui que je ravis soudainement à la vie
temporelle, c'est qu'il ne lui est plus utile de vivre ; à tel point, que s'il
lui était donné de prolonger encore ses jours, il n'en récolterait aucun fruit
profitable ; et avec la tiédeur d'une foi charnelle, il enverrait (vers moi)
comme une vaine fumée de futiles paroles, et il ne me toucherait pas par un élan
intime de son coeur
Aussi, je ne lui accorde pas de trêves pour cette vie ; mais,
avant qu'il ne tombe dans la tiédeur de cette infertilité, je le retire de ce
siècle. - Or, mon discours est pour toi, O homme ! Pourquoi me méprises-tu ? Ne
t'ai-je pas envoyé mes Prophètes et donné mon Fils pour ton salut sur l'arbre de
la croix ? et ne t'ai-je pas destiné mes apôtres, pour qu'ils te montrent la
voie du salut par l'Evangile ?
Tu ne peux donc t'excuser de ne pas avoir reçu de moi tous
les biens. Et pourquoi me laisses-tu de côté ? Mais tu recherches l'erreur
perverse, qui consiste dans l'observation des étoiles, du feu, des oiseaux, ou
des autres créatures de cette sorte ; pour y découvrir des signes de tes
actions. Je ne puis le tolérer davantage ; parce que, tous ceux qui les premiers
découvrirent cette erreur, au moyen de la vision diabolique, par le mépris de
Dieu, abandonnèrent complètement ses préceptes ; et eux-mêmes furent méprisés.
Mais moi je resplendis sur toute créature, dans l'éclat de ma divinité ; c'est
pourquoi mes merveilles se sont manifestées dans mes saints : Aussi je ne veux
plus que tu exerces cette erreur des divinations, mais je veux que tu regardes
vers moi. O insensé, considère qui je suis ! considère que je suis le souverain
bien. Aussi, je te donne tous les biens, lorsque tu me cherches diligemment. Et
qui crois-tu que je sois ? Je suis Dieu, sur toutes choses, et, en toutes
choses. Mais tu veux me faire passer pour un rustique, qui craint son maître.
Comment ? Tu veux que je fasse ta volonté, lorsque tu méprises mes commandements
? Dieu n'est pas ainsi. Que signifie cela ? Lui, en effet, n'a pas le sentiment
de ce qui commence, ni la crainte de ce qui finit. Les cieux retentissent de mes
louanges
en me contemplant ; et ils m'obéissent selon cette justice pour laquelle ils ont
été créés par moi. Le soleil, la lune, les étoiles, apparaissent dans les nuées
du ciel, selon la règle établie par moi. Les rafales des vents, les nuées
pluvieuses courent dans les airs, comme il leur a été ordonné ; et toutes ces
créatures obéissent à leur créateur, selon l'ordre qu'elles en ont reçu. Toi, au
contraire, o homme, tu n'observes pas mes commandements ; mais tu suis ta
volonté, comme si la justice de la loi ne t'était pas démontrée et établie. Tu
es dans un tel endurcissement, bien que tu ne sois que poussière, que la justice
de ma loi ne te suffit pas, quoiqu'elle soit labourée et cultivée dans le sang
de mon Fils, et bien triturée (comme le froment) dans mes saints de l'Ancien et
du Nouveau Testament.
Mais dans ta grande folie, tu veux te rendre maître de moi,
et tu m'insultes de cette manière, en disant : S'il plaît à Dieu, s'il veut que
je sois juste et bon, pourquoi ne me rend-il pas tel ? car tu veux te saisir de
moi ,comme le bouc lascif qui, voulant s'emparer d'un cerf, se voit repoussé et
transpercé par ses puissantes cornes. Ainsi, lorsque tu veux insolemment te
moquer de moi, par l'impudence de tes moeurs ; au moyen des préceptes de ma loi,
comparables à des cornes, je te brise, selon la justice de mon jugement. Ce sont
là les trompettes qui résonnent à tes oreilles ; mais tu ne les écoutes pas, et
tu cours après le loup, que tu prétends dompter, de manière qu'il ne puisse te
nuire. Mais le loup famélique te dévore, en disant : Cette brebis a erré sur mon
chemin, et n'a pas voulu suivre son pasteur, mais elle a couru après moi ; c'est
pourquoi je veux la dévorer ; parce qu'elle m'a choisi, en abandonnant son
pasteur. O homme, Dieu est juste ; et c'est pourquoi, tout ce qu'il a fait dans
le ciel et sur la terre, il l'a disposé dans un ordre parfait. Je suis, en
effet, le grand médecin de toutes les langueurs ; et je fais comme le médecin
lorsqu'il voit un malade qui désire ardemment un remède. Que fait-il ? Si la
maladie est légère, il la guérit facilement ; mais si elle est grave, il dit au
malade : J'exige de toi de l'or et de l'argent. Si tu me les donnes, je te
guérirai. Ainsi je fais moi-même, o homme. J'efface les fautes légères dans les
gémissements, les larmes et la bonne volonté des hommes mais pour les fautes
graves je commande O homme, fais pénitence, corrige tes moeurs, et je te
montrerai ma miséricorde, et je te donnerai la vie éternelle !
N'observe pas les étoiles et les autres créatures, sur les
causes à venir ; n'adore pas le démon, ne l'invoque pas, ne lui demande rien ;
parce que si tu veux connaître plus qu'il ne t'importe de savoir, tu seras
trompé par l'antique séducteur ; car lorsque le premier homme voulut acquérir
plus qu'il ne devait posséder, il fut trompé par Satan, et tomba dans la
perdition. - Mais cependant le démon ne connut pas la rédemption de l'homme, où
le Fils de Dieu mit à mort la mort même, et brisa les portes de l'enfer. Le
démon, en effet, à l'origine, par la femme vainquit l'homme ; mais Dieu à la fin
des temps (prédits par les prophètes), écrasa le démon par la femme qui engendra
le Fils de Dieu ; et réduisit merveilleusement à néant l'oeuvre diabolique ;
comme mon bien aimé Jean en rend témoignage, en disant : Le Fils de Dieu est
apparu pour ruiner les oeuvres de Satan
.
Que signifient ces paroles ? La grande lumière est apparue, pour le salut et la
rédemption des hommes. C'est le Fils de Dieu qui a revêtu la misère du corps
humain ; mais comme une étoile brillante, qui resplendit dans les ombres
nocturnes, il fut ainsi placé sur le pressoir, où le vin, sans aucun ferment,
devait être exprimé ; parce que la pierre angulaire même tomba sur le pressoir ;
et en exprima un vin si pur qu'il exhala un parfum suave. Car lui-même
apparaissant, homme parfait, dans l'humanité, sans effusion de sang vicié (par
le péché), écrasa sous le pied de sa milice, la tête de l'antique serpent ; et
dissipant tous les traits empoisonnés de son iniquité, pleins de sa fureur et de
sa convoitise, il le rendit tout à fait méprisable. C'est pourquoi, quiconque
possède la science du St Esprit et les ailes de la foi, ne transgresse pas mon
avis, mais il le reçoit pour en faire les délices de son âme.
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